La Vipère aspic est caractérisée par un polymorphisme de colorations dorsales important, allant du jaune au rouge brique et du gris au marron clair. Les dessins foncés (zigzags) du dos et des flancs sont aussi variables. Sa face ventrale varie entre le noirâtre, blanchâtre et rougeâtre, avec ou sans tache. Les pupilles sont verticales, l’iris jaune à brun rouge avec 2 rangées d’écailles entre l’oeil et les plaques supralabiales. Son museau, tronqué et retroussé, est caractéristique de l’espèce en France.
À l’âge adulte, les femelles sont plus grosses et grandes que les mâles et peuvent atteindre respectivement 81 cm et 75 cm, pour un poids dépassant rarement les 250-300 g. En conditions naturelles, l’âge maximum connu des femelles est de 13 ans, alors qu’il est de 18 ans pour les mâles. En captivité, cette espèce pourrait vivre jusqu’à 30 ans.
La Vipère aspic est assez ubiquiste et apprécie les milieux ensoleillés tels que les friches, les vignes, les broussailles et les milieux bocagers. Dans un habitat favorable, le domaine vital de cette espèce est généralement inférieur à un hectare. Celui des mâles est habituellement plus grand que celui des femelles : ils se déplacent plus pour rechercher ces dernières. Les déplacements de cette espèce sont courts mais peuvent atteindre 1 100 m en moins de 2 jours. Les femelles gestantes se déplacent moins que les non gestantes.
Son régime alimentaire est principalement constitué de micromammifères (campagnols, mulots, souris), d’amphibiens, d’oiseaux mais comprend aussi des lézards, notamment chez les jeunes. Le temps de digestion varie en fonction de la température et le régime alimentaire influencerait sur la toxicité de son venin. Son optimum serait entre 29 et 32.5°C. La Vipère aspic est la proie de nombreux animaux : les sangliers, les mustélidés (blaireaux et putois notamment), les oiseaux (rapaces, Faisan de Colchide, corvidés), d’autres serpents ou encore les chats domestiques.
Le début de l’hibernation commence entre octobre et début novembre et se termine entre février et mars. Les mâles entrent en hibernation environ quinze jours après les femelles et en sortent une quinzaine de jours avant celles-ci. L’hibernation se fait le plus souvent dans des terriers creusés par d’autres espèces. La période de reproduction s’étend de mars à avril, l’ovulation a lieu en juin et la parturition arrive 2 à 3 mois après. Vivipare, la femelle met bas entre 2 et 11 vipéreaux (en moyenne 7). La femelle a une fréquence faible de reproduction (tous les 1 à 4 ans) et nombreuses sont celles qui meurent après leur première reproduction (tendance à la semelparité). Pour se reproduire plusieurs fois, elles doivent accumuler des ressources lipidiques conséquentes. Généralement, la maturité sexuelle est plus tardive chez la femelle (4 ou 5 ans) que chez le mâle (3 ou 4 ans).
La Vipère aspic est typiquement médio-européenne. Elle est présente en France, dans le nord-est de l’Espagne, en Suisse, en Italie et en Sicile.
En France, sa limite nord s’étend entre le nord de la Loire-Atlantique et la Moselle, en passant par la Sarthe et l’Aube. Elle recouvre le reste de l’hexagone, hormis une partie de la frange méditerranéenne.
Quatre sous-espèces sont présentes en Europe dont deux sont présentes en France : Vipera aspis aspis et Vipera aspis zinnikeri. La première recouvre la majeure partie de l’aire de répartition française et la seconde recouvre les Pyrénées avec un débordement sur le bassin aquitain et le Massif central.
La Vipère aspic se rencontre dans les trois départements du Limousin, mais ses observations restent ponctuelles. Elle est peu observée au-dessus de 700 m, ce qui correspond à la zone de présence de sa cousine la Vipère péliade qui affectionne les milieux plus frais, contrairement à la Vipère aspic qui préfère les milieux chauds et secs.
La Vipère aspic semble présente sur l’ensemble du territoire Limousin, hormis sur le plateau de Millevaches, où les conditions sont plus rudes et plus propices à la Vipère péliade.
Espèce déterminante ZNIEFF, la Vipère aspic figure sur les listes rouges mondiale, européenne et nationale d’espèces menacées avec le statut de préoccupation mineure. Cette espèce est inscrite sur les listes d’amphibiens et des reptiles protégés sur le territoire national. Sa destruction est désormais interdite.
La vipère aspic est sensible aux changements de son habitat et peut être menacée par la fermeture du milieu. Certaines études ont montré qu’une gestion appropriée aux reptiles, ouvrant le milieu tout en maintenant des possibilités d’abris, est favorable pour la conservation de l’espèce. Une bonne gestion cynégétique est également importante. Les relâchés de faisans peuvent causer de nombreux dégâts à certaines populations.
Victime de sa mauvaise réputation, pourtant injustifiée, la Vipère aspic est souvent tuée par les humains. Bien que venimeuse, elle est peu agressive et très craintive. Les cas de morsures sur des humains sont rares et sont souvent la conséquence d’un dérangement du serpent.
Michel Bernard