Une situation qui a peu bougé en un an et demi...
À la suite du rassemblement, nous proposons d’établir une commission de travail réunissant des membres de la municipalité de Peyrelevade, Forum Réfugiés-Cosi et des membres du groupe Exilé.es du Syndicat pour trouver ensemble des réponses aux problèmes exprimés par les résident.e.s.
Une première commission avec des élus et bénévoles associatifs de Peyrelevade, la directrice du CADA et des membres du Syndicat se réunit le 2 février 2021. Parmi les nombreuses demandes des résidents, la directrice du CADA en juge certaines légitimes à être travaillées au sein de la commission mais estime que d’autres sont du ressort exclusif de Forum Réfugiés-Cosi. Nous avons dans un premier temps accepté ce fait et commencé à travailler ensemble, pensant, sans doute naïvement, que cette première phase de coopération pourrait nous amener à aborder les autres sujets par la suite (amélioration des cuisines, mise en place du wifi…). Nous avons cependant demandé à être tenus informés des avancées sur ces sujets dont le Syndicat était exclu mais n’avons eu aucun retour de la part de Forum Réfugiés-Cosi. Après cette première séance de février, nous avons planifié des commissions à venir autour de cinq thématiques : les transports, l’alimentation et l’approvisionnement, les activités et le lien avec le monde associatif, les souffrances psychiques et les cours de français. L’idée était de travailler dans un premier temps en commission chaque sujet et d’organiser dans un second temps une réunion en invitant des résident.e.s du CADA et d’autres participants sur chaque sujet concerné. Quatre temps de travail en commission ont eu lieu.
Cette dernière réunion a été l’occasion de revenir sur les actions envisagées et de faire le point sur cette tentative de travail commun.
Concernant les souffrances psychiques, nous avions précédemment convenu qu’un courrier à destination de l’ARS soit rédigé par la directrice du CADA et cosigné par d’autres membres de la commission pour demander à ce que des interprètes soient mis à disposition des exilé.e.s non francophones comme ils en ont le droit. Mais cette décision est restée sans suite, le CADA ne voulant finalement assumer la responsabilité d’écrire à l’ARS… Lors de cette dernière réunion, la directrice du CADA a donné son point de vue : les faibles avancées de la commission et la non participation d’autres salariés du CADA seraient liées au traumatisme que le rassemblement de novembre 2020 aurait représenté pour eux. Dans ce cas, nous aurions trouvé plus juste que la direction du CADA encourage et soutienne une rencontre entre ses salariés et la commission Exilé.es du Syndicat pour revenir sur ce moment et engager une réelle coopération. S’il faut sans doute du temps pour réhabiliter les relations, il faut aussi la volonté et les moyens. Ainsi, nous déplorons que le Syndicat soit désigné par Forum réfugiés comme responsable de la souffrance de ses salariés, probablement pour ne pas questionner les logiques à l’œuvre, et qui dépassent largement le rassemblement qui a eu lieu.
Nous rappelons que cette manifestation était un rassemblement pacifique, avec des prises de parole, de soutien et de témoignage. Ce qui était dénoncé était bien la violence de la situation, en relation avec les choix de gestion de Forum Réfugiés-Cosi, en aucun cas les salariés de l’établissement n’ont été mis en cause. De nombreux médias locaux ont couvert ce sujet en considérant la gravité de la situation.
Du côté du Syndicat, nous avons fait état de notre scepticisme et de nos doutes quant à la pertinence de continuer dans de telles conditions, ainsi que de nos questionnements sur ce qui a fait obstacle à la coopération. Nous n’avons pas pu associer les personnes résidant au CADA à ces discussions et trouvons difficile voire insensé de continuer sans elles, premières concernées.
Aujourd’hui nous avons plutôt un sentiment d’échec quant à cette expérience. Leurs conditions de vie n’ont pas franchement changé. Même si les cafards ont été éradiqués et que des travaux ont commencé dans l’une des cuisines, il n’y a toujours aucun accès à internet, pas de nouveaux transports mis en place, aucun suivi psychologique avec interprète, très peu d’activités… La cuisine, qui devait être restaurée depuis le rassemblement de novembre 2020, n’est en travaux que depuis le mois de septembre 2021, et est depuis toujours inaccessible ! Le centre étant très peuplé, les résident.e.s, dont beaucoup de familles, doivent se partager les deux cuisines restantes, qui sont sous-équipées et vétuste pour l’une d’entre elles.
Nous n’avons pas non plus obtenu d’éléments sur les finances de Forum Réfugiés-Cosi, qui nous auraient éventuellement permis de comprendre pourquoi d’importants travaux de fond et d’amélioration des conditions d’accueil ne sont pas entrepris.
Nous avons le sentiment d’avoir perdu le rapport de force que nous avions engagé lors du rassemblement de novembre 2020 et sommes désolés de n’avoir pu répondre aux demandes des personnes qui se sont confiées à nous en nous demandant de les soutenir dans leur démarche. Sans doute, notre erreur principale aura été d’accepter pour cette commission la participation de la seule directrice du CADA comme représentante de Forum Réfugiés-Cosi sans la présence de sa hiérarchie : elle n’a vraisemblablement pas le pouvoir d’agir réellement sur les situations vécues par les résident.e.s.
Si nous déplorons l’échec de cette tentative de travail commun avec Forum Réfugiés-Cosi en tant que structure gestionnaire, nous n’abandonnons pas ce que nous avons entrepris. Nous ne désespérons pas de trouver des possibilités de coopérer sur des aspects beaucoup plus opérationnels avec la mairie de Peyrelevade, autour de la mobilité par exemple, et avec l’équipe de travailleurs du CADA, si certain.es y sont ouverts, en vue d’améliorer le quotidien des résidents.
Le Syndicat s’est notamment attelé de manière autonome à la question des transports : un groupe dédié à ce sujet travaille actuellement à la réhabilitation de lignes non fonctionnelles et à la mise en place de solutions nouvelles pour que les habitant.e.s de la Montagne limousine aient la possibilité de se déplacer librement vers les gares et les villes. Tous les centres d’accueil et d’hébergement seront desservis par ces trajets.
Nous continuons et continuerons de travailler aux buts que nous nous sommes fixés : défendre les habitant.e.s de la Montagne limousine et permettre à toutes et tous de vivre dignement d’où qu’on vienne.
Le Groupe Exilé.es du Syndicat de la Montagne limousine