Le gouvernement prévoit une relance du programme nucléaire français avec la construction d'un nouveau réacteur dénommé EPR. Le problème de la gestion des déchets hautement radioactifs (qui concerne toujours le Limousin et l'Auvergne) n'est pas réglé pour autant. Pourtant la majorité des Français souhaite qu'on ne construise plus de réacteurs nucléaires et qu'on réoriente la politique énergétique dans le sens de la maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables. C'est techniquement possible et la plupart des autres pays européens ont déjà fait ce choix.
Pour demander le respect de la volonté de la population, pour favoriser le débat sur les modes de transition possibles, pour rappeler l'importance des choix énergétiques sur notre futur, pour aller dans le sens d'un monde plus sain, respectueux et vivable pour tous, un groupe de trois personnes soutenu par plusieurs associations (Agir pour l'Environnement, Réseau Sortir du Nucléaire, Coordination Nationale contre !'Enfouissement des Déchets radioactifs) a entrepris un jeûne à durée indéterminée à compter du 21 juin 2004.
La demande du Collectif creusois contre le nucléaire est sans ambiguïté : vivre sans nucléaire.
61 % des Français ne souhaitent pas de nouveaux réacteurs nucléaires (27 % y sont favorables). Le pourcentage de refus des nouveaux réacteurs est sans cesse croissant, et ceci d'autant plus que les autres pays européens ont tous arrêté de construire des réacteurs (à l'exception de la Finlande).
Concrètement, le collectif demande que le conseil des ministres retire du projet de loi d'orientation sur l'énergie toute ouverture possible pour la construction d'un nouveau réacteur, quel qu'il soit. Il demande que soit par contre prévu un plan d'accompagnement pour la reconversion industrielle d'Areva, et notamment dans la seule maintenance de la gestion des déchets. Les députés doivent s'engager publiquement à s'opposer au vote de cette loi d'orientation sur l'énergie, si la possibilité d'un futur réacteur nucléaire, quel qu'il soit, est maintenu dans le projet.
Sans aucune concertation des populations, le choix contestable de l'enfouissement en grande profondeur sera décidé dans un avenir proche. Seront enfouis, sans réversibilité possible, des déchets à très haute toxicité et à durée de vie de plusieurs centaines de milliers d'années, au mépris des données géologiques (failles, séismes, eau chaude, etc).
Décision technocratique de lobbies financiers puissants avec en perspective une gestion européenne de ces déchets dans le cadre d'Euratom (traité et commission européenne).
90 % des Français souhaitent que l'on oriente la recherche dans le domaine de l'énergie dans le sens des énergies renouvelables (6 % sont pour le thermique, 4 % pour le nucléaire).
Concrètement, le collectif demande que les ministres prévoient dans le budget 2005, un profond remaniement des budgets de recherche avec une inversion des priorités. Dans le domaine nucléaire, seule la recherche sur l'avenir des déchets radioactifs et le démantèlement des réacteurs doit être maintenue. Il faut également prévoir des crédits pour la reconversion des chercheurs de ce domaine. Les crédits doivent être ventilés :
Ces revendications n'ont rien d'extrêmes : elles ne font que demander à ce que la France soit au même niveau que les autres grandes puissances industrielles qui sont toutes en phase de reconversion industrielle pour celles qui ont misé, par erreur, sur le nucléaire.
Nos ministres et nos députés feraient bien, avant de nous répondre, de se renseigner auprès de leurs homologues des autres pays pour ce rendre compte de la pertinence de ces revendications.
Jean-Pierre Minne