Seules 12,5 % des forêts du territoire sont publiques : domaniales, communales et sectionales.
L’Office national des forêts (ONF)
L’ONF (www.onf.fr) est un office public, créé en 1964 (en succession partielle de l’Administration des Eaux et forêts créée en 1291 !) dont le rôle est d’assurer la gestion des forêts publiques. Au moment de sa création, Edgar Pisani, alors ministre de l’Agriculture, déclarait que l’ONF est “un outil à disposition d’une industrie qui a besoin de ses produits“. La loi d’orientation forestière de 2001 a élargi les missions de l’ONF, au-delà de la production de bois, à l’accueil du public et à la protection du territoire et de la forêt. Depuis 2010, le président du conseil d’administration de l’ONF est Hervé Gaymard. La forêt du plateau dépend de l’ONF Centre- Ouest-Auvergne-Limousin, couvrant la Bretagne, le Centre, les Pays-de-la- Loire, le Poitou-Charentes, l’Auvergne et le Limousin.
Les forêts domaniales
Les forêts domaniales sont la propriété de l’État. Elles relèvent le plus souvent du ministère de l’Agriculture. Dans certains cas, elles peuvent dépendre d’autres ministères, comme le camp de La Courtine, dépendant du ministère des armées. Dans ces forêts, l’ONF définit seul les orientations stratégiques et met en oeuvre l’intégralité du processus de gestion et d’exploitation de la forêt.
Les forêts communales et sectionnales
Les communes peuvent être propriétaires des forêts présentes sur leur territoire. Certaines forêts peuvent être la propriété des sections de communes. Selon le Code général des collectivités territoriales (articles L2411-1 et suivants), “constitue une section de commune toute partie d’une commune possédant à titre permanent et exclusif des biens ou des droits distincts de ceux de la commune“. Les sections ont pour vocation la gestion des biens sectionaux, patrimoine collectif des habitants de la section, qui ont la jouissance des biens dont les fruits sont perçus en nature (affouage, cueillette). Ces forêts communales et sectionales peuvent être regroupées dans des groupements syndicaux forestiers (GSF). Selon le Code forestier (article L148-13 et suivants), les GSF sont des établissements publics à caractère administratif, regroupant des personnes morales propriétaires de forêts, dans l’objectif de gérer et d’améliorer la rentabilité de ces forêts. La propriété de ces forêts est transférée au GSF. Le plus souvent, l’ONF apporte une expertise aux élus pour définir les orientations de gestion de ces forêts. La définition de ces orientations reste théoriquement de l’entière compétence des élus, l’ONF n’assurant que la mise en oeuvre de ces choix stratégiques. Cependant, un texte officiel permet aux institutions de déléguer la gestion de leur forêt à des prestataires privés.
87,5 % des forêts du plateau appartiennent à environ 20 000 propriétaires privés, dont un tiers non résidents sur le territoire et un tiers en dehors de la région. Les deux tiers de ces propriétés ont une surface inférieure à 4 hectares, mais en parallèle, de très grandes parcelles sont rachetées par des groupes financiers (banques, assurances…) - avec un objectif d’exonération fiscale ou d’anticipation sur le marché des crédits carbone ? Trois coopératives forestières sont présentes sur le plateau, et gèrent la grande majorité du patrimoine forestier privé. Elles proposent une prestation globale aux propriétaires, incluant gestion des parcelles, travaux de sylviculture et commercialisation.
Unisylva
Unisylva (www.unisylva.fr) est une “coopérative forestière créée et gérée par les propriétaires“. Basée à Limoges, elle est issue de la fusion en 2004 de six coopératives (Copafor, Coopérative forestière du Centre, Coopérative de Décize, Gedef, Geprobois et Sylvaubois). Ses principaux domaines d’action sont l’exploitation du chêne (43 % du volume commercialisé) et des résineux (52 %). Elle représente “la plus grande réserve de douglas de toute la France“. Présente dans quatre régions (Auvergne, Bourgogne, Centre et Limousin), elle regroupe 10 500 adhérents, représentant 350 000 ha de forêts, dont 150 000 ha sous “gestion durable“. Unisylva est labellisée ISO 14001 et PEFC. Le bois est commercialisé en France, Belgique, Italie et Espagne. Son chiffre d’affaire est de 40 millions d’euros. Le président de la coopérative est Georges de Montlaur et la présidente pour la région limousine est Chantal Dupré-Zakarian.
Coopérative Forestière Bourgogne
Limousin (CFBL) La CFBL (www.cfbl.fr) est une coopérative de propriétaires forestiers créée en 2003 suite à la fusion de la CFL en Limousin-Auvergne et de l’UFOB en Bourgogne. Elle travaille essentiellement sur deux essences : le douglas et le chêne. Elle est présente principalement dans les régions Auvergne, Bourgogne et Limousin, ainsi que dans quelques départements limitrophes ; elle regroupe 10 000 adhérents, représentant une surface de 88 000 ha de forêts. En 2010, la CFBL a commercialisé 614 000 m3 de bois, pour un chiffre d’affaire de 28 millions d’euros. La CFBL a créé deux filiales : B.BAL, qui développe les granulés de bois, et MECAFOR, société d’abattage mécanisé (rachetée en intégralité en 2007). Elle détient par ailleurs – ainsi qu’Unisylva – des parts dans la société FSA (Forêt et sciages d’Autun) , spécialisée dans le douglas. Son président est Yves Rambaud, propriétaire de forêts en Corrèze et en Haute-Vienne, aujourd’hui retraité, après une carrière dans des fonctions marketing et commerciale (Procter & Gamble France) et de direction générale (ICI Paints France).
Coopérative Agricole et Forestière Sud-Atlantique (Cafsa)
La Cafsa (www.cafsa.fr) se présente comme la coopérative forestière “leader européen de la sylviculture“. Elle est implantée dans quatre régions : Aquitaine, Poitou- Charentes, Limousin et Midi-Pyrénées. Elle regroupe plus de 30 000 adhérents, représentant une surface forestière de 800 000 ha. En 2009, la Cafsa a commercialisé 2 millions de tonnes de bois, pour un chiffre d’affaire de 90 millions d’euros. Elle possède trois filiales : Forelite, spécialisée dans la production de graines et de plants forestiers, S.DIGIT, spécialisée dans les systèmes d’information géographique (SIG), et Bois et Forêts Sud-Atlantique, spécialisée dans l’exploitation forestière et le négoce des grumes. Depuis la fusion avec Cofogar et Forestarn, la Cafsa est devenue le plus grand groupe forestier de France (représentant 60 % des volumes de bois commercialisés par la coopération forestière française) et d’Europe. Son président est Henri de la Vergne de Cerval, propriétaire aquitain et son représentant en Limousin est H. Cholet.
La forêt du plateau représente avant tout une source de revenus financiers, grâce à l’exploitation du bois qu’elle produit. Il semble clair que seules les collectivités territoriales sont susceptibles, dans le cadre de leurs politiques de développement local, de faire concilier cet objectif de production avec d’autres vocations (paysage, patrimoine, éducation, tourisme, biodiversité…).Différents modes de gestion permettent de valoriser économiquement la production de bois. Il semble cependant difficile de sensibiliser les propriétaires ne vivant pas sur le territoire de l’intérêt d’une gestion plus douce que la futaie régulière monospécifique, présentée comme le modèle permettant de maximiser les profits. Dans un premier temps, un travail de sensibilisation et de formation mériterait d’être réalisé auprès des élus et propriétaires du territoire, afin de leur permettre de définir des objectifs de gestion plus “durables“. La mise en oeuvre locale de ces pratiques pourrait par la suite servir de référence pour faire évoluer à un niveau plus large la gestion de la forêt du plateau. C’est l’objectif que s’est assigné l’association Nature sur un Plateau.