Le collectif Le Revers de la Médaille publiait début juin 2024 son rapport “Un an de nettoyage social avant les JOP Paris 2024”. Le rapport met en lumière l’intensification des opérations de nettoyage social en France à l’approche des Jeux. Depuis 8 mois, la centaine d’associations rassemblées au sein du collectif alerte sur la nette augmentation des expulsions et opérations de nettoyage social constatées sur le terrain à l’approche des JO, ce que l’Etat continue de démentir. Pourtant, avec son rapport “Circulez, y’a rien à voir : 1 an de nettoyage social avant les JOP”, le collectif oppose des chiffres concrets à l’opacité gouvernementale.
Basé sur des données et observations de terrain en Ile-de-France, le rapport relève que les expulsions pour la période allant d’avril 2023 à mai 2024 ont concerné 12 545 personnes, une augmentation de 38,5 % par rapport à la période 2021-2022. Parmi ces personnes, 3 434 étaient mineures, soit deux fois plus que l’an dernier, et presque trois fois plus qu’en 2021-2022. Alors que des logiques d’action publique excluantes sont à l'œuvre depuis plusieurs années, certains indicateurs laissent penser que les JOP agissent comme un accélérateur de ces dispersions et éloignements. Il semblerait donc que ces jeux représentent un effet d’opportunité pour l’Etat afin d’accroître l’invisibilisation des personnes. “Ce nettoyage social repose sur un double mouvement de dispersion : disperser les personnes les plus précaires au sein de l’espace public parisien pour éviter l’installation de lieux de vie informels trop visibles, et les disperser hors de Paris vers d’autres régions” a déclaré Paul Alauzy, Coordinateur de la veille sanitaire à Médecins du Monde et porte-parole du collectif.
C’est ainsi qu’en avril 2024, 450 personnes dont 80% étaient en situation régulière mais dont les revenus de leur travail ne leur permettaient pas d’accéder à un logement, ont été expulsées d’un squat parisien. Ces opérations entraînent pertes de travail, retrait de l’école pour les enfants, arrêt des soins, et autres conséquences dramatiques.Le gouvernement démissionnaire s’obstine contre les étrangers et a signé en juillet, dans la continuité de la loi asile et immigration, des décrets d’application durcissant encore plus l’accès à l’asile et le droit au séjour et favorisant les expulsions.
Pendant ce temps à Blois, début avril, le Conseil départemental expulse de leur logement une quarantaine de mères étrangères isolées et leurs enfants de moins de trois ans. La préfecture expulse des familles de l’hébergement d’urgence et refuse les régularisations ; ne reste qu’un hébergement extrêmement précaire à l’initiative de la mairie.
La Creuse n’est pas en reste puisque 5 familles, dont 4 mères isolées reçues le 24 juillet 2024 à la Préfecture de la Creuse se sont vu notifier une fin de prise en charge de leur hébergement le 31 août 2024 et ont reçu une présentation du dispositif de retour « volontaire » dans leurs pays d’origine par l’Office Français de l’immigration et de l’intégration. Ces femmes, avec un ou deux enfants à charge, sont en Creuse depuis plus de 5 ans, 7 ans pour certaines, bien intégrées et n’ont plus de familles ni de liens avec leur pays d’origine. Les enfants sont scolarisés à Guéret en primaire, au collège, au lycée et à l’IME. L’une de ces mères a également en charge son frère en situation de handicap. Un rassemblement de 150 personnes a eu lieu le 6 août 2024devant la préfecture, réitéré tous les mardis soir à 18h jusqu’à fin août.