Les buts du jardin partagé étaient nombreux. Pour l’association « Le Monde allant vers… », la création d’un jardin pédagogique devait permettre d’initier les enfants aux composts, semences, légumes, etc. Pour d’autres, il s’agissait de créer un lieu de rencontres, d’échanges, de savoirs et d’apprentissages autour de la production de légumes et de semences dans un lieu convivial. Le site que la commune a mis à disposition, le long de la Vienne, est idéal et très paysager. Il permet à des gens de tous horizons de se retrouver. Nous l’avons ouvert au maximum de ses possibilités, avec la possibilité d’avoir une parcelle individuelle ou de participer au grand jardin partagé. En réalité les deux se mélangent très bien.
Sur les pentes du jardin potager nous avons planté des fruitiers. Certains produiront, d’autres sont à greffer. L’ensemble est un espace ouvert : c’est un choix de ne pas le clôturer qui permet à tout le monde de s’y promener tout en le respectant. La seule règle absolue du jardin est qu’il n’y ait aucune utilisation de pesticide, d’engrais chimique ou d’autre produit ne respectant pas l’environnement.
Tout cela s’est fait progressivement et avec beaucoup de participations extérieures. La première année nous avons défriché, les deuxième et troisième années, nous avons construit une cabane de jardin (avec la participation des compagnons du réseau REPAS, qui tous les ans circulent sur des entreprises de la région) et la quatrième année, nous avons mis en place les carrés de jardin du « Monde allant vers… », des escaliers et une serre.
Après l’ouverture du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) à Eymoutiers nous avons ouvert le jardin à ses résidents, ce qui a permis à des gens désœuvrés d’avoir une occupation et de pouvoir échanger malgré des langues différentes.
Le jardin partagé est un lieu où beaucoup de choses foisonnent. C’est aussi un lieu artistique avec la très belle sculpture d’Iradj Emami (voir IPNS n° 67), un lieu culturel avec des concerts, un lieu de conservation de vieilles semences, un lieu de pratiques de différents jardinages, de cuisines partagées et qui, j’espère, continuera son chemin avec de nouvelles personnes et toujours de nouvelles idées. En parallèle au jardin partagé, depuis 3 ans, avec une trentaine de personnes, nous avons planté une vigne collective qui devrait donner son premier raisin cette année. Le but est toujours de faire ensemble et, pourquoi pas, réussir aussi à vinifier un futur très grand cru ? Mais, chaque chose en son temps.
Jean-Jacques Peyrissaguet