Le plateau de Millevaches dispose d’un patrimoine uranifère particulièrement riche (anciennes mines, comme celle du Longy sur la commune de Millevaches). Va-t-on bientôt l’enrichir encore un peu plus ? AREVA projette d’utiliser la mine du Longy comme lieu de stockage de résidus miniers (ce qu’on appelle des stériles). L’opposition à ce projet se mobilise.
Le Longy est une ancienne mine à ciel ouvert, qui est aujourd’hui mise en eau. Elle se situe à 250 mètres environ au sud-ouest du village du Longy, sur la commune de Millevaches. Selon les données d’AREVA, que nous mentionnions dans un dossier paru dans IPNS en 2010 (1), des mesures de la radioactivité de surface sur la verse à stériles donnaient des taux 2 à 5 fois supérieur à la radioactivité naturelle ambiante habituelle, avec quelques points pouvant atteindre un facteur 10.
En projetant de stocker de nouveaux stériles sur le site, AREVA a suscité la réaction de quelques habitants qui se sont réunis en association pour s’opposer au projet. La Loutre fluorescente, c’est son nom, a lancé une pétition, écrit au préfet de la Corrèze, aux présidents de la Région et du Parc, ainsi qu’à la maire de Millevaches dont la majorité du conseil municipal accueille avec bienveillance la proposition d’AREVA. Pourtant 50 habitants sur 70 ont signé la pétition contre les stériles ! Nous publions ici la lettre adressée au préfet de la Corrèze par les membres du collectif La Loutre fluorescente.
- Monsieur le Préfet,
Nous vous adressons ce courrier afin de vous faire connaître notre totale opposition à d’éventuels dépôts ou stockages (définitifs ou provisoires) de stériles miniers et autres déchets radio-actifs sur le site de l’ancienne mine uranifère située sur la commune de Millevaches au lieu-dit Le Longy.
D’une part, la méconnaissance des conséquences sur l’environnement d’un tel dépôt, nous fait craindre non seulement une pollution de notre environnement immédiat, mais également une pollution hydrologique qui risque de se répandre bien en aval, et affecterait de nombreux cours d’eau situés sur le bassin Adour Garonne.
D’autre part, les conséquences économiques ne manqueraient pas d’être graves sur le développement du tourisme vert, la qualité du produit de l’élevage limousin et de l’agriculture, et sur la valeur des biens immobiliers. Sans parler de la dévalorisation de l’image du Parc Naturel Régional qui a bénéficié de subventions publiques pour l’installation de la maison du PNR dans le bourg de Millevaches, à 1000 mètres du site du Longy.
De plus, ce projet est annoncé, mais dans une totale opacité. Les citoyens ne sont destinataires d’aucune information fiable alors qu’il serait question dans un premier temps d’un dépôt de 3000 tonnes nécessitant 150 camions. Avec le risque de dispersions de poussières nocives qu’implique un tel convoi.
Nous avons l’intention d’organiser une réunion publique d’information, en espérant disposer d’éléments concrets dès que le dossier d’AREVA sera déposé à la DREAL fin mai 2015: suivi de l’état des lieux, nouvelles mesures de la radio-activité, état des clôtures, statut administratif et juridique du site du Longy. Le changement de destination de ce site (de mine à lieu de stockage) ne nécessiterait-il pas une enquête publique ?
La petite commune de Millevaches va déjà devoir gérer à vie ce lourd “héritage“ d’exploitation minière, cela représente un coût qui sera totalement à la charge des collectivités locales en 2018, et nous ne pouvons pas accepter d’être “la poubelle nucléaire“ du Plateau de Millevaches, au centre du PNR.
46 habitants de Millevaches ont d’ores et déjà signé une pétition qui sera jointe au courrier qui vous sera adressé par la mairie de Millevaches. Une pétition circule actuellement sur le Plateau et ses abords et rencontre une très large adhésion de la population : nous vous la ferons parvenir fin juin.
Nous avons besoin de connaître l’avancée exacte de ce projet et la position de la préfecture sur ce dossier.
Contact :
Collectif « La loutre fluorescente », 6 Le Magimel 19290 Millevaches. Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
(1) Pour en savoir plus sur l’uranium sur le Plateau, reportez-vous aux numéros 29 et 30 d’IPNS