Une étude du ministère de la Culture de mai 2023 intitulée « Loisirs des villes, loisirs des champs ? », nous apprend que « les bibliothèques, bien qu'étant les équipements culturels les plus présents sur le territoire, affichent pourtant des différences de temps d'accès. Si 80% de la population résident ainsi à moins de 5 minutes d'un lieu de lecture publique, c'est le cas pour 92% des habitants des grands centres urbains mais pour seulement 48% de ceux des communes rurales à habitat dispersé ou très dispersé. » C'est notre cas. Mais on est loin pour autant d'être démuni... Après la bibliothèque du Chamet (IPNS n°85) nous poursuivons le tour des bibliothèques publiques ou privées du Plateau en restant à Faux-la-Montagne.
Un anniversaire de plus à fêter en 2024 : les 20 ans du festival « Folie ! les mots », des rencontres festives autour des mots qui se déroulent sur trois jours à partir du quatrième dimanche de juillet dans le bourg de Faux-la-Montagne. Spectacles, lectures et concerts ont lieu dans les jardins des habitants qui ouvrent ainsi leurs portails et accueillent, selon les jauges, entre 60 à 200 personnes pour chaque spectacle. Un festival dont la programmation est faite des propositions variées d'artistes, de comédiens ou d'auteurs qui viennent gratuitement offrir leur prestation et sont accueillis chez l'habitant (pour dormir) et dans le restaurant bénévole du festival (pour se restaurer). Également présente depuis quasi le début de l'aventure, une librairie propose une sélection d'ouvrages, ceux qui font l'objet de la programmation de l'année bien sûr, mais aussi autour, ou un peu plus, ou beaucoup plus loin selon les goûts des libraires. Après la librairie Passe-temps d'Eymoutiers et son fondateur Guy Valente et la librairie jeunesse Chantepages de Tulle, ce sont désormais La Licorne d'Aubusson et La Limouzine, librairie itinérante, qui tiennent le stand où chacun peut venir faire ses emplettes et ses découvertes durant le festival.
En contrepartie, les libraires ne remballent pas sans laisser en cadeau au festival un pourcentage de leurs ventes, en nature, sous la forme de livres à l'association organisatrice qui les dépose à la bibliothèque municipale de Faux. Installée avec l'agence postale et l'office du tourisme dans La Binhata (la ruche en occitan), un local ouvert tous les jours de la semaine et tenu par deux employées communales, Adelaïde et Florence, la bibliothèque est ainsi d'un accès facile et quotidien. Tout un rayonnage estampillé « Folie ! Les mots » offre ainsi une éclectique sélection de textes qui reflète la diversité du festival. Environ 250 ouvrages dont le catalogage commencé en décembre se termine bientôt et qui permettra d'accéder à leur liste complète sur un site dédié.
On trouvera donc aussi bien de la poésie (Maïakovski, Verlaine, Baudelaire, Ghérasim Lua...), des auteurs qui ont une attache avec le Plateau (Bergounioux, Quadruppani, K. Dewdney...), des écrivains étrangers (Jórn Riel, Herta Müller, Jim Dodge, Moussa Konaté...) que des classiques (Stendhal, Pasternak, Albert Cohen, Rousseau, Pinget...). On pourra aussi lire Les Misérables ou Les Mille et une nuits, deux monuments de la littérature qui ont fait l'objet durant deux festivals d'une lecture en continu 24 heures sur 24 durant 3 jours avec une centaine de lecteurs et lectrices qui se relayaient. Mais on trouvera aussi un large fonds de livres jeunesse illustrés, y compris pour les plus jeunes, qui représente environ un tiers de l'ensemble des titres. Et ce qui est formidable dans cette histoire c'est qu'elle n'est jamais finie : à chaque festival s'ajoutent de nouveaux titres !
Digitales vagabondes de Stéphanie Barbarou et Laurence Hartenstein, éditions de l'Amandier, 2011.
C'est un livre que vous aurez certainement peu de chance de trouver ailleurs... Il est directement issu d'un spectacle écrit et joué par les deux autrices et est fait de photos, textes et dessins. Digitales vagabondes, ce sont ces fleurs dont les graines s'envolent pour un voyage autour du monde jusqu'en Chine chez les Miao. Que le jardinier planétaire Gilles Clément en signe la préface n'est pas étonnant car ces digitales fleurissent sur les délaissés et les talus, ce tiers-paysage qu'il a théorisé. Quant à nos deux voyageuses virtuelles elles le confessent dès l'entrée du livre : on y trouvera « tout ce que nous savons d'un voyage que nous n'avons pas fait ».