Casse-rôles casse les rôles

Dans les livres pour enfants, les attributs du féminin et du masculin sont toujours les mêmes : aux femmes le tablier et la poussette, aux hommes l’attaché-case quand ils rentrent du travail, puis le fauteuil et les lunettes pour lire le journal… « Papa lit et maman coud. »
C’est pour « casser ces rôles » qu’est né en 2017 le journal Casse-rôles édité en Creuse. Contraception, IVG, violence, viol, mutilations sexuelles, harcèlement, parité, inégalités salariales, travail domestique, prison, guerre, éducation, pornographie, prostitution, etc. : depuis sa création Casse-rôles se propose de dresser un état des lieux, de recenser ce qui se publie sur ces questions et de donner la parole à des femmes et des hommes anonymes qui résistent aux stéréotypes sexistes : « Ainsi, nous rendons visibles les luttes des femmes, notamment les plus vulnérables ou marginalisées, mais aussi celles que nous pourrions qualifier de “remarquables“ par leurs actions menant à améliorer la situation des femmes et des hommes. »

Le dernier numéro (n°23, février 2023) est consacré à l’écoféminisme. La revue explique : « À l’heure des grandes catastrophes écologiques, il fallait consacrer un dossier à ce pan du féminisme qui remet le plus radicalement en cause les fondamentaux de nos sociétés industrielles. Il n’est pas facile de définir l’écoféminisme. Ce mouvement multiforme est le seul au sein du féminisme à déborder largement la seule question des inégalités sexuelles : il les associe à une forme de pensée binaire néfaste qui a scindé le monde en deux parts inégales répétées à l’infini, le supérieur disposant de l’inférieur comme d’une ressource et détenant seul l’intelligence, la raison, la vérité (…) L’écoféminisme prétend aussi renouveler complètement la pensée qui a poussé l’Occident à conquérir, exploiter et ravager depuis des millénaires. Pour refuser les binarités toxiques, on y trouvera des activistes des premières nations protégeant la terre sacrée et des scientifiques chevronné·es osant se poser des questions sacrilèges, de celles qui font tomber l’homme de son piédestal. On y trouvera de brillantes théoriciennes, des poètes et des mères révoltées, des artisanes, des sorcières. Elles ne se ressemblent pas, mais forment un énorme corps de résistance active, psychique et intellectuelle au socle patriarcal et capitaliste de nos sociétés. »
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