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Contribuer à rendre la politique aux citoyens

Date
dimanche 1 juin 2025 14:46
Numéro de journal
91
Auteur(s)
Roger Fidani
Visite(s)
66 visite(s)

Les élections municipales devraient être un moment propice à la récupération d’une part de citoyenneté. À moins d'un an des prochaines (mars 2026), Roger Fidani appelle à repenser leur préparation et à refuser ce qu'il appelle la « fabrique du consentement ».

 

Changer de politique et la politique

electionsOn ne changera ni de politique ni la politique sans construire avec la société civile l’alternative aux politiques actuelles. Dans ce but, il faut sortir d’une vision étatiste et centralisatrice de la politique dans laquelle – il faut le dire – sont engluées elles aussi les forces politiques de gauche. Déjà en 1903, Jean Jaurès le préconisait dans son discours à la jeunesse : « Instituer la République c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action… auront assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune ».
Jean Jaurès nous invite au ressourcement de la politique dans une citoyenneté active pour propulser une République de l’émancipation. Ce qui est sûr, c’est qu’avec le même fonctionnement des communes, des collectivités territoriales, des partis, on obtiendra les mêmes contenus, la même défiance et, peut-être demain une nouvelle vague de dégagisme mais cette fois mortifère. Jaurès disait aussi :
« L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création ».
Cependant s’agit-il de bannir le principe de la délégation de la démocratie représentative ? « Les dominés, nous dit le philosophe Antoine Artous, sont dans une contradiction permanente : pour se faire entendre ils doivent se doter de porte-parole ». Pierre Bourdieu, précise-t-il, souligne l’ambivalence de la représentation politique mais affirme « qu’il faut toujours risquer l’aliénation pour échapper à l’aliénation ». On doit ne pas esquiver ce risque. Ce qui nous appelle à un triple effort :
- Repenser les procédures de l’élection des représentants et de leur rôle.
- Faire émerger sur le territoire des pratiques politiques nouvelles de mise en forme du social.
- Encourager et organiser l’implication citoyenne et celle de la société civile organisée dans les mécanismes de la démocratie représentative.
Pour commencer cet effort de longue haleine il conviendrait de repenser les procédures de l’élection municipale.

 

Repenser la préparation de l’élection municipale

Une politique de l’émancipation doit faire grandir le pouvoir citoyen. Elle ne peut accepter un monde politique coupé en deux : celui de la représentation, celui des citoyens et des organisations qu’ils se donnent, un système où la souveraineté populaire n’est qu’une illusion et où le rôle de l’élu se dévalorise. Il y a à faire et à inventer. L’élection municipale devrait être un moment propice à la récupération d’une part de citoyenneté, un moment où l’esprit délégataire est résolument écarté. Elle doit devenir l’opportunité pour stimuler l’intérêt et la participation des populations locales et des collectifs existants : syndicats, associations, coopératives etc… Il s’agirait alors ensemble :

  • d’inventorier les attentes, les aspirations, les besoins de toutes et tous sur un territoire donné,
  • d’élaborer les orientations et les objectifs du programme municipal, la vision de la commune que l’on défendra,
  • de définir les pratiques politiques locales de co-élaboration, de co-évaluation, d’informations pour une démocratie locale plus délibérative.

L’effort doit préfigurer en quelque sorte ce que sera la mandature : un effort permanent pour tenter de réduire le rapport d’extériorité des gens au système institutionnel. Mais précisons : cela ne veut pas dire qu’il faille mobiliser sur chaque question. Il ne s’agit pas de rêver mais de définir les moments, les thèmes, les enjeux majeurs où la construction commune s’imposerait. Cela concerne des périodes limitées mais c’est leur répétition dans le temps qui est susceptible de créer des conditions favorables à ce que les citoyen.es, la société civile organisée s’approprient « la définition de leurs problèmes et des solutions qu’ils peuvent envisager. C’est la rotation des mobilisés qui fait masse en mouvement. Sur le temps long, cela déplace le centre de gravité de l’exercice de la démocratie ». (1)
Cela contribue à une double revalorisation : celle du rôle des citoyens auxquels on reconnait la légitimité à intervenir dans les affaires publiques ; celle de la représentation émanant d’une citoyenneté active. Bien entendu, il n’y a pas de démocratie qui serait la panacée. Elle ne consiste pas à formaliser des recettes. Elle est une construction constante. Cependant on peut dire qu’avec la crise politique et celle de la représentation, il est urgent de ne pas rester englué dans la vision délégataire et d’agir avec le souci de partir de la parole des gens et des collectifs qu’ils se donnent. L’ambition est exigeante mais c’est le chemin de l’émancipation.

 

2026 : les enjeux de l’élection municipale

À l’heure où ces lignes sont écrites nul ne peut dire quelle sera la situation politique du pays en 2026. Mais avec la crise politique actuelle, la persistance d’une politique de casse sociale (plus de 250 000 emplois sont menacés selon la CGT) et d’austérité qui va continuer d’impacter négativement les collectivités territoriales, la menace persistante d’une arrivée au pouvoir du Rassemblement National, il s’ensuit que l’élection de 2026 ne peut être abordée comme avant où, par exemple à Gentioux-Pigerolles, l’objectif se bornait à éliminer l’équipe en place. Les élections municipales vont se dérouler dans une ruralité malmenée où domine un sentiment de relégation sociale et d’impuissance : on y vit difficilement pour une majorité d’habitant.es qui ne sont pas entendus.
Les communes rurales sont des lieux de vie, de travail, de production. Mais les salaires, les pensions d’un nombre important de personnes sont bas et les services publics défaillants. L’État n’y exerce plus ou mal son devoir de solidarité nationale, ne donne pas aux collectivités territoriales les moyens financiers et fiscaux qui leur permettraient de jouer tout leur rôle. Dès lors que le prix du transport et de l’énergie devient un handicap pour se déplacer et se chauffer, le mécontentement est là, si ce n’est la colère. C’est dans ce contexte si profitable au RN que les élections municipales vont se préparer. Face à ce contexte compliqué, les élections municipales ne devraient-elles pas être le moment de poser les enjeux auxquels les populations et les collectivités communales sont confrontées ? Et, dans le même mouvement, ne faudrait-il pas affirmer l’ambition de porter et de défendre des choix de gestion progressistes répondant aux urgences sociales et qui améliorent la vie du plus grand nombre ? Il s’agirait à la fois de faire écho à des attentes légitimes et de redonner l’espoir que d’autres choix existent pour commencer à changer la vie des gens. Bref, une prise en compte du réel pour dire contre quoi et pour quels objectifs de progrès l’on va agir. Au nom de quelle « logique » en effet ne pourrait-on pas décliner cela dans tous les domaines qui façonnent la vie locale ? Il appartient aux progressistes de « casser les murs que l’on édifie dans l’imaginaire collectif » (2) et d’être les artisans d’une démocratie locale qui rompt avec ce que les gens reprochent aux politiques : de ne pas les écouter, de ne jamais les voir, de faire sans eux.
La question que l’on doit se poser est, selon nous, la suivante : comment, en concomitance avec la situation de crise et le péril lepéniste, doit-on concevoir l’élection municipale, à quoi doit-elle contribuer ? Notre conviction est que l’on ne peut continuer à gérer les collectivités territoriales notamment les communes selon les mêmes contenus et les mêmes démarches que par le passé.

 

Roger Fidani

(1) Pierre Zarka, Oser la vraie rupture, L'Archipel, 2011.
(2) Phillipe Rio, maire de Grigny (Essonne).

 

Ne pas participer à la « fabrique du consentement »

Un citoyen peut dénoncer et agir contre « les déserts médicaux » sans pour autant être enrôlé dans une logique partisane ou syndicale. Les sportifs de haut-niveau qui, au lendemain des jeux olympiques, se sont élevés contre la baisse des dotations d’État au sport l’ont-ils fait au nom d’une logique partisane ? Pas du tout, ils défendaient les intérêts du mouvement sportif et de la jeunesse. Au nom de quoi un élu progressiste ne devrait-il pas réagir quand les intérêts des habitant.es et de la commune sont affectés par des politiques d’État qui consistent à faire peser une partie de la dette
publique sur les collectivités territoriales ou au détriment des services publics ? En l’occurrence, un élu.e qui se tait ou ne réagit pas ne participe-t-il pas de la « fabrique du consentement » et ne se trouve-t-il pas en contradiction avec le mécontentement patent des populations rurales ?
Prenons la question sous un autre angle. Quand la présidente LR du Conseil Départemental de la Creuse décide, avec sa majorité, de restreindre les crédits à la culture les élu.es des communes concernées doivent-ils l’accepter ou réagir, se taire ou informer ? Sa décision pourtant est en parfaite concordance avec une logique partisane (celle qui consiste, à droite, à réduire la dépense publique de l’État au profit d’une caste). Mais, sur le Plateau, quelles sont les communes qui ont manifesté une opposition ? Globalement dans tous les territoires de France les gestions municipales sont imprégnées par des logiques partisanes pour la simple raison que ce sont les partis et les mouvements politiques qui forment les équipes municipales. Pour quelles raisons le Rassemblement National se prépare-t-il à conquérir de très nombreuses communes si ce n’est pour faire prévaloir sa « logique partisane » ? C’est que la mise en forme du social, au niveau communal comme à celui de l’État, ne relève pas de l’apolitisme mais de choix politiques. Dire que « les collectivités territoriales n’ont pas à faire preuve de logique partisane » ne correspond pas à la réalité. Mais rien n’interdit la constitution d’équipes municipales qui, sans être enrôlées sous une bannière partisane, ont pour objectifs : de contribuer à ce que la vie des gens change ; de construire des pouvoirs partagés avec les habitants ; d’agir pour s’opposer à tout ce qui porte atteinte à l’humain, aux services publics, à l’autonomie communale, à l’environnement, à la culture, aux associations, pour une agriculture non intensive, etc… Un engagement à rebours d’une action qui se borne à agir à la marge, action certes respectable, mais dont on voit bien aujourd’hui qu’elle n’est plus à la hauteur des enjeux.

Roger Fidani
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    Elections
  • politique | rassemblement national | crise politique | élections municipales | politique | élections
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
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