Ce rapport synthétise les résultats du suivi de la qualité de l’eau entre juillet 2011 et janvier 2014. Le suivi porte sur six critères, liés aux activités agricoles (nitrates, pesticides, sélénium), à un mauvais fonctionnement des systèmes de traitement (qualité bactériologique, aluminium), et à une pollution naturelle de la ressource (radioactivité). Certains critères (pesticides, sélénium, aluminium, radioactivité) n’ont cependant pas été systématiquement étudiés sur l’ensemble des communes du Plateau : les résultats ne sont donc pas exhaustifs et des communes peuvent être plus concernées qu’il n’y paraît ici.
Les résultats présentés ne définissent pas nécessairement la potabilité de l’eau, qui prend en compte l’ensemble d’une cinquantaine de critères. Dans cette étude, certains critères – pesticides, nitrates, sélénium, E. coli et entérocoques, sont des “limites de qualité“, et d’autres – coliformes, aluminium et radioactivité, ne sont que des “références de qualité“ (chacun y verra sa propre interprétation sur l’existence et le classement de ces deux niveaux de normes).
La qualité de l’eau sur le Plateau
L’étude précise néanmoins clairement certaines problématiques spécifiques des territoires. Et questionne sérieusement le mythe de l’eau pure du Plateau.
Sur les 116 communes du
PNR :
- l’eau est “bonne“ (moins de 5 % d’analyses non conformes) dans 16 communes
- l’eau est “passable“ (de 5 % à 25 % d’analyses non conformes) dans 47 communes
- l’eau est “médiocre“ (de 25 % à
50 % d’analyses non conformes) dans 33 communes
- l’eau est “mauvaise“ (de 50 % à
75 % d’analyses non conformes) dans 5 communes
- l’eau est “très mauvaise“ (plus de
75 % d’analyses non conformes) dans 15 communes
La qualité de l’eau sur les communes du PNR (d’après UFC-Que Choisir)
Les sources de pollution
Les pollutions d’origine agricoles (pesticides, nitrates, sélénium) n’entraînent que très occasionnellement des dépassements des “limites de qualité“ sur le territoire. Ceci n’indique cependant pas que le territoire en est exempt, au moins en raison du fait que les pesticides n’ont pas systématiquement été recherchés.
Les problèmes de qualité bactériologique sont plus récurrents, et sont le plus souvent liés à une vétusté ou une absence d’installations de traitement. Ils traduisent la présence de bactéries types coliformes ou entérocoques, susceptibles de créer des troubles intestinaux. Ils expliquent la “mauvaise“ qualité de l’eau sur les communes d’Eymoutiers, Faux-la-Montagne, et Aix ; ils sont très fréquents sur un des réseaux de Nedde.
En revanche, deux sources de pollution affectent sérieusement la qualité de l’eau, et entraînent de fréquents dépassements des “références de qualité“ sur certaines communes : l’aluminium et la radioactivité. Rappelons que tous les captages n’ont pas été suivis sur ces deux critères.
L’aluminium
Alors que l’aluminium, dans la plupart des régions, provient du processus de potabilisation de l’eau (ajout de sels d’aluminium pour provoquer la floculation des matières organiques en suspension), sur le Plateau, sa source est plutôt d’origine naturelle : l’acidité des sols et les conditions climatiques provoquent une solubilisation de l’aluminium présent dans les roches et son transfert vers les bassins-versants et les points de captage. Les pratiques agricoles et surtout forestières qui renforcent l’acidification des sols sont à questionner dans ce processus, de même que les plans d’aménagement accélérant le déplacement des eaux et le transfert des polluants qu’elle contient (suppression des zones tampons comme les tourbières). Bien que le lien n’ait pas encore été prouvé scientifiquement, des présomptions existent sur son rôle dans le développement de troubles neurologiques comme la maladie d’Alzheimer.
Des taux d’aluminium supérieurs à la référence sont trouvés ponctuellement sur les communes de Gentioux, Peyrelevade et Saint Setiers. Les communes les plus touchées (plus de 75 % d’analyses non conformes dans au moins un des captages) sont Saint Sulpice-les-Bois, Toy Viam, Tarnac, Peyrelevade, Chaumeil, Saint Yrieix-le-Déjalat, Bonnefond et Pérols-sur-Vézère.
La radioactivité
La radioactivité provient de la roche-mère granitique ; elle est inhérente à la géologie du territoire. Les études épidémiologiques n’ont pas (encore) permis d’établir un lien entre l’ingestion d’aliments et d’eau contaminés et l’apparition de cancers ; il est cependant conseillé d’en limiter la consommation.
Plusieurs communes sont sérieusement affectées, avec des dépassements de plus de 75 % des analyses sur au moins un des captages : Soudeilles, Ambrugeat, Saint Augustin, Chaumeil, Treignac, Peyrelevade, Chavannac, Sornac, Saint Sulpice-les-Bois.
Donc de l’eau en bouteille ?
Transformation de l’eau en bien de consommation achetable au supermarché, transport sur de longues distances, emballages plastique, possibilité de dissolution de molécules issues de la pétrochimie lors du stockage des bouteilles dans des mauvaises conditions... L’idée ne fait pas rêver ! En attendant une vraie prise en compte de ces problématiques par les pouvoirs publics, il existe des systèmes individuels de filtres efficaces, à brancher sur l’arrivée d’eau potable, valant de 100 à 300 € - l’organisation d’achats groupés pouvant permettre de négocier...
Gaël Delacour
(1) http://www.quechoisir.org/app/carte-eau/