C'est dans le cadre d'une formation interne à ce réseau et dans l'apprentissage à l'entretien non directif qu'une vingtaine de stagiaires se sont interviewés les unes les autres autour de la question : « Qu'est-ce qui fait que les organisations restent vivantes et qu'est-ce qui peut entamer la vitalité des organisations collectives? » Ces entretiens représentaient une telle mine de témoignages et d'expériences (près d'une cinquantaine en tout) que quelques stagiaires, dont Aïala Ellenberger, de Pivoine, ont décidé de ne pas laisser cette riche matière dépérir au fond d'un fichier d'ordinateur. Elles ont décidé alors de reprendre ces entretiens, de les analyser et de partager les conclusions de ce travail dans un livre. C'est ainsi qu'est né l'année dernière cet ouvrage : Comment faire collectif ?
« Attention, prévient Aïala Ellenberger, ce n'est pas un livre de recettes ! En décrivant différents éléments de la vie ou du fonctionnement d'un collectif, nous proposons plutôt de comprendre comment les collectifs vivent et affrontent des situations ou des questions comme l'ouverture ou la fermeture, les entrées et les sorties, la question économique, le lien collectif/individu, les formes (stables ou en mouvement permanent), l'irruption de la violence, les relations affectives, etc. » Pas de réponses clés en main donc dans cet ouvrage, plutôt des éclairages qui permettraient à chacun de situer son propre collectif dans une typologie basée sur trois archétypes que le livre propose sous le nom d'écoles : « l'école de la rupture » typique des collectifs anti-institutionnels dont l'objet est plus important que les moyens mis à son service ; « l'école des formes », qui cherche à formaliser des modèles alternatifs avec un certain cadre ; et « l'école des relations humaines » où une grande attention est apportée au soin des personnes et à la dimension humaine des équipes.
Ce livre et cette démarche s'inscrivent dans ce qu'on appelle la « culture des précédents » : profiter des expériences des autres pour s'inspirer de la sienne ; regarder fonctionner d'autres collectifs pour définir le fonctionnement que l'on souhaite pour ceux dans lesquels on est investi ; s'appuyer sur des pratiques déjà éprouvées pour mieux construire les siennes propres.