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Arrêtez le massacre !

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Date
vendredi 1 septembre 2023 15:44
Numéro de journal
84
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chasse oiseauxLa France compte 1 224 000 chasseurs (7 800 en Creuse, 8 500 en Haute-Vienne et 10 000 en Corrèze) et notre législation nationale recense 64 espèces d'oiseaux chassables dont 49 espèces migratrices. Un record absolu dans l'Union européenne. À titre de comparaison, les chasseurs ne sont que 300 000 en Allemagne et il n'y a que 13 espèces chassables (dont 8 espèces migratrices) en Belgique. La France est aussi le seul pays européen où l’on peut chasser sur la période la plus longue. L’enchevêtrement des périodes de chasse, selon les espèces et les différents modes de chasse, est complexe. Mais globalement, il permet d’aboutir à une période de chasse de 7 mois sur 12, soit plus de la moitié de l’année !

 

La Directive Oiseaux, dont la première version date du 2 avril 1979, est une législation européenne qui réglemente la protection, la gestion, la régulation et l'exploitation de toutes les espèces d’oiseaux sauvages présentes naturellement sur le territoire des États membres de l'Union Européenne (UE).
Son annexe I précise les espèces prioritaires, du fait de leur statut de conservation, rareté ou spécificité écologique, pour lesquelles les États membres doivent prendre des mesures spécifiques de protection. Son annexe II indique les espèces d’oiseaux dont la chasse peut être autorisée dans les États membres à condition qu’elle ne porte pas atteinte à leur conservation. Les espèces listées dans la première partie de l’annexe II peuvent être chassées dans tous les États de l'UE tandis que celles listées dans la deuxième partie ne peuvent l'être que dans les pays spécifiés. Selon sa législation nationale, chaque État peut toutefois choisir d’autoriser ou non sur son territoire la chasse des espèces listées dans cette annexe II. C’est pourquoi des différences considérables du nombre d’espèces chassées existent d’un État à l’autre.

 

Les espèces chassées en Europe

Selon les statuts de conservation des espèces et la volonté des États membres de l'UE de soustraire de la chasse les espèces en mauvais état de conservation, la majorité des pays ajuste leur législation nationale visant la liste des espèces chassables sur leur territoire, avec une moyenne européenne de 24 espèces d'oiseaux chassables. Au Danemark, seules 29 espèces d’oiseaux peuvent ainsi être chassées ; 13 en Belgique et seulement 3 aux Pays-Bas…

 

Qu’en est-il de la France ?

Avec 64 espèces d’oiseaux chassées, la France détient le record en Europe ! Ce triste record s’expliquerait pour certains par une plus forte richesse de l'avifaune française : nous accueillons une plus grande diversité d'oiseaux, donc nous en chassons plus. C’est faux ! Même si le nombre d’espèces chassées dans les pays de l’UE augmente avec le nombre d’espèces d’oiseaux régulièrement présents dans chaque État, la France fait bien exception et chasse deux fois plus d’espèces par rapport à sa richesse spécifique (18 %) que dans l’UE (8 %). Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), la France « prélèverait » plus de 25,5 millions d’oiseaux par an... L'arrêté du 26 juin 1987 fixe la liste des espèces d'oiseaux que l'on peut chasser sur le territoire européen de la France et dans sa zone maritime. Le pigeon ramier, le faisan, les grives, la perdrix rouge, le canard colvert, la perdrix grise et la bécasse sont les animaux les plus tués. Soit le quart du tableau de chasse de l’ensemble des pays européens. La France est le seul pays à autoriser, à l'encontre des lois européennes, une chasse en février, période de retour de migration. Un oiseau tué à cette période, c'est un oiseau qui ne se reproduira pas… Même s'ils ne sont pas tués lors de leur retour, les migrateurs ont besoin de pouvoir se nourrir et se reposer en paix durant les étapes de leur voyage. Parcourir quelquefois des milliers de kilomètres demande une grande dépense d'énergie qu'il faut renouveler. Lorsqu'ils sont victimes de la chasse à cette période, ils ne peuvent le faire normalement et ce sont des oiseaux affaiblis qui arrivent au terme de leur migration, ce qui hypothéquera fortement le succès de la reproduction. Ainsi, nos voisins espagnols qui hébergent un plus grand nombre d’espèces régulières que nous, ou l'Italie qui possède une richesse avifaunistique équivalente à celle de la France, ne chassent que 34 espèces. Selon la liste rouge française et européenne, plus d’un quart des espèces d’oiseaux chassables en France sont « en mauvais état de conservation » (20 espèces sur 64). Fragilisées par la détérioration des milieux naturels et la raréfaction des ressources alimentaires, ces espèces doivent en plus subir la chasse « loisir ». Cette pression est inacceptable car elle concerne des oiseaux dont il ne reste que quelques dizaines ou centaines de couples nicheurs dans notre pays, comme, la Bécassine des marais ou la Sarcelle d’été !

 

blaireau pense chasseurEspèces en mauvais état de conservation

La France détient également un autre record européen : nous chassons le plus grand nombre d’espèces en mauvais état de conservation dans l’UE ! En moyenne, les pays européens ne permettent la chasse que de 5 espèces en mauvais état de conservation. En France, nous chassons un total de 20 espèces menacées de disparition : 
• 17 espèces migratrices dont il convient de prendre en compte le statut de conservation UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) à l'échelle européenne.
• 1 espèce sédentaire (Grand tétras) classée « Vulnérable » pour la sous-espèce pyrénéenne (aquitanicus).
• 2 espèces sédentaires (Perdrix bartavelle et Lagopède alpin) dont le statut de conservation en Europe présage d’une évolution défavorable en France.
La chasse aux dits « nuisibles », elle, ouvre la porte à toutes les atrocités, puisqu'il n'y a pas de règles en la matière. Le déterrage des blaireaux, par exemple, avec une mise à mort abjecte, est particulièrement odieuse. Le chasseur porte en lui une part sombre, qu'il cherche à cacher derrière une allure bonhomme de bon pépé, et maintenant, comble du greenwashing, d'amoureux de la nature !


Michel Bernard

Sources : (LPO) Ligue pour la Protection des Oiseaux, UICN (Union internationale pour la conservation de la nature)

1- Branche ou planchette enduite de glu pour attraper les petits oiseaux.
2 - Ensemble des pièges fixes ou mobiles pour capturer les oiseaux de passages.
3 - filets horizontaux.
4 - Une matole est un piège qui prend l’oiseau vivant. L'oiseau est d'abord attiré par un appelant, puis il se dirige vers les grains de millet répandus sous chaque matole. En picorant, l'oiseau déséquilibre parfois la tige de fer qui retient la petite cage et il se retrouve prisonnier.

 

Le Conseil d’Etat enterre définitivement les chasses traditionnelles d’oiseaux sauvages

À la demande de la LPO, la plus haute juridiction administrative française ordonne, dans une décision rendue le 24 mai 2023, l’abrogation d’arrêtés vieux de près de 35 ans qui encadraient des pratiques de piégeage traditionnel d’oiseaux sauvages, déjà jugées illégales au regard du droit européen à plusieurs reprises.
Dans un recours déposé le 14 décembre 2021, la LPO demandait l’intervention du Conseil d’État à la suite du rejet implicite par le ministre de la Transition écologique de ses demandes d’abrogation des 5 arrêtés-cadres du 17 août 1989 relatifs aux chasses traditionnelles d’oiseaux sauvages :
• l'emploi des gluaux1 pour la capture des grives et des merles destinés à servir d'appelants dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse,
• la tenderie2 aux vanneaux dans le département des Ardennes,
• la tenderie aux grives dans ce même département,
• la capture de l’alouette des champs au moyen de pantes3 dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques,
• la capture de l’alouette des champs au moyen de matoles4 dans les départements des Landes, du Lot-et-Garonne et du Tarn-et-Garonne.
Ces arrêtés-cadres constituent le socle juridique sur lequel se basait chaque année le ministère pour autoriser ces pratiques et fixer des plafonds de prélèvements annuels. Or, comme le Conseil d’État l’a déjà reconnu dans plusieurs décisions d’annulation de ces arrêtés annuels, ces modes de chasse méconnaissent les objectifs fixés par la Directive européenne « Oiseaux » du 30 novembre 2009 en ce qu’ils ne démontrent pas leur caractère sélectif, ni l’absence d’autre solution satisfaisante.
Dans leur décision du 24 mai, les juges ont donc enjoint au ministre de la Transition écologique, chargé de la chasse, d’abroger définitivement les trois arrêtés-cadres relatifs à l'emploi des gluaux, à la tenderie aux vanneaux et aux grives, dans un délai de deux mois. Suite à des modifications subtilement apportées en octobre 2022 lors d’une énième tentative gouvernementale de maintenir ces modes de chasses traditionnelles sous la pression des lobbies cynégétiques, les deux arrêtés-cadres de 1989 concernant la capture des alouettes à l’aide de pantes et de matoles ont de facto été déjà abrogés. Ceux qui les ont remplacés ont été à nouveau attaqués par la LPO et sont en attente d’être jugés.
  • Thème
    Chasse
  • chasse | chasses traditionnelles d’oiseaux sauvages | LPO | chasse | oiseaux
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
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