Les associations environnementales du Limousin interpellent les préfectures.
Madame la préfète de la Haute-Vienne,
Madame la préfète de la Creuse,
Monsieur le préfet de la Corrèze,
Les signataires de cette lettre sont engagés sur le territoire du Parc naturel régional de Millevaches en Limousin, et plus généralement sur l'ensemble du Limousin, dans des actions de protection ou de valorisation de l'environnement. Depuis de nombreuses années, ils interviennent pour mieux connaître ses richesses naturelles, les faire partager au plus grand nombre par des actions pédagogiques, mais aussi pour les préserver et les protéger, et cela, dans la mesure du possible, en lien avec les autres acteurs et usagers du territoire. Ils promeuvent également des pratiques plus respectueuses et moins destructrices dans l'usage des ressources de notre région comme la forêt, le bois ou l'eau.
Depuis plusieurs années, nous constatons que les loisirs et sports de pleine nature bénéficient d'un engouement du public. Par leur fréquence et le nombre de personnes concernées, des manifestations de cet ordre posent des questions qui ne sont pas toujours gérées et résolues de la manière la plus adaptée. Nous en avons eu un exemple regrettable en novembre dernier avec l'En'Duo d'Aubusson, cette course de plus de 400 motos sur 150 km dont le circuit a traversé des zones sensibles qu'il eût été préférable d'éviter, comme le ruisseau du Pic à proximité des cascades d'Augerolles ou comme les sources du Thaurion. Vous connaissez les événements qui ont conduit les organisateurs de cette course à devoir la suspendre au milieu de son déroulement. Nous nous interrogeons sur les moyens d'éviter que ne se renouvellent de tels incidents qui, par ailleurs, ont généré des tensions entre habitants du territoire.
Nous sommes persuadés que les regroupements massifs d'engins motorisés, les courses de voiture (comme feu le rallye du Limousin), de quads ou de motos (comme l'En'Duo), n'auront à terme plus de légitimité au regard des enjeux considérables que posent le changement climatique, la baisse de la biodiversité, la vulnérabilité de la ressource en eau, le nécessaire chemin que nous devons entreprendre vers une société plus sobre et moins consommatrice d'énergie. Il nous paraît clair que de telles pratiques ne pourront plus perdurer si l'on prend au sérieux les enjeux que nous venons de rappeler.
Pour autant, nous sommes conscients que cette direction heurte des habitudes et des usages qu'il n'est pas question aujourd'hui de proscrire de manière autoritaire. Il faut au contraire accompagner les organisateurs et pratiquants de ces sports de pleine nature, qu’ils soient motorisés ou non, vers une modification de leur pratique et les amener progressivement à prendre conscience des limites qui, indubitablement, s'imposeront dans l'avenir. Il ne s'agit donc pas de stigmatiser des individus ou des manifestations, mais tout simplement de revoir avec eux les conditions d'exercice de leur loisir. Pour cela, les services de l'État ont un rôle important à jouer qui peut, à nos yeux, être amplifié et enrichi au-delà des seules contraintes légales aujourd'hui définies. Nous pensons, pour notre part, pouvoir contribuer à l'évolution positive des pratiques concernées dans les années à venir. Dans cet esprit nous imaginons la rédaction d'un guide ou d'un document de communication qui pourrait être largement diffusé sur le territoire auprès de tous ses usagers.
Mais, dans un premier temps et avec une certaine urgence, il nous semble important de se fixer, en lien avec vos services, des procédures plus exigeantes et transparentes pour préparer et autoriser de nouvelles manifestations sportives d'envergure sur le territoire du Parc naturel régional. Ainsi, nous proposons :
Ces propositions sont évidemment à préciser ensemble et des pistes complémentaires peuvent sans doute être ajoutées. Nous sollicitons donc une rencontre avec vos services pour étudier les modalités de mise en œuvre de tels dispositifs et renforcer ainsi la meilleure protection des richesses dont nous sommes les dépositaires-usagers.
Associations signataires :