Le Blaireau européen a un corps massif et bas terminé par une queue courte, le tout porté par de fortes pattes antérieures munies de grandes griffes. Il mesure 65 à 80 cm de long pour 30 cm au garrot. Son pelage paraît gris avec une petite tête conique, blanche, ornée de deux larges raies noires couvrant les yeux du museau à la nuque. Ses oreilles sont noires, bordées de blanc. Sa gorge, son poitrail et ses pattes sont d’un noir intense. La longévité du blaireau est de 14 ans, mais près de 75 % d’entre eux n’atteignent pas les 5 ans dans la Nature.
Les blaireaux sont des animaux sociaux qui vivent au sein de groupes territoriaux de taille variable. En France, ils sont le plus souvent constitués par paires ou par petits groupes de moins de 5 adultes. C’est aussi le cas en Limousin où les observations d’adultes ne mentionnent jamais plus de 2 à 4 individus matures à la fois par blaireautière. Crépusculaire et nocturne, le Blaireau européen se déplace toute l’année sur de faibles distances, inférieures à 2 km autour de la blaireautière. Cet omnivore généraliste spécialisé sur les lombrics et les Insectes possède tout de même une alimentation variable selon les disponibilités saisonnières. Le Blaireau européen consomme, selon les saisons, fruits, céréales, Amphibiens, petits Mammifères et parfois même des carcasses. L’hiver, période de faible disponibilité alimentaire, il n’hiberne pas mais rentre en léthargie et ses sorties sont réduites. Pendant cette période, une forte perte de poids (allant jusqu’à 10 kg) est observée.
En France, il est présent sur tout le territoire métropolitain à l’exception de la Corse. Il est absent des secteurs très urbanisés et des fortes altitudes. Les mêmes observations sont faites à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, où il est présent sur l’ensemble de la région. En revanche l’abondance n’est pas homogène et semble dépendre des conditions d’accueil, plus favorables en milieux bocagers que sur les grandes zones agricoles. En Limousin, il est bien présent sur l’ensemble des trois départements. Seule la Creuse, dans sa partie nord-est, présente des lacunes dans sa répartition. Cela relève sans doute de secteurs sous-prospectés pour lesquels l’espèce n’est pas détectée et non pour lesquels elle serait absente.
Le gazage des terriers, à l’origine d’une forte diminution des populations de blaireaux, fut abandonné dans les années 1970-1990. Cependant, l’espèce reste chassable en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, et dans certains pays d’Europe de l’Est.
Aucune étude d’envergure ne semble s’intéresser à l’écologie comme à la dynamique des populations de ce Mammifère en France. Cela est d’autant plus inquiétant que l’accroissement des pressions anthropiques et les changements globaux sont à l’origine de déclins locaux. L’espèce, comme beaucoup d’autres, est sensible à la destruction et à la fragmentation de son habitat. Cela s’observe notamment par les nombreux cas annuels de collisions routières qui concernent 328 données dans le présent atlas ou encore les empoisonnements en consommant des proies elles-mêmes intoxiquées par les pesticides tels que les rodenticides.
Le Blaireau européen est inscrit à l’Annexe III de la Convention de Berne (1979), par laquelle la France s’est engagée à prendre les “mesures législatives et réglementaires appropriées et nécessaires pour protéger les espèces de faune sauvage [énumérées dans l’annexe III]» (article 7). Ainsi, l’état Français a l’obligation de “maintenir l’existence de ces populations hors de danger» en évitant notamment la destruction des jeunes. Le déterrage de blaireaux est autorisé dans les trois départements du Limousin en chasse à courre (vénerie sous terre). Il se pratique de mi-septembre à mi-janvier et le préfet peut décider d’une réouverture à partir du 15 mai jusqu’à l’ouverture générale de la chasse. Cette période est régulièrement réouverte dans les trois départements du Limousin, dont le résultat est notamment la destruction de jeunes, pourtant interdite par le Code de l’Environnement. Aucune étude menée en Limousin ne recense avec précision les effectifs de l’espèce. Il est démontré que la traversée des routes, les observations opportunistes, le comptage des gueules ou le déterrage ne sont pas des méthodes fiables de comptage et ne peuvent, à ce titre, pas constituer un argument autorisant la destruction de l’animal. Dans le cas où l’espèce serait détruite en l’absence de données fiables comme c’est le cas en France et en Limousin, cela constitue une infraction aux lois françaises et européennes.
Ainsi, les pratiques de gestion autour de l’espèce vont à l’inverse des engagements pris par la France. La destruction des blaireaux peut engendrer de fortes baisses de population au niveau local, jusqu’à menacer son état de conservation. D’après l’OFB (ancien ONCFS), les prélèvements importants d’adultes peuvent d’ailleurs rapidement engendrer une diminution des effectifs d’une population. En effet, le cycle de vie lent du blaireau, associé à la forte mortalité des jeunes (50 à 70%), le rend vulnérable aux prélèvements. Dans ce contexte, la pertinence de chasser cette espèce non utilisée dans la consommation humaine questionne.
Texte extrait de l’Atlas des Mammifères, Reptiles et Amphibiens du Limousin du GMHL.