Des marteaux retournés ci et là, des mètres de menuisier, des planches, des baguettes et des bâches. Une douzaine de casiers d’imprimerie face contre sol. Deux plots l’un sur l’autre. Les luminaires de la
nef décrochés et retournés par terre. C’est la nouvelle exposition du Centre d’Art.
Plus loin sur le parcours, des briques et des pains de savons assemblés soutiennent une frêle languette maintenue en équilibre avec des morceaux de sucre. Oh fallait y penser !
Fernanda Gomes ”s’amuse à explorer le monde en détail, à la manière d’un enfant, et invite le visiteur à reconfigurer sa perception des objets et de l’espace qui l’entourent” nous précise le texte d’accompagnement. Voyons donc…
Dans la salle d’étude, une fois passé l’escalier avec le fil d’une bobine qui dévale les marches, sur quoi attarder son nouveau regard ? Les balles de tennis éparses ? Les élastiques disséminés sur le sol ou bien ce sac en plastique suspendu au bout d’un filin ? Sûrement que quelques années d’histoire de l’art aideraient à l’extase face à ce trognon de pomme, cette grappe égrenée de ses raisins, la mie de pain malaxée en boulettes et ce verre rempli de sucre en poudre. Tant pis.
Ailleurs l’artiste brésilienne qui n’aime pas la lumière naturelle a fait obturer la plupart des ouvertures, disposant devant les autres de la vaisselle qui se reflète joliment sur le mur contigu. C’est d’une réceptivité plus abordable.
Avant de quitter cette déambulation, pour essayer encore de comprendre l’artiste qui n’a pas souhaité s’exprimer sur son exposition : ”Il n’y a rien à en dire…” petit tour à la librairie, où Fernanda Gomes qui semble reproduire sans cesse la même exposition, propose une pochette ”conçue comme une extension de l’exposition” où sont présentées des feuilles cartonnées, avec un seul mot sur l’une d’entre elles ”HERE”, sur une autre un clou y est collé, sur la suivante un élastique traverse la page, encore, un trait de crayon ou cette empreinte d’un trou pas tout à fait abouti. Pourtant : ”Ça c’est une partie très importante de l’exposition car les gens pensent que l’art est inaccessible”. 20 €.
Malgré tout, ce jour du vernissage plusieurs personnes se sont extasiées comme F… qui a ”ADORÉ cette façon d’occuper l’espace ! ”- ”C’est vrai ? Et bien passe à la maison un de ces quatre, je te montrerai mon hangar ! ”
Mais si, Fernanda, il y a beaucoup à dire sur votre expo.
Eve Badiou