En comparant la courbe démographique du plateau de Millevaches et la courbe du taux de surface boisée du PNR, un déséquilibre apparaît à la fin des années 1940. Cette inversion des courbes révèle que la progression de la forêt est la conséquence d’un abandon du territoire par ses habitants.
L’évolution des paysages en l’espace d’un siècle souligne la fragilité de ce territoire, sa nature instable. Le basculement de la société rurale à la société urbaine laisse une empreinte profonde et sans précédent sur les écosystèmes et les relations qu'ils entretiennent avec les humains. L’abandon massif des terres agricoles par les paysans laisse la forêt s’installer. D’une utopie de paysan-reboiseur jusqu’à l’enrésinement industriel, les habitants voient leurs paysages leur échapper. La forêt est devenu un sujet dont la société civile s’empare.
Le paysage est une affaire culturelle, le reflet de notre rapport à la société. Mettre les habitants face à leurs paysages, c'est les mettre face au monde actuel : quel projet de société voulons nous construire, quel projet de paysage voulons nous dessiner ?
La question n'est pas de renier le caractère forestier du plateau, mais bien d'être exigeant sur la qualité de nos forêts, de ses ourlets, ses interactions avec les espaces ouverts.
Dans l’imaginaire collectif, elle représente un bien commun et un espace "sauvage". Certains acteurs de la filière la voient comme un champ productif et économique. Deux visons de la forêt s’opposent. Quelle marge se dessine entre ces deux visions pour un avenir forestier commun ?
Ninon Bonzom