Eymoutiers

  • 10 ans de jardins partagés à Eymoutiers

    jardins partagesCette histoire a commencé avec l‘association « Le Monde allant vers… », quelques personnes passionnées de jardins et d’autres qui n’y connaissaient absolument rien. C’était il y a dix ans déjà et elle se poursuit avec toujours autant de volonté pour l’enrichir.

     

    Un jardin ouvert

    Les buts du jardin partagé étaient nombreux. Pour l’association « Le Monde allant vers… », la création d’un jardin pédagogique devait permettre d’initier les enfants aux composts, semences, légumes, etc. Pour d’autres, il s’agissait de créer un lieu de rencontres, d’échanges, de savoirs et d’apprentissages autour de la production de légumes et de semences dans un lieu convivial. Le site que la commune a mis à disposition, le long de la Vienne, est idéal et très paysager. Il permet à des gens de tous horizons de se retrouver. Nous l’avons ouvert au maximum de ses possibilités, avec la possibilité d’avoir une parcelle individuelle ou de participer au grand jardin partagé. En réalité les deux se mélangent très bien.

    Sur les pentes du jardin potager nous avons planté des fruitiers. Certains produiront, d’autres sont à greffer. L’ensemble est un espace ouvert : c’est un choix de ne pas le clôturer qui permet à tout le monde de s’y promener tout en le respectant. La seule règle absolue du jardin est qu’il n’y ait aucune utilisation de pesticide, d’engrais chimique ou d’autre produit ne respectant pas l’environnement.

     

    Même de la vigne !

    Tout cela s’est fait progressivement et avec beaucoup de participations extérieures. La première année nous avons défriché, les deuxième et troisième années, nous avons construit une cabane de jardin (avec la participation des compagnons du réseau REPAS, qui tous les ans circulent sur des entreprises de la région) et la quatrième année, nous avons mis en place les carrés de jardin du « Monde allant vers… », des escaliers et une serre. 

    Après l’ouverture du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA) à Eymoutiers  nous avons ouvert le jardin à ses résidents, ce qui a permis à des gens désœuvrés d’avoir une occupation et de pouvoir échanger malgré des langues différentes.

    Le jardin partagé est un lieu où beaucoup de choses foisonnent. C’est aussi un lieu artistique avec la très belle sculpture d’Iradj Emami (voir IPNS n° 67), un lieu culturel avec des concerts, un lieu de conservation de vieilles semences, un lieu de pratiques de différents jardinages, de cuisines partagées et qui, j’espère, continuera son chemin avec de nouvelles personnes et toujours de nouvelles idées. En parallèle au jardin partagé, depuis 3 ans, avec une trentaine de personnes, nous avons planté une vigne collective qui devrait donner son premier raisin cette année. Le but est toujours de faire ensemble et, pourquoi pas, réussir aussi à vinifier un futur très grand cru ? Mais, chaque chose en son temps.

     

    Jean-Jacques Peyrissaguet
  • À Domps et Eymoutiers, l’éolien industriel n’a pas le vent en poupe

    eolienneLe 5 février 2021 le conseil municipal de Domps s’est définitivement détourné du projet éolien des Pouges avec Engie Green, en votant à l’unanimité des conseillers présents contre ce projet. Le 25 janvier 2021 le conseil municipal d’Eymoutiers avait également voté contre. Pour l’adjoint au maire de cette commune, Philippe Simon, « nous devons produire notre énergie localement, avec des projets à taille humaine et qui implique la collectivité et les citoyens. Le projet éolien des Pouges est à une échelle industrielle et se trouve déconnectée des réalités de notre territoire tant en volume de production qu’en investissement financier. Qu’amène-t-il au pays à part une probable rentrée financière ? Et ne peut-on pas trouver de l’argent autrement pour des besoins locaux ? » C’est ce qu’il avait développé dans une lettre adressée à ses collègues dans laquelle il appelle à se « tourner vers des actions plus petites, à notre portée, dont nous aurons la totale maîtrise, en dehors des circuits de la grande finance » et de citer des projets de petit hydraulique, photovoltaïque à petite échelle, éolien maîtrisé et plutôt en autoconsommation, énergie bois optimisée localement, solaire thermique pour l’eau sanitaire…  « Plus autonomes, plus économes, nous devons porter notre part pour permettre un avenir vivable. »

  • À Eymoutiers, face au squat de la rue de la République, l’ODHAC s’obstine

    Le bâtiment, occupé depuis le 9 avril 2022 (Cf. IPNS n°79), héberge cinq ou six familles. Si, le 27 juillet 2022, le tribunal a repoussé d’un an la demande d’expulsion formulée par l’ODHAC, ce dernier ne désarme pas.

     

    squat eymoutiersLa vie s’organise

    L’immeuble, propriété de l’ODHAC (Office public de l’habitat de la Haute-Vienne), comprend 10 logements dont 8 F1 et 2 F2, en relativement bon état, bien que quelques travaux aient été nécessaires avant d’y recevoir les personnes qui y sont hébergées. Certaines, à la rue, étaient en demande d’asile et ont intégré le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) d’Eymoutiers, ce qui a permis la continuité de la scolarité des enfants.
    Une famille contrainte par la préfecture à quitter le Cada après un refus OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) a finalement obtenu l’asile suite à un recours auprès de la CNDA (Cour nationale du droit d’asile). Des mineurs non accompagnés, en attente de la reconnaissance de leur minorité par le juge des enfants, ont été également accueillis. Certains ont vu leur minorité confirmée et doivent donc être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Plusieurs célibataires ont été hébergés et sont accompagnés pour le parcours de leur demande d’asile ou de titre de séjour. La vie s’organise autour des accompagnements aux démarches à Limoges, vers l’assistante sociale, la Cimade, les Restos du cœur, le Secours populaire de Peyrat-le-Château, ou par la participation à certains événements.
    Des réunions de fonctionnement ont lieu plusieurs fois par mois pour l’entretien des locaux ou pour donner des informations suite à une visite de la gendarmerie (il n’y a pas d’obligation à ouvrir sa porte, de donner son nom et son téléphone). Les mineurs non accompagnés participent à la prise en charge des enfants et les emmènent jouer au pré Lanaud, des cours de français sont dispensés par la Cimade et, depuis septembre 2022, une cantine solidaire ouvre le deuxième samedi de chaque mois, après le marché ouverte à tous, à prix libre.
    Ainsi, le bâtiment de la rue de la République ne se contente pas d’héberger des personnes sans papiers mais il accueille des personnes dont la situation est en attente de décisions qui se sont avérées à terme positives : obtention d’un statut de réfugié, accueil en Cada ou reconnaissance de minorité. Il vient donc clairement pallier les manquements de l’État et, pour les mineurs, du Département.

     

    Appel de l’ODHAC

    En juillet 2022, contre la demande d’expulsion de l’ODHAC, une pétition avait réuni 670 signatures en deux semaines. La décision du tribunal de surseoir à l’expulsion pendant un an, jusqu’au 27 juillet 2023, avait réjoui l’ensemble des personnes impliquées dans cette démarche d’accueil. Malheureusement, l’ODHAC a fait appel du jugement sur deux points.
    Le premier concerne le paiement de l’électricité. La facturation débute en janvier. En effet au début de l’occupation aucun compteur n’était fermé. Si l’association a payé ce qui a été consommé depuis avril elle refuse de payer la consommation entre janvier et avril 2022, pour le second, L’ODHAC exige également une indemnité d’occupation pour privation de jouissance de 2 945,51 €/mois... alors que ces locaux étaient vacants depuis plus de 6 ans ! L’ODHAC a toujours refusé la signature d’une convention d’utilisation des locaux dans l’attente d’une vente et n’a, à ce jour, plus aucune relation avec l’association Montagne accueil solidarité (MAS) qui gère le squat. Bref, l’ODHAC veut se faire de l’argent avec un immeuble qui ne lui rapportait rien jusqu’alors... On a beau se présenter comme ayant une « vocation sociale », avec l’immeuble d’Eymoutiers, celle-ci est toute relative.

     

    Dominique Alasseur
  • Abattoirs fermés au pays de l’élevage !

    abattoirsLes abattoirs de Guéret et d'Eymoutiers viennent de fermer leurs portes. La perte de ces outils de proximité implique de nombreuses conséquences négatives sur l'activité de certains éleveurs écoulant leur production en vente directe (augmentation des coûts de transport et du temps passé pour se rendre à l'abattoir de Limoges, perte de valeur ajoutée par l'arrêt de la vente directe, pour certains arrêt de la production, problèmes de traçabilité de la marchandise...). De même, les éleveurs pratiquant l'abattage familial et ceux ayant des animaux accidentés ne savent plus où réaliser ces opérations.

    Face à ces fermetures intempestives, plusieurs rencontres rassemblant des éleveurs en vente directe et des bouchers ont eu lieu. Elles ont abouti en début d'année à la création d'une association "Abattre et valoriser la viande en Limousin", association ayant pour objectif de trouver une alternative à ces pertes d'outils de proximité. L'idée est donc d'avoir des lieux d'abattage accessibles c'est à dire bien répartis sur le territoire, multi-espèces, et ouverts à tous (bouchers /abatteurs, particuliers, musulmans, producteurs…).

    Sensible aux préoccupations du collectif, l'ARDEAR (Association Régionale pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural) a donc engagé une stagiaire élève-ingénieur à l'Enita de Clermont-Ferrand, afin de mener une réflexion sur la mise en place d'unités collectives d'abattage de découpe et de transformation de proximité dans le secteur sud est Haute Vienne, sud ouest Creuse et nord est Corrèze. Plusieurs solutions sont envisagées : de la réutilisation de l'existant, à une idée plus innovante mais plus complexe, la mise en place d'un abattoir itinérant, déjà expérimentée dans d'autres pays (Canada, Autriche…). Ce projet pose néanmoins de nombreuses contraintes sanitaires, difficilement contournables vue la réglementation française actuelle. Le travail de l'étudiante est donc dans un premier temps d'identifier les producteurs et utilisateurs potentiellement intéressés et de bien recenser leurs besoins au travers d' enquêtes. Une soixantaine de personnes ont déjà été identifiées. Dans un deuxième temps, elle devra faire des propositions cohérentes avec les attentes des utilisateurs potentiels mais néanmoins réalisables. Espérons que le fruit de ce travail pourra aboutir à la réalisation d'un projet porté collectivement par les producteurs, les bouchers, les particuliers, et qui permettra de maintenir des outils de proximité, adapté aux besoins, valorisant localement les produits du territoire.

     

    Sandrine Martinet

  • Ambiance apaisée à Eymoutiers

    L’unique liste « Eymoutiers, une passion commune », conduite par Mélanie Plazanet, a remportée les élections dimanche. Retour sur la campagne et le projet de ces élus.

     

    municipales 2020 eymoutiersC’est une campagne électorale calme, où la principale action des candidats a été de passer chez tous les habitants du bourg et des hameaux pour leur donner le programme. Ce qui a le plus intéressé les gens, si l’on en croit le retour d’une élue, c’était de savoir qui est qui. Trombinoscope en main, chacun y allait de son commentaire : « Lui, c’est mon voisin », « Ah mais c’est la petite unetelle » etc. Bref, comme souvent, les électeurs et les électrices semblaient s’intéresser davantage aux personnes qu’aux programmes. Il est vrai qu’il n’y avait qu’une seule liste donc pas de programme à choisir, et la moitié de nouvelles têtes. Parmi elles, Laurent Delefosse, Elise Levet, François Delcoy, Richard Gora ou encore Emmanuelle Bachellerie. Une équipe d’une grande mixité, tant générationnelle, de 23 à 70 ans, que de parcours professionnel, en vrac : institutrice, éducateur, secrétaires de mairie, infirmière, médecin, chef de chœur, économiste, graphiste, charpentier, animatrice petite enfance, étudiant... « Je suis contente de voir des élus qui ont de la bouteille et d’autres qui débutent, des gens du cru et des néo-ruraux ensemble », se réjouit une habitante, tandis qu’une autre se demande si la mayonnaise va prendre entre toutes ces personnes différentes.

     

    Une seule liste, un programme prometteur

    Une seule liste, on peut considérer ça comme le signe d’une commune où le vivre-ensemble se passe bien. D’ailleurs, ce qui rassemble ces élus n’est pas leur vision politique – on est sur du « divers gauche » – mais leur engagement dans la vie de la cité. « Eymoutiers, une passion commune » est bien trouvé, car effectivement, tous ces élus participent au dynamisme de la commune, au-delà de leur mandat, par leur métier, leur(s) activité(s) bénévole(s) : université populaire, clubs sportifs, cinéma, associations de solidarité… Mais certains électeurs déplorent l’absence d’autres listes « pour faire vivre la démocratie ». D’autant que Mélanie Plazanet est déjà maire depuis cet été, Daniel Perducat ayant souhaité passer la main en cours de mandat pour préparer la transition. Une opération qui a semblé opaque à beaucoup d’habitants, mais finalement plutôt positive et, en définitive, attendue. Côté programme, « C’est prometteur ! », « Ambitieux », « Ils veulent contenter tout le monde » : un programme effectivement très riche. Certaines propositions, plutôt vagues, devront être traduites en actions : valoriser la ressource municipale en eau et promouvoir les systèmes de récupération d’eau pluviale sur les bâtiments communaux, intégrer plus de végétal dans le bourg, valoriser les circuits courts, soutenir les entreprises, PME, commerçants et artisans… Mais certaines propositions sont déjà très concrètes et intéressantes : inventorier les biens sans maître et les logements insalubres, rénover le camping, réfléchir à la création d’un lieu pour les pratiques du skateboard, du BMX et de l’escalade, acquérir du matériel de sonorisation pour les événements festifs ou encore accueillir les nouveaux arrivants lors d’un pot de bienvenue.

     

    Continuité politique

    Globalement, la nouvelle équipe souhaite poursuivre le travail de l’ancienne, dirigée par Daniel Perducat et Jean-Pierre Faye. Ce duo a joué un rôle fondamental dans le dynamisme et l’attractivité d’Eymoutiers. On lui doit de nombreux équipements et le développement ou maintien des services (école, collège, cinéma, maison médicale, bibliothèque, musée, halle des sports, eau en régie municipale, etc.). L’ancienne équipe a également beaucoup travaillé sur le patrimoine bâti, les questions sociales ou le numérique. Côté écologie, un grand pas a été franchi avec la mise en place d’une nouvelle chaufferie pour les bâtiments publics, alimentée par le bois des forêts communales, et le démarrage d’un Plan climat. La nouvelle équipe s’inscrit dans la continuité. Elle souhaite en outre s’emparer du vaste chantier des bâtiments vacants, notamment ceux qui sont propriétés de la mairie, et agir pour le climat, à travers des propositions autour de la mobilité douce et des énergies renouvelables. 

     

    Méthode renouvelée

    Certains habitants estiment toutefois que tout cela est « trop timoré ». D’autres auraient aimé une réunion publique avant les élections, comme cette habitante qui se demande pourquoi un éco-quartier ou comment réduire le trafic des camions, une autre est inquiète à propos du projet éolien. Mais rien à voir avec l’ambiance conflictuelle d’il y a six ans où deux camps s’affrontaient, s’accusant de tous les maux, alors même que les deux programmes, de gauche écologiste, étaient proches sur le fond, mais bien différents sur les modes de gouvernance. Les uns défendaient la légitimité du pouvoir des élus tandis que les autres rêvaient auto-gestion et concertation. Sur ce point, Mélanie Plazanet souhaite se démarquer de ses prédécesseurs. Convaincue des vertus du collectif – elle a travaillé un temps avec les Motivé.e.s à Toulouse –, elle voudrait mettre en place une gouvernance participative. La présence au conseil municipal de personnes issues de pratiques coopératives comme Philippe Simon, retraité d’Ambiance bois, ou Juliana Jimenez, ancienne d’Oxalis, place cette perspective sous de bons augures.

     

    Volonté de dialogue

    Mais quelle forme va prendre cette nouvelle gouvernance ? Le programme évoque une meilleure information, de nouveaux outils de communication, des réunions publiques et des commissions citoyennes. Comme dans toutes les communes marquées par une volonté de participation, il y aura certainement des ajustements à faire, des choses à tester. Les commissions citoyennes ont parfois du mal à vivre, alors que les réunions publiques semblent plébiscitées. Certains habitants proposent la tenue de réunions citoyennes en amont des conseils municipaux, pour exprimer leurs opinions avant la prise de décisions ou proposer des points à aborder. Des collégiennes aimeraient s’investir dans un conseil municipal des jeunes. Bref, il y a une volonté de dialogue des deux côtés, mais tout est encore à inventer. Sur les 1 472 inscrits aux listes électorales (sur 2 046 habitants), la moitié s’est déplacée pour voter dimanche 15 mars 2020 (dont 16 votes blancs et 87 nuls). Maintenant, on a hâte que ce « renouveau dans la continuité » commence !

     

    Emmanuelle Mayer
  • Au P’tit BAZ'ART

    Les rues d'Eymoutiers sont calmes cet après-midi et pourtant en y regardant de plus près, on remarque quelques changements. En effet, depuis un an, certaines vitrines ont repris des couleurs. Ici, une nouvelle pâtisserie, là un magasin de loisirs créatifs, plus loin un marchand de kebab et là-bas au bout … une discothèque ! Que se passe-t-il ? Pour répondre à cette question, IPNS est allé à la rencontre de l'un de ces nouveaux commerçants.

     

    au petit bazarDans la rue principale, la boutique "Au p'tit bazar" s'ouvre sur de jolis mobiles qui dès l'entrée attirent le regard et vous font lever la tête. A l'intérieur, des étagères où coccinelles rouges et jouets en bois colorés sont joliment rangés, vous donnent tout de suite envie de toucher. Vos yeux s'emplissent de rêves et vous vous rappelez soudain que vous n'avez encore rien offert à votre neveu pour son anniversaire et qu'il faudra vite réparer cet oubli. Vous cherchez autour de vous et Sandra Dubuc apparaît telle une fée munie de sa baguette magique prête à satisfaire vos rêves d'enfance. Cette jeune femme dynamique et souriante accorde volontiers du temps aux gens qui s'arrêtent dans sa boutique parfois juste pour jeter un coup d'oeil aux derniers D.V.D. D'ailleurs au moment où nous discutons autour d'un café et malgré le temps maussade qui ne donne pas envie de mettre le bout du nez dehors, plusieurs clients entrent pour acheter un cadeau ou encore louer un D.V.D.

     

    IPNS : Sandra, pouvez-vous nous dire qui vous êtes et d'où vous venez ?

    Sandra Dubuc : Je suis une enfant du pays, j'ai passé mon enfance à Nedde chez mes grands-parents avant de partir à 10 ans pour la région parisienne.

     

    IPNS : Comment avez-vous vécu cette transition ?

    S.D : Difficile au début, car j'avais l'habitude de jouer dehors, de me sentir libre. A l'école nous étions peu nombreux, tout le monde se connaissait et à Clichy je me suis retrouvée dans l'anonymat et dans d'enfermement d'une grande ville. En grandissant, c'est vrai que j'ai apprécié Paris et tout ce qu'offre la capitale mais la bougeotte m'a prise et à mes 18 ans je suis revenue ici pour faire la saison d'été.

     

    IPNS : Et vous n'êtes pas restée ?

    S.D : Non au bout de deux mois, le cadre m'a semblé trop étroit et j'ai eu envie de nouveaux espaces alors je suis repartie. Puis, j'ai voyagé à travers la France et j'ai rencontré mon époux à Rouen. Nous nous sommes mariés puis nous avons habité différentes villes, la dernière en date étant Nîmes où mon mari avait été muté.

     

    IPNS : Pourquoi être revenus en Limousin ?

    sandra dubucS.D : Nous voulions nous fixer quelque part où nos enfants pourraient bénéficier d'un environnement privilégié. L'été 2004 lorsque nous sommes venus en vacances dans ma famille, nous avons eu l'opportunité de trouver une maison dans un cadre idyllique. Nous avons décidé de rester et de commencer quelque chose de nouveau.

     

    IPNS : Comment avez-vous vécu ce second retour ?

    S.D : Au début, j'avais peur du regard des autres, que l'on me reproche d'être partie. J'étais aussi angoissée par les changements que le pays a connus. Les valeurs d'entraide et la vie sociale qui étaient encore très présentes lorsque j'étais petite se sont estompées avec le départ des gens et la disparition des activités. Ici comme ailleurs, la société de consommation, la course à l'argent ont pris le pas sur la solidarité. Mais depuis notre installation, je m'aperçois qu'il est possible de faire des choses et que les gens ne demandent qu'à se retrouver et à partager. Cela m'a rassurée et puis l'environnement ici est exceptionnel alors comme j'aime la nature et que j'aspire à une certaine qualité de vie, je suis contente d'être revenue.

     

    IPNS : Qu'est ce qui vous a décidé à choisir ce type d'activité ?

    S.D : Eh bien, avant d'avoir mes enfants, je travaillais en tant qu'agent administratif dans un syndic immobilier et cela ne me convenait pas du tout. Moi, j'aime le contact et rencontrer les gens, alors le commerce m'a semblé être le bon choix. J'ai réfléchi à ce qu'il manquait à Eymoutiers et j'ai appris que le dernier magasin de jouets avait fermé il y a 35 ans ; je me suis dit que cela serait une bonne idée de proposer à nouveau ce type de produits associé à un service qui manquait aussi ici : la location vidéo. Donc nous avons cherché une boutique et nous avons trouvé ce petit local qui était une ancienne poissonnerie.

     

    IPNS : Quelle est votre clientèle ?

    S.D : Pour les jouets ce sont souvent des personnes qui veulent offrir un cadeau et qui ne veulent pas se déplacer jusqu'à Limoges. Ce sont des personnes aussi qui ont envie qu'on les conseille et qu'on prenne du temps avec elles. Les loisirs créatifs (perles, peinture sur verre et sur bois…) et la carterie intéressent davantage une clientèle anglaise. La location de DVD me permet de proposer des films qui ne passeront peut être pas au cinéma d'Eymoutiers et pour lesquels les gens n'iront pas forcément à " la grande ville ". De même c'est très agréable de pouvoir partager, échanger son point de vue. Je commence d'ailleurs à avoir des habitués qui viennent louer un film mais aussi discuter.

     

    IPNS : Comment choisissez vous vos produits ?

    S.D : En fait, je vends des jouets qui ne sont pas distribués en grande surface ainsi que beaucoup de jeux en bois parce que je veux proposer des produits originaux et de qualité. J'ai beaucoup de plaisir à parler avec les gens, j'aime les conseiller et surtout je ne veux pas les pousser à la consommation. Pour Noël, par exemple, j'ai commandé des jeux originaires de différents pays parce que j'ai envie que les clients découvrent d'autres cultures grâce au jouet. J'aimerai aussi proposer des bijoux plutôt artisanaux, des bougies et pourquoi pas des objets produits par des gens d'ici.

     

    IPNS : Le magasin est ouvert tous les jours ?

    S.D : Non car je trouve que c'est important de garder du temps pour les enfants, pour faire mon potager alors même si j'ai du plaisir à travailler à la boutique, j'ai choisi d'ouvrir plutôt les après-midi. Plus tard, lorsque les enfants auront grandi et si l'activité augmente, j'ouvrirai peut-être la boutique des journées complètes. Dans tous les cas j'espère offrir un réel service aux habitants d'Eymoutiers et des communes voisines.

     

    Au p’tit baz’art-Eym.Vidéo 11 avenue de la paix 87120 Eymoutiers
  • Bande Originale

    cinema bande originaleAssociation de bienfaiteurs - Résurection du cinéma “Le Club” à Peyrat-le-château

     

    Ambiance feutrée d’une salle de cinéma, musique jazz en attendant que débute la projection, les fauteuils de velours rouge se remplissent, la salle est comble et le spectacle peut enfin commencer. Les lumières s’éteignent et l’écran prend vie. Après quelques craquements d’usage le générique apparaît sous nos yeux. Nous sommes au cinéma Le Club de Peyrat-le-Château un vendredi soir de janvier et «Docteur Folamour» est au programme des festivités.

    Depuis décembre 2002, l’association «Bande Originale» propose chaque mois à Peyrat une soirée Ciné-Club. Devant la fermeture de cette salle durant 10 mois de l’année (problème de fréquentation), certains peyratois ont décidé de réagir et proposent à la mairie de faire revivre ce superbe cinéma équipé d’un matériel de projection de qualité. Un groupe d’environ 10 personnes s’est constitué pour former l’association, et gère la structure à 100% ; une formation au montage et à la projection des films s’est avérée indispensable pour chacun des membres. «Bande Originale» gère en plus de la partie technique, la programmation, la communication, la comptabilité, l’accueil billeterie et propose également une collation après chaque soirée ciné-club au « coin ciné » situé au balcon de la salle. Cette rencontre entre tous permet d’échanger nos impressions sur le film qui vient d’être présenté et de se remémorer certains classiques de notre enfance.

    Pour ce qui est du ciné-club, «Bande Originale» veut varier les plaisirs en proposant des œuvres des années 30 aux années 80 alternant VO et VF, des œuvres internationales, dramatiques ou comiques allant du fantastique au film noir, de la série B au péplum... L’occasion de découvrir ou redécouvrir sur grand écran des chefs d’œuvres du 7ème art («L’homme qui rétrécit» en décembre, «Docteur Folamour» en janvier, «les vacances de Monsieur Hulot» en février). «Bande Originale» propose également un ou 2 dimanches par mois un film «tout public» plus ou moins récent.

    Grâce au travail et à la volonté d’une poignée de bénévoles et au soutien de la mairie, Le Club rouvre de nouveau ses portes depuis décembre, la fréquentation est au beau fixe et il n’y a pas de raison pour que cela change.

     

    La salle de cinéma : un lieu dans la ville

    En proximité, au cœur des villes et des villages, la salle de cinéma est un lieu ouvert sur les populations. Pour nous, ouverture et proximité, c'est proposer près de chez soi des films permettant à chacun de s'y retrouver dans le vaste choix des programmes de plaisir qui vont de l'envie de se divertir à l'envie d'être bousculé (voire les deux à la fois). La proximité de la salle est fondamentale car elle ancre la sortie au cinéma comme un moment de la vie quotidienne, comme un élément de l'espace urbain, comme une possibilité d'ouverture culturelle…
    La salle de cinéma, comme nous l'aimons, a un avenir, si elle est en mouvement, si c'est une force de proposition, une dynamique de comparaison, une activité pour faire vivre un rapport au cinéma et à la vie où l'émotion va de pair avec le désir de comprendre, d'apprendre, d'agir.

    Ce texte nous est proposé par le “Jean Gabin” d'Eymoutiers. Il est d'Alain Bouffartigue, vice-président de l'Association Française des Cinémas d'Art et d'Essai.

  • Bruno Maillé

    Bruno MailleBruno Maillé vit à Eymoutiers depuis une poignée d’années. Après des études de littérature et d’allemand, il enseigna cette dernière matière. De 1997 à 2017, il collabora aux revues L’Atelier du roman et Causeur. Certains de ses articles ont été réunis en mars 2019 dans un recueil publié par les éditions Gallimard (collection Arcades). L’auteur y évoque cinq romanciers, et une artiste, « tous figures essentielles de la modernité », sous l’ombre tutélaire de Frantz Kafka.

     

    Ce sont Pina Bausch, Milan Kundera, Philippe Muray, Philip Roth, Witold Gombrowicz, Günter Grass, que Bruno qualifie de « maîtres de l’imagination exacte ». Titre curieux, qui fleure bon l’oxymore : en quoi ce qui est imaginaire pourrait-il être « exact » ? Ce concept a priori obscur est une création de Bruno Maillé. Pour lui, « l’imagination exacte » est l’expression artistique la plus haute de la réalité : « Le grand art moderne ne fuit aucunement la réalité dans le rêve : il y saisit au contraire l’essence du réel, ce qui est plus réel que le réel. » Pas facile, n’est-ce pas ? Il s’agit tout simplement d’un voyage à la découverte d’un monde fait de « rencontres multiples » (terme cher à Kundera). Rassembler des textes de critique littéraire aussi espacés dans le temps ne nuit pas à la cohérence. C’est plus la forme et le style de l’auteur, remarquable, qui donne sa cohérence à l’ouvrage. Cela parce que le fond n’est pas aussi clair. Un ami fin littéraire me dit même ceci : « Les maîtres de Bruno sont tout simplement ceux qu’il aime. » 

    Une des particularités de deux de ces maîtres, Muray et Kundera, est d’être des amis intimes de Bruno Maillé. L’expérience vaut la peine d’être contée. Ainsi, de Kundera : Bruno admire cet auteur d’origine tchèque, depuis ses lectures adolescentes. Il osa un jour lui écrire, demandant à le rencontrer. Ce que Kundera accepta, leur entretien donnant naissance à une amitié fidèle et sincère, qui perdure sous différentes formes. Chacune des six personnes évoquées dans ce recueil est représentative d’une facette de l’imagination exacte. Bruno parle de nos dernières décennies comme d’un « désert post-moderne, chaque jour plus aride et inhabitable ». Mais ce monde ne reste jamais aussi désespérant, puisqu’il « reçoit chaque jour le don immérité d’une pluie de beauté, féconde, luxuriante ». 

    Les maitres de l imagination exacte Note de lecture BrunoC’est à propos des créations de Pina Bausch, opus de danse, théâtre et poésie réunis, que l’auteur définit son premier maître. Je passerai rapidement sur Roth et Gombrovicz, pour concentrer mon regard sur Philip Muray. La fascination de Maillé pour cet écrivain est paradoxale, et à mon goût, agaçante. Cet écrivain français, mort en 2006, écrivit :

    « J’évite, la plupart du temps, d’employer le beau mot de résistance, parce que des tas de salauds en usent et en abusent jour et nuit, mais je sais aujourd’hui que la vie privée est la seule résistance catégorique. » Soit, mais avec ça, ne plongeons nous pas immédiatement dans la réaction ? Révolution plutôt, pense et dit Bruno Maillé. Peu importe, ou plutôt si, lisez donc : « […] déferlement sans frein de l’espèce post-humaine sur des territoires sans cesse plus invivables. » Voilà enfin pourquoi Maillé vénère tant le bonhomme. Lors de ses obsèques, Bruno commença son discours par : 

    « avec toute la puissance de son verbe et de son rire, Muray résiste à l’immense suicide de l’Occident et de la France dont il est contemporain. » Froid dans le dos, réaction disais-je. De tels propos, et beaucoup d’autres, ont fait qualifier Bruno d’auteur de droite, et pas seulement parce qu’il écrit dans… Je ne crois pas que là soit l’essentiel.

    Plus loin, on découvrira en quoi Kundera mérite de recevoir l’étiquette créée par Bruno. Car ce n’est pas ce qui saute aux yeux en lisant Les maîtres. Les articles sur Kundera sont pourtant plus accessibles. Et puis, ce romancier, (presque) tout le monde connaît, au contraire de Muray. À propos du Kundera français, il évoque « un continent exploré, celui de l’art splendide de Kundera ». On est au parfum dès le premier article « Enfin Kundera vint ». Nouveau paradoxe, Maillé évoque ensuite « les fleurs de l’insignifiance », quand Kundera « prolonge la critique du sentimentalisme qui parcourt toute son œuvre ». Dans toute une série d’évocations de romans, essais et nouvelles (ceux écrits en français), Maillé se livre  à différents niveaux d’apologie, commençant par évoquer sa première lecture, et les suivantes, ainsi résumées : « le territoire [de Kundera] découvert à 13 ans, je n’ai jamais cessé depuis de l’arpenter, d’y séjourner inlassablement. Je ne suis pas né en France, je suis né dans cet autre pays. » 

    Pourtant, lire et relire Maillé ne suffit pas à appréhender plus précisément sa fascination, qui me fait penser au travail chirurgical de tel médecin légiste, la comparaison des deux me faisant dire : À quoi bon ? Y a-t-il de la poésie, de la beauté, de l’amour là-dedans ? J’avoue avoir aimé cette méthode chirurgicale, moins les résultats de ses dissections. Un bon dictionnaire est nécessaire. D’une part du grand art, de l’autre, à mon sens,... du cochon. Rien de plus. Après avoir lu Les maîtres, je n’avais plus aucune envie de lire ces romanciers. Ah si, peut-être Gunther Grass, et son si célèbre Le tambour. Non pas pour les éclairages qu’en donne Maillé – « La sexualité est-elle soluble dans la lumière ? » – mais pour le jugement porté sur ses études germaniques, évoquées dans « Le Tambour contre l’université ». Il s’agit d’une descente en règle, pas seulement du système, mais de « ses pions », entendez les professeur(e)s. Voici quelques lignes éclairantes : « Un grand professeur moderne n’a plus rien en commun avec un grand professeur d’autrefois... Il n’est plus admiré et célébré pour sa forte personnalité, son originalité brillante, sa pincée de sel inimitable... Il se juge sur un seul critère : sa «technicité». » 

    Que vous disais-je ? Réactionnaire. Voici mon sentiment résumé : tout ça est noir, noir, noir. Et je préfère aller vers la lumière. Qu’on a beau chercher chez les maîtres de Bruno. Quant à ce dernier, quand on le connaît, on comprend mieux.

    Michel Patinaud
  • Comptes et décomptes des oiseaux limousins

    Depuis six ans, la Société pour l’Etude et la Protection des Oiseaux en Limousin (SEPOL) mène une étude sur l’évolution des populations d’oiseaux communs en Limousin (les STOC EPS). Stéphane Morelon, administrateur de la SEPOL, nous présente les premiers résultats. Il attire aussi notre attention sur l’évolution rapide de la forêt sur le Plateau de Millevaches.

     

    verdier europeD’où vous est venue l’idée de réaliser cette étude : les STOC EPS ? 

    Il s’agit d’une étude qui est réalisée par plusieurs pays européens. En France, elle est animée et coordonnée par le Muséum National d’Histoire Naturelle qui nous a sollicités pour que nous soyons un relais à l’échelle du Limousin.

     

    En quoi consiste cette étude ?

    Il s’agit de mesurer l’évolution des espèces dites communes, c’est à dire celles que l’on observe le plus couramment.

    Le principe est de réaliser sur dix points répartis dans un carré de 4 km2 un recensement exhaustif des espèces d’oiseaux présents, pendant 5 minutes sur chaque point. Leur recensement se fait en grande partie par l’écoute et donc au printemps (période où les oiseaux chantent le plus). Chaque volontaire qui souhaite participer au STOC EPS se voit attribuer au hasard, un carré sur lequel il doit réaliser deux passages par printemps, c’est à dire deux fois cinquante minutes d’observation et d’écoute.

     

    Quelle est l’intérêt de cette étude ?

    D’habitude, seules les espèces “patrimoniales“­ comme les rapaces ou d’autres oiseaux assez rares, retiennent l’attention. Et les espèces “communes“ (Merle, Rouge gorge...) sont négligées. Pourtant, il faut bien comprendre que les espèces communes du siècle dernier ne sont plus celles d’aujourd’hui.

    Par exemple, la Rousserolle effarvate qui était commune il y a un siècle sur les étangs est devenue rare en Limousin. A contrario, des espèces peu présentes à la fin du 19éme siècle comme le Serin cini ou le Choucas des tours, sont aujourd’hui très présents. Vous en avez un exemple à Eymoutiers avec la colonie de Choucas que l’on peut entendre et apercevoir en vol autour du clocher. Les merles qui sont très familiers de nos jours et se montrent très à l’aise dans nos jardins, se cantonnaient dans les bois il y a un siècle et semblaient particulièrement farouches.

    Dans le cas du merle, l’introduction des cotoneasters et pyracanthas, couverts de baies en hiver a sûrement joué un rôle crucial.

    L’évolution de la nature ordinaire rend donc elle aussi compte des évolutions du milieu. Et sans doute est-elle un très bon moyen de mesurer l’impact des activités humaines sur l’environnement. 

    Il faut savoir que parmi les 40 indicateurs utilisés par l’Institut Français de l’Environnement pour mesurer la qualité de l’environnement (qualité de l’air, de l’eau, du sol...), seuls les STOC EPS sont retenus pour mesurer la biodiversité.

     

    Roitelet 3 bandeauxQuels sont les premiers résultats obtenus ?

    C’est un outil qui commence juste (six ans), donc plus le temps passera, plus nous aurons de données et plus les résultats seront pertinents. Mais les premières tendances en Limousin sont en phase avec les tendances nationales et surtout avec celles des pays européens qui, pour certains, ont déjà 20 ans de recul sur la pratique des échantillonnages d’oiseaux communs.

    Globalement, nous observons un recul des espèces granivores (Chardonneret élégant, Verdier d’Europe...) et des oiseaux forestiers comme les Mésanges noire et huppée, les Roitelets à triple bandeau et huppé. Parmi celles qui voient leur effectif croître, nous avons les espèces généralistes (Pinson des arbres...) et urbaines (Rouge queue noire...). Une espèce d’oiseau est dite généraliste lorsque nous l’observons communément dans tout type de milieu. Et lorsque nous parlons d’espèces urbaines, il s’agit d’oiseaux surtout présents dans les villes et les villages.

    Une des tendances intéressantes qui se dégage mais pour laquelle nous n’avons pas encore assez de recul, est l’augmentation des espèces des régions chaudes et le recul des espèces des régions froides. De là à faire un parallèle avec le réchauffement climatique, il est trop tôt pour le dire. Le Muséum National d’Histoire Naturelle le valide cependant de manière très forte au niveau national.

    J’invite les personnes intéressées par l’étude que nous menons à se connecter sur notre site internet où elles pourront télécharger la plaquette réalisée en partenariat avec le région Limousin et qui présente l’ensemble des résultats obtenus à ce jour (https://www.limousin-lpo.fr

     

    Est-ce qu’un territoire boisé comme le Plateau de Millevaches est concerné par la baisse des effectifs d’oiseaux forestiers ?

    Nous n’avons pas d’analyse suffisamment fine pour le dire, ni même assez de carrés STOC EPS sur le Plateau de Millevaches pour dégager des tendances à cette échelle. Pour l’heure, les STOC EPS ont pour objectif d’alimenter un observatoire régional des oiseaux communs qui doit donner des tendances à l’échelle de la région et alimenter une étude nationale. 

    Pour ce qui est de la baisse des effectifs des oiseaux forestiers, nous avons informé l’ensemble des structures liées à la forêt (ONF, DRAF, CRPF, CREN, Région, DIREN et LNE) pour leur faire part de nos résultats mais aussi de notre inquiétude sur la disparition programmée des dernières hêtraies sur le plateau de Millevaches. En effet, même si elles n’ont pas de grande valeur économique, elles ont une forte valeur écologique. Elles contribuent aussi à l’identité du plateau, Ne plante-t-on pas des hêtres le long des routes, en vitrine ? Au-delà de la zone de visibilité immédiate on ne leur réserve pas les mêmes égards, mais je sors là du strict cadre ornithologique. Actuellement les dernières hêtraies continuent à être rasées pour laisser la place à de jeunes plantations de douglas plus rentables, pour le moment. Cette disparition des vieux peuplements de hêtre est préoccupante car ce sont des espaces qui jouent un rôle important dans la sauvegarde des espèces “patrimoniales“. Par exemple, en milieu forestier, plus de 50% des nids de rapaces suivis par l’association “le Pic noir” se trouvent dans des hêtres. De même, la présence de la Chouette de Tengmaln qui est une petite chouette forestière et montagnarde assez rare en France, semble liée à la présence de vieux hêtres car elle utilise les anciennes loges de Pic noir qui les creusent dans cette essence.

     

    choucaFace à ce constat, avez-vous des propositions ?

    Le plateau de Millevaches a aujourd’hui un véritable patrimoine forestier. Il est nécessaire de concevoir sa gestion sur du moyen et long terme en s’inspirant des modes de gestions forestières pratiqués dans le Nord-Est de la France, comme dans les Vosges. Pour préserver la richesse environnementale, il faut éviter les modifications trop brusques du milieu donc éviter les coupes à blanc, ne plus concevoir la gestion de la forêt comme celle d’un champ de maïs.

    Pour nous, la solution passe par :

    • la sauvegarde des dernières hêtraies ainsi que les Pins sylvestres épars ;
    • favoriser la diversité des essences dans les boisements, quelques feuillus parmi les douglas ne diminuent pas la rentabilité de la parcelle, au contraire ; 
    • favoriser la régénération naturelle des peuplements : pas de coupes à blanc derrière lesquelles on replante, mais laisser des semenciers même sur des peuplements de douglas. La génétique des arbres du plateau doit le permettre si on en juge par la beauté de leur fût ; 
    • favoriser les îlots de vieillissement : quelques parcelles où se trouvent de vieux arbres et des arbres morts. S’ils n’ont aucune valeur économique, ils représentent un biotope intéressant, une réserve de vie, une concentration de chaînes alimentaires variées. Cette variété des chaînes alimentaires est un facteur de stabilité, une façon douce de réguler les attaques parasitaires. 

     

    Vous pensez que vos propositions pourront s’appliquer face aux enjeux économiques de la forêt ? 

    La DIREN et la région Limousin se sont montrées sensibles à nos propos. Après, bien sûr, notre parole ne pèse rien face aux enjeux économiques. Mais une gestion durable de la forêt n’est pas plus onéreuse que celle pratiquée actuellement. Après une coupe à blanc, il faut désoucher, replanter, nettoyer la parcelle pour que les ronces, sureaux et genêts ne recouvrent pas les jeunes plants. On ne touche d’ailleurs pas les subventions après les plantations si on n’opère pas de la sorte.

    Si davantage de propriétaires pouvaient suivre l’exemple de ceux qui inspirent nos propositions, le plateau de Millevaches pourrait intégrer pleinement la noblesse de sa vocation et de son identité forestière. 

     

    Propos recueillis par Frédéric Thomas

     

    Lexique

    Espèce commune :  espèce que l’on contacte souvent. 
    Biodiversité : littéralement “diversité de la vie”, variété des espèces vivantes. 
    Espèce granivore : espèce qui se nourrit de graines.
    La différence entre espèce généraliste et espèce commune : Parmi les espèces communes se trouvent des espèces généralistes et des spécialistes. Une espèce commune généraliste va pouvoir se développer dans plusieurs milieux (la forêt, le village, le bocage par exemple). Une espèce commune spécialiste ne se rencontre presque uniquement que dans un type de milieu (la forêt de résineux par exemple), mais elle y est alors commune.
    STOC – EPS : Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Echantillonnage Ponctuels Simples.
  • Coronavirus : du confinement au déconfinement

    La séquence mars-mai 2020 avec le confinement puis un déconfinement progressif a suscité partout commentaires, tribunes, prises de position, bonnes intentions pour « le monde d’après », confirmations pour certains, découvertes pour d’autres. Sur quatre pages, nous revenons sur cette situation en commençant par quelques focus divers et variés qui mêlent le meilleur et le pire. Nous poursuivons avec une réflexion sur la société qui se profile derrière les mesures de contrôle prises pour lutter contre l’épidémie (page 6) et terminons en revenant sur les initiatives qui, sur le Plateau, ont tenté depuis plusieurs années de faire en sorte que les questions de santé soient au maximum prises en charge par tout un chacun (page 7).

     

    Le monde d’aujourd’hui... Côté pile

    Révisions de calcul

    calculSachant qu’une commune fait 50 km² et est peuplée de 400 habitants dont la moitié habite le village et l’autre est répartie dans des hameaux :

    1. Calculer la densité d’habitants au km² (révision de la division).
      Sachant qu’il a été décidé que les habitants ne devaient pas s’éloigner de leur habitation de plus d’1 km :
    2. Calculer la densité d’habitants au km² pour le village (révision du calcul de la surface du cercle  et de la division puisque seule la moitié des habitants habite au village).
      Sachant qu’une piste fait le tour du lac qui jouxte le village et mesure 5 km de long et 6 m de large et que les habitants du village décident au même moment d’en faire le tour :
    3. Quelle distance maximum peut séparer deux promeneurs se suivant et deux promeneurs se croisant ?
      Les questions suivantes sont peut-être plus difficiles pour un-e élève du primaire mais on peut toujours les poser pour l’éveil à l’éducation sanitaire et à l’éducation civique.
      Sachant que la propagation d’une épidémie est directement liée à la densité de population et sachant les réponses aux questions 1 et 2 :
    4. La décision prise de limiter la promenade à 1 km du domicile est-elle pertinente pour cette commune ? N’est-elle pas même contre-productive ?
      Sachant que pour lutter contre une épidémie une distance de 2 m est nécessaire entre deux personnes et sachant la réponse à la question 3 :
    5. La décision prise d’interdire le lac à la promenade est-elle pertinente pour cette commune ?
      Sachant les réponses à l’ensemble des questions, l’application stricte confirmée par la préfecture, amendes à l’appui, à cette commune des règles conçues pour une commune 2 500 fois plus dense a-t-elle un sens ?
      Sachant que le principe est que la loi s’applique à tous, ne peut-on prévoir dans la loi un principe d’adaptation à la diversité des situations, comme c’est déjà le cas dans d’autres domaines ?
    Christian Vaillant

    N. B. : Paradoxalement, je n’ai jamais rencontré autant de promeneurs sur les trois ou quatre itinéraires de 1 km partant du village, alors qu’avant ils se répartissaient sur les dizaines de kilomètres de chemins de la commune et qu’il était rare de rencontrer quelqu’un, même au bord du lac, sauf en été. Je cours et fais courir plus de risques qu’avant. Heureusement, en fait on ne risquait rien. Sauf une amende ! 

     

    Bozo le clown

    bozo le clownNous avons en Limousin un humoriste de première bourre. C’est l’évêque de Limoges qui s’appelle en plus Bozo (véridique). Sa dernière clownerie, sortir le crâne de Saint-Martial pour lutter contre le coronavirus mais pas que : « Nous avons demandé à Dieu de nous délivrer non seulement de ce mal, le Covid-19, mais aussi du virus du péché, qui abîme l’humanité. » Vaste programme comme disait un autre grand humoriste... Toujours à Limoges, l’Église catholique a également innové en inventant la « confession-drive » : un prête masqué reçoit sous une tente les confessions des automobilistes qui restent dans leur voiture, « Mon Père, j’ai pêché, je suis sorti sans attestation »...

     

    Ligne aérienne Bordeaux-Paris : où sont passés les engagements pour l’écologie ?

    Le gouvernement fait un pas, timide mais à saluer, vers la limitation du trafic aérien intérieur, en conditionnant une partie de ses aides économiques aux groupes de l’aéronautique. Dans le même temps, Alain Rousset, au nom de la Nouvelle-Aquitaine, se joint au président de Bordeaux Métropole, aux maires de Mérignac et Bordeaux et à la CCI de Bordeaux pour demander le maintien de la navette Bordeaux-Paris, concernée par les arrêts de lignes demandés par l’État. Une demande également en contradiction avec les engagements de la Région Nouvelle-Aquitaine en matière d’écologie, formalisés par la feuille de route NéoTerra qui affirme : « Les enjeux environnementaux liés au secteur des transports en Nouvelle-Aquitaine sont particulièrement prégnants et amènent trois obligations : réduction des émissions de gaz à effet de serre, économies d’énergies fossiles et amélioration de la qualité de l’air. » 

    Les groupes écologistes de la Région Nouvelle-Aquitaine et de Bordeaux métropole ont immédiatement dénoncé cette initiative qui va totalement à rebours des enjeux climatiques : « Plutôt que renflouer automatiquement l’industrie aéronautique, en prenant le risque de son crash à plus ou moins long terme, anticipons, soyons visionnaires, accompagnons leur réorientation vers d’autres secteurs. »

     

    Les vaches seront bien gardées...

    La lecture du Bulletin officiel des annonces des marchés publics (BOAMP) est parfois très instructive. Ainsi, au moment même où une surveillance tatillonne de la population s’est mise en place pour contrôler le confinement durant la crise du coronavirus, voici que le 12 avril 2020, l’État publie un avis de marché n°20-51423 pour « l’acquisition de drones, de passerelles de réception des trames wifi des drones collaboratifs et de prestations associées pour les besoins de la sécurité intérieure ». Le commanditaire est le Service de l’achat, des équipements et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI) du ministère de l’Intérieur. Divisé par lots, il concerne l’achat de « micro-drones du quotidien » pour 1,8 million d’euros (lot 1), de « drones de capacité nationale » pour 1,58 million (lot 2), de « nano-drones spécialisés » pour 175 000 euros (lot 3), et des matériels afférents. Le mois précédent, un autre avis (n°20-31056) faisait part d’une offre d’achat « d’aérosols lacrymogènes au profit de la police nationale et de la gendarmerie nationale » pour un montant de 3,6 millions...

     

    La loi m’autorise à polluer...

    Une lectrice de Saint-Sulpice-le-Dunois (Creuse) nous écrit :  « Depuis le début du confinement, l’épandage de pesticides redouble. Je propose de mettre en bordure de champs empoisonnés un panneau : « La loi m’autorise à empoisonner la planète, alors je le fais !»

     

    drive confessionUn «drive confession» à Limoges

    «Drive Confession. Venez comme vous êtes» : les fidèles catholiques de Limoges (Haute-Vienne) peuvent continuer de se confesser... depuis leur voiture ! Un «drive» a été installé à l’église Sainte-Jeanne-d’Arc depuis le 25 avril dernier. «Accueillir des personnes et leur donner le pardon de Dieu est l’un des sept sacrements. Nous les prêtres, nous avons donc réfléchi sur la manière de pouvoir administrer la confession individuelle dans les règles tout en  s’adaptant à la crise actuelle», explique l’abbé David de Lestapis, 40 ans, à l’initiative de ce drive. Comment le «drive confession» s’organise-t-il ? Les fidèles se garent sur le parking où l’homme d’Église, masqué, est assis sous une tente. Le drive fermera ses portes le 11 mai, date du déconfinement.

    Est Républicain 2 mai 2020

     

    Le monde d’après... Côté face

    Hic et nunc !

    Marre du monde d’après
    Notre monde c’est ici et maintenant,
    C’est pas le monde d’après, 
    Cette cage dans laquelle on veut nous enfermer.
    On n’a pas arrêté de le vivre et de le réfléchir, le monde
    Et d’y agir 
    Et on continuera d’y être solidaire, amoureuse-x et casse-couille.

    Alain Détolle

     

    coronavirus clamouzat

    Ce qui a été arrêté un jour, peut l’être toujours

    Veille du « déconfinement », le 10 mai 2020, près de 200 personnes ont marché sur le Plateau pour se retrouver sur les rochers de Clamouzat (commune de Faux-la-Montagne), pour dire qu’elles n’ont pas besoin de l’État pour savoir ce qu’elles doivent faire ou ne pas faire face à l’épidémie de coronavirus. Surtout lorsqu’on leur enjoint de reprendre le travail et de remettre leurs enfants à l’école au moment même où on leur interdit de se rassembler à plus de 10 personnes ! 

    Nous publions ici le texte qui appelait à cette marche « pour un libre confinement ».

     

    Bientôt deux mois de confinement, et de suspension partielle mais réelle du bruit de fond de l’économie globalisée, et nous avons un peu partout bricolé des manières de faire face à la situation. Nous avons inventé sans attendre, en s’écoutant, en apprivoisant nos peurs et nos angoisses, en écoutant les soignants, ceux et celles qui ont assuré les fondamentaux quotidiens, en analysant la situation au fil de nouvelles et d’informations « officielles » confuses et contradictoires. Les flux se sont ralentis, presque réduits au strict nécessaire. La chape de pollution s’est brusquement dissipée au-dessus des métropoles, et l’air y est, comme par miracle, devenu respirable. L’horizon s’est réduit à l’échelle du quartier, du village, de la rue ou de l’immeuble, mais s’est par endroits ouvert de nouvelles perceptions. Et nous entamons à peine un travail d’inventaire, enfin rendu possible, de tout ce que a soudain été suspendu, contre toute attente.

    Mais voilà que les porte-paroles des puissants de ce monde, les communicants des maîtres de l’économie, un temps dépassés par la situation, s’apprêtent à essayer de reprendre la main sur notre temps, et nos vies. En sifflant le redémarrage du travail et de l’économie. À leur seul avantage, par un simple effet de calendrier. Qui tient le calendrier, pense être maître du cours des choses. Ce serait donc le 11 mai, sur ordonnance, comme une ligne de départ tracée sur des sables mouvants.

    Quant à nous toutes et tous, qui n’avons pas la main sur le calendrier, nous préférons à toute projection incertaine sur le « jour d’après » reprendre notre bâton et poursuivre notre lent cheminement vers la sortie du tunnel. Nous n’attendrons pas le coup de sifflet et proposons à toutes celles et ceux que la « reprise » angoisse au moins autant que le virus de se retrouver dès maintenant un peu partout pour prêter un serment commun. Nous ne nous laisserons plus prendre dans les rêves ou dans les cauchemars des puissants. Nous allons nous lever à 10, 20, 100 ou plus et marcher, dans le strict respect des mesures et des distances qui nous semblent justes. Marcher ici, pour converger en un point, où nous affirmerons ou ré-affirmerons ce que nous voulons pour nous-mêmes et les nôtres, et ce que nous voulons rendre possible pour tout un chacun.

    Pour beaucoup, nous n’avons pas attendu le confinement pour nous faire notre idée sur le cours du monde et sur les urgences légitimes. Nous pensons qu’il est temps de les ré-affirmer avec force et de se préparer à n’en plus rien céder. Il n’y aura pas « d’après », car la crise dont le virus n’est qu’un symptôme n’en est qu’à son commencement. Poursuivre ce qui nous paraît juste et arrêter, stopper, tout ce qui rend la vie impossible.

     

    Paroles d’habitant-es

    gendarmerie faux la montagneMarion, Nicole, Jacqueline, Colette et quelques autres habitant-es de Faux-la-Montagne, La Villedieu ou Saint-Merd-les-Oussines, témoignent sur la manière dont ils et elles ont vécu le confinement. Cette initiative de quelques personnes de Faux-la-Montagne part du constat suivant : « La période actuelle nécessite de prendre plus que jamais soin des uns des autres. 

    Pouvoir s’exprimer sur ce que l’on vit actuellement fait partie des actions qui permettent de renforcer des liens.» Pour cela une série d’interviews pour savoir comment voisins et voisines allaient et vivaient cette période de confinement a été réalisée : « Armés de nos masques et d’un micro, avec une longue poignée qui permet d’aller au-delà du mètre qui nous sépare, nous avons posé quelques questions. »

    À écouter ici : https://fauxlamontagne.fr/expression-libre-solidarite 

     

    La deuxième vague est celle de la colère

    Dans un appel à manifester le 16 juin 2020 à 12h devant l’hôpital d’Ussel, des gilets jaunes, des usagers et habitants s’indignent : « Il ne reste presque plus aucune frange de la population qui, depuis quelques années, n’en ait pris à son tour plein la gueule » et de citer en particulier « les travailleurs et travailleuses du soin méprisées et sacrifiés sur l’autel de la rentabilité, envoyés au front sans arme avant d’être encensées et médaillés à coup d’opérations de communication mensongères » ou « les retraités et les aînés emprisonnés dans les EHPAD et sacrifiés par l’absence d’un système de santé réellement public et accessible à tous.» Sous le slogan « Non au macronavirus », le diagnostic est foudroyant : « La démocratie partout capturée par les technocrates et blessée par les violences policières, la justice sociale transformée en inégalité organisée, la fin du monde et l’ombre d’un nouveau virus brandies comme de nouvelles menaces permanentes. Et ceux qui prétendent nous en sauver sont ceux-là mêmes qui ont provoqué leur émergence… Désormais nous devons le dire ensemble, de toutes nos forces, au-delà des fausses divisions et des petits intérêts corporatistes : ça suffit ! Mettons fin à ce monde toxique ! »

     

    covid 19 eymoutiers

  • Culture et ruralité

    cocaUne enquête réalisée en 2003 par l'institut IPSOS à la demande de la Région Limousin révèle qu'à la question posée auprès de 200 nouveaux arrivants "Quelles sont selon vous les deux actions prioritaires qu'il faudrait mettre en œuvre dans votre commune pour y attirer de nouveaux habitants ?" 37% répondent : "développer des activités culturelles et de loisirs". Cette réponse arrive en deuxième position après le développement de l'offre de logements (47%) et avant le développement des services de proximité pour la petite enfance (36%).

    C'est dire que la culture est loin d'être un superflu ou un "plus" secondaire ou accessoire. Au contraire, elle apparaît, et sans doute de plus en plus, comme un élément primordial pour venir s'installer, puis demeurer, dans un espace rural comme le nôtre.

    Cette importance accordée à la culture n'est pas propre au plateau de Millevaches. On l'a bien vu lors des Rencontres Nationales du réseau RELIER qui se sont déroulées fin septembre 2004 à Royère de Vassivière (voir IPNS n°9). Les quelques 300 participants à ces journées témoignaient pour la plupart de cette place prééminente que les ruraux accordent à la culture, entendue comme la possibilité sans cesse renouvelée de rencontres, de découvertes et d'ouverture. Une manière de désenclaver les territoires ruraux autrement qu'avec des routes.

     

    La culture ? Combien de divisions ?

    En 2004, Hélène Domayala a réalisé pour le compte du parc naturel régional un "état des lieux des ressources culturelles" sur le plateau. Sans être totalement exhaustive son enquête balaie largement le champ culturel local sous ses formes les plus variées. Salles polyvalentes, lieux de diffusion spécialisés, art contemporain, musées, cinémas, bibliothèques, musique et chants, danse et médias sont auscultés assez précisément pour connaître ce qui se passe dans ces divers domaines. Les points faibles de chacun de ces secteurs sont relevés et quelques pistes d'actions sont proposées pour y remédier. Parallèlement à cette enquête deux autres études plus spécifiques sont en cours. La première, réalisée par la Scène nationale d'Aubusson établit un diagnostic technique de 23 salles de représentations de spectacles sur le plateau (4 en Haute-Vienne, 8 en Creuse et 11 en Corrèze). Les premiers éléments de ce travail mettent en évidence que la plupart des salles dans leur état actuel ne sont pas adaptées pour recevoir un spectacle et qu'elles doivent donc être réaménagées différemment.

    Le second diagnostic, confié à l'Institut d'Etudes Occitanes, concerne le recensement des acteurs qui travaillent sur la langue et la culture occitane.

    Mais l'état des lieux des ressources culturelles ne s'arrête pas aux salles et aux structures. Chacun sait qu'en la matière les acteurs, hommes et femmes, associations et groupes, sont plus importants ! Dans une seconde partie, sont donc étudiées les "ressources humaines" et les "actions culturelles" existantes : festivals (18 recensés), évènements culturels, pratiques amateurs et actions artistiques à destination des jeunes et des enfants. Enfin, un dernier chapitre fait un tour d'horizon des ressources et actions en terme de patrimoine.

    Hommage est rendu aux associations : "Leur rôle est important car elles prennent le relais des pouvoirs publics dans le cadre par exemple de la diffusion de la culture, elles contribuent au renforcement du lien social au sein d'une population très dispersée et enfin elles défendent l'identité des populations locales et la pluralité de la culture".

     

    Un groupe "culture" au sein du réseau d'acteurs

    A la suite des rencontres RELIER, une vingtaine de personnes intéressées pour développer des initiatives culturelles sur le plateau se sont réunies à deux reprises ces dernières semaines. Elles désirent échanger sur leurs projets, leurs

    difficultés et leurs envies et envisagent de renouveler en septembre prochain un événement culturel comme celui organisé fin septembre dans le cadre des rencontres nationales Culture et Ruralité.

    Soucieux de mieux se tenir au courant des initiatives des uns et des autres ce collectif informel d'acteurs culturels du plateau s'est constitué une liste internet de diffusion de l'information interne baptisée : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Par ailleurs le site millecultures.net lancé par Télé Millevaches et Activeprod s'est également associé à cette démarche.

    Le groupe, largement ouvert, poursuivra ses réflexions dans les prochaines semaines. Vous pouvez le rejoindre.

    Emilie Lordemus

     

    vacheLe dossier d'Antonin

    La vie culturelle en France est foisonnante, tout le monde nous l'envie.

    Toutes ces créations, toutes ces compagnies, tous ces théâtres, et pourtant toute cette vie culturelle est plate, terriblement plate, désespérément conformiste, formatée, attendue. Pourquoi si peu de secousses ? Si peu d'étonnement ? Explications :

    Quelle municipalité, quel ministère, aurait envie d'attribuer une subvention à Antonin Artaud ?

    On lui demanderait un dossier 21 x 29,7 avec ses intentions, et un budget dans lequel il lui faudrait montrer ses partenaires, scènes nationales, festivals, il aurait rendez-vous avec le maire qui ne sentirait pas ce créateur assez proche des électeurs. Il ferait un peu peur avec son regard étrange. On ne voudrait pas de lui non plus pour les animations scolaires de classe A 3.

    Et voilà pourquoi aujourd'hui l'avenir appartient aux artistes propres sur eux, ne faisant pas trop de vagues, tranquilles, et sachant surtout ficeler de solides dossiers rassemblant de bons partenaires.

    Jacques Livchine
    Ce billet est extrait de la revue Cassandre

     

    penseurPour aller plus loin

    Pour avoir un compte rendu des rencontres RELIER des 24, 25 et 26 septembre 2004 sur le plateau il faut lire le dernier numéro d' Alternatives Rurales qu'on peut se procurer auprès de Peuple et Culture, 108-110 rue St Maur, 75011 Paris, tel : 01 49 29 42 80. La revue Cassandre a publié deux numéros sur les initiatives culturelles en milieu rural, en donnant la part belle à de nombreux témoignages, sous le titre : "Retour aux sources rurales". Ce sont les numéros 52 (mars-avril 2003) et 53 (mai-juin 2003) qu'on peut se procurer pour 5,5 euros chaque numéro auprès de Co-Errances, 45 rue d'Aubervilliers, 75018 Paris, tel : 01 40 05 04 24.

    Cette agréable revue offre avec ces deux numéros un bouquet d'articles qui prouve la vitalité, le dynamisme et l'inventivité des campagnes en matière culturelle. Festivals, théâtres, associations d'éducation populaire, artistes installés à la campagne, fêtes ou musées, il y a de quoi glaner tout au long de ces pages. La devise de Cassandre : "l'art principe actif", n'est pas volée !

    Une autre revue, éditée conjointement par les Ministères de la culture et de l'agriculture mérite de retenir l'attention. Son titre : Champs culturels. Si de nombreuses initiatives, menées tout particulièrement dans les établissements d'enseignement agricole, y sont présentées, la revue ne craint pas d'aborder les problématiques les plus larges qui traversent le domaine culturel. En témoignent les trois derniers numéros dont les thèmes sont : "Corps, art et culture" (en 2002), "Arts, sciences, culture et technologies" (2003) et "Jardins et création" (2004).

    Pour se procurer ces numéros, il faut s'adresser en Limousin à Elisa Goulier : lycée des Vaseix, 05 55 48 44 00.

     

    La librairie où il fait bon passer du temps

    librairie eymoutiersAprès 25 années d'agriculture, j'ai cédé mon exploitation de production de petits fruits à un jeune agriculteur. Le temps de la retraite n'étant pas encore venu, il me fallait envisager une autre activité professionnelle. C'est dans cette perspective que depuis quelques temps un travail autour des livres me trottait dans la tête. En effet, ils font partie intégrante de mon univers tant pour leur contenu que pour l'objet qu'ils représentent. L'envie de transmettre ma passion de la lecture m'a conduit petit à petit vers le projet d'ouverture d'une librairie. Une opportunité de boutique à Eymoutiers, petite, mais avec des volumes intéressants et bien placée s'est présentée. Quelques mois de travaux et la librairie "Passe-temps" s'est ouverte fin mai 2004.

    J'ai choisi de proposer des livres neufs et d'occasion, un peu d'ancien pour le plaisir. L'espace restreint m'oblige à opérer un choix minutieux en fonction de mes goûts, de l'actualité et des conversations avec les gens. Je commande aussi tous les ouvrages que les clients souhaitent lire. Le livre d'occasion permet de remettre dans le circuit quelques titres oubliés.

    A l'étage une petite galerie d'exposition offre un espace à des artistes afin qu'ils montrent et qu'ils partagent leur création avec des gens et d'autres artistes. Raymond Valente a été le premier à présenter un travail sur son appartement avec des dessins en relief. Cet été, Golo, dessinateur de bande dessinée qui vit au Caire nous a fait découvrir la vie bouillonnante d'une ville égyptienne. Puis Isabelle Rousseau a présenté un travail très rigoureux qui demande qu'on s'y attarde et qui apporte beaucoup de sérénité.

    Deux soirées ont eu lieu en octobre et en décembre. Chacune d'elles a permis à une vingtaine de personnes de découvrir et d'échanger à propos de René Char, puis du roman policier. Au cours de l'année 2005, plusieurs rencontres sont prévues : soirée mathématique, poésie, polar, conte.

    En définitive j'espère pouvoir créer un lieu, une petite poche de résistance où il peut faire bon passer même quelques instants.

    Guy Valente

     

  • DOSADO ou la musique partagée

    dosado logoC’était au tout début de notre siècle, cinq adolescentes de Bujaleuf, Peyrat-le-Château et Royère-de-Vassivière, élèves assidues et volontaires des écoles de musique de la Creuse et d’Eymoutiers, font le pari de faire partager leur passion de la musique des années 1930 à tout public. Elles exercent leur talent sur plusieurs instruments. Voilà comment elles nous présentent leur projet, racontent la naissance de leur groupe et nous font part du succès qu’elles rencontrent depuis six ans. Une réussite confirmée par l’ attribution en 2006 de deux prix nationaux. Bravo et un grand coup de chapeau pour leur persévérance.

     

    Un projet

    Avant tout, il nous paraît important de préciser que notre but n’est pas de mettre en valeur notre groupe à travers le nom que nous lui donnons, mais bien la musique elle-même. Notre principale idée est de faire redécouvrir des «morceaux» qui ont connu un certain succès à une époque mais qui ont depuis été mis au placard. Nous pensons qu’il est temps de dépoussiérer les partitions et de les ressortir au grand jour afin que les notes reprennent vie. Les musiques de l’entre-deux guerres (année 1920-1930) présentent selon nous beaucoup d’intérêt. Elles restent parfois mal connues de la génération de nos parents et totalement ignorées, faute d’être diffusées, par la génération actuelle.

    Notre idée est de les «démystifier» en les actualisant de nouveau à travers nos instruments, étant entendu que nous adapterons nos mélodies par rapport au public visé. Par exemple, ceci risque de faire resurgir des souvenirs enfouis chez les personnes âgées dans les maisons de retraite, sachant qu’une musique est souvent associée à un moment fort de la vie. A l’inverse, la découverte d’un autre style musical constituera un enrichissement culturel parmi les jeunes qui pourront y être sensibles. Nous sommes persuadées que dans certains endroits il y a un vide musical à combler et qu’il est plus simple de faire déplacer un groupe de cinq personnes telles que nous, plutôt qu’un établissement complet (maison de retraite, club du troisième âge, crèche, école, centre de loisirs … et bien d’autres). Accompagner certaines manifestations publiques (fête de la musique, feu de la saint Jean, fête du pain, fête nationale, fête de la batteuse, fête de l’école, fête communale de Noël, commémoration de la guerre…), font également partie intégrante de ce projet.

    Grâce à la musique, des liens peuvent être créés entre les gens qui peuvent se découvrir des goûts communs. Nos instruments sont au service du partage, du relationnel, de la découverte, de l’accompagnement, du rapprochement de cultures différentes (nous pensons aux nombreux anglais qui ont de si grandes difficultés à échanger et à s’intégrer). La musique peut devenir une passerelle. Lorsque l’on a foi en quelque chose, la réussite nous attend forcément.

     

    La naissance du groupe

    dosado groupePour quatre d’entre nous, notre rencontre a eu lieu à l’école du village où nous jouions ensemble dans la cour de récréation… Puis chacune à notre tour, nous avons intégré l’école de musique où notre groupe s’est agrandi. Nous est venue l’idée de partager notre passion commune pour la musique en nous rassemblant de temps en temps autour d’une partition pour jouer quelques notes. Cela dure depuis six ans.

    Un beau jour, nous pensions avoir évoluées suffisamment pour oser sortir de l’ombre afin que les gens de Peyrat le Château voient de quoi nous étions capables. Il s’agissait de la fête de la musique en 2002. Nous avons joué sur la place du village un échantillon de tout ce que nous avions appris : musique brésilienne, musique de film, chants populaires…. L’engouement des spectateurs nous a surprises et motivées pour aller plus loin. Nous nous sentions heureuses de faire connaître notre art, fières de notre travail récompensé. Ce panel musical avait l’avantage de s’adresser à un large public.

    Depuis, nous participons à différentes manifestations, parfois de notre propre initiative : fête de la musique dans l’église en juin 2003 et 2005, feu de la saint Jean au bord de l’étang de Peyrat le Château, fête du pain en octobre les mêmes années, concert à la maison de retraite d’Eymoutiers car la solitude des personnes âgées nous touche particulièrement. Nous avons eu l’honneur de jouer à la messe de minuit en la Collégiale d’Eymoutiers à la demande de notre curé et de nous produire aux messes d’été du dimanche matin. Ensuite pour l’association Familles Rurales, nous nous sommes rendues à la halte-garderie Piccolo où les enfants ont été attentifs et joyeux de découvrir la musique autrement, c’est à dire en joignant l’image de l’instrument aux sons qu’ils entendaient. C’est à cette occasion que la notion d’échange prend tout son sens, notre volonté est d’initier les plus jeunes à nos instruments. Cependant notre plus grand plaisir cette année reste les deux invitations de nos professeurs pour clôturer l’audition de l’école de musique. C’est pour nous la récompense d’un travail reconnu et apprécié par ceux qui nous ont encadrées et encouragées.

    Il est impossible de terminer cette présentation sans raconter l’événement «choc» qui nous a profondément touchées. Lors de notre prestation musicale à la maison de retraite d’Eymoutiers, un papy centenaire et aveugle depuis la naissance, nous a joué quelques airs de musique de sa connaissance après nous avoir écoutées en manifestant son engouement. Il nous accompagnait avec des gestes (il fredonnait, tapait le tempo du pied et applaudissait). Son visage rayonnant a ancré notre volonté et notre plaisir à faire partager et découvrir nos instruments.

    Pour mener à bien et développer notre projet et nous insérer dans le tissu  local, nous avons sollicité l’association Familles Rurales de Peyrat le Château. Forte de ces 141 familles adhérentes elle propose de nombreux services et des loisirs. Elle est à même de nous faire bénéficier de son expérience et de nous accompagner matériellement dans de bonnes conditions. Elle nous a permis d’accéder à des appels à projet.

     

    Les trophées du mérite

    dosado sceneC’est ainsi que nous avons participé au concours des «Trophées J PASS 2006» organisé par le Crédit Mutuel et Familles Rurales à l’échelle nationale. Ces trophées ont pour objectif de faire émerger des groupes locaux de jeunes à partir d’un projet. Ils veulent valoriser les capacités d’initiatives et d’engagement des jeunes dans les territoires ruraux. En donnant un coup de pouce à leurs projets ils les impliquent dans la vie locale.

    Nous avons envoyé notre dossier de candidature et nous avons été sélectionnées pour passer «l’oral». Le rendez vous avait lieu à Orléans le 6 juillet. Et nous voilà parties en train toutes les cinq. La rencontre se déroulait en vidéo conférence, les membres du jury étaient à Paris. Nous devons avouer que c’était une expérience amusante. La réponse ne se fit pas attendre longtemps Monsieur Ribeil notre correspondant national de Familles Rurales nous a annoncé par téléphone la bonne nouvelle : «Vous avez le premier prix 2006, rendez-vous le 23 novembre à Paris à l’occasion du Congrès des Maires de France pour la remise des prix». Nous nous sommes réjouies de voir notre projet soutenu et récompensé. La confiance que nous portent ces organismes nous touche beaucoup.

    Et nous voilà, le 23 novembre 2006 à Paris à la Porte de Versailles pour la remise de notre prix. Devant les autres groupes de jeunes ainsi que les représentants de Familles Rurales et du Crédit Mutuel, nous avons présenté notre projet soutenu par un diaporama réalisé auparavant. A notre grande surprise nous avons reçu le prix de 2000 € ainsi qu’un autre chèque de 1500 € attribué par le Crédit Mutuel. Notre projet fut très apprécié. Comme nous avions emmené nos instruments (flûtes traversières, violon, guitare et violoncelle) la clôture de la cérémonie s’est faite en musique en jouant un morceau de notre répertoire.

    Parallèlement au concours des «Trophées J PASS», la Mutualité Sociale Agricole (MSA) de la Haute-Vienne nous a proposé de participer à leur appel à «projet jeunes». Comme pour le précédent concours nous avons déposé un dossier et nous avons été présélectionnées. Le 17 novembre nous sommes allées passer l’audition à la MSA de Limoges. Sur les huit p^rojets présentés, le nôtre fut placé en premier. Nous sommes pour la seconde fois en première ligne. Nous sommes très contentes que notre démarche d’aller vers les autres grâce à la musique puisse être accompagnée et soutenue par de grandes institutions comme la MSA qui ont une action au niveau local.

    Ce premier prix a été récompensé par un chèque de 1500 € et nous a permis de déposer un dossier pour concourir au niveau national. Notre action se poursuit, il nous faut continuer en donnant tout simplement un petit peu de notre temps. Nous devons nous montrer dignes de la confiance qui nous a été accordée. Selon nous faire de la musique c’est faire partager un message que chacun peut interpréter à sa manière. C’est un art et comme toute forme d’art, elle éveille une sensibilité et une imagination où l’on se laisse emporter. A quoi servent les mots lorsqu’il y a des sons ! Nous produire publiquement plutôt que cachées chez nous permet de faire découvrir la vision de l’instrument liée au son. Il reste valorisant de partager une passion avec d’autres

    Grâce à l’école de musique nous avons acquis un savoir qu’il nous paraît injuste de garder pour soi de façon égoïste. Dans la mesure où jouer d’un instrument est un privilège, car ceci est coûteux, requiert de la patience et demande du temps. L’apprentissage est long et parfois difficile.

    La musique est certes soumise à la mode des médias, mais les goûts sont personnels et chacun reste libre d’écouter ce qui lui plaît. Ce que nous proposons sort de la musique médiatique actuellement stéréotypée. Pour conclure, il est important de signaler que l’isolement est synonyme d’appauvrissement de l’être humain, alors que le regroupement est une force et un enrichissement. Nous éprouvons le plaisir d’être ensemble, et nous voulons être acteurs dans notre cadre de vie.

     

    Flûtes traversières : Vedna Goudour, Clémir Jobin,
    Violon : Claire Combastel,
    Violoncelle : Maëliss Jobin,
    Guitare : Florence Peyratout
  • Ecole rurale : en finir avec quelques préjugés

    enfant1Saint-Julien-le-Petit, Cheissoux, Jabreilles ou encore Bussière-Boffy … Ce ne sont là que quelques exemples des fermetures de classes programmées en Limousin pour la rentrée 2008. Et, comme à chaque fois, les mêmes raisons sont invoquées pour légitimer ces reconfigurations du service public de l’éducation. Rationalisation, diminution des coûts, bénéfice pédagogique, le discours se répète à l’envie. Or ces motivations sont loin d’être aussi marquées du sceau de l’évidence et de la nécessité comme certains voudraient bien nous le faire croire. Pour preuve ces extraits d’un forum citoyen qui s’est tenu le 29 janvier 2008 à Eymoutiers sur le thème de l’école rurale, à l’initiative du Collectif pour la Promotion et la Défense de l’Ecole Publique de Proximité. 



    Meilleurs résultats et moins de redoublements dans les classes uniques rurales

    “Les études présentées par Pierre Couderc, maître-formateur à l’IUFM de Grenoble et membre de l’Observatoire de l’Ecole Rurale prouvent [que les écoles rurales affichent de meilleurs résultats que les écoles des chefs-lieux de canton ou des villes]. [Ayant suivi de la classe de CM2 à la Terminale 2500 élèves de territoires ruraux et/ou montagnards, tous en classes multi-âges], il ressort d’étonnantes observations et notamment que le degré d’isolement d’une école influe fortement sur les résultats.

     

    […] Les études démontrent que ces classes ont des résultats scolaires plutôt meilleurs que les autres écoles, avec des taux de redoublement plus faibles. En France, ce dernier se situe autour d’une moyenne de 19 %. Dans les ZEP, il est de 32 %, en zone de montagne, il chute à 16 %.

    Les élèves des écoles rurales se distinguent par de bons résultats dans des matières importantes comme le français et les mathématiques. Une fois au collège, […] les élèves maintiennent leur avance sur les autres jeunes.

     

    […] Quel est le secret des écoles rurales ? Il semblerait que toutes les actions mises en oeuvre pour rompre l’isolement géographique créent une ouverture, un état d’esprit d’échange et de curiosité parmi les enfants propice à un meilleur apprentissage. […] Les enfants sortent souvent de la salle de classe, sont amenés à expérimenter, à travailler en réseau avec d’autres élèves. 

    Dans les classes multi-âges, les plus grands apprennent à transmettre aux plus petits via des systèmes de tutorat, et donc testent leur propre savoir. Les élèves sont en outre moins nombreux, ce qui facilite le suivi de l’apprentissage par chacun d’entre eux. “[…] L’enseignant se situe en accompagnateur et suit l’enfant de l’âge de 3 ans à 11 ans. Cet accompagnement rend les élèves plus autonomes, une qualité qui facilite ensuite leur adaptation au collège“, commente Pierre Couderc.

     

    Que deviennent ensuite les collégiens? L’étude révèle que l’avance accumulée durant toutes ces années ne les dirige pas vers des études longues. Très attachés à leur territoire, ils choisissent des filières qui leur permettent d’y vivre. Pierre Couderc explique les raisons de ces choix par l’absence d’universités de proximité et leur refus de “couper le cordon“ avec le territoire et les parents. Ce constat l’amène à se poser deux questions : leur orientation est-elle réellement libre ou finalement contrainte à cause de l’éloignement géographique des lieux de formation ? Le départ précoce des études de ces jeunes ne va-t-il pas à l’avenir les gêner pour évoluer professionnellement ? 

     

    alphabetLes jeunes s’orientent vers des études plutôt courtes

    […] Pierre Couderc pense qu’il est surtout important que les enfants suivent un processus d’orientation qui leur laisse un libre choix.

    Qu’apportent en réalité les classes multi-âges ? Ludovic Marchand, enseignant à la Puye (86) dans une classe unique en milieu rural, impliquée dans le réseau pédagogique Vienne-Gartempe, témoigne. Selon lui, le faible effectif des classes rurales favorise la construction d’identité des enfants et réduit la violence. L’enseignement n’est plus linéaire, découpé en années successives où chaque enfant doit avoir tels acquis à la fin de telle classe. Avec lui, chaque élève avance à son rythme. […] “Si on compare l’école avec l’apprentissage de la marche et de la parole, on se rend compte que l’enfant progresse en fonction de son environnement, en prenant exemple sur les plus grands. C’est ce qui se passe dans les classes multi-âges.“ […] Les interactions sont multiples et variées, favorisant ainsi le réinvestissement des compétences des enfants et la prolongation des apprentissages. 

     

    Des classes multi-âges qui respectent le rythme de l’enfant

    […] Ludovic Marchand souligne une autre différence notable avec des établissements scolaires plus importants et les RPI : l’école du village est intégrée dans son environnement. Les enfants ne sont pas déposés par le bus mais par les parents, ce qui favorise un dialogue quotidien entre ces derniers et les enseignants. 

    […] Récemment, une maman a retiré son enfant de la classe de Ludovic Marchand. Elle était trop stressée, non pas par les méthodes pédagogiques de l’enseignant, mais parce qu’elle craignait que son enfant progresse moins vite par rapport à une classe d’une seule tranche d’âge. La réaction de cette maman questionne fortement Ludovic Marchand sur l’arrivée des nouveaux habitants et notamment des urbains. Ces derniers ont une vision de l’école différente de celles d’habitants issus du monde rural qui connaissent souvent, pour l’avoir vécu, les aspects positifs des classes uniques. […] Selon Ludovic Marchand, la communication autour des atouts de l’école rurale multi-âges doit être renforcée. “Le fait d’habiter en milieu rural n’est pas une punition, si des partenariats et des réseaux d’écoles se créent pour rompre l’isolement et permettre des échanges“.

     

    Extraits publiés avec l’aimable autorisation du Collectif pour la Promotion et la Défense de l’Ecole Publique de Proximité.

     

    École de village, suite et fin (programmée)

     

    Diminution des effectifs, suppression de postes, fermeture, concentration, structure, surcharge...   “waouh!!“... mais où est encore parti “l’humain“ ?
    Il semblerait qu’on ait toujours l’éternel souci du portefeuille mais pas beaucoup celui des générations futures.

     

    Voilà où on en est, et même dans nos campagnes on ne parle plus que de ça ou plutôt devrais-je dire on ne parle plus que comme ça. 
    A St-Julien-le-Petit, en ce qui concerne la fermeture de l’école, nous sommes en première ligne, car l’école ferme ses portes à la rentrée prochaine. Alors nous aussi (après tout nous sommes au mois de mai), on a pétitionné, on a manifesté, on a sollicité... mais nous ont-ils seulement vu, entendu, perçu ?

     

    “Le silence gronde et claque mais quand il éclate, l’écho retentit“...

     

    Alors je vous fais part, à vous lecteurs de notre requête.
    Pour le contexte, St-Julien-le-Petit fait partie d’un Regroupement Pédagogique Intercommunal (RPI) regroupant Cheissoux, Bujaleuf et St-Julien-le-Petit. Ces regroupements ont été créés dans le but de rompre l’isolement des communes tout en maintenant les petites “structures“ scolaires sur chacune d’elles en répartissant les classes d’âge.

     

    Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est la suppression d’un “poste“ (bien entendu!) et la “concentration“ des classes sur une seule commune, Bujaleuf, tout en restant un RPI (c’est d’une logique implacable, je ne vous le fais pas dire mais je vous laisse présager de la suite). 

     

    Bien sûr, les frais sont partagés (beaucoup moins les avantages) et le transport organisé et “non payant“...pour l’instant!). On vient chercher vos enfants au pied de votre porte alors de quoi vous plaignez-vous, nous dira-t-on...mais, on oublie de préciser que l’enfant, lui, il en a pour 30 à 40 minutes de car (suivant sa situation géographique), avec un changement en prime et que dès l’âge de trois ans c’est parti (dans le cas d’enfants scolarisés dès la maternelle)...

    Sachant aussi qu’en ce qui concerne la commune de St-Julien-le-Petit, géographiquement, il y a toute une partie de la population qui habite plus 

    près de Peyrat-le-Château, qui est un secteur dont l’école est déjà “surchargée“, alors, alors,... c’est pas gagné !

    Désormais, on peut, dans tout les cas, se poser la question du sens d’un “RPI concentré“ ?

     

    Ah oui, et puis, j’oubliais, cette “fermeture“ d’école dite programmée, elle a été prévue au vu de la baisse des “effectifs“ sur la commune, mais quand on leur signale que “l’effectif“ pour la rentrée, il a doublé, nous entendent-ils ? Toujours pas... évidemment... même en ce qui concerne l’essentiel...
    Sans doute ne savent-ils pas qu’en matière d’enseignement primaire le bien-être des enfants est intimement lié à la proximité, la singularité et que l’école porte aussi en elle l’avenir de la commune...
    Ah oui, mais... où est donc passé l’humain...?
    Bon, en tout cas pour ma part, je les ai tous placés, les mots-“clés“ du début, ceux dont on parle sans cesse et sans remords !

    Merci à tous

     

    Maud Kramp
  • Eymoutiers : réquisition d’un immeuble vide depuis 6 ans

    2022 Eymoutiers immeuble videLe 9 avril 2022 au matin, quelques dizaines de personnes allaient du marché d’Eymoutiers au 29 rue de la République où un immeuble inoccupé depuis 6 ans appartenant à l’ODHAC (office HLM de la Haute-Vienne) avait été investi par l’association Montagne Accueil Solidarité pour y installer des personnes sans logement.

     

    Les prémices

    À l’automne 2014, nous manifestions afin d’obtenir un logement pour Maria et ses deux enfants déboutés du droit d’asile et contraints de quitter le CADA (Centre d’accueil de demandeurs d’asile) sans solution d’hébergement. L’ouverture du CADA à Eymoutiers quelques mois plus tôt avait suscité un vaste élan de solidarité envers les résidents de la part de particuliers, des associations et des élus, tous désireux d’accueillir dignement ces nouveaux habitants. À l’été 2014 nous hébergions et accompagnions les premiers déboutés. Seule une minorité de demandeurs obtiennent l’asile (avec des taux très variables selon les nationalités). En effet, les critères d’obtention de l’asile sont très restrictifs et ne couvrent pas tous les cas où les personnes sont en danger. Souvent les personnes ont des difficultés à prouver ce qu’elles disent : les persécuteurs ne délivrent pas  d’attestations de persécution ! Parfois, elles ont tout simplement du mal à raconter ce qui s’est passé. Se voir refuser l’asile ne signifie pas que l’on n’a pas de droit au séjour à un autre titre, mais il faut quand même quitter le CADA et c’est la fin de l’allocation de demandeur d’asile. C’est le règlement imposé par le ministère. Que deviennent alors les liens créés entre les gens : « Au revoir et merci pour la rencontre ; bon retour chez vous » ? Ou bien… C’est dans ce contexte que fin 2014, nous décidions de créer l’association Le Mas (Montagne Accueil Solidarité) officiellement créée début 2015. 

     

    92 personnes hébergées en 7 ans

    Depuis 7 ans, Le Mas a assuré l’hébergement de 92 personnes (adultes et enfants) dans des appartements mis à disposition gratuitement par des particuliers, la paroisse et la mairie. Nous avons toujours trouvé une solution pour ne pas laisser des personnes à la rue mais cela a parfois tenu du miracle, de même que pour nos finances ! Le Mas a géré les déménagements, l’ameublement et l’entretien des logements (petits travaux), veillé à la scolarisation des enfants, payé les assurances et les fluides, les fournitures scolaires, assuré les covoiturages vers Limoges, prêté les sommes nécessaires au paiement des titres de séjour (à ce jour, parfois jusque 

    475 € par adulte). Nous avons un temps animé un groupe de parole au CADA. Pour nous financer nous avons organisé et participé à de nombreux événements festifs ou militants en fournissant des repas préparés conjointement par les bénévoles et des personnes étrangères, hébergées ou non, tout en médiatisant nos actions. Cela a aussi permis des rencontres entre hébergés et habitants. 

    Nous ne mettons pas de limite de temps à notre accueil tant que les personnes ne sont pas régularisées.  Certaines sont parties tenter leur chance ailleurs. D’autres ont obtenu des titres de séjour, mais il a fallu du temps. Pour Maria ce fut 6 ans. Elles ont quitté l’association, travaillent et sont à ce jour parfaitement intégrées. 

     

    Manque chronique de logements

    Le Mas compte aujourd’hui une vingtaine de bénévoles actifs et est soutenu par une centaine de sympathisants. L’association s’inscrit dans un vaste réseau créé au fil des années en Limousin autour des CADA de Peyrelevade et d’Eymoutiers, de l’HUDA (Hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile) de Peyrat-le-Château et de diverses associations de soutien aux exilés. Nous avons établi des partenariats avec des acteurs multiples, associatifs, caritatifs, des élus, des mairies, des assistants sociaux de secteur, des enseignants, etc…

    Fin 2021, au détour d’une rencontre inter associative sur le Plateau de Millevaches qui a réuni 80 personnes, nous avons fait le constat du manque chronique de solutions d’hébergement et de l’aberration d’interdiction de travailler pour les exilés.

    Au fil des différentes réformes (3 depuis 2014) il est devenu de plus en difficile pour les étrangers d’obtenir des papiers. La réforme de 2016, qui a transféré le traitement des demandes de séjour pour soins du ministère de la Santé à celui de l’Intérieur, a considérablement réduit l’octroi de ces titres particulièrement pour celles et ceux qui souffrent de troubles post traumatiques (1). Même avec des promesses fermes d’embauche, y compris dans des métiers en manque de personnel, il est devenu impossible d’obtenir la régularisation nécessaire pour avoir le droit de travailler. 

    En 2021 nous avons perdu la jouissance de plusieurs logements que les propriétaires ont vendus ou reloués et à l’été 2021 nous avons même dû héberger sous tente et sous une pluie battante une famille de 9 personnes avec plusieurs jeunes enfants avant de trouver une solution...

     

     

     

    squat-eymoutiers.jpgLe squat

    Durant l’hiver 2022 c’est une famille de 6 avec des enfants en bas âge qui est contrainte de quitter le CADA. Nous n’avions de solution d’hébergement que très temporaire. C’est alors que nous décidons d’occuper un immeuble vacant. Début avril 2022, une occasion fortuite nous permet de visiter un immeuble, propriété de l’ODHAC, 29 rue de la République à Eymoutiers. L’immeuble est vide depuis 6 ans. Il comporte 11 logements T1 et T2. Nous sommes surpris par son bon état et nous décidons de l’occuper le 6 avril 2022. Au départ de l’occupation, la mairie d’Eymoutiers nous a proposé une médiation avec l’ODHAC. De ce rendez-vous est ressorti une menace d’expulsion, mais la porte restait ouverte pour une possible convention (type commodat) entre l’ODHAC et notre association pour pérenniser l’utilisation du lieu et mettre les familles en sécurité. Nous nous engagerions à payer les fluides et les assurances, assurer le petit entretien et le gardiennage. Nous avons le soutien de la fondation Abbé Pierre.

    Le 29 avril 2022, nous avons reçu l’assignation au tribunal en vue d’une expulsion. L’ODHAC a expliqué par voie de presse qu’il ne pouvait héberger des sans-papiers (2). Fin mars 2022, le Conseil départemental avait annoncé dans son magazine “La Haute-Vienne terre d’accueil et de solidarité […] pourra mettre une trentaine de logements à disposition. L’ODHAC réserve de son côté des logements qui pourront accueillir une centaine de réfugiés”... ukrainiens. Ironie de l’histoire : la première famille que nous avions accompagnée en 2014 était ukrainienne !

     

    Montagne Accueil Solidarité, Eymoutiers

    1 « Une personne sans titre de séjour sur six souffre de troubles de stress post-traumatique en France » : https://s.42l.fr/Post-trauma 
    2 « L’Odhac 87 va demander l’expulsion des réfugiés qui occupent son immeuble vide depuis 6 ans à Eymoutiers », Le Populaire du 14 avril 2022.

     

    Illégal ?

    Depuis début avril 2022, nous occupons un immeuble situé au 29 rue de la République, à Eymoutiers. Il s’agit d’un immeuble appartenant à l’ODHAC 87, un organisme public « à vocation sociale », laissé vacant depuis plus de six ans. Nous avons trouvé cet immeuble ouvert. Nous avons découvert, derrière ses portes, onze appartements en parfait état. Depuis, on nous oppose des questions liées au droit. Seulement deux jours après une première tentative de négociation, nous avons été assignés en justice par l’ODHAC.

    Cette question du droit nous interroge. On peut invoquer toutes les lois que l’on veut, pour nous, la situation est simple. Des personnes, des familles, sont à la rue. En parallèle, ces appartements sont vides. Toute loi qui prétendrait que cela est normal est une loi injuste. Toute loi qui ferait passer les droits d’un organisme public « à vocation sociale » avant les droits de personnes ayant besoin d’un toit est une loi injuste. Tout organisme « à vocation sociale » qui laisserait onze logements vacants durant six ans alors que des personnes ont besoin d’un toit, échoue dans sa vocation sociale.

    Cette question de la loi et de l’illégalité voudrait s’étendre jusqu’aux corps des personnes que nous avons mises à l’abri. Nous ne comprenons pas cette logique. Nous ne souhaitons pas la comprendre. Nous constatons seulement les conséquences de telles décisions pour les familles, pour les enfants, à qui la loi déclare « vous êtes illégaux ». Nous constatons seulement la violence et l’absurdité d’une institution qui dit 

    « il a été décidé que vous n’existez plus ». Nous constatons seulement que la loi n’efface pas les corps, ni le besoin d’avoir un toit.

    Ces appartements appartiennent à un opérateur public. Nous sommes le public. Nous habitons ici. Nous n’opérons pas depuis le confort de nos bureaux, ailleurs. Nous avons des valeurs, transmises par nos anciens. Elles sont simples. Nous refusons de laisser des personnes, quelles qu’elles soient, chez nous, sans toit. Nous ne discriminons pas dans notre démarche. Nous ne faisons du mal à personne. Nous n’occupons pas ce bâtiment pour les droits des uns contre ceux des autres. Nous disons « il y a des personnes dans le besoin, et de quoi subvenir à ce besoin. »

    Les soutiens à un hébergement solidaire, dont l’Association Montagne Accueil Solidarité, le collectif « Chabatz d’entrar », le Syndicat de la Montagne Limousine.
  • Forêt limousine : ça se bouge de partout !

    La forêt sur le Plateau a toujours été l’objet de conflits, de contestations et d’oppositions comme nous le rappelle fort bien l’article que nous publions pages 12 et 13. Aujourd’hui, de plus en plus d’initiatives naissent pour proposer des alternatives à la gestion industrielle de la ressource bois locale. Groupes de réflexion, professionnels, collectifs de citoyens, etc. Nous vous en proposons sur cette carte un premier repérage.

    foret limousine 2020

    Cette carte a été réalisée à partir d’un recensement d’initiatives fait par Vincent Magnet, du Réseau des alternatives forestières. Vous connaissez d’autres initiatives qui n’apparaissent pas sur cette carte ? N’hésitez pas à nous en informer en écrivant à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Association Écoute l’arbre et la feuille
    Saint-Léger-Magnazeix (87190)

    Écoute l’arbre et la feuille, association pour la réhabilitation de nos bois et le respect de l’environnement (ARBRE), réunit des fonds pour les consacrer à l’achat de bois et forêts afin de les mettre à l’abri de l’exploitation extrême (coupes à blanc) et de les protéger. Un premier achat est en train de se finaliser : un bois humide, mélange de plusieurs milieux différents avec entre autres de très vieilles saulées, à Saint-Léger-Magnazeix dans le nord de la Haute-Vienne. Mais la zone d’intervention de l’association est à la croisée des trois départements de la Haute-Vienne, de la Creuse et de l’Indre.  

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et sur facebook : Écoute l’arbre et la feuille - ARBRE

     

    Groupement mammalogique et herpétologique du Limousin (GMHL)
    Monts d’Ambazac

    Association loi 1901 gérée par un conseil d’administration collégial, le GMHL développe depuis plus de 20 ans des actions autour de l’étude, la préservation et la diffusion des connaissances sur les mammifères, reptiles et amphibiens du territoire. Elle a acheté de la forêt dans les Monts d’Ambazac, dans le cadre d’une démarche de préservation des chauves-souris.

    http://gmhl.asso.fr - Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - 05 55 32 43 73 

     

    Auprès de nos arbres
    Saint-Médard-la-Rochette (23200)

    L’association de défense des biens communs de Ceyvat, La Chave, Maneyraux et Salagnat, sur la commune de Saint-Médard-la-Rochette, est née de la réaction d’habitants de la section de Ceyvat face à un projet d’aménagement forestier destructeur pour le site, projet qui a été abandonné. Pour les habitants de Ceyvat, la section doit rester une réserve pour la biodiversité.

    Contact : Hervé Hannoteaux - 06 08 30 09 61 

     

    Centre pédagogique de sylviculture douce
    Nedde (87120)

    En projet, ce centre pédagogique pour les propriétaires forestiers sera également un lieu de découverte de la forêt pour les écoles et groupes. Il est installé en bord de Vienne autour d’une parcelle de 30 hectares en feuillus et résineux anciens et d’une zone humide de 3 hectares au lieu-dit Chez Thivaud.

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Association Aux arbres déchaînés
    Rochechouart (87600)

    Créée en mai 2020, cette association basée à Rochechouart a pour vocation de travailler dans toute la France. Son objet est de sauvegarder du patrimoine forestier géré dans le respect des écosystèmes et de la biodiversité, de procéder à des acquisitions citoyennes de terrains en mobilisant l’épargne de particuliers sensibles à ce sujet, de constituer des refuges animaliers, d’informer et de sensibiliser les citoyens.

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Collectif forestiers environnement limousin (CoFEL)

    Le CoFEL a pour objectif de promouvoir et de développer une gestion douce de la forêt. Il regroupe des professionnels indépendants qui gèrent les forêts de propriétaires, majoritairement privés, en rédigeant les documents de gestion, en établissant des diagnostics et itinéraires sylvicoles adaptés, en encadrant les travaux, en marquant et en organisant les coupes et ventes de bois, etc. L’association organise des animations diverses pour faire connaître et favoriser une gestion forestière respectueuse de l’environnement ainsi que les multiples usages de la forêt, auprès de tous les publics (propriétaires, habitants, élus, écoles…). 

    Saint-Léonard de Noblat : Arbogest (CoFEL)
    Saint-Marc à Frongier : Loïc Bonnot (CoFEL)
    Gentioux : Julien Cassagne (CoFEL)
    Champagnat : Rémy Gautier (CoFEL)
    Saint-Julien le Petit : Alice de Gournay (CoFEL)
    Saint-Avit le Pauvre : Hans Kreusler (CoFEL)
    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
    Coordonnées des membres : http://www.collectif-fel.org 

     

    Projet de groupement forestier citoyen
    Saint-Goussaud (23430) et environs

    En cours de structuration sous la forme d’une association ou d’un groupement forestier citoyen, plusieurs habitants de Saint-Goussaud et environs ont déjà organisé diverses réunions d’information et de débat sur le sujet. Le projet concerne le secteur Bersac, Laurière, St-Sulpice-Laurière, St-Léger-la-Montagne, Jabreilles (en Haute-Vienne) et St-Goussaud (en Creuse). 

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Groupement forestier citoyen
    Vers Sardent (23250)

    Ce projet est en cours d’émergence.

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Association Les Tisserands
    Saint-Moreil (23400)

    Suite à l’acquisition en novembre 2019 d’une forêt de 10 hectares à La Vialle (Saint-Moreil), un premier chantier collectif a permis de redonner vie à une ancienne pêcherie, de ré-ouvrir un ancien chemin communal, de produire collectivement du bois de chauffage et de renforcer les liens grâce à la force du « faire ensemble ». De nombreux projets sont en cours de construction en lien avec cette forêt, avec l’envie de mener une sylviculture douce et de viser la pérennité du couvert forestier. 

    Contacts : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

     

    Association Forêts vivantes du sud-est creusois
    Sud-est creusois

    Créée en octobre 2019 à l’initiative de plusieurs propriétaires forestiers désireux de proposer une alternative de gestion sylvicole à la pratique dominante sur la région, l’association a l’ambition de regrouper un maximum de propriétaires et de parcelles – petites et grandes – autour des principes suivants : sylviculture à couvert continu, maintien de la biodiversité tout en permettant la production de bois de qualité, éviter les coupes rases et la monoculture. Sous la forme d’une association syndicale libre de gestion forestière, elle veut faire émerger localement une véritable culture forestière visant à vivre avec la forêt, promouvoir le rôle social de la forêt en favorisant un travail épanouissant et rémunérateur pour l’ensemble de la filière. Son action se concentre sur 33 communes du sud-est creusois.

    Contact : Antoine Mazurier Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - 06 64 37 33 43

     

    Association Francis Hallé pour la forêt primaire
    Eymoutiers (87120)

    Créée en février 2019 par le botaniste mondialement connu Francis Hallé et une douzaine de scientifiques, naturalistes et citoyens amoureux de la nature, dont quelques Limousins (d’où son siège social à la mairie d’Eymoutiers), l’association a pour objet général la défense des forêts primaires dans le monde. Elle est engagée actuellement dans un projet de renaissance d’une forêt primaire en Europe de l’Ouest. Un projet qui s’étendra sur 70 000 ha et 800 ans. L’objectif est de reconstruire sur les espaces de grande superficie que nécessite le système forestier (faune sauvage et flore) des ressources vitales de biodiversité et de les transmettre aux générations futures. Totalement innovant par ses dimensions spatiales et temporelles, ce projet complexe fait actuellement l’objet de discussions avec l’Union Européenne et l’Unesco.

    Contacts : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et https://www.facebook.com/FrancisHalle.ForetPrimaire 

     

    Groupement forestier Avenir forêt
    Sainte-Féréole (19270)

    Ce « groupement forestier écologique » regroupe des particuliers pour acheter des forêts gérées de manière durable sur le plan économique, écologique et social. Engagé dans une sylviculture à couvert continu (futaie irrégulière), Avenir forêt réalise une gestion forestière rentable en favorisant la biodiversité et en préservant les écosystèmes forestiers. Aujourd’hui Avenir forêt regroupe 162 associés qui possèdent collectivement 425 hectares de forêts diversifiées entre Ussel (Corrèze), Aurillac (Cantal), Gourdon (Lot), Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), Nontron (Dordogne) et Limoges (Haute-Vienne). 

    www.avenirforet.com - Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - 06 44 75 37 22

     

    Association Faîte et racines
    Argentat-sur-Dordogne (19400)

    Constituée en juin 2018 en réaction à la multiplication des coupes rases et des abattages d’arbres de bord de route, l’association Faîte et Racines organise ses activités en plusieurs branches : achat de forêts financé par la collecte de dons, essentiellement auprès de particuliers ; animations dans l’espace public autour de la thématique forestière ; formations (sylviculture, sorties naturalistes, principes de gestion forestière douce) et mise en route d’une scierie mobile associative dans le secteur d’Argentat.

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    École des Renardes
    Nonards (19120)

    Créée en 2017, L’École des Renardes a pour vocation de former à la charpente traditionnelle dans une approche globale de la pratique du métier. La géométrie descriptive, l’usage des outils, la taille et le levage des charpentes sont abordés mais aussi le matériau bois, sa provenance et son choix. Une équipe de quelques artisans s’est réunie pour faire tourner cette école à petite échelle et à majorité féminine. Actuellement, afin d’approfondir le volet forêt de la formation, elle a pour projet d’acquérir un massif en sud Corrèze et d’y transmettre les bases de la sylviculture douce.

    Contact: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Syndicat de la Montagne limousine

    Une commission « forêt » s’est mise en place au sein du Syndicat de la Montagne limousine. Elle s’intéresse plus particulièrement à la zone du plateau de Millevaches.

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. 

     

    Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine

    sites forestiers CEN 2020Le Conservatoire est déjà propriétaire d’environ 400 hectares de forêts en Limousin, qui sont laissées pour la plupart en évolution naturelle. Il est intéressé par toute information sur des sites forestiers subnaturels (feuillus ou mixtes âgés de 80 ans ou plus) qui seraient à vendre, pour créer des zones refuges. 
    Si vous en connaissez, vous pouvez contacter le responsable de l’antenne creusoise (Yvan Grugier : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.) ou corrézienne (Mathieu Bonhomme : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.). 

     

  • Guy Valente, pionnier de la culture des petits fruits sur la Montagne limousine

    guy valenteGuy Valente est décédé le 17 janvier 2021. Celui que beaucoup connaissait comme le fondateur de la librairie Passe-Temps d’Eymoutiers, était aussi artiste et fut également paysan. C’est cette facette du personnage que Jean-François Pressicaud évoque aujourd’hui.

     

    En 1975, après de longs mois de recherches, Guy Valente quitte Paris et l’engagement politique au sein de la Gauche prolétarienne1 pour s’installer à Beaubier (commune de Royère de Vassivière) sur quelques hectares enfrichés qu’il a pu obtenir de la SAFER. La remise en état des parcelles et de leurs chemins d’accès lui prend beaucoup de temps et d’énergie et il démarre rapidement l’élevage, ovin d’abord, puis, en plus, de chevaux de race Mérens.

     

    Framboises et myrtilles

    Peu après, il complète son activité par la culture et la commercialisation des framboises. Il est le premier à s’y adonner dans ce territoire de la Montagne limousine. Il adhère à la Coopérative d’utilisation de matériel en commun (CUMA) des jeunes agriculteurs de Gentioux, Royère et Faux-la-Montagne  au sein de laquelle il rencontre d’autres néo-ruraux. 

    Avec les militants occitanistes et écologistes, il participe aux luttes contre l’enrésinement, dont un des moments emblématiques a été la marche aux Bordes de la Villedieu du 15 mai 1977 (voir IPNS n°71). Peu après, au tout début des années 1980, il commence la culture des myrtilles avec l’aide de ses voisins du Massoubrot de Saint-Martin-Château, Chantal et Christian Deplasse. Avec Jean-Jacques Peyrissaguet, du Mas, à Faux-la-Montagne, ils ont été les premiers à se lancer en lien avec l’INRA d’Angers dans cette culture qui avait alors un caractère expérimental.

     

    guy valente

     

    Syndicat et diversification

    Toujours avec Chantal et Christian, ils créent le syndicat des petits fruits, puis une CUMA qui leur permet d’équiper leur atelier (de la culture à la préparation des confitures) et un second à Chavanat autour d’un autre producteur, Alain Arlettaz. Très rapidement cette culture essaime sur toute la Montagne, en Creuse et en Corrèze. Des associations comme les CIVAM relaient l’information et ceux qui étaient considérés au départ comme des marginaux inefficaces ou utopistes sont montrés en exemple par la Somival (Société de mise en valeur du Massif central), le comité (d’expansion économique) Millevaches et d’autres institutions qui prônent la diversification en agriculture. 

     

    Pendant ces années-là, Guy prenait un certain plaisir à rappeler qu’il avait été regardé avec mépris, condescendance et suspicion lors de son installation, et que, quelques années après il recevait à Beaubier des visites nombreuses de représentants d’administrations ou d’institutions diverses, d’enseignants, d’étudiants et d’agriculteurs. Désormais il avait l’impression de faire partie du paysage local... Il fera partie de ces quelques-uns qui, selon un ethnologue venu travailler sur le Plateau, « ont réussi à créer et à imposer de nouvelles formes de production rurale : l’un d’eux [il s’agit de Guy] a fondé une petite entreprise de confitures qui lui permet de vivre correctement et de satisfaire sa passion pour les grandes randonnées. Jonglant habilement avec les contraintes et les opportunités, il commercialise ses produits en vente directe tout en bénéficiant du statut d’agriculteur, évitant ainsi la tenue fastidieuse d’une comptabilité. »

     

    Jean-François Pressicaud

    1 Cet engagement, Guy Valente l’a raconté en 2014 dans la revue Article 11. On peut le relire ici : http://www.article11.info/?La-theorie-je-m-en-foutais#nh1 

     

    guy valente les modillonsJe suis mort

    Autre lieu, autre visage... « Né en 1947 à Nice, Guy Valente entre à l’École Nationale des Arts Décoratifs de Nice, travaille à Paris puis s’installe dans Le Limousin. Aujourd’hui, il pratique différents métiers dont celui de libraire et de galeriste tout en prolongeant son travail photographique. ».

    Oui, c’est bien du même homme dont nous parle ici la notice de présentation d’une exposition de Guy Valente aux Modillons, un espace culturel en Charente. En 2011 il y expose, sous le titre osé de « Je suis mort », des photos qu’il réalise avec du papier froissé, des bouts de carton ou des morceaux de bâches. Comme ce remarquable Radeau de la Méduse, incarnation de la dérive du monde...
  • Histoire et mémoire de la Seconde Guerre mondiale

    Martial Roche, journaliste et cinéaste, intervient dans deux collèges de la région, à Eymoutiers et à Châteauneuf-la-Forêt, en proposant des ateliers aux élèves. Ce projet, intitulé « Sur les traces du passé », débouchera cet été sur une exposition au musée de la Résistance de Peyrat-le-Château.

     

    Classe Chateauneuf Chere Famille

     

    affiche sur les traces du passeIPNS : Peux-tu nous présenter les différentes facettes de ton travail dans les collèges de la région ? Et pourquoi avoir privilégié le thème de la Seconde Guerre mondiale ?

    Martial Roche : Mon travail tourne autour de la mémoire de la deuxième guerre mondiale. Résumer cette période et sa mémoire aux batailles et lignes de front me paraît très réducteur. C’est un événement global. Il a laissé une mémoire civile et non-combattante. Je m’intéresse à comment les événements d’alors se nourrissent des mémoires des décennies précédentes et résonnent dans les décennies qui suivent. C’est une continuité temporelle. Cette période a toujours suscité mon intérêt. Mes grands-parents m’y rattachent. Et je vois cet épisode historique comme une fondation du monde dans lequel nous vivons. J’essaie d’en décortiquer les représentations ou les résonances dans notre présent. Je pourrais faire ça sur des décennies sans épuiser le sujet.
    Je me suis intéressé à la figure de Georges Guingouin dont on parlait dans ma famille. Il illustre bien cette continuité historique : son action est ancrée dans des références historiques, notamment les soldats de l’an II, et résonne dans notre passé proche ou notre présent. Et puis c’est un héros limousin. Enfin, il s’inscrit dans une mémoire qui se réclame d’une gauche anti-autoritaire, dans laquelle je me reconnais.
    L’idée de départ était de faire un documentaire (voir IPNS n° 67). Son écriture, encore en cours, est assez exigeante. Ma crainte est de tomber dans le folklore simpliste alors que la guerre en Limousin est d’une grande complexité. C’est pourquoi le sujet de mon film s’est peu à peu transformé et est devenu le « phénomène mémoire Guingouin », plutôt que le personnage Guingouin. Entretemps, j’ai tâtonné sur un site consacré à mon travail sur le sujet (unpassetrespresent.com).
    La DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) a souhaité m’aider dans une sorte de résidence. J’ai alors commencé à travailler avec ma compagne photographe sur un projet d’exposition autour de lettres trouvées à Peyrat-le-Château, traces de l’exil des Alsaciens de Niederbronn dans le secteur d’Eymoutiers, entre 1939 et 1946, et à préparer des interventions en milieu scolaire. Au printemps 2021, j’ai commencé par des ateliers d’éducation aux médias et à l’information dans les collèges de Châteauneuf-la-Forêt et Eymoutiers. Avec la professeure documentaliste de ces établissements, nous avons commencé à travailler avec les élèves de 4e. Je les ai retrouvés à l’automne en 3e. Le projet s’appelait « Sur les traces du passé » et consistait à réaliser un court-métrage documentaire avec eux. La suite a eu lieu en décembre 2022, dans la continuité. Nous avons envoyé les 3e de cette année sur les traces des réfugiés de 39-45 sur les secteurs de leurs collèges avec l’objectif de leur faire réaliser une exposition pour l’été 2023 au musée de la Résistance de Peyrat-le-Château. Il va falloir qu’ils réfléchissent sur la collecte des traces de ce passé, sur la mise en forme de leur collecte, sur ce qu’est un musée de la Résistance 80 ans après la guerre. Et puis, bien sûr, qu’ils découvrent et fassent redécouvrir cette histoire : à la fin de l’été 1940, il y a quelque chose comme 1500 Alsaciennes et Alsaciens sur le canton d’Eymoutiers. Des personnes que certains traitent de boches, qui ne parlent pas tous français, arrivent d’une région plus industrialisée et plus développée et se sentent « au moyen-âge », et qui sont aussi bien plus assidus à l’église ou au temple que les locaux.
    L’exposition sera inaugurée le 9 juin au musée de Peyrat-le-Château.

     

    lettre rocheIPNS : Peux-tu nous parler de ton intérêt pour ce qui se passe sur le Plateau ou à son voisinage ?

    M. R. : Né à Limoges d’une maman corrézienne et d’un papa originaire de l’est haut-viennois, j’ai passé en Limousin les 23 premières années de ma vie. Puis, comme d’autres, j’ai pris le chemin de grandes villes, Paris et Lyon. Dans le même temps, un ami proche suivait un voyage inverse : de Limoges vers le pays de Crocq. C’est ainsi que j’ai fait régulièrement l’aller-retour entre deux extrêmes de l’urbanité et de la ruralité. Je continue aujourd’hui entre Villeurbanne, 150 000 habitants, dans une métropole d’un million de personnes, et Peyrat-le-Château, 1000 habitants dans une communauté de communes de moins de 6 000 habitants. Et puis, je m’intéresse à la vie militante de la Montagne limousine. Nous avons tenté, avec l’ami néo-creusois, de faire un documentaire ensemble sur la néo-ruralité. Ce film n’a (encore) jamais vu le jour, mais il se retrouve en partie dans mon projet sur la mémoire. Une partie se penche aussi sur les mémoires entrant en jeu dans divers événements locaux : l’affaire de Tarnac ou celle, plus récente, des antennes de téléphonie ou les mobilisations notamment pour les migrants.

     

    IPNS : Comment t’est venue l’idée de proposer ces activités à des collégiens ?

    M. R. : Travaillant sur la mémoire, l’école était un partenaire évident : c’est au collège que j’avais rencontré Thérèse Menot, ancienne résistante, visité Oradour ou les Archives départementales. J’ai proposé ce qui était dans mes compétences : fouiller dans les archives et les analyser, en particulier les images. Mme Bourgnon, la professeure-documentaliste d’Eymoutiers et Châteauneuf a saisi la balle au bond.
    Les élèves vivent un moment intéressant, à bonne distance avec les événements : ni complètement étranger ni trop le nez dessus. C’est sans doute aussi le temps présent qui l’exige. Je préfère leur donner les bons outils, les bonnes pratiques et les bonnes références que de les laisser démunis face, par exemple, aux comparaisons douteuses entre pandémie et Shoah, aux discours négationnistes de Zemmour ou à ce qui peut sortir aujourd’hui de la guerre en Ukraine. Un des enfants interviewés fin 2021 avait fait un bout de scolarité en Russie et nous a raconté le récit de la Grande Guerre Patriotique qui lui avait été servi à l’école de Poutine. Monter son interview alors que, nourris de ce discours mémoriel identitaire, des jeunes Russes pas tellement plus âgés commettaient des massacres en Ukraine, c’était particulier. Pouvoir pointer les dévoiements de la mémoire à ces futurs citoyens, ça me paraît nécessaire.

     

    IPNS : Quel est l’objectif poursuivi avec les élèves ?

    M. R. : Je voulais voir comment la génération née dans les années 2000 se saisirait de cette mémoire. J’ai eu des succès divers. Certains avaient une connaissance assez vague des événements dont ils parlaient, ce qui est normal pour leur âge, d’autant que je les ai vus avant que ce soit le moment de l’année consacré à la période. D’autres avaient une approche très originale. Les traces qu’ils avaient choisi d’évoquer reflétaient leurs centres d’intérêt : les mangas, les comics ou l’impact environnemental de la guerre...
    Il reste toujours un objectif d’éducation aux médias et à l’information. De ce point de vue, j’ai été agréablement surpris. Ils semblent avoir quelques réflexes de tri des informations qu’ils voient passer, notamment sur les réseaux sociaux. Du coup, j’ai plus axé mon travail sur des archives : comment exploiter au mieux les informations qu’elles nous donnent, notamment quand on les source. L’auteur de l’archive a un point de vue. Si l’archive a nécessité une ressource rare pour l’époque, ça nous renseigne sur sa valeur pour l’auteur et le ou les destinataires.
    Enfin, il y a l’exercice de l’interview filmé. Notre époque est « gavée » de vidéo. Le format d’un narrateur seul face à la caméra devient même très (trop) présent. Je voulais que les élèves voient comment se fait une interview filmée pour se rendre compte de l’effet faussement direct que peuvent avoir les vidéos auxquelles ils ont accès. Se retrouver face à la caméra leur permettait de se rendre compte qu’il ne suffit pas de se placer devant l’objectif et de se mettre à parler. Tout ce qu’ils voient est plus ou moins préparé et monté. Et puis, être interviewé demande des efforts : vaincre sa timidité, canaliser son discours. Être intervieweur aussi. Il faut savoir quelles questions poser, mais aussi savoir écouter, quelle attitude adopter. Certains élèves m’ont étonné, tant en intervieweur qu’en interviewé.

     

    russe1 russe2 russe3

    3 images successives du film Sur les traces du passé - Après l’interview de cet élève témoin de l’école russe, une mise en contexte était nécessaire. Image : M.Roche

     

    prisonnierIPNS : Comment as-tu géré les contacts, l’organisation, les relations avec l’Education nationale et les financeurs ?

    M. R. : Pour parler franchement, nous nous sommes parfois sentis un peu seuls. Je ne sais pas si c’est du désintérêt de l’institution ou un manque de moyens. Et puis toujours des lourdeurs administratives et des services qui se coordonnent mal. On a gaspillé notre énergie en tracas administratifs qui auraient pu être évités plus vite et sereinement, alors qu’il fallait aussi préparer les séances avec les élèves.
    Enfin, il aurait été intéressant que les élèves puissent travailler des aspects de leur intervention avec leurs autres enseignants : histoire-géographie, c’est une évidence, mais aussi lettres pour le travail sur l’écriture, sciences pour celles et ceux qui voulaient aborder un sujet s’y rapportant. Le projet « Sur les traces du passé » aurait pu être plus transverse.
    Je crois que nous nous sommes aussi heurtés à une certaine défiance de la part de certains parents. Plusieurs ont refusé de signer les droits à l’image autorisant leur enfant à s’exprimer devant la caméra. Nous en étions assez surpris. Nous n’avons pas eu de possibilité de communiquer avec eux sur ce projet. C’est dommage. Un élève était même partant pour parler d’un résistant de sa famille mais n’y a pas été autorisé.

     

    IPNS : Une telle démarche n’est pas nouvelle, et pourtant elle reste « révolutionnaire ». Qu’en penses-tu ?

    M. R. : Il serait présomptueux de ma part de vouloir révolutionner la pédagogie, n’étant que de passage dans l’éducation après avoir soigneusement évité une carrière de professeur. Néanmoins, quand j’étais moi-même élève, je me souviens avoir savouré particulièrement les occasions de sortir de la routine : rencontrer Thérèse Menot, visiter Oradour, travailler sur la guerre 14-18 en créant une pièce de théâtre à base de poèmes et de lettres de poilus, travailler sur la presse de la Première Guerre mondiale ou sur la guerre du Vietnam au cinéma (déjà un travail sur les représentations...).
    Je ne sais pas si c’est révolutionnaire. Ça peut apporter une autre approche à des élèves ne se retrouvant pas forcément au mieux dans le cadre classique de transmission de connaissance. Mais il ne faut pas se faire trop d’illusions : ce genre d’atelier ne renverse pas les situations entre élèves en « réussite » et élèves en « échec ». Ceux qui « réussissent » sont aussi ceux ayant un meilleur accès à la culture légitime. Je crains que les observations de Bourdieu ne s’effacent pas comme ça. Révolutionnaire, ce peut-être que nous devons tellement lutter pour apporter aux enfants ce complément formateur, un moyen de mettre en application ce qu’ils acquièrent.
    En revanche, j’ai l’impression, de mon modeste point de vue, que de moins en moins de moyens sont donnés aux équipes enseignantes pour permettre ce complément. Depuis quelques années, il me semble que l’institution, sans doute par économie, pousse dans le sens d’une restriction de sa mission à la transmission de connaissances dans les seules heures de cours. J’ai écho d’équipes enseignantes se battant chaque année pour leur dotation horaire, pour disposer de temps pédagogique sans avoir à fournir un travail bénévole.

     

    Propos recueillis par Michel Patinaud.
  • L’épicerie d’Art - Collectif d’Artisans et de créateurs du Plateau de Millevaches

    Vous aurez peut-être remarqué une nouvelle boutique à Eymoutiers, au contenu hétéroclite allant du bol en céramique à la table de bois brut en passant par les bijoux, paniers, chapeaux, lampes, tableaux, et autres productions originales. Et si vous y êtes entrés vous avez probablement remarqué une autre étrangeté : l’endroit est chaque jour tenu par une personne différente... Et pour cause ! Il s’agit d’un espace associatif, animé et géré par un groupe d’une trentaine de créateurs locaux, dynamiques et motivés.

     

    epicerie d art eymoutiersL’épicerie d’Art, une association

    A l’origine de ce projet, une dizaine de personnes réunies à l’initiative du Réseau d’Acteurs de la Montagne Limousine autour de la question de la commercialisation des productions artisanales, rapidement élargie à celle plus globale “être artisan ou artiste et vivre de son activité sur le Plateau de Millevaches”.

    Un choix de vie assumé, mais pas toujours facile. En milieu rural, le constat est clair : la plupart des artisans travaillent seuls, à leur domicile, et vendent une partie de leur production chez eux. Et bien qu’ils se déplacent énormément pour assurer la vente en dehors certains d’entre eux souffrent de l’isolement et de la méconnaissance de leur activité par les habitants et les autres créateurs.

    Localement, il n’existe pas de lieu permanent destiné à la vente de ce type de productions, et le temps passé en déplacements, sur les marchés ou bien à assumer les tâches administratives se fait toujours au détriment de celui passé à la création.

    De plus, tous constatent qu’il est difficile d’évaluer et valoriser son travail, fixer les prix, communiquer, vendre...

    Créée en février 2007, l’association L’épicerie d’Art s’est donnée pour objectifs ;

    • de mettre en place un Collectif d’Artisans Créateurs sur le territoire du Plateau de Millevaches et ses alentours.
    • permettre la pérennisation et la création d’activités artisanales artistiques ou créatives
    • développer des activités favorisant la commercialisation, la mutualisation de moyens, et la valorisation des savoir-faire et des spécificités des artisans.

    Nous ne souhaitons pas limiter les mots “artistes” et “artisans” aux seuls statuts administratifs qu’ils désignent. La frontière entre les deux activités étant la plupart du temps arbitraire. Par l’expression “artisans créateurs” nous entendons tous ceux qui fabriquent des objets avec leurs mains, qui pratiquent un savoir-faire neuf ou ancestral et qui valorisent celui-ci par leur créativité personnelle.

     

    Une boutique

    Ouverte depuis le 14 Avril 2007 au 7 avenue de la Paix à Eymoutiers, l’Epicerie d’Art est un lieu polyvalent, destiné aux créateurs du Plateau de Millevaches et de ses alentours, un espace convivial de rencontre, permettant l’entraide, la mutualisation d’informations, de déplacements, de matériels.

    Au rez-de-chaussée, un espace boutique, fonctionnant sur le principe du dépôt-vente et dont les objectifs sont de permettre aux créateurs d’accéder à un lieu de vente pratiquant des marges raisonnables, mais avant tout de faire connaître à la population la variété et la qualité des savoir-faire et des productions existants sur le territoire.

    Au 1er étage, l’extension de la boutique avec un espace destiné plus spécialement à l’exposition, le bureau de l’association, ainsi que les prémices d’un centre de ressources portant sur les différents statuts juridiques, les prix et aides aux projets artistiques ou artisanaux, les dates de foires et marchés, les points de vente potentiels.

    Aux 2ème et 3ème étages, des ateliers actuellement occupés par Florian, sérigraphiste et Cécile qui fait des bijoux en bois.

    Le fonctionnement est participatif et collégial. Tous les créateurs sont adhérents (à ce jour 34), participent aux décisions et au fonctionnement, assument les permanences (minimum demandé : une journée tous les deux mois), l’aménagement de l’espace, la comptabilité. Mais comme malgré tout le projet reste de soulager les créateurs d’une partie du temps passé à autre chose que la production, il est envisagé d’embaucher quelqu’un avant l’été.

     

    Et plein de projets !

    Cette boutique n’est que la partie visible de l’ensemble des projets portés par l’association du même nom. Il est important de préciser que nous ne souhaitons pas centraliser l’activité de l’association à Eymoutiers. Nous cherchons à mutualiser certains aspects SANS centraliser les activités propres à chacun. Il nous paraît important de conserver cet aspect disséminé sur un territoire, qui en fait sa richesse et sa particularité, tout en cherchant à en contourner les difficultés.

    Nous souhaitons développer, étoffer et mettre en ligne le centre de ressources, proposer un soutien administratif en particulier en proposant la mise en place de formations comptabilité, informatique ou autre selon les besoins, ainsi qu’aider les créateurs dans leurs actions de communications individuelles ou collectives (réalisations de plaquettes, mise à disposition de matériel, site Internet...).

    Le projet comporte également un important volet d’animation et de sensibilisation qui reste entièrement à mettre en place : stages d’initiations, animations scolaires, marché artisanal, circuit “route des métiers” pour inciter à aller à la rencontre des artisans dans leurs ateliers et éduquer à une certaine forme de consommation privilégiant proximité et créativité plutôt que productivité et exploitation de la main d’oeuvre.

    Nous souhaitons également aider les créateurs qui en ont besoin à trouver un atelier en les mettant en contact avec d’autres artisans de leur secteur, ou en prospectant au nom de l’association.

    Concernant toujours la question épineuse de la commercialisation, la boutique n’apporte qu’une part de réponse au niveau local. Nous voulons y ajouter des partenariats avec des associations et boutiques existantes en Limousin et ailleurs en France, la participation collective à des foires spécialisées (et souvent hors de prix), la vente par Internet.

    Vaste programme, n’est-ce pas ? On prendra le temps qu’il faudra. Mais d’ici là n’hésitez pas à passer faire un tour à la boutique si vous avez un cadeau à faire ou si vous avez envie d’un bel objet. Venez découvrir la variété d’objets utilitaires ou décoratifs qui sont fabriqués près de chez vous. Ou tout simplement, venez rencontrer les créateurs, artisans et artistes engagés dans ce projet collectif.

     

    Marion Michau
  • La Courte Échelle veut s’installer chez elle

    À Eymoutiers l’association La Courte Échelle, que certains connaissent encore sous le nom de Café des z’enfants, prévoit d’acquérir la maison dans laquelle elle mène ses activités depuis 2019. Pour cela, elle a lancé un appel à dons ou à participation auquel chacun peut souscrire. Laissez-vous convaincre !

     

    Aujourd’hui mercredi 16h, Gaspard dessine les animaux qu’il collera dans le livre pêle-mêle qu’il est en train de fabriquer, aidé de sa grand-mère et guidé par l’animatrice. Issa, lui, découpe et colle soigneusement les siens. Issa a terminé. Gaspard se lasse, il préfère jouer à un jeu de société, il finira le livre chez lui avec Mamie. Ici, à La Courte Échelle, pas d’obligation, c’est l’enfant qui décide ce qu’il veut faire ou ne pas faire.

     

    courte echelle

    L’odeur du pain d’épice commence à embaumer la pièce, c’est bientôt l’heure du goûter. Son travail administratif achevé, l’autre employée de l’association, vient en renfort. Elle se charge de l’accueil et de servir les boissons pendant que sa collègue range le matériel qui a servi pour l’atelier graphique. Une adhérente, venue seule, profite de la connexion Internet en buvant son café. Dehors, les plus grands apprennent joyeusement à utiliser les boomerangs qu’ils ont fabriqué tantôt avec Christo, animateur de l’association R 2 jeu, passé maître dans l’art de faire voler toute sorte d’objets identifiés. Deux enfants ont préféré rester bouquiner à l’étage, au calme. 

    Cette après-midi, il y a foule à La Courte Échelle, le café des enfants d’Eymoutiers, il faut dire que deux animations le même jour, ça fait venir du monde… Hier, mardi, en fin d’après-midi, des adhérent-e-s sont venu-e-s visionner un film documentaire qui s’est clôturé sur un débat. Demain matin, premier jeudi du mois, des familles d’enfants en bas âge ou non-scolarisés viendront profiter de la foire et des jeux de La Courte Échelle. Peut-être. En général, au cours de la semaine, la fréquentation est aléatoire, parfois c’est plein, parfois il n’y a personne pendant un moment, puis les adhérent-e-s viennent au compte-goutte. En revanche, le samedi matin, jour de marché, le local est toujours plein. Il y a bien sûr des familles qui viennent profiter des livres et des jeux, mais aussi beaucoup de personnes sans enfant qui viennent se retrouver autour d’un café ou manger un morceau car, ce jour-là, un plat simple et bon marché est proposé aux adhérent-e-s. 

     

    Un lieu intergénérationnel

    Face au constat qu’il n’existait que très peu d’endroit où les parents et leurs enfants peuvent passer du temps ensemble et faire des activités communes, Cadine, Isabelle, Frédérique et Florence ont eu envie de monter une structure dans laquelle une grande place serait faite aux enfants. Un lieu pour les familles, mais pas seulement, un lieu intergénérationnel ouvert à tou-te-s, même sans enfant. C’est ainsi qu’en 2011, l’association La Courte Échelle est née. Au cœur du projet, il y a avant tout l’épanouissement de l’enfant, le respect de sa personne et de ses droits, l’esprit de la convention des droits de l’enfant, citée en préambule des statuts, et la volonté de faire participer les enfants le plus possible à la vie de l’association. 

    D’abord itinérante, La Courte Échelle s’est ensuite installée deux ans à Peyrat-le-Château, sous le nom de Café des z’enfants. En 2013, elle a reçu l’agrément d’Espace de vie sociale par la Caisse d’allocations familiales de la Haute-Vienne - toujours en vigueur à ce jour - et a pu créer trois postes salariés : un emploi associatif en CDI et deux emplois aidés. En 2014, le Café des z’enfants a déménagé dans un petit local de la place Jean-Jaurès à Eymoutiers, élargi ses horaires d’ouverture à trois jours par semaine, développé des partenariats, mis en place de nouvelles actions et a vu le nombre de ses adhérent-e-s monter en flèche. 

    Depuis lors, La Courte Échelle a connu des périodes prospères et d’autres plus difficiles (baisse les subventions publiques, suppression des emplois aidés, manque de forces vives, etc.). Mais après dix ans d’existence, elle est toujours là et nécessaire, voire indispensable, pour nombre de ses adhérents. Ce qui plaît tant dans ce lieu est avant tout les liens sociaux qui s’y nouent assez facilement car La Courte Échelle est un lieu propice aux rencontres, aux échanges. C’est un endroit important pour les parents isolés, qui passent beaucoup de temps seuls avec leur-s enfant-s en bas âge, pour certaines personnes vivant seules venant simplement y passer un moment pour voir du monde ou proposer bénévolement une activité, pour les parents qui pratiquent l’instruction en famille ou encore pour les familles qui viennent de s’installer dans les environs et cherchent à lier connaissance. Outre sa fonction d’accueil et d’animation, l’association s’est aussi donné pour mission de soutenir la parentalité à travers des discussions entre parents (la mensuelle Parlotte des familles), des rencontres, des projections, des ateliers, la mise à disposition de livres et de revues… Autant d’actions qui permettent d’aider les familles qui en ont besoin. 

     

    Acheter la maison

    Depuis 2019, le nom Café des z’enfants n’est plus utilisé et c’est désormais La Courte Échelle, le nom d’origine de l’association, moins restrictif, qui est mis en avant. Certes La Courte Échelle est toujours un café des enfant mais, dans un souci d’ouverture du lieu à tous les publics, et notamment aux adolescents, le nom a été changé. Toujours dans une volonté d’ouverture, l’association s’est récemment restructurée afin de faciliter l’implication bénévole. Chacun-e est invité-e à participer au projet en s’inscrivant dans la/les commissions de son choix : ressources humaines, local, animation, communication et finances.

    En 2019 également, afin d’accueillir le public dans de meilleurs conditions, La Courte Échelle a quitté le local trop exigu qu’elle occupait depuis son installation à Eymoutiers et a emménagé dans un bâtiment plus spacieux, toujours sur la place Jean-Jaurès. Malheureusement, après s’être beaucoup investi dans l’aménagement de cette nouvelle maison, les membres de l’association ont appris que le propriétaire avait décidé de la mettre en vente. Pour que l’avenir de la structure ne soit pas mis en péril et que l’association puisse être sûre de rester dans ce local, l’idée d’acheter ledit local est née. La Courte Échelle n’ayant pas les moyens d’acquérir ce bien, elle a soumis ce projet à l’Arban, Société coopérative d’intérêt collectif basée à Faux-la-Montagne, qui mène une politique de remise en vie du bâti ancien au cœur des bourgs ruraux du plateau de Millevaches. Le projet ayant été estimé réalisable, une collecte de fonds a donc été lancée. Si cette campagne de financement permet de réunir la somme nécessaire, l’Arban pourra acquérir le lieu et deviendra le bailleur de La Courte Échelle. L’argent collecté sera complété par un emprunt bancaire et permettra de réaliser des travaux de rénovation et d’isolation ainsi que l’installation d’une indispensable chaudière. Pour l’heure, un chauffage performant fait cruellement défaut dans cette bâtisse, ce qui représente un désagrément important pour les salariés et un vrai frein pour les activités quand vient le temps de l’hiver limousin.  Plusieurs projets construits avec l’Arban ont déjà été menés avec succès, notamment à Gentioux, en Creuse, où la Renouée, lieu de vie ouvert, chaleureux et foisonnant a pu voir se développer durablement de nombreuses activités. L’achat et la rénovation de cette maison permettra de pérenniser l’implantation de La Courte Échelle dans la commune d’Eymoutiers, de continuer les actions en place, d’en développer de nouvelles, d’ouvrir de nouveaux espaces et d’accueillir le public dans des conditions de bien-être optimales. 

    Après des débuts timides, la campagne de finalement a peu à peu pris son essor. Une contribution plus importante est venue faire pencher la balance du bon côté et permettre d’entrevoir une issue favorable. Les petits ruisseaux font les grande rivières et chaque participation compte, sans oublier que les dons peuvent être déduits des impôts. Du montant final réuni dépendra la quantité et la qualité des travaux qui pourront être faits et donc des activités qui pourront être déployées. Vous pouvez permettre d’enrichir durablement la vie quotidienne sur notre territoire en créant un lieu de vie et de partage, ouvert à votre participation et vos envies. Pour nos enfants, pour nous, pour construire ensemble un futur meilleur.

     

    Amandine Boucher

    Pour en savoir plus : https://courteechelle.wordpress.com

     

    Comment soutenir le projet ?

    > En faisant un don directement en ligne via la page helloasso de la Courte échelle :
    https://www.helloasso.com/associations 

    > En faisant un don non défiscalisé sous forme de chèque à l’association La Courte Échelle.

    > En faisant un don défiscalisé  sous forme de chèque au fonds de dotation La Solidaire (crédit d’impôt de 66 % du montant de votre don).

    > En prenant une ou des parts sociales en votre nom à L’Arban (déduction fiscale à hauteur de 18 %) qui seront attribuées à la campagne de dons. Vous devenez alors sociétaire de l’Arban et vous soutenez les projets de la coopérative.
  • La mort des abattoirs

    Décembre 2006 fermeture de l’abattoir de Guéret. Il était le dernier en Creuse. Début 2007 c’est au tour des abattoirs d’Eymoutiers en Haute Vienne et Giat dans le Puy-de-dôme. Il n’en reste plus que neuf en Limousin, quatre en Haute-Vienne et cinq en Corrèze. Quelques bouchers et les éleveurs qui valorisent leur production de viande en vente directe sur le Plateau de Millevaches et en Creuse n’ont plus d’abattoir de proximité. Devant cette situation une vingtaine d’éleveurs soucieux de préserver leur outil de travail ont constitué une association : Collectif Abattre et Valoriser la Viande en Limousin. Ils ont sollicité l’A.R.D.E.A.R. (association régionale pour le développement de l’emploi agricole et rural) pour mener un diagnostic sur la situation en France et en Limousin et leur proposer des éléments de réponses.

     

    abattoirsConcentration et privatisation

    Le secteur d’abattage en France est en constante évolution et caractérisé par la concentration, la spécialisation de l’activité par catégorie d’espèce animale : bovine, ovine, porcine et volailles, et la privatisation. Les abattoirs de proximité non spécialisés ferment les uns après les autres. En 1990 le tonnage moyen annuel par abattoir était de 6 800 tonnes il est à plus de 12 000 tonnes/an aujourd’hui. Il y a désormais plus d’abattoirs privés que de publics. En 1994 les abattoirs publics réalisaient 35 % du tonnage total, ils atteignent 13 % en 2006. Le secteur privé n’a d’autre ambition que sa rentabilité économique et la réduction de ses coûts de production.

    La restructuration du secteur d’abattage est liée à l’évolution et au durcissement des réglementations sanitaires. En 1965 la loi de modernisation du marché de la viande a créé le service d’Etat d’hygiène alimentaire dans «l’intérêt de la protection de la santé publique». La mise aux normes sanitaires entraîne des investissements importants. Dans les années 1970-1990 l’obligation d’agrément aux normes communautaires conduit à la fermeture de trois abattoirs sur cinq. Il s’agit surtout d’établissements modestes et souvent publics.

    Nul doute que la concentration du secteur d’abattage est en lien direct avec la concentration, l’intensification et la spécialisation de l’élevage à l’échelle régionale comme par exemple pour la Bretagne qui à elle seule produit deux tiers du cheptel porcin, avec l’impact désastreux sur la qualité de l’environnement.

     

    Les abattoirs de proximité, un service public

    La disparition des abattoirs de proximité, le plus souvent gérés en partenariat avec les collectivités territoriales porte atteinte aux acteurs du territoire. Aux éleveurs en premier lieu lorsqu’ils développent des filières courtes pour la valorisation de leur production et le maintien de structures d’exploitations à l’échelle humaine. Aux artisans bouchers qui abattent leur marchandise en lien avec une clientèle d’éleveurs pour ne pas être à la merci des grossistes. Aux consommateurs habitants du territoires qui sont assurés d’un produit de qualité à un plus juste prix et dont ils peuvent mesurer la traçabilité tant du côté du bien-être de l’animal que pour leur garantie sanitaire.

    La disparition de ce service de proximité a aussi de graves répercussions sur notre sécurité sanitaire. Un rapport de la Commission économique du Sénat en 2002 a montré combien l’allongement des trajets entre les exploitations et les abattoirs avait de graves répercussions sur les animaux qui perdent du poids et de la qualité par le stress des conditions de transport. Il souligne en outre que l’épidémie de fièvre aphteuse avec la limitation des mouvements d’animaux a montré la nécessité d’établir un réseau d’abattoirs plus conséquent. La rapidité avec laquelle s’est propagée l’épidémie de fièvre aphteuse au Royaume-Uni a montré que le transport des animaux vivants multipliaient les risques de transmission d’épizooties. Plus récemment encore un avis de la Commission de l’agriculture et du développement rural de 2003 a signalé que les règles d’hygiène n’ont pas pu nous protéger de la crise de la vache folle et de la fièvre aphteuse. Et de conclure que pour éviter les épizooties des petites structures, voire des abattoirs mobiles, répondaient mieux aux règles d’hygiène.

    L’agriculture limousine est caractérisée par la production de viande bovine et ovine. Les éleveurs privilégient de plus en plus les conditions naturelles de production, la qualité et la traçabilité des produits. Entre 2000 et 2005 la part des exploitations engagées dans un Signe Officiel de Qualité (Label et autres) est passée de 40 à 48 % toutes productions confondues. La filière ovine du Limousin représente le quart des agneaux français vendus sous signe officiel de qualité. Outre le marché, forme traditionnelle du rapport entre producteurs et consommateurs, de nombreuses formes de circuits courts se sont développées depuis quelques années dans les zones périurbaines et même plus éloignées. Elles ouvrent à de nouveaux échanges entre milieu rural et milieu urbain.

     

    Les propositions des éleveurs limousins engagés dans le Collectif Abattre et Valoriser la Viande en Limousin.

    La perte des abattoirs de Guéret et Eymoutiers pénalise entre autres les éleveurs locaux écoulant toute ou partie de leur production en vente directe. Ils sont alors obligés d’amener leurs animaux dans des abattoirs plus éloignés ce qui a des conséquences négatives sur l’activité : l’augmentation des coûts de transport et du temps passé sur les routes et par conséquent une perte de valeur ajoutée.

    Ensuite les éleveurs amenant un nombre restreint d’animaux ont parfois eu la mauvaise surprise de ne pas récupérer leur carcasse. Dans de grands abattoirs il est plus difficile de surveiller les mouvements de carcasse. Il arrive qu’elles disparaissent.

    Ensuite, une des bases de la vente directe est la confiance qui s’instaure entre l’éleveur et le consommateur. L’éleveur s’engage à lui vendre des produits de sa ferme. Il n’est donc pas acceptable pour les éleveurs de ne pas récupérer les abats de leurs animaux. Or sur de grande chaînes d’abattage il est impossible d’assurer la traçabilité des abats. De plus les grandes chaînes d’abattage ne permettent pas de récupérer les sous produits très bien valorisés en vente directe tels que le sang, la crépine ou encore les testicules d’agneaux...

    A terme la fermeture de l’abattoir peut aboutir à l’arrêt de la vente directe par certains éleveurs, ainsi que la disparition d’ateliers comme les veaux de lait qui sont des animaux fragiles ne supportant pas les transports trop longs. Tout ceci aboutissant à la perte de valeur ajoutée pour les producteurs anciens utilisateurs de ces abattoirs et l’impossibilité pour les consommateurs d’avoir accès à des produits locaux de qualité.

    A la suite d’une enquête auprès de trente quatre éleveurs, les demandes suivantes ont été définies :

    • Obtenir un abattoir de proximité multi-espèces et de petite capacité (environ 300 tonnes équivalent carcasse). Des projets d’abattoir mobile existent déjà au Canada et en Autriche. Un groupe de paysans et d’élus ira début 2008 en Autriche voir cet outil.
    • Besoin d’ateliers de découpe et de transformation sur le territoire. Une formation débute en décembre 2007 pour toute personne intéressée par la vente directe.
    • Besoin d’outils de transport des animaux vivants et des carcasses.
    • Valoriser les animaux accidentés plutôt que de les euthanasier.
    • Eviter le stress des animaux par des transports trop longs.
    • Valorisation des abats.

    Le collectif avec l’appui de l’A.R.D.E.A.R, (en partenariat avec le PNR Millevaches) des organismes agricoles et des collectivités locales, souhaite continuer l’étude sur tout le territoire pour recenser les besoins et les attentes de tous les producteurs et acteurs de la filière afin de proposer des solutions pour la création d’un outil de proximité pour l’abattage, la découpe et la transformation. Réponses dans quelques mois.

     

    A.R.D.E.A.R., Maison de l’agriculture, avenue du Général Leclerc, Limoges,
    Collectif Abattre et Valoriser la Viande en Limousin, Mairie, 23500 Saint-Christophe
  • Le blaireau de bibliothèque : Le fonds Suzanne Cerf de la bibliothèque d'Eymoutiers

    blaireau BibliothequesLa Bibliothèque des Portes de Vassivière à Eymoutiers est installée dans un magnifique bâtiment, là où autrefois se trouvait la mairie, au-dessus de la halle, en plein cœur de la cité pelaude. Elle possède un fonds particulier, appelé fonds Suzanne Cerf. Un nom qui ne dira peut-être rien à beaucoup de personnes mais qui nous permet de rappeler un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale...

     

    Une bibliothèque intercommunale

    La bibliothèque des Portes de Vassivière c’est en réalité cinq bibliothèques en réseau à Eymoutiers, Bujaleuf, Peyrat-le-Château, Nedde et Cheissoux ainsi que sept points lecture dans les autres communes du territoire de la communauté de communes des Portes de Vassivière. Ouverte du mardi au samedi, sur l’ensemble du réseau, ce sont plus de 60 000 documents qui sont à la disposition du public, tous supports confondus (livres, revues, CD, DVD). Ce fonds est accessible sur le portail www.bibliotheque-portesdevassiviere.fr et sur l’appli Bibenpoche. La bibliothèque compte environ 1000 abonnés actifs et touche toutes les classes d’âge. Elle rayonne bien au-delà des limites territoriales des Portes de Vassivière.
    L’action culturelle est un de ses axes majeurs, renforcé par un Contrat Territoire Lecture depuis 2023 qui se traduit par une programmation culturelle variée (expositions, conférences, spectacles, etc.). Une Micro-Folie, musée numérique coordonné par le Parc de La Villette, a été inaugurée en septembre 2023. Ce projet porté par le ministère de la Culture et ouvert aux collectivités territoriales propose l'accès à un musée numérique auquel collaborent douze établissements culturels nationaux permettant ainsi au plus grand nombre un accès aux œuvres des plus grands musées nationaux. Et depuis 2021, un conseiller numérique France Service, accompagne les personnes dans leurs usages numériques.

     

    Le fonds Suzanne Cerf

    Mais ce qui fait l'originalité de la bibliothèque pelaude, c'est un fonds spécifique qui porte le nom d'une femme : Suzanne Cerf. Pour en connaître l'histoire il faut remonter jusqu'en 1944 ! C'est Jean-Pierre Faye, ancien adjoint au maire d'Eymoutiers, qui nous la raconte : « Les 6 et 7 avril 1944, eu lieu à Eymoutiers une rafle qui a vu 50 Juifs réfugiés dans la commune arrêtés et déportés vers les camps de concentration. Seules 3 personnes ont survécu, dont Suzanne Cerf. Cette rafle était complètement oubliée à Eymoutiers et il a fallu attendre 1997 pour que cette histoire resurgisse. Cette année-là, le 6 avril 1997, une cérémonie en mémoire de ces Juifs s'est déroulée en présence de Suzanne Cerf, seule rescapée encore en vie de cette rafle. Elle est décédée en 2001. L'année suivante le conseil municipal a décidé de nommer « Parc Suzanne Cerf » l'endroit où les Juifs avaient été regroupés. Son fils était présent lors de l'inauguration de cet espace et, en accord avec sa soeur, a décidé de faire un don conséquent à la commune, don qui a été affecté à la constitution du fonds Suzanne Cerf de la bibliothèque, un fonds de documents entièrement consacré à la Shoah et à la Seconde Guerre mondiale. Inauguré en 2003, il est depuis régulièrement enrichi par de nouvelles publications. » Aujourd'hui le fonds Suzanne Cerf compte environ 700 documents !

     

    Michel Lulek

    Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

     

    Jeudi saintUn livre sorti des rayons : Jeudi Saint, de Jean-Marie Borzeix (éditions Stock)

    Plus qu'un nouveau témoignage sur la guerre et la Shoah, Jeudi Saint est un livre sur les enchevêtrements de l'oubli et de la mémoire. Le 6 avril 1944, un détachement de soldats allemands de la division Brehmer investit le bourg de Bugeat. Soixante ans après, la population se souvient que ce jour-là quatre paysans d'un village voisin ont été pris en otage et fusillés pour l'exemple. Le journaliste Jean-Marie Borzeix (1941-2024) connaît bien cette histoire, c'est celle du pays où il est né au début de la guerre. Mais parce que ces événements en cachent d'autres, il raconte l'enquête qu'il a menée. Celle-ci le conduit à découvrir que le 6 avril, un Jeudi Saint, des dizaines de Juifs, réfugiés sur le plateau de Millevaches ont été arrêtés et déportés.

  • Le Jean Gabin à Eymoutiers, comment ça marche ?

    cinema jean gabin eymoutiersLa salle d’Eymoutiers, le Jean Gabin, n’est en effet pas seulement un cinéma où l’on projette les films visibles dans un quelconque complexe. Eymoutiers est un cinéma partisan. non pas sectaire, mais qui prend parti, quand ne pas le faire c’est déjà choisir son camp.

     

    Un parti pris de la municipalité

    Le Jean Gabin est une salle qui fonctionne grâce aux subsides de la commune d’Eymoutiers à hauteur de 23 000 euros par an, ce qui représente l’équivalent d’une participation de 2.3 euros par place vendue. Si les (presque) 11 000 entrées de 2001 assurent un chiffre d’affaire conséquent, loin s’en faut pour que la location de la salle, le salaire du projectionniste, les frais de diffusion soient couverts. Dès lors, il est entendu que l’existence d’une salle à Eymoutiers est une volonté politique, au sens premier du terme, celle d’un choix (culturel) d’une cité.

     

    Un parti pris de la programmation

    Quel rapport entre Harry Potter, Le Petit Poucet, Kandahar, ou Paroles de Bibs diffusés à Eymoutiers ? Du point de vue cinématographique, très peu... Mais aucun hasard dans cette programmation hétéroclite. Seulement une  volonté d’offrir des films très divers. Des films adaptés aux enfants dans le cadre du cycle de “l’écran enchanté” (Le vieil homme et la mer) des films grands publics (Harry Potter, Le seigneur des anneaux), d’autres plus adressés aux “cinéphiles” (Kandahar, le sortilège du Scorpion de Jade). Ces distinctions sont évidemment réductrices, les transversalités sont possibles. Ainsi, le documentaire animalier “La griffe et la dent“ diffusé en octobre 2001 destiné spécialement aux enfants est aussi un classique “art et essai” qui séduit  les parents.

    Cette diversité appréciée du public est somme toute relativement courante dans les bonnes salles pour peu que l’on s’éloigne de certains multiplexes où entre les repas de glaces et de pop-corn sont diffusées des images à caractère cinématographiques.



    La spécificité du Jean Gabin

    Au delà de la participation courageuse de la municipalité, de la programmation pluriculturelle, le cinéma d’Eymoutiers se distingue par une qualité rare, pari osé ( pour les incrédules) et réussi aux portes du Plateau de Millevaches d’être un lieu de débats lors de soirées animées. Ainsi l’on a pu rencontrer lors d’une soirée mémorable, autour de ses films celui que Godard et Truffaut ont considéré comme un des pères de la nouvelle vague : Jean Rouch, . C’est aussi une soirée pour célébrer le centenaire des associations qui nous a permis de voir “les héritiers” un film peu diffusé. Une salle pleine lors de deux soirées spéciales pour accueillir les témoins de la guerre d’Algérie et visionner entre autre la biographie du Général de La Bollardière film inédit à ce jour sur les chaines généralistes françaises, pour se terminer après un débat animé autour d’un thé à la menthe accompagné de quelques délices sucrés du Maghreb.

    Rappelons aussi le débat après “La sociologie est un sport de combat” qui nous a permis de dialoguer avec un collègue du regretté Bourdieu.

     

    Ce sont là quelques exemples des possibilités offertes à Eymoutiers pour 4 euros la place plein tarif !

  • Le parachutage en politique

    L’inénarrable Jack Lang disait un jour : « Je ne voudrais pas être parachuté d’en haut. » Eh bien, suivons son regard. Au vu de ses pérégrinations électorales, Nancy, Paris, Blois, Arras, re-Paris, il savait de quoi il parlait. Nous vous proposons donc de voir d’en-bas, au ras des pâquerettes du Plateau, si notre région a connu des épisodes marquants de parachutage politique. À première vue, il y eut dans notre histoire électorale autant de crashs que d‘atterrissages réussis.

     

    election limousin parachutage

     

    Un peu d’histoire, sans remonter trop loin : Viviani, un précurseur 

    Vers 1900, l’américain Broadwick plie son parachute dans un sac à dos lacé, puis en 1908, introduit la poignée d’ouverture automatique. Deux ans plus tôt, un brillant ex-député de la Seine, né à Sidi-Bel Abbès, décide d’investir le monde rural vierge, à Bourganeuf précisément. Pourquoi donc et à cause de qui ? Sans aveux indiscutables, on ne peut qu’imaginer ceci : les paysans limousins commençaient à abondamment voter socialiste, et Viviani aimait les vaches à lait. Entré quelques mois plus tard dans le premier cabinet Clémenceau, il n’aura d’ailleurs guère l’occasion de labourer ses nouvelles terres d’élection (jeu de mot) creusoises. Pourtant réélu député en 1910 (quel homme !), il siège  enfin à l’assemblée jusqu’en 1913, avant de retrouver quelques maroquins ministériels. C’est ainsi qu’en août 1914, devenu président du conseil (Premier ministre), il aura l’honneur et la gloire de déclarer la guerre à l’Allemagne. Et la Creuse ensuite ? Eh bien non. Bien que réélu député en 1919, puis sénateur en 1922, il n’a pas eu le loisir de visiter amplement les verdoyants paysages du Limousin, siégeant entre autres à la toute nouvelle société des nations (SDN). Il a donc laissé plus de traces sous les lambris dorés qu’aux foires de Bourganeuf, ce qui fit dire ceci à Clémenceau, son meilleur ennemi : Viviani est un « orateur péripatéticien, faisant des harangues kilométriques. » Le père la victoire cita même Fénelon à son propos : « L’éloquence démagogique, c’est l’art de parler seul et longtemps. » Pas très sympa tout de même, il a sa statue devant la mairie de Bourganeuf.

     

    Marcel Paul et les parachutes rouges

    En 1945, le PCF devenu « premier parti de France » n’avait pas grand chose à conquérir. Mais à démolir, oui. Refusant déjà de lui laisser la place qu’il espérait, vu ses états de service, le Parti veut museler le grand résistant Georges Guingouin. Pour ce faire, on parachute à Limoges un dirigeant « de base », Georges Citerne (futur député des Deux-Sèvres), un préfet « de base », Jean Chaintron (futur sénateur de la Seine), et pour faire bonne mesure, un militant « de base », Marcel Paul (futur ministre). Ce dernier, meneur syndical, résistant, déporté, faisait doublement l’affaire. Élu député en 1945 (Guingouin était en troisième position sur la liste, donc inéligible), Marcel siège deux semaines à l’Assemblée, avant de devenir ministre de la production industrielle. C’est à ce titre qu’il va promouvoir les grands travaux hydro-électriques dans les vallées de la Maulde et du Taurion. En 1948, il retourne au syndicalisme, fini le Limousin.

    Ce parti de masse va donner un nouvel élan au parachutage, en lui trouvant une variante : le parachute local. Voulant mettre sur la touche (encore ?) un élu trop indépendant, le Dr Fraisseix, maire d’Eymoutiers, on lui oppose la figure emblématique d’Alphonse Denis, député de la Haute-Vienne, vice-président de l’Assemblée Nationale. C’était en 1961. Et le parachute ne s’ouvrit pas ! Le pauvre Alphonse, qui ne méritait pas ça, dut aller un peu plus tard se faire élire conseiller général chez lui, à Limoges.

     

    parachuteLe gaullisme en quête de fiefs 

    Un léger bond dans le temps, plutôt en deltaplane. Particulièrement agacé par la résistance des limousins, trop à gauche à son gré, le Général décide un programme de conquêtes. Cela commence en 1965 avec la mairie de Limoges, alors tenue par le socialiste Louis Longequeue. Il lui fallait une « pointure », ce fut Pierre Mazeaud, membre du cabinet du Premier ministre (Michel Debré), et accessoirement alpiniste réputé. D’où un avantage évident pour le parachutage. Échec : ce qu’auraient dû savoir les élites parisiennes, c’est qu’à Limoges, une bonne partie de l’électorat « modéré » avait l’habitude de voter Louis, rouge à Limoges, rose à Orléans, et blanc à Paris. Mazeaud, même pas limogé, eut bien d’autres récompenses : député des Hauts-de-Seine puis de Haute-Savoie (et maire de Saint-Julien en Genevois, pour les parachutages il y a le plateau des Glières, juste à côté), secrétaire d’État, président du Conseil Constitutionnel, c’est quand même plus sexy que la mairie de Limoges.

    Arriva alors le plus grand parachutage réussi de l’histoire, Jacques, je vous laisse trouver le nom seuls. Si vous ne connaissez pas bien sa biographie, il y a là une nouveauté. Énarque brillant, secrétaire d’état (à l’emploi), Jacquot avait un avantage sur ses prédécesseurs parachutistes : ses grands-parents paternels étaient corréziens et enfant, il passait ses vacances du côté de Sainte-Féréole. Il avait un autre grand-père franc-maçon, ce qui peut servir. La bataille des législatives de 1967 fut rude, en terre de Haute-Corrèze, tenue jusqu’alors par des radicaux et où le PCF restait puissant. Là, JC. réussit une sorte d’alchimie qui devait durer longtemps, appuyée sur un réseau bien organisé Paris-Corrèze (il y avait même une course cycliste !), et un « missi dominici », arrivé également par les airs à Meymac, Georges Pérol. Vous connaissez la suite. Pour l’anecdote, en 1967 « on » avait aussi parachuté Robert Mitterrand, frère du François pas encore socialiste.

     

    Les socialistes justement 

    Il y eut bien Charles Spinasse (voir IPNS n° 59) mais à vrai dire, ce journaliste corrézien installé à Paris avait tout de même un des deux pieds à Égletons. Passons... Le must, ce fut encore la Haute-Corrèze, où Chirac la faisait un peu trop « monopole ». 1981 : F. Mitterrand élu, l’idée lui vient de proposer à un tout jeune énarque de son cabinet, prénommé aussi François, d’aller affronter Chirac en Corrèze. C’est le début des racines limousines de François Hollande, né en Normandie, monté à Paris à Sciences Po, et qui n’a guère ensuite quitté la Capitale, là où tout se décide et où se font les carrières. Hollande, 27 ans, est battu. Mais le gars est opiniâtre. Rapidement élevé dans la hiérarchie du PS, il forme un couple de « parachutables » : sa femme dans les Deux-Sèvres, et lui ? Il suffit de trouver la bonne ville et le bon canton, et hop, on monte les marches, mais plan-plan tout de même : conseil municipal d’Ussel (1983), député de Tulle (1988)... Ce sera Tulle « ma ville », et Vigeois « mon terroir ». Là aussi, vous connaissez la suite. L’amusant, c’est que cette même année 1981 apparaissait un autre parachute, plus rouge celui-là. Le PCF avait son apparatchik à caser, qui s’appelait Christian Audoin. Député ? Mais Chirac était indéboulonnable, alors au moins conseiller général ? On choisit judicieusement son canton, ce sera Bugeat, alors très rouge. Conseil régional (élu en Corrèze), présidence de PNR ? Pour un homme qui habite alors Limoges, cela relève bien du parachutage, non ?

    Il me semble qu’il y a eu un trou d’air pour de telles opérations, depuis au moins 20 ans. La populace semblait renâcler. Alors, une nouvelle stratégie, plus modeste, fit son apparition : « Je saute, pas de haut, et j’atterris en douceur dans le pré d’à-côté... » Voyez les municipales. Il n’est pas facile, faute d’aveux des intéressés, de différencier le calcul partisan, l’opportunisme et l’ambition personnelle. Ainsi, en 2014, « on » veut démolir la maire sortante à Rempnat, le grand gourou a celui qu’il faut sous la main dans son cabinet. Le « vrai » socialiste (il s’en défend aujourd’hui) qui empoche l’affaire est en 2020 député suppléant LREM. Il a déménagé, mais pas à Rempnat... plus loin. La même année, un zébulon précédemment parachuté à Vassivière trouve que Peyrat est plus cool que Chaptelat. Il est toujours là, mais de qui a-t-il encore le soutien ? Mystère. Maires absents, ça fait un peu penser à « père absent », non ? Il doit manquer quelqu’un quelque part. Et cette année ? on en reparlera sûrement, nous sommes dans une ère un peu troublée, faite de beaucoup d’auto-parachutages. Une sous-préfecture, Aubusson, c’est toujours mieux qu’un patelin paumé (merci pour eux au passage). Alors, soit l’un oublie son parachute et s’écrase – « L’intelligence, c’est comme les parachutes, quand on n’en a pas, on s’écrase » (Pierre Desproges). Tirant les affaires au clair, il a finalement renoncé… Soit un autre, parce qu’il faut un poids lourd à la mairie, tentons donc un parachute léger, on verra bien. Et enfin, un troisième envolé depuis Lyon, mais le trajet est contre les vents dominants, alors l’atterrissage ?

    Aux électeurs de se faire une idée : vaut-il mieux un (prétendu) meilleur, mais… ailleurs, ou un (prétendu) moins bon, mais présent ? 

     

    Maurice Clédassou
  • Les pays en université

    Vendredi 4, samedi 5 et dimanche 6 juin 2004 se tenaient à Eymoutiers les 4èmes Universités des Pays organisées conjointement par l'Association interterritoriale des Universités de Pays, le Syndicat Intercommunal de Monts et Barrages et le Conseil de Développement du Pays Monts et Barrages. Ce fut l'occasion pour le Pays Monts et Barrages de confronter sa démarche de construction à celles des autres pays présents et d'enrichir ses réflexions quant à la finalisation de la charte de Pays.

     

    Des pays et des rencontres

    universite 1L'Association interterritoriale des Universités de Pays, créant les conditions de l'échange d'expériences sur différents territoires et la mise en réseau, a proposé au Pays Monts et Barrages, présidé par Jean-Pierre FAYE, de recevoir les 4èmes Universités de Pays.

    Pendant ces trois jours, ce ne sont pas moins de 200 personnes, venues de Monts et Barrages ou représentants d'une trentaine de Pays jusqu'à la Guadeloupe) structures ou associations de développement, habitants ou élus, qui se sont rencontrées pour échanger.

    Cette fin de semaine fut l'occasion de travailler sur des thèmes forts comme ceux de l'habitat, du patrimoine, de l'accueil et de l'encouragement des entrepreneurs, des services, de la participation des jeunes, tout en favorisant la rencontre et l'échange d'idées et d'expériences. "Cet événement permet la rencontre et l'enrichissement mutuel entre des territoires ayant des projets proches ou non et qui sont plus ou moins avancés" estime Jean-Luc Seignez, président du Conseil de Développement de Monts et Barrages.

     

    Un programme riche

    universite 2Un moment fort comme les Universités ne s'improvise pas. Le mot Université peut en rebuter plus d'un : "ce terme n'est pas à comprendre dans un sens élitiste où d'éminents chercheurs, savants et intellectuels se retrouvent pour théoriser ; non ce terme est à prendre au sens "d'université populaire·, celle où les acteurs de terrain se rassemblent pour se connaître, pour échanger sur leur pratique, pour créer un réseau vivant de citoyens responsables du futur." insiste Jean-Luc Seignez.

    Le programme de ces 4èmes Universités le prouve :

    • deux tables rondes intitulées : "Le développement participatif : les habitants source de changement ?" et "Le développement durable : du concept à la pratique"
    • neuf ateliers thématiques, proposant une réflexion et des échanges
    • une foire aux initiatives et aux projets regroupant une vingtaine d'acteurs du pays (associations, représentants d'activités économiques, projets du Syndicat Monts et Barrages)
    • des randonnées et visites à thème (énergies renouvelables, agriculture, patrimoine).

    La compagnie Origamini a ponctué les travaux par des impromptus théâtraux pleins de sensibilité et de bon sens. Des moments musicaux ont été animés par Manivelles & p 'tits trous (de Bujaleuf) et le Bourbon street blues band. La convivialité ne pouvait être absente de ce rendez-vous.

     

    Les Universités de Pays, un moment charnière dans la démarche du Pays Monts et Barrages

    "La démarche de pays engagée depuis décembre 2001 arrive à une étape importante : la présentation du projet de développement du territoire" précise Dominique Traineau, animateur de Pays, qui ajoute : "afin d'enrichir ce travail et de permettre son appropriation, le Syndicat Intercommunal et le

    Conseil de Développement invitent les habitants, des femmes et des hommes venus des pays de France à découvrir, à échanger et approfondir le projet de développement. Nous avons tenu à marquer cette volonté d'appropriation par le slogan suivant : la Charte de Pays - un projet qui nous ressemble, un projet qui nous rassemble".

     

    IPNS : À propos des ateliers, vous dites que les questions abordées s'inscrivent dans les objectifs opérationnels de la charte. Comment êtes-vous arrivés à définir ces axes opérationnels ?

    Logo Monts et Barrages"La définition de ces axes opérationnels est le fruit d'un long travail et le résultat de la démarche participative mise en route dès l'origine du projet" précise D. Traineau.

    J.L. Seignez ajoute ·La construction collective du projet de territoire ne s'est pas inscrite dans un processus linéaire - état les lieux-diagnostic-projet - où chaque phase de travail ne débute que quand la précédente est achevée. Avec le soutien d'Ariane Développement Local, c'est au contraire une dynamique d'allers-retours entre /'expression des habitants et une formalisation progressive qui ont permis de préciser simultanément les éléments de diagnostic, le problème central du territoire, de même que la colonne vertébrale de la charte (but, finalités, objectifs) et les actions à envisager".

    Pour le Pays Monts et Barrages, le diagnostic a été réalisé en plusieurs temps. Il s'est appuyé sur les travaux des commissions du Conseil de développement ouvertes à l'ensemble des personnes du territoire intéressées, sur deux séminaires d'une équipe prospective représentative des différentes composantes socioéconomiques et géographiques du territoire.

    Des réunions publiques ont permis de le partager et de le compléter avec les habitants.

    "De ce travail en allers et retours, des réflexions collectives, se sont dégagés 9 axes dits objectifs opérationnels. Ils seront remodelés suite au travail des groupes-projets réunis en mai et des ateliers de l'Université de Pays• précise Jean-Pierre Faye. ·Je tiens à ajouter que cette démarche constitue un des leviers pouvant faire évoluer les mentalités, faire que chacun se sente acteur et responsable du développement local. Cependant, aucune loi ne pourra décréter la participation citoyenne : c'est une question de motivation, d'envie, mais aussi de possibilité de faire. Cela s'apprend, cela s'organise, cela se pratique."

     

    IPNS : Jean-Pierre Faye, quelles sont les prochaines étapes de la démarche de Pays ?

    "Après l'avis de l'ensemble des acteurs sur le problème majeur du territoire, un projet est défini, c'est-à-dire un ensemble d'actions d'aménagement et de développement orientées vers un but commun visant à la résolution du problème. Les prochaines étapes sont donc la finalisation de la Charte de Développement dont la version définitive va être présentée au Comité syndical. La Charte sera ensuite approuvée par les 32 communes du territoire en début d'été. S'en suivra le Contrat de Pays qui contiendra les premières actions qui seront menées en 2005 - 2006, contrat qui doit être signé avec l'Etat, la Région et le Département avant le 31 décembre 2004 ."

     

    Marc Albin

    Contact : Syndicat Intercommunal Monts et Barrages

     

    Le Pays Monts et Barrages

    21 415 habitants
    32 communes
    3 bourgs centres de services : Saint-Léonard-de-Noblat, Châteauneuf-la-Forêt, Eymoutiers
    2 communautés de communes: de Briance-Combade (qui regroupe les 10 communes du canton de Châteauneuf-la-Forêt), et celle des Portes de Vassivière (qui regroupe 11 des 12 communes du canton d'Eymoutiers); une troisième est en cours de construction sur le canton de Saint-Léonard-de-Noblat.
    Parallèlement 16 communes sont engagées dans le Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin, 3 adhèrent au Syndicat mixte de Vassivière.

     

    Les 9 axes opérationnels de la future charte

    1. Créer et renforcer à l'échelle du territoire les conditions pour entreprendre
    2. Développer une offre de logements adaptée
    3. Dynamiser la vie inter-associative et l'articuler avec les dispositifs publics
    4. Valoriser et préserver les milieux naturels
    5. Aménager le territoire de façon équitable et cohérente
    6. Améliorer la vie au quotidien en adaptant les services aux évolutions du territoire
    7. Favoriser la participation des habitants au développement de leur territoire
    8. Affirmer le Pays comme échelle pertinente d'organisation des acteurs touristiques
    9. Accompagner la démarche de pays
  • Loups solitaires

    Loups solitaires serge quadruppaniRoman de Serge Quadruppani

     

    serge quadruppaniSerge est bien connu du côté d'Eymoutiers, à tel point que même le maire se mêle de l'aider à retrouver sa chatte fétiche ! Il est surtout beaucoup plus connu ailleurs. Auteur de plusieurs dizaines de romans, nouvelles, enquêtes et divers essais, il fait autorité comme traducteur d'ouvrages italiens. Il est très engagé dans différents combats … lesquels ? eh bien, il suffit de lire ses bouquins – à défaut de le rencontrer (voir sa photo jointe). Son dernier roman, intitulé comme ci-dessus, est une sorte de chronique de l'infiltration. Allo docteur ? Mais non, il s'agit du sort d'une poignée de personnages engagés (englués plutôt) dans l'antiterrorisme, ou le terrorisme tout court d'ailleurs. Toutes les bêtes noires de Serge y défilent, qu'on peut résumer ainsi: d'abord, les services spéciaux, plus ou moins officiels, ou occultes (plutôt plus que moins pour ces derniers). Ensuite les autorités, qui s'auto-définissent comme des élites, et manipulent, tout en étant manipulées. Vous vous demandez bien où je veux en venir ? Le fond des choses, c'est à mon sens, que les vrais terroristes ne sont pas ceux qu'on croit. Parce que la terreur qu'entretiennent les pseudo-élites politiques, mais surtout économiques et financières, vaut bien “l'autre“.... car elle fait aussi beaucoup de victimes. 

    Vous suivez ? Pour mieux comprendre, il faut lire bien sûr, en suivant les traces de “Pierre Dhiboun, membre des forces spéciales françaises infiltré dans un groupe djihadiste au nord du Mali . A son retour en France, il disparaît. Manifestement, il a déserté. Mais de quelle armée ? Beaucoup de monde aimerait le savoir“ … A partir de là, il faudra au lecteur une bonne carte, et un petit carnet pour noter qui est qui, et surtout qui fait quoi. Tout ce beau monde débarque enfin par ici, mais “ce n'est pas un roman régional“, dit l'auteur. Pour nous, gens de la Montagne Limousine (qui n'est pas “exactement“ le plateau de Millevaches, Serge !), les choses prennent une meilleure tournure, on se sent enfin chez soi. D'abord, parce que – écrit Serge - “il y pousse aussi la mauvaise herbe de la rébellion“. Aussi parce que Tarnac et La Villedieu, on connaît. Comme le camp militaire de La Courtaude – ne le cherchez pas sur la carte, c'est fortuit. “Quant à Ayguières, c'est limpide comme la Vienne“. L'intrigue “rencontre le Limousin profond, ses marginaux foldingues, ses gendarmes clochemerlesques, et surtout ses animaux bien décidés à n’en faire qu’à leur tête“. Là, c'est l'éditeur qui écrit, mais bien sûr personne ne l'a rencardé.

    Et les loups dans tout çà ? On y vient : un vrai loup et des faux, le pire n'étant pas celui que craignent les éleveurs. Celui-là, laissez le tranquille, svp, Serge le premier. Par contre, la petite meute de bipèdes qui se promène dans nos bois, trimbalant le matériel qu'on imagine, là, franchement, ça craint. S'agirait-il de nos sympathiques chasseurs ? Une sorte, en effet. Mais quand l'amour s'en mêle, ça se complique, parce que tout est déréglé. Un seul conseil vaudra mieux que ce triste commentaire : lisez. Moi, ça ne m'a pas vraiment plu. Je n'aime pas qu'on se moque des loups !

    Le petit chaperon rouge.
  • Mina Sang : « Que tout s’arrête ! »

    mina sang

    Un clip, un CD, Mina Sang, que sur le coin certains connaissent sous un autre nom, poursuit son chemin de chanteuse et musicienne entamé il y a quelques années avec des premiers titres qu’elle a offerts au cours de quelques concerts, à Eymoutiers ou ailleurs. On trouvera là des colères et des joies, de la poésie et de l’amour. « Ils nous disent que tout est fini, qu’on ne peut rien à l’incendie, ils peuvent bien changer tout l’équipage, nous on leur laisse le naufrage ! » claironne-t-elle a qui veut l’entendre. À ses propres textes elle mêle Brecht, Poe et Baudelaire. Et affirme : « J’voudrais qu’on me lâche et qu’on m’oublie, que tout s’arrête, qu’on m’emmène loin d’ici ! » Refrain qu’on peut facilement adresser, nous aussi, à la technologie, au contrôle ou au confinement : « Combien de temps ça va durer ? Sans même savoir ce qui était vrai ? L’horizon se raidit, le monde se rétrécit... » ou « À chaque nouvelle je m’émerveille, un flash-info dans mon sommeil ! » Suivez-la « Dans la nuit » : « Tu verras partout, partout des feux s’allument, dans la nuit sous la brume, les fictions se consument, le monde entier se débitume... »

    Écouter J’voudrais qu’on me lâche :  

    https://www.youtube.com/watch?v=ML5nOOW31Mw 

    Se procurer le CD : https://s.42l.fr/sT57OZOo 

    Site Internet : https://minasang.be/ 

  • Nathalie Torselli

    Nathalie Torselli peintureNathalie Torselli peint. Elle a eu longtemps un pied à Nantes, un autre en Limousin, où elle est désormais installée à Eymoutiers, au pied de la Montagne et du Plateau. Nous vous présentons son travail et ses engagements.

     

    Du dessin à la peinture

    Dès l’enfance, Nathalie s’était inventé une vie imaginaire en Norvège, régulièrement nourrie de multiples dessins. L’amour du trait l’amena à vouloir intégrer de prestigieuses écoles d’art. Reçue au concours des Beaux-Arts, elle renonça, pour des raisons qu’elle ne s’explique pas aujourd’hui, la peur sans doute. De la région parisienne, puis nantaise, au Limousin, sa vie fut partagée entre famille, travail (du secrétariat, « sur les conseils de papa »), et dessin. C’est à Nantes qu’elle commença à peindre, où s’ouvrit une première période « fruits et légumes», des pommes, des oignons, des citrouilles, souvent et sous toutes les formes. Durant ces années, les vacances familiales se passaient en Limousin, du côté de Rempnat. Là, une rencontre orienta son activité et son inspiration. Brigitte Marvier, hôtelière à Nedde, fit comprendre à Nathalie qu’elle pouvait trouver un public. Des expositions régulières, furent organisées au « Verrou », elles eurent du succès, au point que toutes les œuvres trouvèrent un acquéreur. Dans cette expérience motivante, Nathalie trouva confiance et volonté d’oser. S’ouvrit alors une deuxième période picturale, dite « de la basse cour», inspirée par l’observation des volatiles – poules, coqs – d’une voisine de Chez Chapelle – « J’ai une affection particulière pour les poules qui, dans la vraie vie, vont, viennent, se promènent, se disputent, jouent, discutent, se racontent des histoires, … Dans mon monde à moi, elles sont beaucoup plus fantaisistes ». Ces bestioles gambadent sur de nombreux murs dans les environs d’Eymoutiers. 

     

    Les Princes Paumés 

    Nathalie TorselliNathalie Torselli inaugura une troisième vie artistique avec la réalisation de personnages, tous regroupés autour de ce thème générique : « les Petits Rois et les Princes Paumés». Des fruits et légumes aux poules et enfin aux humains, bonjour Darwin ! Au début, il s’agissait de personnages seuls, assez colorés, dont une caractéristique est de porter un joli chapeau, ou une couronne : « ils ont perdu leurs illusions ou se retrouvent chargés d’une couronne ou d’un royaume trop grands pour eux. » Jamais entiers, comme une photo mal cadrée, les personnages évoluent. Aujourd’hui, il ne reste plus que des hauts du corps. Les tableaux sont peints sur bois : la technique mélange collage et 0peinture acrylique, le tout appliqué sur un fond de base foncé, « le blanc me fait peur » dit Nathalie. C’est la Galerie De Arte qui, à Nantes, hébergera et vendra avec succès ces Princes Paumés. L’évolution de cette longue série de tableaux a été marquée, bousculée même, par l’irruption d’un dramatique événement, en l’occurrence la mutilation effroyable infligée à l’œil d’un fils de Nathalie, par un tir policier, affaire évoquée dans IPNS n° 47 (juin 2014). On connaît ça depuis quelques années, et – parait-il – les policiers ne ciblent jamais le visage ! À l’occasion de ce drame, Nathalie – comme Fred, son mari – sont entrés dans un autre monde. Dès lors, une rupture est visible dans l’oeuvre, je vous livre mon interprétation : les visages, devenus pluriels, reflètent un triple sentiment : inquiétude, incrédulité, ironie. Les couleurs changent, plus de couleurs vives, mais une atmosphère grise, visible sur les fonds, et les vêtements. Nous observons des duos ou des trios, comme celui-ci (image), intitulé : « les guetteurs ». Que peuvent comprendre ces regards inquiets, innocents et naïfs, à la violence de notre société ? Le travail de Nathalie s’emplit de gravité.

     

    Les victimes des violences policières Nous entrons là dans une autre dimension. Notre-Dame des Landes, Sivens, Gilets Jaunes... Une déjà longue liste de victimes d’une répression aveugle avait été affichée brièvement sur le monument aux morts pacifiste de Gentioux (IPNS n° 53), le 11 novembre 2014, quelques semaines après la mort de Rémi Fraisse. Depuis, la liste s’est allongée, il suffisait pour s’en convaincre de venir écouter le journaliste David Dufresne, présent aux premiers Ecrits d’Août à Eymoutiers. Nathalie Torselli a donc été touchée, comme la chair de son enfant, par un épisode de répression ignoble. Dès cet événement, générateur de beaucoup de souffrance et de colère, Nathalie a pris une part active dans la lutte contre les violences policières, la demande de justice et l’établissement des responsabilités. C’est dans ce contexte que sont apparus « les guetteurs ». 

    « L’Assemblées des Blessés », « Désarmons-les », « Face aux armes de la police » les initiatives sont multiples, d’autres familles dans nos coins sont concernées. Lors de l’audition de l’Assemblée des Blessés par la Commission d’Enquête Parlementaire sur le maintien de l’ordre en manifestation, diligentée par Noël Mamère en 2015, Nathalie a déclaré : « nous n’étions pas révoltés, nous le sommes devenus. » Il est facile de trouver son bilan, qui incline à se poser cette question : l’État veut-il la vérité ? 

    N’oublions pas de rester des guetteurs.

     

    Michel Patinaud

    Contacts et infos : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. site internet : nathalietorselli.com 

    Assemblée des Blessés – Désarmons-les 
    https://desarmons.net/index.php/tag/assemblee-des-blesses

    Face aux armes de la Police
    https://faceauxarmesdelapolice.wordpress.com

    Collectif 8 juillet
    https://collectif8juillet.wordpress.com

    Commission d’enquête parlementaire
    www2.assemblee-nationale.fr/14/autres-commissions/commissions-d-enquete/missions-et-modalites-du-maintien-de-l-ordre-republicain-dans-un-contexte-de-respect-des-libertes-publiques-et-du-droit-de-manifestation/(block)/10156 
  • Ouverture du Cada d’Eymoutiers

    2014. Un CADA (centre d’accueil pour demandeurs d’asile) s’est créé à Eymoutiers. Un an plus tard, un autre CADA ouvre à Peyrelevade, suivi de la création de plusieurs CAO (centre d’accueil et d’orientation) destinés initialement à accueillir les déplacés de la “jungle“ de Calais. Ces arrivées ont déclenché un vaste mouvement de solidarité et de multiples réflexions autour de l’accueil de ces exilés dans de nombreuses communes du Plateau et alentour.

     

    Les migrations sur le Plateau ne datent pas d’hier

     

    Après la Première guerre mondiale le nombre d’étrangers décuple en Limousin pour atteindre en 1936 1,19 % de la population. S’il s’agit d’une immigration de travail majoritairement masculine et issue des régions pauvres d’Europe, ces exilés fuient aussi les dictatures naissantes (1922 en Italie, 1926  au Portugual) et les aléas climatiques (inondations catastrophiques de 1925 en Belgique). Les intrications des motifs d’exil ne datent pas d’hier. Ils travaillent dans les mines, (Lavaveix-les-Mines), ardoisières et carrières. Des Italiens s’installent à leur compte comme tailleurs de pierres avec leurs familles dans des conditions extrêmement dures (Sardent). 

     

    migrants

     

    La Seconde Guerre mondiale

    De 1936 à 1939 les réfugiés de la guerre d’Espagne arrivent par vagues successives, et sont globalement bien accueillis du fait de la solidarité en particulier des communes communistes du Plateau. En 1939 la Haute Vienne accueille les évacués alsaciens (dont Châteauneuf-la-Forêt, Eymoutiers qui  double en quelques semaines sa population) dans des conditions éprouvantes. Les évacués seront incités à rentrer en 1940, après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, mais un nombre important restera (juifs, antinazis, francophiles).

    En 1939 le gouvernement  réquisitionne les étrangers et réfugiés (dont les Espagnols encore dans les camps) pour les usines d’armement et crée en 1940 des groupements de travailleurs étrangers (GTE). Ces GTE auront différentes spécificités : camps disciplinaires (pour indésirables ou suspects à Saint-Germain-les-Belles) ou de travail (barrages, bucheronnage et autres travaux agricoles, travaux publics). Après l’occupation de la zone libre, beaucoup d’étrangers des GTE, rejoindront la résistance dans les FTP MOI (main d’œuvre immigrée), par conviction antifasciste et pour échapper au service de travail obligatoire (STO) (Barrage de l’Aigle en Corrèze). Les juifs étrangers, puis français, seront regroupés dans des centres spécifiques. Suite aux rafles et déportations de 1942 une partie de la population se mobilisera pour mettre à l’abri enfants et adultes (il y aura aussi des dénonciations). Beaucoup d’habitants des communes du Plateau figurent parmi les “justes“.

     

    Immigration de travail

    Après la guerre et jusqu’en 1973, date de l’arrêt de l’immigration de travail, on assiste à une vague d’immigration dans toute la France. Sur la Montagne limousine, dès les années 1960 (accord franco-turc en 1965) des Turcs arrivent pour travailler dans la filière bois. Ils travailleront dans des conditions de travail et de salaire très dures. On les retrouve à Peyrelevade, Egletons, Mainsat et surtout à Bourganeuf où ils représentent aujourd’hui 15 % de la population (mais un certain nombre des enfants ont la double nationalité). Ils sont d’origine rurale et souvent issus des mêmes villages. À partir des années 1970 les familles viendront rejoindre les hommes via le regroupement familial. Bourganeuf a fait un gros travail d’intégration (cours de français, mise en place de femmes relais). Si initialement ils ont été logés en HLM, beaucoup sont aujourd’hui propriétaires de leur maison.  Dans les années 1980, suite aux licenciements, certains s’installent comme entrepreneurs forestiers, reproduisant les conditions de salariat qu’ils avaient eux-mêmes connues mais  leur méconnaissance des règles administratives ou comptables, l’irrégularité de paiement des tâches effectuées en ont conduit beaucoup à la liquidation. Les enfants investissent d’autres métiers. Il existe une forte endogamie (conjoints issus des villages d’origine). Cette population garde de fortes attaches avec sa culture d’origine.

     

    Hollandais, Cambodgiens, Kurdes...

    Dans les années 1960 des agriculteurs normands, des métayers mayennais et des Hollandais attirés par la disponibilité des terres et les conditions favorables des lois Pisani s’installent sur le Plateau. On citera pour mémoire l’engouement des Hollandais et Anglais dans les années 1980 pour les maisons limousines. De la fin des années 1970 au début des années 1980, alors que l’immigration est stoppée, en pleine crise économique, la France accueille à bras ouverts 128 500 réfugiés vietnamiens et cambodgiens sauvés en mer de Chine… Une quarantaine d’entre eux passeront l’hiver 1984-1985 à Peyrelevade. Quelques années plus tard, en 1989, c’est au tour d’une soixantaine de Kurdes irakiens fuyant les persécutions. Le maire de l’époque parle de redynamisation du village, de maintien de l’école… Les Kurdes, même s’ils ne sont pas restés, gardent un bon souvenir de l’accueil.

     

    Fete LimousineCrise du droit à l’asile

    Les réfugiés des années 1980 comme les exilés d’aujourd’hui n’ont pas eu le choix de venir dans notre Montagne : ils y ont été placés, mais ils apprécient la qualité de l’accueil par la population. Certains souhaitent rester. La situation aujourd’hui est très différente. Si dans les années 1980, en dépit de la crise économique, ils avaient la quasi-certitude d’être régularisés et de s’intégrer, ce n’est plus le cas. La législation s’est considérablement durcie et l’exilé est avant tout suspect. La majorité n’obtiendra pas l’asile. Nous n’assistons pas aujourd’hui à une crise migratoire mais à une crise du droit à l’asile. Les immigrés finissent au fil des générations par se diluer dans la population. Ils ne figurent plus dans les statistiques car ils deviennent Français. Seuls leurs patronymes, quelques associations culturelles viennent témoigner de leur origine. Ils sont partie prenante de notre histoire.

     

    Dominique Weber-Alasseur

     

    zizimUn prince turc à Bourganeuf au XVe siècle !

    Le prince Djem Sultan - dit Zizim - sera emprisonné pendant deux ans dans la tour du même nom à Bourganeuf.
    Cela se passait de 1483 à 1486.

     

     

    Les hommes circulent, les idées et les luttes aussi !
    On retrouve des natifs du Plateau parmi les insurgés de la Commune de Paris. Ces migrants importeront des idées neuves. Le syndicalisme paysan se développe au début du XXe siècle et le communisme dès 1920. Dans l’entre-deux guerres la majorité des communes du Plateau deviennent communistes, initiant le communisme rural. En 1922 (puis de façon plus organisée et politisée en 1932), les Italiens recrutés en 1920 dans les carrières du Maupuy en Creuse posent des revendications syndicales  en réaction aux conditions particulièrement indignes de travail et de logement. Les agriculteurs normands, mayennais, hollandais arrivés dans les années 1960  introduiront de nouveaux modes d’exploitation (vaches laitières et surtout le tracteur).

     

    Déportation !
    De 1962 à 1982, à l’initiative de Michel Debré, alors député de la Réunion, de nombreux enfants réunionnais sont retirés à leurs familles par la DDASS et placés en familles d’accueil (parfois exploités et maltraités) dans le but de “repeupler la Creuse“ et d’autres départements ruraux. Ce n’est qu’en 2014 que l’Assemblée nationale reconnaitra la responsabilité morale de l’État dans ce transfert forcé de population qui a des airs de déportation.
  • Paul Rebeyrolle, poseur de bombes

    Paul Rebeyrolle« Rebeyrolle (Paul), peintre français, né à Eymoutiers en 1926. Il est passé d'un réalisme aux attaches terriennes à une expression semi-abstraite très colorée » (petit Larousse, 1985). On peut être dans le dictionnaire depuis de nombreuses années et demeuré cependant le plus vivant des créateurs. La preuve dans cet entretien.



    Marie Watine : Comment l’Espace Paul Rebeyrolle qui vous est consacré à Eymoutiers, a-t-il été reçu par les habitants de la région ?

    Paul Rebeyrolle : Les gens d’ici sont moins intéressés que des gens qui viennent de très loin, des étrangers, des gens de la région parisienne et de toutes les régions de France. Sur le Limousin, ça n’a pas beaucoup d’impact… Nos catalogues se vendent dans le monde entier, ils sont très recherchés dans les milieux culturels, il y a beaucoup de visiteurs allemands, anglais, hollandais qui passent ici. Par rapport aux habitants du Limousin, c’est infiniment plus visité par des gens qui sont très loin du Limousin.

     

    M W : Vous avez parfois des moments de découragement par rapport à ça ?

    P R : Non, jamais ! Quand j’entreprends quelque chose, je ne me décourage pas. Ca vous coûte du temps et des efforts, mais ou je dis oui pour faire quelque chose et je le fais à fond, ou je dis non et on n’en parle plus. Donc il n’y a aucun découragement de ma part, et au contraire, j’entraîne des gens autour de moi, qui sont des gens de valeur et qui comprennent la valeur et l’utilité d’un endroit comme ici. Même si ce ne sont pas des gens du Limousin !

     

    M W : Alors justement, vous êtes vous-mêmes du Limousin, est-ce que ces racines vous tiennent à cœur ? 

    P R : Quand on m’a proposé de créer un “Espace Rebeyrolle”, ça faisait trente ans que je n'étais pas revenu en Limousin, et j'ai commencé par refuser. Parce que moi, le fait que je sois né ici, l'attachement sentimental, tout ça, ça n'existe pas chez moi. Par contre, ce que j'ai beaucoup aimé quand j'étais jeune et que je continue d'aimer, c'est le caractère des gens. Des gens un peu frondeurs, suffisamment non conformistes pour me plaire. Il y a eu bien sûr la période de la Résistance que tout le monde connaît, mais il y en a eu d'autres avant : les premières grèves ouvrières se sont faites à Limoges ; c'est à Limoges qu'ont été créés les principaux mouvements syndicaux. Tout cela fait que, depuis l'époque des maçons qui allaient travailler dans toute l'Europe, le Limousin a connu une évolution des mentalités qui est très spéciale à ce coin-ci : Millevaches, Eymoutiers, etc… Alors je suis revenu pour me rendre compte si les gens avaient changé, s'ils étaient devenus le contraire de ce que j'avais aimé, c'est à dire des conformistes, des béni oui oui… Je me suis rendu compte que, bon leur anticonformisme était certes un peu moins violent qu'il y a une quarantaine d'années, mais qu'il existait toujours. Qu'il y avait ce que j'appelle une “élite”, des gens de toutes sortes, qui étaient encore suffisamment pétardiers pour que j'essaie de faire quelque chose ici. C'est pour cela que je suis là, c'est à cause du caractère, je dirais libertaire des gens de ce pays.

     

    M W : Vous avez encore à faire pour achever votre œuvre ?

    P R : Je ne porte pas beaucoup d'attention à ce que j'ai déjà fait. J'ai encore, malgré mon âge, l'espoir de faire d'autres choses. C'est l'avenir qui m'intéresse, c'est pas ce que j'ai fait. Je sais, si je réfléchis, que mathématiquement j'ai fait plus de choses que je n'en ferai, mais ce qui me reste à faire est plus passionnant pour moi que ce que j'ai déjà fait.

     

    M W : Si vous n'aviez pas été peintre, vous auriez été poète, écrivain ?

    P R : Eh… J'aurais peut-être été poseur de bombes ! Non, la seule chose qui m'aurait plu ça aurait été l'architecture. Mais je n'en avais sûrement pas les capacités. Je ne vois pas ce que j'aurais pu faire en dehors de ça…

     

    M W : Poseur de bombes, pourquoi pas ? L'art c'est de la politique, non ?

    P R : Oui, bien sûr. Même ceux qui n'en sont pas conscients, qui s'en défendent, qui disent qu'il ne faut surtout pas mélanger l'art et la politique, même les peintres les plus éloignés des problèmes, sont quand même pétris, parce qu'ils y vivent, d'une certaine période historique. Il y a aussi le fait d'être dans un pays riche, en Occident : ça détermine des choses. Je ne dis pas que ça les détermine en bien, je n'en sais rien. Probablement quelquefois oui, quelquefois non, mais la condition de vie et d'existence d'un artiste – de même que, mettons, celle d'un ouvrier ou d'un instituteur – est liée au fait que nous vivons dans un pays riche, relativement libre (je dis bien relativement). Donc qu'on le veuille ou non, on est le produit de son époque, de son temps et de son lieu de vie.

     

    « je peins tous les jours et pourtant je me demande si je ne pense pas autant a la vie et aux conditions de vie des individus qu’a la peinture. je crois que les deux obsessions, obsession de la peinture et obsession de l’histoire contemporaine se chevauchent chez moi totalement »

     

    M W : Quel serait votre plus grand coup de gueule ?

    P R : Alors là, en ce moment il n'y a que l'embarras du choix ! Disons que le coup de gueule c'est le fait que tout est soumis au monétarisme. D'ailleurs, j'ai peint une grande série sur le monétarisme. A partir de là, nous sommes tous esclaves, et c'est une situation qui peut convenir, ou pas. Il y a des gens à qui ça convient, il y en a d'autres à qui ça ne convient pas du tout… C'est ça l'air de notre temps : le monétarisme. Mais je pense que c'est quelque chose qui passera. On est à mon avis dans une période de décadence comme tous les grands empires en ont connue. Il va venir des “barbares”, et c'est  ainsi que les choses se développent. L'empire romain s'est écroulé et avant lui il y en eut dix autres, et maintenant ça va être le tour du nôtre. C'est le balancier de l'histoire. C'est normal.

     

    M W : L'histoire comme un éternel recommencement ?

    P R : Non, parce que ce ne sont pas les mêmes gens, ce ne sont pas les mêmes circonstances qui amènent les mêmes souffrances et les mêmes décadences. Ce sur quoi je suis inquiet, c'est sur le destin des gens en général. Nous et le reste du monde. Nous, nous sommes des privilégiés, mais nous souffrirons dans quelques temps, au même titre que souffrent les gens qui ne sont pas des privilégiés.

     

    M W : Un artiste a-t-il une vision d'avant garde ?

    P R : Non, pas forcément. Un artiste parle de beaucoup de choses, mais pas forcément de celles qui sont bien pensantes. C'est pas le politiquement correct un artiste. Donc, s'il n'a pas des dons de “voyance”, il n'est pas engagé dans le concert de la médiocrité. Or, le concert de la médiocrité, on l'entretient avec délectation, tous les gouvernements en profitent, tous les efforts sont faits pour désinformer les gens, pour empêcher qu'ils aient accès à la vérité. Les artistes, même si sur ce plan sont dans le même bateau, n'ont pas les mêmes ennuis… Il faut qu'ils trouvent des solutions qui ne leur sont pas proposées de l'extérieur. Aucune solution pour un poète, un musicien ou un peintre n'est proposée de l'extérieur. Il faut que ce soit le poète, le musicien ou le peintre qui la trouve. Elle peut être importante, ou moins importante, elle peut être médiocre, mais on ne peut pas tenir le coude ou la main de quelqu'un qui fait ce genre de travail.

     

    Propos recueillis par Marie Watine
    Photo  : Gerard Rondeau
    Courtesy Espace Paul Rebeyrolle
  • Résistance d'hier et d'aujourd'hui

    Dictionnaire amoureuxC’est le Dictionnaire amoureux de la Résistance, de Gilles Perrault, qui sert de point de départ à cette rencontre.

    L’esprit de la Résistance peut-il encore nous être utile aujourd’hui ?

    Peut-on le voir à l’œuvre dans les mouvements des peuples actuels ?

    Cette question qui leur est proposée les écrivains Alain Damasio, David Dufresne et Frédéric Lordon la débordent bien vite.

    Peut-on échapper à la société de contrôle ou doit-on la renverser ?

    Est-il possible de construire un archipel de dissidences qui résiste à la répression ?

    Le Grand soir n’est-il qu’un fossile d’une pensée politique ensevelie ?

    Cette rencontre proposée par Serge Quadruppani et enregistrée le 19 août 2019 dans le cadre du festival Les écrits d'août et de l'Université populaire d'Eymoutiers est à voir (ou revoir) sur le site de Télé Millevaches.

  • Trois publications sur l'histoire d’Eymoutiers

    le tanneur pelaud michel patinaudMichel Patinaud, auteur de nombreux articles dans IPNS, vient de publier en auto-édition, trois brochures qui éclairent chacune un aspect de l'histoire de la cité pelaude.

    • « Jules Fraisseix : un notable rouge au long de sa route (1872 -1952) » (78 pages)
    • « Eymoutiers, 1944, année de toutes les violences » (108 pages)
    • « Les environs d’Eymoutiers vers 1760, d'après les registres paroissiaux » (63 pages) - Ce dernier texte constituant le numéro 17 du Tanneur Pelaud, publication du Cercle Historique pelaud.

    La biographie de Jules Fraisseix, qui fut maire d’Eymoutiers, conseiller général, député et sénateur, permet de replacer la vie mouvementée de ce « notable rouge » dans le cadre des évènements historiques auxquels il a été confronté. Le développement du socialisme auquel il adhère au tout début du XXe siècle, la guerre de 14-18, le congrès de Tours et la scission de 1920, l'anti-fascisme et le Front Populaire, la guerre de 39-45, le pétainisme et la résistance, et, après la libération, la renaissance de la République, puis la guerre froide. En bon notable communiste, il a toujours suivi la ligne du parti, tout en gardant une certaine distance et n’abdiquant pas totalement son libre arbitre, montrant constamment sa préférence pour l’action unitaire des forces de gauche.
    Dans « Eymoutiers 1944 : année de toutes les violences » Michel Patinaud aborde des questions qui encore aujourd'hui suscitent des passions, comme l'affaire de Farsac, (5 février), la rafle des Juifs à Eymoutiers (6-7 avril) ou l'exécution de six collabos par le maquis (29 mai). Citant précisément ses sources, il s'attache à bien différencier ce qui relève de l'histoire (les faits avérés) de ce qui constitue le mythe ou la légende. Le pari est gagné.
    Dans « Les environs d’Eymoutiers vers 1760 », l'historien s'intéresse aux 18 paroisses qui vont être remodelées dans les 12 communes de l'ancien canton d’Eymoutiers. Sa principale source réside dans les registres paroissiaux tenus par les prêtres desservant ces paroisses, des documents qui permettent de se représenter précisément ce qu’était la vie quotidienne dans ces campagnes limousines dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La pauvreté et la misère sont omniprésentes. Mais c'est un grand plaisir de rencontrer des noms de famille qui perdurent encore aujourd'hui, et de retrouver l’évocation de lieux, peu ou prou transformés, qui existent toujours au XXIe siècle.

     

    Jean François Pressicaud

    Les trois ouvrages peuvent être commandés par courriel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
  • Trophée de l'accueil, deux ans après !

    carte reseauLors de la foire à l'installation : Projet en campagne 2005, le Réseau d'acteur de la Montagne Limousine obtenait le prix Martine Mauléon, qui récompense les initiatives innovantes en terme d'accueil sur les territoires ruraux de France. 2 ans après, alors que la 4ème foire à l'installation ouvre ses portes à Limoges les 1er et 2 juin 2007, qu'en est-il de cette initiative Limousine ?

     

    En juin 2005, le Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine, alors primé, est un collectif informel réunissant 7 structures - associations et entreprises du plateau de Millevaches réparties sur les trois départements du Limousin - autour de thématiques liées à l'accueil de nouvelles populations et à l'accompagnement de porteurs de dynamiques.

    Issue d'un terreau local vivant et multiple, le collectif s'inscrit depuis 2003 dans un partenariat national appelé DORA (Dispositif Ouvert de Ressources et d'Accompagnement de projets de création d'activité en milieu rural / Programme Européen Equal). Ce partenariat regroupe différentes associations à but non lucratif, impliquées sur le terrain du développement des territoires ruraux via l'accompagnement, le soutien, le conseil et/ou la mise en réseau de porteurs de projet d'installation. Au niveau régional, le collectif entame un dialogue serein et constructif avec le service Accueil du Conseil Régional qui conduira à un partenariat solide et pérenne. Le cheminement conjoint de ces deux démarches guide le Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine vers une structuration et une professionnalisation progressive. La création d'un poste de coordination, la formalisation d'outils d'animation du territoire, d'espaces de travail collectif et de rendez-vous réguliers catalysent autant d'actions concrètes sur lesquelles l'obtention du trophée Martine Mauléon mettra un coup de projecteur. Pour autant il souligne aussi le besoin de lisibilité et de visibilité dont souffre le collectif et accélère donc ce chantier en cours.

    Dans les mois qui suivent, le collectif décide la création de l'association "De fil en réseaux". Elle devrait soulager ses membres actifs (personnes morales) des contraintes techniques, juridiques et financières liées aux actions menées ensemble. Mais surtout, elle devient un interlocuteur visible et permet un ralliement formel à un objet commun.

    Dans ses statuts, l'association précise : " animer et coordonner les dynamiques d'accueil et de soutien aux projets, impulsées par les associations, entreprises et forces vives agissant sur la Montagne Limousine, se reconnaissant de l'économie sociale et solidaire. Elle facilitera la mise en oeuvre du partenariat entre ses acteurs sur des actions communes. Elle pourra se doter de tout moyen d'action et d'intervention favorisant :

    • l'accueil et l'accompagnement de tout individu ou groupe souhaitant découvrir ou s'installer sur le territoire,
    • la communication et l'information entre les acteurs et citoyens du territoire,
    • l'entraide, la mutualisation et la création d'outils communs…,
    • la mise en lien entre associations, entreprises et autres forces vives du territoire, en se fondant sur une démarche coopérative, mutualiste, solidaire et d'action collective."

    foire installation accueil 01À l'heure actuelle, les membres actifs sont les 7 membres historiques du collectif : les associations Les Plateaux Limousins, Solidarité Millevaches, Contrechamps, VASI Jeunes, le MRJC Limousin, le GAEC Champs Libres, la SAPO Ambiance Bois. Deux autres structures se sont ralliées à l'aventure en tant que membres associés : la SCOP SA Cesam-Oxalis et l'association Pivoine.

    Afin de faire partager ses valeurs et manières de faire, le collectif participe dès 2006 à des formations en direction des agents de développement des collectivités territoriales auvergnates. Puis, dans l'idée de prolonger cette volonté localement, le Réseau d'acteurs propose le 2 février 2007 une rencontre comportant un volet grand public et un volet de dialogue entre professionnel de la création d'activités.

    En effet, lors de la journée " Entreprendre autrement en milieu rural, ou quand la société civile porte des projets ", la conférence de présentation des travaux et recherches effectuées dans le cadre du partenariat DORA, ainsi que leurs applications locales, est le prétexte aux dialogues initiés en ateliers. La rencontre mobilise 150 participants du Limousin et d'ailleurs. L'inauguration du bâtiment de la SCI Chemin Faisant à Eymoutiers (qui héberge désormais : Cesam-Oxalis, Le Monde allant vers, Accueil Paysan…), donne une interprétation concrète des débats de la journée. Franc succès : convivialité et public sont au rendez-vous !.

    foire installation accueil 02Récemment interpellé au sujet du prochain contrat de parc 2007-2013, le Réseau d'acteurs se surprend à nouveau à rêver au devenir du Parc Naturel Régional de Millevaches, et tente de faire remonter les propositions que les habitants du territoire portent avec lui. La promesse d'ouverture de réunions participatives - mises en place en direction des élus - réjouit dès à présent les associations proches de "De fil en réseaux" pour qui la démocratie directe est une notion chère, vivante et capitale. Aujourd'hui, présents à la foire à l'installation 2007 sous l'étiquette commune de "Réseau d'Accueil Limousin", le Service Accueil du Conseil Régional, les Pôles Locaux d'Accueil et le Réseau d'acteurs confirment leur engagement partagé. Dans le cadre des ateliers-débats publics qui se déroulent durant Projet en campagne, " De fil en réseaux " réaffirme les valeurs et pratiques qu'il partage avec le partenariat DORA.

    L'association "De fil en réseaux" coordonne les actions menées par les membres du Réseau d'acteurs de la Montagne Limousine ; des moyens humains et des outils qui vont dans le sens d'un maillage de territoire et d'une attention forte portée à celui-ci, alliant forces vives et connaissance de son histoire et de ses acteurs.

    • En interne, les thématiques liées à l'accueil et à la création d'activité donnent lieu à des commissions de travail, par exemple à propos " des pratiques d'accompagnement " ou " de la notion de test " et des moyens de le pratiquer.
    • Des outils réguliers de mise en liens entretiennent la vitalité des relations entre individus : les apéros de réseau - tous les premiers vendredis du mois à la rencontre d'un hôte et de son environnement géographique et humain - la lettre d'info qui récapitule les actualités, événements, petites annonces et opportunité du moment - les chantiers d'entraide ou chantiers solidaires, coups de pouce ponctuels à un projet ou une situation - les journée de formation ou d'information, rencontres thématiques sur la création d'activités, la compréhension du logement social…- les événements inter associatifs, souvent festifs comme la foire aux énergies.
    • En externe, les groupes de travail réunissent les publics concernés (élus, institutionnels, professionnels, habitants et nouveaux venus) autour de thématiques transversales.

    apero reseauC'est ainsi qu'un groupe de travail sur la création d'activité donne naissance en 2005 à l'association CESAM puis à la coopérative d'entrepreneurs-salariés Cesam-Oxalis ; ou que le croisement de différents artisans créateurs du plateau de Millevaches sur la problématique de la commercialisation de leurs œuvres, s'associeront autour de l'Épicerie d'art.

    Autre thématique transversale chère au Réseau d'acteurs : logement/habitat/foncier… un vaste programme auquel le groupe logement apporte une première réponse en tentant le pari de participer à la réalisation d'un éco-quartier à Faux la Montagne. Pourtant le temps presse et les gens d'ici ou d'ailleurs cherche un toit. Pas de quoi résider sur le territoire pour une immersion locale afin de s'essayer, alors s'inventent les logements passerelles. Envie de construire, alors allons voir et échanger avec ceux qui l'ont fait, ainsi débute le répertoire des éco et auto constructeurs.

    En termes d'envie et de responsabilité par rapport à l'environnement qu'ils habitent, les membres du Réseau d'acteurs ne manquent pas d'idées. Ces perspectives ont d'ores et déjà conduis les membres de l'association " De fil en réseaux " à embaucher une deuxième personne pour la coordination de ces actions et à porter un troisième poste sur le projet spécifique du groupe logement…

    En tant que composantes d'un territoire riche en acteurs et initiatives nouvelles, l'association y évolue selon le principe qu'un réseau est la somme des relations potentielles qui existent entre les acteurs, mais ne sont palpables que lors d'actions menées en communs. " De fil en réseaux " souhaite continuer à être un interlocuteur attentif et réactif aux rencontres qui détermineront les projets de demain.

  • Un artiste, une œuvre, une association : Iradj Emami, “En bras sages“

    Iradj Emami est un artiste plasticien d'origine iranienne, installé depuis 50 ans en France, qui partage son temps entre Rempnat et Paris. Fréquentant les milieux alternatifs de la Montagne limousine, il en connaît bien les associations. Dont Le Monde Allant Vers et les Jardins Partagés d'Eymoutiers, pour lesquels il a créé une sculpture en granit. Une énorme pierre, était là, enfouie, depuis une éternité. Iradj lui a donné vie.

     

    Un artiste protée

    iradj emamiIradj est iranien de naissance, et fier de l'être, comme de sa nationalité française aujourd'hui. Arrivé en France en mai 1968, il a fait ses études à Paris, d'abord à l’École nationale des Beaux-Arts, dont il est diplômé, puis à la Sorbonne où il a obtenu un doctorat d'arts plastiques. Ses œuvres vont du dessin à la peinture et à la sculpture, qu'il inscrit dans ce qu'il appelle “la poétique de l'espace“. Il travaille tant la pierre que le bois, mais aussi le métal et la porcelaine, qui nourrissent des expositions un peu partout : en France, du Grand Palais au Bateau-Lavoir, riche du souvenir de Picasso. On peut  aussi les découvrir en province (Normandie, Bretagne) et à l'étranger (Autriche, Espagne). Dans notre Limousin, on croisera ses sculptures monumentales à Saint-Léonard (Un colossal taureau de granit, 2003) ou encore à Meymac (À bas les avions qui tuent, 2002, granit) et plus récemment à Eymoutiers, avec En bras sages. Dans ses relations avec de nombreuses institutions, il souhaite un respect réciproque, qui implique de ne pas déplacer ou dénommer les œuvres sans l'accord de l'artiste. Iradj dit que le dessin est primordial, parce qu'il est un carrefour de la peinture et de la sculpture, rappelant ces mots d'Ingres : “Les trois quarts de la peinture, c'est du dessin.“ Rodin disait aussi : “Ma sculpture n'est que du dessin sous toutes les dimensions.“ L'artiste partage cet esprit et le résume en quelques mots : “Mettre la main à la pâte : j'aime la matière et mes mains aiment toucher tout, même les choses interdites.“ Enfin, sa peinture est très colorée, elle traduit ses “terribles passions“, selon l'expression de Van Gogh.

     

    En bras sages, En brassage, Embrassages

    L'origine de l’œuvre vaut la peine d'être rappelée. Le terrain où elle est exposée se situe en bord de Vienne, rive droite, dans la direction Peyrat-le-Château (un panneau à gauche après le pont). Il y avait là une énorme pierre, en grande partie enfouie, modelée, poussée et déplacée sans doute par des siècles de crues successives. Elle fut un jour repérée par Iradj lui-même, alors qu'il étalait du fumier. Il a proposé de la sculpter. Il n'était pas question de déplacer la pierre, arrondie comme un œuf, car trop lourde. Pourtant il y avait là des gars solides et solidaires, “dans l'esprit des Jardins“ ajoute Iradj. Pour l'artiste, l'allure très arrondie ne pouvait que rappeler certaines formes féminines, ici un dos et une position accroupie. L'érotisme est en effet une des caractéristiques du travail d'Iradj. Un peu trop disent certains. Un philosophe pourrait voir ici, en bord de Vienne, une allusion à la fécondité, celle de la femme, celle de la terre. Il y avait ainsi pour Iradj l'idée de représenter la mère protectrice et l'enfant. “Étrange surprise : celui représenté ici a presque la même posture que le petit garçon découvert mort, sur une plage en Turquie, qui a fait la une des journaux il y a quelques temps, Iradj est attaché à l'idée d'humanité, sans frontières“. Il y eut aussi quelques problèmes techniques : sans électricité, il a fallu à Iradj utiliser des outils pour la taille directe, comme un marteau bouchard, qu'on connaît dans le bâtiment. “Heureusement, la pierre était très tendre sous les outils, j'ai obtenu une belle texture“, d'une couleur qui s'assombrit sous l'humidité et la pluie. “Ceci n'est pas contrôlable par qui que ce soit, c'est la nature“ dit Iradj. L'allure générale avec des formes non-dégagées rappelle un style que Rodin a utilisé magnifiquement : “le non-finito“, terme emprunté à Michel-Ange.

     

    Les jardins partagés

    Créés sous le patronage de l'association Le Monde Allant Vers, on y retrouve tous les ingrédients d'une collaboration fructueuse entre beaucoup de bonnes volontés. La mairie a bien voulu fournir un terrain qui a permis l'utilisation du contenu des bacs de compost du centre-bourg. Ici, en bord de Vienne, on peut découvrir l'œuvre d'une poignée d'amateurs de jardinage, qui se retrouvent près d'une cabane adéquate réalisée par les compagnons du réseau Repas. Et ce n'est pas seulement un jardin. Là, on peut rencontrer, autour et dans le potager, des personnes très diverses : du coin ou de plus loin, des archéo et des néo, dont des pensionnaires du CADA, de toutes les générations. Une manière de s'enraciner sans doute. Endroit parfaitement reposant où chacun peut se promener librement, au milieu des choux, des carottes, des plantes aromatiques et de très belles couleurs à certains moments de l'année évidemment. Depuis un an, des plants de vigne se sont ajoutés au paysage, qui ont chacun son propriétaire. Les gelées tardives ont été très néfastes, et beaucoup de ceps auront du mal à repartir. Heureusement, La dame à l'enfant d'Iradj pourra les protéger dans ses bras sages.

     

    Michel Patinaud

    Remerciements à Iradj Emami et Violette, Jean-Jacques Peyrissaguet, au collectif Zélie et son site “Néocampagne“.
  • Un gîte pour vivre sa vie jusqu'à la fin

    Notre société contemporaine est traversée par une question qui interpelle les soignants, les institutions de santé, les collectivités locales, les familles des patients, la société toute entière. Elle concerne la fin de vie, l’euthanasie, le droit à mourir dignement. Et si, avant de parler de la mort, nous parlions ensemble de la vie ? L'association l'Arbre, née à Eymoutiers il y a tout juste un an, s'est donnée comme objectif la création d'une maison pour accueillir des personnes en fin de vie.

     

    soinLorsque la médecine ne peut plus rien faire d’autre que d’atténuer la douleur, lorsque toute décision d’intervention relèverait d’une obstination déraisonnable, la mort apparaît comme un processus naturel, une évidence à laquelle notre société et notre culture nous préparent mal. Nous voilà, parfois soudainement ou brutalement, confrontés à un temps de “reste à vivre“ qui peut s’avérer assez long pour envisager toutes sortes de projets, demander d’inventer de nouveaux modes d’organisation du quotidien, investir des relations humaines inédites. Bref, la vie, quoi ! Mais alors, quelles solutions existent pour accompagner ceux qui veulent considérer que cette dernière étape de la vie vaut le coup d’être vécue pleinement ? Notre espace public est-il doté de lieux et de compétences pour répondre à ce besoin ? Faut-il laisser ce temps précieux aux seules mains des médecins ou prendrons-nous la mesure de nos responsabilités citoyennes sociales, politiques, humanistes ?

     

    Maintenir la qualité de vie jusqu’à la fin

    Imaginant ce que seront nos derniers mois sur cette terre, nous sommes nombreux à dire que nous voudrions rester à domicile, dans nos meubles et nos habitudes, auprès de nos proches et dans un environnement qui nous est familier. Mais cette solution n’est pas toujours réaliste. La solitude pèse lourd, les soignants s’épuisent.  La dépendance, la mobilité réduite, la nécessité de soins, le manque d’autonomie qui affecte tous les gestes du quotidien sont bien souvent des sources de préoccupations, une charge lourde à porter dans des logements qui s’avèrent rapidement inadaptés. C’est plus vrai encore dans nos campagnes où s’ajoute l’éloignement séparant les hameaux des centres bourgs et les habitations entre elles. Ces distances parcourues par les infirmier(es) et aides-soignant(e)s représentent un coût humain et financier non négligeable pour la collectivité. La télé-médecine qui suscite tant d’appels à investissements publics et privés apportera-t-elle un changement significatif ? La révolution technologique espérée n’apportera pas le geste chaleureux, le lien social, l’énergie vitale dont le patient a besoin bien au-delà des médicaments et des soins du corps.

     

    Il manque dans le paysage médico-social actuel un lieu permettant aux patients de vivre pleinement leur vie jusqu’à la fin

     

    Une alternative à l'hôpital

    L’hospitalisation est bien souvent un choix contraint. On redoute de quitter son domicile pour partir dans une structure qu’on juge éloignée et anonyme. N’entend-on pas très souvent dans les médias ou dans les cercles d’amis que les soignants y sont épuisés, maltraités, contraints à des actes médicaux quantifiés selon des critères financiers ou en temps imparti ? Les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont plus mal jugés encore. La critique se fait plus vive pour dénoncer le manque ou la non-qualification des personnels, leurs conditions d’exercice des soins qui confinent parfois à la maltraitance, les visées de rentabilité pour rémunérer un actionnariat qui fait de la fin de vie un placement financier. L’association l’Arbre ne souhaite pas apporter de l’eau au moulin des détracteurs du service public, ses adhérents n’ont pas la prétention collective de changer le modèle économique dominant, ni de mettre en cause la décentralisation de l’administration territoriale de la République ou le rapport entre les techniciens et les élus, moins encore le savoir expert des soignants. Mais quand même. Ils ne veulent pas rester sans rien faire et veulent participer à des évolutions qu’ils jugent nécessaires. Leur postulat est d’apparence simple : entre hôpital et domicile, il manque dans le paysage médico-social actuel un lieu permettant aux patients de vivre pleinement leur vie jusqu’à la fin. Il faut élargir l’offre.

     

    Imaginant ce que seront nos derniers mois sur cette terre, nous sommes nombreux à dire que nous voudrions rester à domicile, dans nos meubles et nos habitudes, auprès de nos proches

     

     

    Une maison pour finir sa vie

    L’association l’Arbre s’est donné pour objet de préfigurer une maison d’accueil, d’accompagnement et de répit à orientation palliative. Ses adhérents sont des médecins, des infirmiers et aides-soignants, des psychologues et des assistantes sociales, des élus et des citoyens. Cette maison sera conçue comme un gîte d’étape AOC, reflet du terroir, de ses habitants, de l’économie et de la culture locales. Un lieu de vie où les soins sont dispensés par les médecins et soignants habituels, où les rythmes de chacun sont respectés, où l’art et les loisirs ne sont pas oubliés, où le quotidien s’organise “comme chez soi“, à l’écoute des besoins et des projets des résidents. Ceux-ci seront des personnes en fin de vie, ou accueillis pour un séjour pendant lequel leurs soignants bénéficieront d’un répit nécessaire. C’est un projet à taille humaine dans une organisation institutionnelle qui a une fâcheuse tendance à segmenter les compétences “en tuyaux d’orgue“, qui souhaite orchestrer harmonieusement différents savoirs et savoir-faire. C’est un projet humaniste qui affirme qu’une fois éradiquée la douleur, il est tout aussi important de penser aux autres souffrances, de veiller à l’accompagnement fraternel du patient sur le plan psychologique, à la recherche de quiétude et de sérénité. C’est un projet politique qui nécessite de mobiliser la société locale, demandant d’être soutenu par les élus qui y verront un levier de développement de la collectivité qu’ils animent, et de façon plus large, au maintien de l’activité et des habitants sur le plateau de Millevaches et en Limousin.

     

    Coopération

    Les adhérents de l’Arbre sont déterminés, prêts à faire valoir les idées et les arguments qu’ils ont forgés à l’écoute des contraintes et des projets de leurs interlocuteurs : praticiens, patients, familles, autorités institutionnelles. Mais ils sont aussi des citoyens qui savent se tenir à leur juste place. Pas question de s’ériger en maîtres d’oeuvre du projet, mais plutôt en animateurs, mettant en lien les uns et les autres. Ainsi, la réalisation de l’établissement sera confiée à un comité de pilotage réunissant tous les partenaires susceptibles d’être impliqués : autorités de tutelle, institutions du soin et du médico-social, associations d’usagers, praticiens (médecins, infirmières, aides-soignants, organismes gestionnaires et financiers, responsables territoriaux,...). Cette volonté de coopération entre les acteurs pour co-construire la maison qui s’intègrera parfaitement dans son environnement est centrale dans le projet de l’association, aujourd’hui pour en définir les contours, demain pour définir le cahier des charges de son fonctionnement. Cela le rend aussi un peu plus complexe. La démarche en effet propose de reconsidérer des décisions implicites bien installées dans nos habitudes collectives, pour les remettre en question et vérifier qu’elles sont toujours opportunes. La culture palliative qui nourrit l’Arbre est une réflexion globale. Comment faire société locale, solidaire, impliquant et reconnaissant chacun comme capable de prendre les décisions qui le concernent ? Vaste projet qui invite le patient à dialoguer avec son médecin, le contribuable avec les gestionnaires de l’argent public, l’électeur avec ses mandataires élus, l’agriculteur avec son voisin néo-rural... L’initiative citoyenne dérange, provoque du débat, fait naître des résistances. 

     

    arbre

    Transformer le paysage économique...

    La maison que souhaite créer l’Arbre va sans doute participer à transformer le paysage local et global dans lequel elle va s’implanter. Dans le paysage économique d’abord. Entre les deux modèles idéologiques qui opposent une économie administrée par l’État à une économie dirigée par la rentabilité des marchés financiers, faisons reconnaître l’économie du partage, de la solidarité, de la citoyenneté active. Les experts connaissent la part importante de cette économie dans les échanges locaux ou mondiaux. Ils savent par exemple que les inventeurs du co-voiturage et des parkings-relais aux abords des péages d’autoroute ont d’abord été des citoyens s’organisant pour diminuer leurs frais de transports et leur empreinte écologique. A l’heure où l’on entend trop souvent que l’argent public se fait rare, la participation des citoyens à une plus juste répartition des biens publics montrera le bien-fondé concret de la notion d’économie alternative. Dans nos territoires ruraux, l’enjeu d’une coopération entre tous les acteurs économiques n’est pas mince.

     

    … institutionnel...

    Dans le paysage institutionnel ensuite. Faisons valoir l’expérience pratique des patients-usagers pour établir un diagnostic, participer à définir un traitement, administrer les services. La Loi Claeys-Léonetti nous reconnaît ce droit. Le savoir des médecins et le savoir-faire des techniciens du soin ne peuvent qu’en être augmentés. La médecine clinique n’est-elle fondamentalement celle qui s’appuie sur le savoir du patient ? La démocratie sanitaire n’est pas une lutte contre le pouvoir médical ? Elle met le patient à sa juste place, c’est à dire au centre des préoccupations de tous. C’est un choix de gestion plus raisonnable que celui conduit par les lobbys de la chimie qui ont pour priorité la commercialisation des médicaments.

     

    … et démocratique

    Dans le paysage démocratique enfin. Sous l’impulsion d’associations citoyennes locales, nationales, altermondialistes, des coopérations se nouent entre la population, les techniciens de l’administration et les politiques. Il existe des conseils de résidents qui organisent les liens sociaux dans un quartier, des conseils de développement dont les membres débattent des données économiques et sociales d’un territoire et proposent des solutions aux élus, des budgets participatifs organisés dans des établissements scolaires par exemple : ils associent élèves, parents, enseignants et personnel administratif pour décider des investissements à privilégier. Avec ces dispositifs, les élus, loin de perdre les prérogatives de leur mandat électif voient celui-ci se légitimer et se renforcer. A l’heure de la crise de la représentation, voilà un aspect positif qui n’est pas négligeable.

    Le projet de l’Arbre est dans l’air du temps. Ses racines sont encore à nu, mais gageons qu’elles trouveront bientôt à s’implanter en terre limousine. Des projets semblables viennent de naître en région Centre et en Occitanie. Ils suivent l’exemple de nombreux autres, plus de 500 en Europe.

     

    Association l’Arbre

    Johan Jooren (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. - 07 85 57 93 25).

     

    “On ne meurt pas bien en France“

    Dans une tribune à son initiative signée par 156 députés dont Sophie Beaudouin-Hubière, députée de Haute-Vienne, le député du Rhône Jean-Louis Touraine constate que l’offre de soins palliatifs ne satisfait pas à la multiplicité des situations individuelles et des souffrances des personnes en fin de vie. Des souffrances accentuées par l’impossibilité pour chacun de “choisir sa fin de vie“. Si quelques progrès ont été enregistrés avec la loi Claeys-Leonetti, force est de constater que celle-ci n’a pas permis d’introduire d’innovations significatives. Le problème actuel est qu’il manque – et c’est crucial ! – une liberté, un droit au choix. Il ajoutait qu’un pourcentage infime de Français avaient connaissance et accès aux propositions de soins palliatifs.

     

    puzzleCinq types d'offres de soins palliatifs en Limousin

    - Les soins à domicile
    - L’hospitalisation à domicile (HAD) et les services infirmiers de soins à domicile.
    - Les unités de soins alliatifs (USP) sont des petits services au sein d’un hôpital accueillant les patients pour une durée limitée. Le CHU de Limoges est ainsi doté d’une USP de 12 lits.
    - Les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) apportent un soutien global et une écoute active aux soignants. L’EMSP prend en charge la douleur, l’accompagnement psychologique et psychosocial du patient, les conditions de son retour et du maintien à domicile, la sensibilisation aux soins palliatifs et à la réflexion éthique. Il existe une EMSP par département.
    - Les lits identifiés en soins palliatifs (LISP) sont situés au sein d’établissements hospitaliers. Ils permettent une ouverture et un lien entre le domicile et les établissements. 

     

    Une journée à la Maison de l’Arbre*
    Présentation du projet de Maison de soins à orientation palliative à Eymoutiers

    Suzanne vient d’arriver. Dans la cuisine, elle partage un café avec sa collègue, l’infirmière de nuit et Nelly, la bénévole qui a passé la nuit auprès de Maurice qui avait demandé une présence auprès de lui.

    Le gîte s’éveille. Si quelques stores sont fermés, c’est parce que certains patients dorment encore. Pour ceux-là, les soins peuvent bien attendre ! Tout à l’heure, c’est avec une bénévole qu’elle donnera sa toilette à madame Pénicaud. Ce moment, pourtant délicat au point de vue technique, sera un temps de partage et d’intimité, témoignage d’un profond respect mutuel entre patients et soignants.

    Cette ancienne institutrice était seule, dans sa maison que son invalidité grandissante rendait inhospitalière. Alors, quand la maladie s’est brusquement aggravée, madame Pénicaud s’est souvenue que dans le hameau voisin, le gîte « l’Arbre » avait ouvert ses portes. De prime abord, elle n’avait pas compris comment cette ancienne grande maison bourgeoise pourrait accueillir des patients en fin de vie. Cela ne ressemblait pas à un hôpital ! Puis elle a finalement accepté de suivre les conseils de son médecin. Lui et l’infirmière du réseau local pourraient continuer de la visiter régulièrement.

    Ce matin, Suzanne choisit de finir sa tournée par la chambre de Pierre, nouvel arrivé d’hier. Elle pourra lui consacrer le temps nécessaire pour un premier contact, même si elle a le sentiment de déjà le connaître un peu grâce à la présentation faite par le médecin coordonnateur ayant annoncé son arrivée prochaine au cours des précédentes réunions de maison. Elle l’accompagnera, s’il le souhaite, pour déjeuner à la grande table de la salle à manger commune.

    Car les bonnes odeurs de cuisine qui envahissent déjà toute la maison annoncent le repas, convivial ou dans les chambres. Suzanne se rappelle qu’elle doit demander à Johan comment il réalise son fameux pain de légumes qui a régalé tout le monde hier.

    On est jeudi : le temps de sieste des hôtes est, pour les bénévoles et les soignants, l’opportunité d’une séance de travail collectif animée par Laurence - la psychologue à disposition des patients et des aidants - sur la question du soin et de la souffrance. Au même moment la directrice coordinatrice reçoit les représentants de la mutuelle, de l’ARS et de l’hôpital de Saint Léonard pour le point administratif et financier semestriel.
    En fin d’après-midi, Lorie va venir jouer du violoncelle dans le hall : les portes des chambres seront grandes ouvertes et ceux qui peuvent pourront s’installer devant la grande baie vitrée qui donne sur le plateau de Millevaches.
    Avant de rentrer à son domicile, Suzanne va se recueillir auprès de la dépouille de Kevin, le jeune patient. Les aides-soignantes ont fait sa toilette mortuaire. Elles se sont appliquées à préserver une belle attitude au jeune homme qui aura été, ces dernières semaines, le centre de toutes leurs attentions et de leur tendresse. Les larmes ne sont pas loin, bien sûr, mais elle sait qu’après la visite de la famille, elle pourra partager un moment de deuil avec ses collègues. C’est cette unité et cette fraternité qui lui donneront, demain matin, la force et la joie de venir exercer un métier empli d’humanité.

    (*) Récit librement inspiré par la lecture du livre de M.de Hennezel “La Mort intime“

     

    Droits des malades et fin de vie 

    La Loi Léonetti (2004) est la seule loi de la Ve république votée à l’unanimité des députés. Le texte a pour objet d'éviter les pratiques d'euthanasie et d’empêcher également l’“obstination déraisonnable“ sous forme d’acharnement thérapeutique en fin de vie. Cette loi propose de développer les soins palliatifs donnés aux patients en fin de vie, afin de prendre en compte leurs souffrances psychologiques et sociales. De nouveaux droits des patients sont définis dans la loi Claeys-Léonetti (2013) et notamment l’instauration des directives anticipées (document écrit, daté et signé par une personne qui rédige ses volontés quant aux soins médicaux qu’elle souhaite ou non recevoir, dans le cas où elle se trouverait dans l’incapacité de les exprimer) et de la personne de confiance qui accompagne le patient dans ses démarches de santé et transmet les volontés du patient devenu hors d’état de s’exprimer.
  • Vassivière Dystopia

    Une fidèle visiteuse de l’île de Vassivière et de son Centre d’art est déçue de certaines de ses dernières réalisations et s’inquiète de l’état d’un bâtiment qui vieillit mal. Son témoignage, qu’elle a souhaité partager dans IPNS, nous conduit sur les lieux pour une visite guidée et dépitée.

     

    Depuis 1991 que le Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière existe, j’ai pu voir l’évolution du parc de sculptures ainsi que toutes les expositions. Celle de cet hiver proposait de voir le bâtiment vide ou presque.

     

    centre art

     

    Un bâtiment qui se dégrade

    Avec un regard naturellement porté sur les œuvres, et à cause du trop grand nombre d’expositions de vidéos, j’en avais presque oublié cette architecture. C’est donc avec grand intérêt que je me suis précipitée pour cette expérience. Cependant, il est difficile d’exprimer de manière objective le désarroi ressenti face au délabrement du lieu. En effet, la plupart des murs sont abîmés par des infiltrations d’eau, de nombreuses vitres sont fêlées... Dans la tour, les murs suintaient de toutes parts la pluie qui tombait dru le jour de ma visite, et le sol de granite était une véritable pataugeoire. Ce bâtiment a pris un sacré coup de vieux et tout laisse à croire que ce problème n’est pas au cœur des préoccupations du moment. Du coup, les grands discours sur cette construction, si élogieux et récurrents ces dernières années, sonnent étrangement faux. Et je me demande si cette non-exposition « focus sur l’architecture » dans un lieu en si piteux état ne ressortirait pas plus d’un délire narcissique que d’une réelle envie de nous montrer quoi que ce soit !

    Lors de cette visite hivernale, j’ai aussi été frappée par les puissants courants d’air émanant des portes et fenêtres. Ce bâtiment est devenu un gouffre énergétique sans fond et je serais curieuse de connaître le coût du chauffage. Cependant, ce sujet semble être pris en considération par la direction, car l’artiste exposée ce printemps et jusqu’à l’automne prochain fut lauréate du Prix COAL en 2016 – le Prix COAL Art et Environnement est le rendez-vous international des artistes plasticiens qui s’emparent des questions d’écologie et contribuent par la création à la construction d’un monde durable. Tout va bien alors ? Non. Tout cela n’est que bouffonnerie ! L’extravagante scénographie qui entoure les vidéos de l’exposition affirme au contraire la non-intégration de la problématique des déchets dans l’art contemporain

     

    Un sous-marin qui prend l’eau

    Sur le chemin du retour, je suis passée revoir une œuvre installée sur l’eau en automne 2011, simple et plutôt drôle (c’est assez rare). Bref, une forme d’art qui se passe des discours institutionnels et laxatifs habituels... L’illusion poétique procurée par ce « sous-marin » fonctionnait parfaitement. Malheureusement, cette œuvre semble aussi souffrir d’une absence totale d’entretien. Les tempêtes l’ont complètement déformé, il n’a plus d’allure. En huit ans, le gel et le soleil ont bien fini par dégrader la bâche qui constitue sa coque et des particules de plastique doivent se répandre en grand nombre dans le lac maintenant. 

    Mais que les poissons se rassurent, ils peuvent consulter la Charte paysagère du pays de Vassivière, « Boire l’eau du lac» à la librairie du Centre d’art ! À l’image de la tour souvent représentée comme emblème de l’île, cette œuvre se trouve sur de nombreuses brochures touristiques du lac, en photo ou dessinée et même sur le site internet du lac de Vassivière. Le contraste entre rêve et réalité est assez fâcheux. On vous vend du rêve, mais ce n’est pas nouveau...

     

    sous marin ile vassiviere

     

    vassiviere utopiaDes interventions hasardeuses

    Bref, quelque peu en colère, mais le dépliant « Vassivière Utopia » en main, j’ai pris la route pour voir enfin cela. Depuis deux ans de suite, et une troisième salve est prévue cet été, des paysagistes et architectes sont parachutés sur l’île pour une résidence et « intervenir » dans les communes proches du lac. Je cite : « […] pour tenter d’insuffler de nouvelles expérimentations et des approches sensibles, pour proposer avec les habitant.e.s un regard autre sur le paysage et chercher les moyens d’articuler art et société. » Et hop, un petit coup d’ingérence culturelle assez mal dissimulé.

    Décidée à faire ce tour avec un trajet réfléchi en terme de distances plutôt que dans l’ordre calendaire de réalisation des œuvres, je me suis rendu compte au fur et à mesure des visites qu’il y avait deux couleurs de signalisation. Mais oui ! La session 2018 est signalée en jaune et celle de 2019 en bleu ! Quelle idée saugrenue ! Heureusement que le balisage des sentiers de grande randonnée ne change pas de couleur chaque année ! Par contre, peu importe la teinte, les textes accompagnant les « œuvres » restent fidèles au style pompeux de rigueur.

    Passé ce détail chromatique, et hormis le travail effectué sur la commune de Saint-Martin-Château, on voit assez vite que la plupart des actions menées n’ont pas vraiment fait l’objet d’études sérieuses des lieux, ni de réelles concertations avec les riverains. En substance, sur la commune d’Eymoutiers, l’œuvre s’est vue affublée après coup d’un filet anti-chute. Son propos est littéralement travesti.

    Pour la commune de Peyrat-le-Château, au lieu-dit Quenouille, alors que le moindre déplacement de cailloux serait presque soumis à une intervention de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), le Centre d’art arrive à imposer son immonde utopie sous la forme béante d’un trou d’obus ! D’après les riverains, l’œuvre n’a pas été terminée, le camion toupie de béton n’ayant pas pu accéder au chantier. L’étroitesse de la route serait en cause. Tant mieux, cela évite finalement une grosse bouse de béton au milieu de la forêt ! Quel fiasco... Mais c’est plutôt sur le bien fondé des choix du jury que je m’interroge que sur la compétence des intervenants. En attendant la nouvelle couleur de signalisation...

    À travers le brouillard matinal, il s’élève encore depuis l’âtre de nombreuses chaumières la fumée froide d’âpres discussions sur cette dystopie. Et bien, au-delà des lacs et des rivières du plateau de Millevaches, il semble que l’on commence à entendre le sinistre et néanmoins annonciateur tintement du glas. À bon entendeur, salut !

     

    Marcelle Dulavoir

     

  • Vers un Emmaüs sur la Montagne limousine

    emmausDepuis plusieurs années, le projet de mieux structurer l'accueil des exilés chez nous est porté par différents groupes sur le Plateau, à Felletin, Tarnac, Royère, Peyrelevade, Eymoutiers, Faux-la-Montagne... Une partie de ceux-ci se retrouve aujourd'hui autour de la création d'un organisme d'accueil communautaire et d'activités solidaires (Oacas) qui prendrait la forme d'un Emmaüs. Explications des porteur.se.s du projet.

     

    Comment ce projet est-il né ?

    Le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine se crée en novembre 2020 et met en lien une dizaine de structures d'accueil d'exilé.es sur le territoire. Il se réunit régulièrement afin de mettre en commun ses réflexions sur l'accueil et les difficultés rencontrées comme l'obtention de titres de séjour, l'isolement des personnes accueillies par leur interdiction d'accès au travail, la nécessité d'une autonomie financière et leur envie pour la plupart d'activités régulières. Émerge alors l'idée de monter une structure à l’échelle du territoire pour fédérer ce qui existe déjà en partie de manière informelle mais aussi pour consolider l’accueil, répondre aux difficultés rencontrées et permettre une protection aux exilé.es. En mai 2022, une quinzaine de membres du groupe Exilé·es du Syndicat font un voyage d'étude à la rencontre de différentes structures d’accueil en France qui ont l'agrément Oacas pour mieux comprendre en quoi consiste cet agrément et ce qu'il pourrait nous apporter. Cela mène le groupe jusque dans la vallée de la Roya (où une ferme des Alpes-Maritimes a rejoint le réseau Emmaüs), avec notamment des étapes aux Restos du cœur Vogue la galère (à Aubagne), au Mas de Granier (une coopérative Longo Maï des Bouches-du-Rhône) et à l’Après M (un ancien Mc Do récupéré par ses salarié·es à Marseille). Suite à ce voyage, la quinzaine de personnes actives dans le groupe Exilé.es décide de devenir un groupe pilote et de travailler au montage et à la réalisation d'une structure d'accueil commune disposant de l'agrément Oacas.

     

    Mais pourquoi vous intéresser à cette formule Oacas ? Qu'apporte-elle de particulier ?

    Proposer aux personnes exilé.e.s de faire partie d’un Oacas/Emmaüs permet de leur offrir un cadre sécure au sein duquel elles pourront bénéficier à la fois d’activités régulières formant à un ou des métiers, d’un accompagnement administratif et juridique (obligatoire au sein d’un Oacas), de cours de français, d’une vie et d’un réseau communautaires.
    En plus de cela, trois ans passés au sein d’un Oacas peuvent constituer un atout majeur dans la demande de régularisation effectuée à l’issue de cette période, même si l’obtention d’un titre n’est pas automatique.

     

    Aujourd'hui où en êtes-vous ?

    En 2022, nous décidons de rejoindre les communautés Emmaüs parce qu’on partage les valeurs de ce mouvement international et que notre projet est en adéquation avec celles-ci : lutte contre l’exclusion et la pauvreté, solidarité, accueil inconditionnel. Des valeurs que nous portons sur notre territoire depuis la création de nos associations et parce que nous sommes déjà en contact avec d’autres communautés Emmaüs qui ont des projets similaires et que nous avons envie de pouvoir co-construire avec elles. Mais on ne devient pas Emmaüs par une simple adhésion. Avant cela, il y a une période probatoire qui dure deux ans avant d'être officiellement reconnu comme une communauté Emmaüs.

     

    groupe emmaus

     

    De par leur fondateur, l'abbé Pierre, les communautés Emmaüs sont-elles confessionnelles ?

    Les communautés Emmaüs ne sont subordonnées à aucune autorité spirituelle, religieuse ou autre, même si son fondateur était d’obédience chrétienne. Il s’agit avant tout d’un mouvement laïque dont l’accueil se veut inconditionnel, pour que toute personne puisse trouver une place dans la communauté quelque soit son parcours, son origine, sa situation administrative, ou sa religion.

     

    Plusieurs communautés Emmaüs ont été récemment critiquées pour la manière dont elles traitent les compagnes et compagnons qu'elles accueillent. Qu'en pensez-vous ?

    Il est important de savoir que chacune des 122 communautés Emmaüs qui existent en France actuellement est indépendante dans ses choix de gestion économique et sociale. Pour notre part nous désapprouvons les pratiques contraires aux valeurs du mouvement Emmaüs qui sont appliquées dans certaines communautés mises en lumière récemment. Le statut Oacas est un agrément qui est censé protéger les personnes et non les rendre esclaves d’un système. Les compagnes et compagnons d’Emmaüs participent à des activités solidaires et à la vie des communautés, non à un travail salarié. Nos réflexions concernant la participation aux activités des personnes accueillies ne sont pas encore finalisées dans les formes, mais nous sommes d'avis que l'objectif premier réside dans le fait de mettre en place un accompagnement personnalisé de chaque personne en fonction de ses besoins. D'ores et déjà, nous sommes particulièrement attentif.ve.s à la qualité des liens entre ceux et celles qui accueillent et qui sont accueillies. Nous avons le souhait d'élaborer le cadre de notre structure avec les personnes accueillies, de le penser ensemble. Un groupe de soutien psychologique qui existe déjà en lien avec des professionnel.le.s du soin au niveau local pourrait par ailleurs créer une cellule d'écoute et de suivi psychologique auprès des personnes accueillies et nous prévoyons d'embaucher un ou une psychologue.

     

    shema emmaus

     

    Concrètement que sera la communauté Emmaüs de la Montagne limousine ?

    Il s'agira d'une communauté agricole destinée à accueillir dignement et durablement des personnes exilé.es sans papiers. Ce sera une structure à l'image de notre territoire à la dynamique forte et à la géographie éclatée, une entité qui réunira trois lieux d’hébergements (à Tarnac, Faux-la-Montagne et Felletin) où se dérouleront des activités solidaires agricoles : une conserverie (en création avec des apports alimentaire des producteurs locaux), une cantine solidaire (en réflexion), du maraîchage (sur des terres cultivées en sol vivant depuis 15 ans et vendant en circuit court) et d’autres activités comme une pépinière (en cours de création), une boulangerie (pain au levain dans un fournil en marche depuis plus de 15 ans), de la menuiserie, des activités dans le bâtiment (rénovation en chantier solidaire encadré par des professionnels), des activités avec la ressourcerie Court-Circuit de Felletin, etc. Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous, il y aura des liens constants entre ces trois lieux et leurs activités.

     

    Combien de personnes pourront être accueillies ?

    Nous souhaitons accueillir 5 personnes au début, puis monter jusqu’à 15. Nous sommes actuellement en train d'acquérir une maison à Tarnac qui sera à la fois un lieu d'hébergement, lieu des activités de conserverie et de cantine solidaire, et un lieu d'événements communautaires.

     

    Vous pouvez nous en dire plus sur le projet de conserverie ?

    Des productions locales de légumes mais aussi des récoltes issues du glanage, une fois transformées, permettront de proposer un certain nombre de produits (jus, confitures, tartinades, chutneys, etc) au profit de l’association. Des entretiens sont en cours avec les producteurs et productrices de la Montagne limousine pour connaître leurs besoins et l’utilité que présenterait la conserverie pour leur activité. En effet, pour les artisan.e.s qui le souhaitent, un service de transformation personnalisé sera proposé.

     

    Quelles sont donc les prochaines étapes ?

    Nous sommes dans la phase de mise en œuvre du projet. Suite à un accompagnement du DLA (Dispositif Local d’Accompagnement), nous avons consolidé les budgets de fonctionnement et réalisé la charte et règlement intérieur de la structure. La prochaine étape, en janvier 2024, est l'achat de la maison communautaire à Tarnac. Nous y ferons ensuite des travaux pour pouvoir accueillir en septembre 2024 les premiers compas et mettre réellement en place la communauté. Aujourd'hui, notre priorité est de finaliser le financement de l'achat de la maison pour un montant de 180 000 € environ (frais de notaire et d'agence inclus) et pour cela nous avons lancé un appel à dons qui est toujours ouvert ! Des fondations nous soutiennent mais nous avons encore besoin d'apports pour boucler le budget en particulier pour financer les travaux qui suivront l'achat.

     

    Comment aider, soutenir, devenir bénévole ?

    > Faire un don sur la campagne Hello Asso : https://www.helloasso.com/associations/montagne-accueil-solidarite-de-peyrelevade
    > Rejoindre la page Facebook : https://www.facebook.com/MontagneAccueilSolidarite
  • Victoire à Eymoutiers

    hyper casino eymoutiers travail dimanche 2020L’hypermarché Casino d’Eymoutiers voulait expérimenter l’ouverture le dimanche après-midi à partir du 22 novembre 2020.

    « Ils prévoyaient de n’ouvrir le magasin qu’avec des vigiles en sous-traitance et les caisses automatiques. C’est-à-dire sans les salariés. » a expliqué la CGT qui a appelé à un rassemblement le 22 novembre devant le magasin. 150 personnes environ étaient là. « Nous ne soutenons pas le travail dominical dont l’interdiction a été obtenue par les luttes et qui a été actée dans le Code du travail en juillet 1906 » a expliqué le syndicat, qui ajoutait : « L’ouverture de l’enseigne sans personnel lui permettra, à long terme, de justifier d’autres suppressions d’emplois. »

    Finalement, le magasin n’ouvrira pas ses portes le dimanche après-midi. C’est un arrêté de la maire d’Eymoutiers, Mélanie Plazanet, qui a tranché le débat. Parmi les raisons invoquées : une telle ouverture ne correspond nullement à une attente de la population et à un besoin du public, et la commune dispose déjà d’une offre commerciale large et disponible du lundi au dimanche matin.