En pleine période de nidification, quelques semaines avant la mise-bas des chauves-souris, le bruit d’une abatteuse retentit dans une forêt creusoise. Plus de 6 hectares de forêt d’un seul tenant, majoritairement composés de feuillus, vont être rasés à blanc.
Ayant eu vent de la coupe prochaine, Bruno Doucet et une poignée d’habitants de la région, opposés au modèle d’exploitation industrielle des forêts, s’apprêtent à intervenir pour stopper le chantier. Quelques semaines plus tôt, l’association Canopée a dépêché un naturaliste local sur place, pour réaliser un inventaire faunistique. Michel Barataud, un spécialiste des chiroptères, y a détecté pas moins de 11 espèces de chauves-souris. Or, les chiroptères sont tous protégés en France. L’association organise alors une action avec pour empêcher les travaux et éviter leur destruction.
« Je me suis mis entre l’abatteuse et les arbres et j’ai demandé au chauffeur d’arrêter, raconte Bruno Doucet. Il a coupé le moteur. Très amicalement, il nous a dit qu’il était bien désolé et qu’il ne savait pas que des espèces protégées se trouvaient dans cette forêt. C’était paisible, cordial et respectueux. »
Les militants vivent la scène avec étonnement : peu habitués à parvenir à empêcher un chantier avec tant de facilité et sans heurts. Le blocage de la coupe du Bois du Chat à Tarnac début 2023 s'était déroulé de manière plus conflictuelle et en présence de gendarmes : tout comme celle d’une parcelle de feuillus à Sornac à laquelle s’étaient opposés des membres du groupe forêt action du Syndicat de la Montagne limousine, en février 2024. Lors de cette action, la coupe avait été réalisée malgré la présence des militants, dont certains avaient fini au poste de gendarmerie.
« Alliance Forêt Bois ne peut pas faire de forcing et venir tout couper, suppose Bruno pour tenter d’expliquer le déroulé très fluide des événements. Sinon ils se prendraient une grosse amende pour destruction d’espèces protégées ».
« La coupe est stoppée, confirme Yoann Clément, chargé de production chez Alliance Forêt Bois, venu sur place pour rencontrer les militants. Des personnes vont intervenir sur le chantier pour voir s’il y a ces chauves-souris sur les coupes qu’on doit réaliser pour savoir si on doit vraiment stopper la coupe ou si on peut passer par un autre biais », résume-t-il.Après le départ de l'abatteuse, les militants organisent une visite de la parcelle préservée, du moins momentanément, de la coupe rase. Ils y observent de vieux arbres au grand intérêt écologique mais aussi des amphibiens, des terriers pouvant notamment abriter des chauves souris ou encore un pic noir, une espèce protégée en France : tous auraient été privés d’habitats ou directement écrasés sous les roues de l’abatteuse si la coupe rase avait eu lieu.
En attendant la confirmation de la présence d’espèces protégées par des agents de l’OFB (l’Office Français de la Biodiversité), le conducteur de l’abatteuse est envoyé sur un autre chantier : ce dont se félicitent les militants qui ne veulent pas pénaliser l’entrepreneur de travaux forestiers. Ce dernier n’est pas commanditaire de la coupe, mais travaille comme sous-traitant pour Alliance Forêt Bois : la première coopérative forestière de France. Pourtant, il serait légalement responsable en cas de destruction d’espèces protégées.
David, militant local pour la protection des forêts ayant récemment suivi une formation en sylviculture et bûcheronnage y voit « une hypocrisie de la filière » : « Cette responsabilité retombe sur le maillon le plus faible de l’exploitation forestière alors qu’elle devrait retomber sur les épaules du propriétaire ou du gestionnaire, s’agace-t-il. L’entrepreneur de travaux forestiers a des charges monstrueuses qui l’obligent à travailler 14 h par jour : il n’a ni le temps ni l’argent pour missionner un inventaire faunistique avant d’intervenir sur une coupe. Cela montre qu’il faut une loi sérieuse sur la forêt ».
Une loi réglementant la gestion forestière est réclamée depuis plusieurs années par l’association Canopée. Elle demande notamment « l’encadrement des coupes rases », « le soutien à la sylviculture mélangée à couvert continu », ou encore « l’interdiction des pratiques néfastes comme le dessouchage ».
Bruno Doucet insiste également sur l’importance de procéder à des inventaires faunistiques préalablement aux coupes. En effet, si la législation interdit la destruction d’espèces protégées, elle ne contraint toutefois pas à vérifier leur présence avant la réalisation des travaux forestiers.
« On est dans la réflexion sur comment cela pourrait être financé, explique-t-il. Une bonne piste serait que ce soit via la “contribution volontaire obligatoire“ ». Cette cotisation, autrefois volontaire et aujourd’hui renommée « contribution interprofessionnelle obligatoire » doit être versée par tous les professionnels de la filière et propriétaires forestiers. Elle est collectée par l’interprofession France Bois Forêt qui répartit les fonds sur des « programmes de recherche et développement, de promotion technique et générique ainsi que sur une veille économique généralisée”.
« Ce pourrait être de l’argent issu de la vente de bois qui servirait à financer les inventaires d’espèces protégées, propose Bruno Doucet pour que le bois qu’on récolte ne le soit pas en détruisant tout ».
Une meilleure connaissance de la présence de ces espèces pourrait ainsi permettre d’adapter les coupes : de préserver certains arbres ou d’éviter certaines périodes d’abattage.
En 2023, l’ancienne députée de Creuse Catherine Couturier avait déposé une proposition de loi sur « l’adaptation de la politique forestière et des milieux forestiers face au changement climatique ». Passé à la trappe suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, le texte a été redéposé mardi 13 mai 2025 par le député de la 8e circonscription de l'Essonne Béranger Cernon (LFI). Il propose notamment de favoriser la promotion de la sylviculture irrégulière en fixant un objectif de 30 % des forêts françaises gérées en sylviculture irrégulière en 2030, et 70 % en 2050. Le texte propose également d’encadrer les coupes rases en les interdisant au-delà de deux hectares pour les forêts de feuillus ou mélangées, et au-delà de quatre hectares pour les monocultures de résineux.
La Creuse a depuis juillet 2024 un député d'extrême-droite dont le parcours montre une cohérence politique clairement marquée vers le brun... C'est ce que montre le portrait de Bartolomé Lenoir que nous publions ici. Mais, au-delà du bonhomme, c'est la politique qu'il défend qui, contrairement à ce qu'il tente de faire croire, représente un véritable danger pour le département avec un programme social et économique qu'on peut qualifier de carrément « anti-Creuse ».
Pour dissimuler la catastrophe que serait pour le département l'application du programme de son parti, l'Union des droites pour la République (UDR) d'Éric Ciotti, Bartolomé Lenoir utilise un subterfuge dont usent tous les extrémistes de droite : lancer des fake news et attiser la peur. Vendredi 18 octobre 2024, sur France 3, il annonçait « une initiative forte contre l'extrême gauche en Creuse » affirmant qu’il y avait « dans le sud du département des comportements tout à fait inacceptables. » « Je ne veux pas que la Creuse devienne une ZAD » disait-il, au même niveau intellectuel que Trump et ses immigrés qui « mangent des chats. » Lui-même riche angevin, très parisien et peu creusois, Lenoir sortait « je ne veux pas que des gens qui ne sont pas creusois nous imposent leur culture ». Et de questionner le ministre de l'Intérieur, le 12 novembre, sur la pseudo- «Zad » du Chammet sur la commune de Faux-la-Montagne qui serait, selon lui, la base d'une centaine d'activistes d'ultra-gauche. Dans une pétition lancée quelques jours plus tôt il cumulait mensonges et amalgames pour faire croire que le vrai problème des Creusois résidait dans un site tranquillement habité par quelques personnes où des activités tout ce qu'il y a de plus pacifiques se déroulent depuis un peu plus de cinq ans... Devant de telles élucubrations la mairie de Faux-la-Montagne a du reste porté plainte1, pour « propos mensongers pouvant provoquer des troubles à l'ordre public ». Un comble pour le jeune loup ciottiste qui ne jure que par l'ordre !
Les réactions ne se sont heureusement pas fait attendre et même le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, lui a expliqué que ce qu'il décrivait n'était pas une Zad (il est vrai que le ministre est connaisseur puisqu'il est élu du département où se trouve Notre-Dame-des-Landes...). Nous en publions quelques-unes dont la lettre qu'un certain nombre de maires de Creuse, solidaires de la maire de Faux-la-Montagne, ont rendue publique début décembre.
1 On peut lire ici l'argumentation de la plainte déposée par la maire de Faux : https://urls.fr/9I1yxQ
Lire le dossier : Lenoir est le brun
Si vous êtes un homme peu porté sur le développement personnel, il y a peu de chance qu’on vous ait proposé d’intégrer un mandala d’abondance. Mais si vous êtes une femme sensible à la spiritualité et aux médecines non conventionnelles, vous avez probablement déjà été approchée par une amie pour intégrer l’un de ces groupes. Tantôt appelés Tisseuses de rêves, Alchimistes ou encore Jacateque, ils se présentent comme des cercles de dons, permettant à leurs membres de réunir l’argent nécessaire pour « réaliser leur rêve ». Tentant ?