Il faut en effet entrer dans un espace non ouvert au public et monter l'escalier qui mène aux bureaux du personnel pour déboucher sur un couloir presque aussi haut que long dont les côtés sont entièrement tapissés d'étagères remplies d'ouvrages. Pour la plupart ce qu'on appelle des beaux livres, livres d'art aux dimensions parfois très grandes, mais aussi catalogues d'expositions, revues et essais sur le paysage. Ce dernier thème est majeur et caractérise le fonds de cette bibliothèque conçue par l'architecte Aldo Rossi comme une espèce de coursive qui conduit au bureau de la directrice du centre d'art dont les fenêtres intérieures donnent sur la grande nef de l'exposition, comme la cabine du capitaine d'un bateau. Au moment de la construction du centre d'art, qui ouvre en 1991, Internet n'existe pas, et la bibliothèque est pensée comme un centre de ressources indispensable. Aujourd'hui, elle n'en demeure pas moins irremplaçable, car, si on trouve de tout sur Internet, on n'y trouve pas tout. « Dans l'édition de livres d'art contemporain, parfois liés à une exposition ou un artiste, certains livres ont des tirages limités à quelques centaines d'exemplaires seulement, explique Mikaela Assolent, chargée des publics, et il est difficile d'y avoir accès. On ne les trouve que dans des bibliothèques très spécialisées. » Au fur et à mesure de son histoire, le centre d'art a donc constitué une collection particulièrement impressionnante et unique en Limousin de 14 000 volumes spécialisés sur l'art et le paysage.
L'essentiel du fonds est constitué de monographies d'artistes contemporains. Lorsqu'on croise un ouvrage sur Matisse ou Picasso, c'est qu'il est en rapport avec une exposition ou le travail des artistes contemporains, en particulier celles et ceux qui ont exposé ici. Ce sont eux, du reste, qui utilisent le plus cette mine mise à leur disposition lors des résidences d'artistes qui ont lieu à Vassivière. De même que les étudiants des Beaux-arts de Limoges qui viennent chaque année durant deux semaines séjourner dans ce lieu. Viennent aussi des chercheurs qui travaillent sur Aldo Rossi (tout un rayonnage est consacré à l'architecte du centre) et de manière générale sur le paysage. Cette bibliothèque qui n'est pas directement accessible au public, n'en est pas moins ouverte pour qui souhaiterait se documenter sur tel ou tel artiste et il est possible de venir y consulter des ouvrages sur rendez-vous. L'accueil y sera toujours bienveillant. « On dispose en interne d'un fichier avec tous les ouvrages, mais malheureusement il n'y a pas de catalogue en ligne... Si nous avions les moyens de faire cela ce serait formidable ! » Un gros travail qui nécessiterait un coup de pouce budgétaire... En attendant, on peut toujours solliciter le Centre d'art et en profiter pour aller visiter l'exposition du moment. Celle-ci, proposée par l'artiste franco-suisse Pauline Julier, vous invite jusqu'au 15 juin, à faire quelques pas sur le sol de la planète Mars !
Michel LulekContact CIAP : 05 55 69 27 27
Ruches, 2400 AEC – 1852 ECTitre bien mystérieux pour ce petit livre jaune dont les textes ont été rédigés par l'artiste Aladin Borioli. Il résonne en écho à une exposition qui eut lieu à Vassivière dans laquelle l'artiste Natsuko Uchino avait proposé l'installation de ruches horizontales sur l'île. Dans ce livre, Borioli a rassemblé une quantité incroyable de photos ou dessins de ruches depuis 2400 ans avant l'ère chrétienne jusqu'à 1852 de l'ère chrétienne (voilà qui vous permet d'en comprendre le titre). Pas moins de 400 pages montrant des ruches du monde entier !