Tunisie, juin 2023. Le discours raciste du président, génère violences et chasse aux migrants sub-sahariens qui seront expulsés et abandonnés en plein désert. Juillet 2023 : signature d’un partenariat Union Européenne Tunisie accordant une aide financière en contrepartie du contrôle des départs de migrants, de la reprise de leurs ressortissants refusés en Europe, ainsi que des personnes d’autres nationalités afin de faciliter leur retour vers leurs pays. Soudan juin 2023 : la guerre civile fait rage au Soudan ; les janjawid 2 massacrent les Darfouri . Ces mêmes janjawid avaient bénéficié de formations et de subventions de l’union européenne dans le cadre du protocole de Khartoum en 2014 pour contrôler les frontières afin de limiter les départs vers l’Europe3. A l’époque Omar el-Béchir, dirigeant du Soudan, était recherché par la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité et génocide. Août 2023 : à la frontière entre Yémen et Arabie saoudite, massacres de centaines de migrants africains venus de l’autre rive de la mer rouge. L'Arabie saoudite tente de s'imposer comme l'une des destinations touristiques les plus avant-gardistes au monde (euronews 01/12/2022). C’est aussi un des premiers clients de la France pour l’achat d’armes.
L’Europe a accordé à la Lybie depuis 2015 455 millions d'euros essentiellement pour la gestion des migrations et des frontières. La Turquie a touché depuis 2016 1,235 milliard d’euros pour garder les exilés dont l’Europe ne veut pas. La commission européenne travaille à une réforme intitulée « pacte européen sur la migration et l‘asile » qui devrait être présenté au parlement européen avant avril 2024. Les mesures proposées mobilisent des moyens colossaux pour établir des barrières physiques, juridiques technologiques et des camps afin de maintenir les exilés hors d’Europe. Des partenariats sur mesure, éventuellement informels et confidentiels sont prévus en se dispensant du contrôle des parlements. Ils prévoient de conditionner l’aide au développement à la gestion des questions migratoires en externalisation cette gestion : formation des gardes-frontières (dans ce contexte quid de l’espace de libre circulation - CDAO - en Afrique de l’ouest ?), débarquement des personnes secourues en mer dans les ports d’Afrique du nord , délivrance des visas fonction de la réadmission des expulsés, murs et camps. Cela concerne tous les pays, de la méditerrannée aux Balkans et l’agence Frontex y joue un rôle majeur. Hot spots aux frontières de l’Europe (centres de tri rapide entre les exilés éligibles à une demande d’asile et ceux qui seront renvoyés). Modification des règles de l’asile (enfermements, délais de recours raccourcis, refoulements aux frontières, fichages encore plus serrés). Mais la migration des personnes hautement qualifiées serait facilitée ! Les entraves à la mobilité et les expulsions se font sans contrôle parlementaire démocratique ou judiciaire. Certains partenaires ne brillent pas par leur respect des droits humains.
Pas grand-chose de neuf dans ce pacte fondé sur une approche toujours plus répressive au service de l’endiguement et de l’expulsion des personnes si ce n’est encore plus de rejets au mépris des droits fondamentaux. L’argument de l’Europe est de protéger les exilés des dangers du voyage et des passeurs, c’est sans doute pour cela que l’Italie entrave les bateaux de secours des ONG. Les personnes exilées mourront encore plus sur des routes toujours plus dangereuses. Les sommes colossales dépensées seraient mieux utilisées pour accueillir et intégrer. L’ingérence de l’Europe au sein des pays de départ est de plus en plus mal vécue par les populations.