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Les « Communeux » de la Montagne limousine dans la Commune de Paris (1871)

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Date
lundi 1 mars 2021 12:57
Numéro de journal
74
Auteur(s)
Michel Patinaud
Visite(s)
2619 visite(s)

proces commune paris1871-2021 : 150 ans. IPNS participe à sa manière à une célébration hautement symbolique. Notre revue vous a déjà présenté la part des maçons creusois dans ce grand événement, sous la plume de Jean Châtelut (n° 61), sans oublier les contributions d’Olivier Peyrot, déambulant au Père Lachaise (n° 36) et l’évocation du destin d’un petit gars de Sussac, Martial Senisse (n° 61). Le travail gigantesque de J. Châtelut concernait uniquement les ouvriers venant de la Basse Marche, c’est pourquoi nous avons décidé de vous proposer deux prolongements : ceux de la Montagne Limousine (ici même) puis les Limousins et la Commune de Lyon (prochain numéro).

 

De qui parlons-nous précisément ?

Il convient tout d’abord de tirer au clair les questions de vocabulaire. Le mot « communard » est utilisé aujourd’hui par tout le monde, spécialiste ou non. Il est aussi resté dans une boisson appréciée (vin rouge + cassis). Toutefois, il est utile de rappeler que ce terme était utilisé à l’origine par les adversaires du mouvement communaliste de 1871. Une forme affirmée d’injure, pensez aux multiples utilisations actuelles du suffixe – ard, type c...ard, soiffard, frouss-, caboch - … Alors comment ces gars-là se désignaient-ils ? Le terme s’approchant – mais avec un tout autre sens – est « communeux » (Lire: « La revanche des communeux », Jean-Baptiste Clément, vous savez l’auteur de cette magnifique chanson qu’est Le temps des cerises, mais créée en 1866). Les participants à la Commune se nommaient plutôt entre eux citoyens, républicains ou « partageux ». Si le terme péjoratif est resté, c’est essentiellement parce que les archives de la répression (police, armée, justice) utilisent toujours le mot « communard », qui a toujours été repris pour cela par les historiens. Ce sont les vainqueurs qui font l’Histoire, une preuve de plus.

 

Le champ d’études

Nous parlons dans cet article de tous les Limousins, et pas seulement des bas-marchois. Pour cela, observons d’abord quelques chiffres. La seule base fiable statistiquement est celle des individus poursuivis pour rébellion par les tribunaux militaires, et parfois correctionnels. Nous évoquerons rapidement le nombre de victimes, mais il est encore en débat : de 6 000 à 30 000 selon les sources, Robert Tombs estime à 6000 le nombre de sépultures « communardes » (d’après les registres de cimetières parisiens, mais ceux qui n’ont pas eu de tombe ?). jusqu’à 30 000 – sans aucun fondement documentaire ? Alain Corbin dit : « 400 Creusois morts durant la Semaine Sanglante ». Nous n’irons pas plus loin. Pour une telle recherche, nous avons un outil remarquable et performant, il s’agit du site internet : communards-1871.fr dont l’auteur est Jean-Claude Farcy, ancien chercheur au C.N.R.S. Ce site répertorie les 41 375 personnes traduites devant les conseils de guerre, individus classés par département d’origine (mais pas forcément domicile). On y trouve ainsi leur âge, leur profession, leur adresse ! Sont également présentées de façon synthétique : les procédures, les peines (25 000 abandons de poursuite ou non-lieux, 11 500 condamnations, 2600 acquittements), enfin les lieux de détention, ou d’exil. 

Dans cette précieuse banque de données, nous allons découvrir quelques surprises. Voyons les trois départements limousins : Creuse : 862 inculpés, Haute Vienne : 360, Corrèze : 152

Total du limousin : 1374, soit 3,5 % seulement de l’ensemble, mais la comparaison avec les autres départements est significative : après la Seine évidemment (8438 inculpés), viennent la Seine et Oise, et la Moselle, juste avant la Creuse ! [N.B. Stéphane Trayaud en recense 1532] Il faudrait une très longue étude pour déterminer – parmi ces 1374 limousins – s’ils étaient toujours migrants saisonniers (dont on dit qu’ils « limousinaient ») ou s’ils étaient déjà installés dans la capitale.

 

La part de la Montagne Limousine 

Choisir une limite n’est pas facile : nous avons arbitrairement repris une définition géographique plutôt qu’administrative (ignorant le PNR) : d’ouest en est : Mont Gargan – Eygurange / nord – sud :  Vidaillat – Treignac Haute-Vienne, au-delà d’une ligne Bujaleuf – Sussac, puis sud Creuse, limité par une ligne en croissant, de Saint Junien la Brégère à Crocq, passant par Felletin (donc sans Bourganeuf et Aubusson), enfin pour la Corrèze, une autre ligne en croissant allant de Treignac à Eygurande, par Meymac et Ussel. Ce qui nous donne parmi les 1364 :

  • Haute-Vienne : 13 noms seulement (3 % de l’ensemble départemental)
  • Corrèze : 46 (40 %)
  • Creuse : 96 (11 %)
  • Total : 155 « montagnards ». 

Ce total peut paraître faible, mais il se comprend aisément. La principale explication est géographique. Les zones d’où venaient les 1364 sont les plus proches de Paris. L’essentiel des travailleurs saisonniers du Plateau-Montagne allaient dans d’autres directions. Selon mes propres chiffres (à partir des mariages « en chemin ») :

  • 57 % allaient vers l’est, principalement Lyon et Saint-Etienne
  • 18 % vers l’ouest vers et les ports atlantiques
  • 17 % vers le sud
  • seulement 8 % vers le nord

 

fiche buchenaud martial

 

Un tableau socio-géographique

L’observation des métiers, des âges, et des communes de naissance montre que les fameux maçons (y compris tailleurs de pierre et paveurs) étaient à peine majoritaires dans les migrants limousins à Paris (79 = 51 %), au contraire de Lyon. 

On trouvait ensuite :

  • 17 scieurs de long (11 %), surtout des corréziens,
  • mais aussi 7 peintres, tous creusois … 
  • puis une grande diversité de métiers (fumistes, briquetiers, tapissiers, cochers, charretiers, et même un marchand de vin et un coiffeur !)

Ces chiffres montrent finalement une assez grande diversité des migrations de travail, qui va à l’encontre d’une idée reçue. La capitale attirait tous types de travailleurs, et pas seulement du bâtiment. Ces gens étaient plutôt jeunes (moyenne d’âge : 31 ans) mais essentiellement d’âge mur, les deux tiers ayant entre 20 et 40 ans. Ainsi, peu de très jeunes (seulement 12 moins de 20 ans) et de « vieux » (6 plus de 50 ans). Citons ainsi : Octave Moreau, maçon de Chamberet (16 ans), Jean Baptiste Saberly, maçon, du Monteil-au-Vicomte (17 ans), comme François Duteil, maçon de Vallière. Parmi les aînés, on relève : Paul Pango, un scieur de long, de Saint Agnant près Crocq (60 ans), Antoine Broussaud, fumiste de Saint Yrieix la Montagne (52 ans), Martial Buchenaud, maçon de Faux la Montagne (51 ans).

La répartition géographique est intéressante. Voici les communes les plus représentées : Vallière (13), Felletin et Magnat l’Etrange (8), Chavanat (7), Saint-Quentin-la-Chabanne (6) … en Corrèze 5 Chamberetois, en Haute Vienne, seulement 3 d’Eymoutiers. Un noyau important apparaît dans la vallée de la Creuse et sur les plateaux adjacents, on voit par contre des vides étonnants : Nedde, Tarnac, Gentioux. Il est très clair que ces migrations fonctionnaient beaucoup par villages, voyez ce « nid » de communeux à Vallière ! Une certaine tradition séculaire, comme un engagement politique fort, républicain et au-delà, expliquent tout de même la présence d’assez nombreux gars du Plateau, plutôt jeunes, dans l’effervescence communarde.

 

On pourra consulter :

Oubliés de l’histoire: les Limousins dans la Commune de Paris, par  Stéphane Trayaud (Edition Publi book des Ecrivains 2012)

Les cahiers des migrants creusois dans la commune de Paris (Ed. Ateliers et vie aux Coudercs) 2019

Suivre les manifestations (expositions, conférences, chansons) programmées par l’Association des Ami(e)s de la Commune de 1871 – comité local de La Creuse.

 

Michel Patinaud
  • Thème
    Communard
  • montagnards | victime | tribunal militaire | rebellion | communeux | communard | montagne limousine
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
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