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Matrimoine sur un plateau

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Date
vendredi 1 mars 2024 17:37
Numéro de journal
86
Auteur(s)
Lou Nicollet
Ninon Bonzom
Visite(s)
785 visite(s)

matrimoine sur un plateauUn superbe livre artisanal, en partie sérigraphié, du « cousu main » tiré à 150 exemplaires seulement, où alternent témoignages et linogravures originales, entre livre d'artiste et recueil de souvenirs intimes. Une histoire menée par Lou Nicollet et Ninon Bonzom, respectivement artiste intervenante et paysagiste illustratrice. Nous reprenons ici l'introduction de ce livre dans laquelle elles expliquent leur démarche, que nous complétons avec les extraits de deux témoignages.

 

Matrimoine sur un plateau est né en 2021, sur le territoire du plateau de Millevaches. Nous avions depuis longtemps pour projet d’animer des ateliers artistiques avec les habitant·e·s des villages alentours. Mais le véritable point de départ, ce fut une proposition de dispositif mettant en valeur des femmes exceptionnelles du territoire limousin. L’invitation a suscité nombre de questions en nous : de qui allons-nous parler ? Pourquoi cette femme-là et pas une autre ? Quelle poétesse, aventurière, paysanne ou figure locale pourrions-nous évoquer ? De quelle exceptionnalité parlons-nous ?

 

Femmes ancêtres

On a fini par comprendre que quelque chose nous dérangeait là-dedans. Nous ne voulions pas parler de femmes d’exception, mais de femmes inconnues, de femmes que l’on ne connaît pas encore, de femmes ancêtres qui ont eu des vies normales, banales, des femmes de nos familles, des femmes dont l’histoire n’est écrite nulle part. Nous avons alors mis en place des temps d’ateliers ouverts à tous et toutes, dans plusieurs villages du plateau de Millevaches, avec l’aide financière de deux bourses.
Lors de ces ateliers, nous proposions de faire un entretien privé et enregistré, durant lequel le ou la participant·e racontait ses souvenirs liés à une ancêtre. Ces entretiens s’articulaient autour de plusieurs questions qui revenaient comme trame de fond et convoquaient la mémoire des entretenu·e·s. « Raconte-moi la vie de cette ancêtre. Comment s’appelait-t-elle ? À quoi ressemblait-elle ? Quelles émotions ont pu traverser cette personne ? Quel objet te fait penser à elle ? Qu’est-ce qu’elle t’a transmis ? » À la suite ou en parallèle de l’entretien, nous proposions aux participant.e.s de réaliser une linogravure en lien avec les souvenirs évoqués, et d’apprendre par la même occasion cette technique d’impression facile à prendre en main. Ces ateliers se sont déroulés sur une période de deux ans, de 2021 à 2023, dans différents lieux du plateau de Millevaches.

 

matrimoine sur un plateau groupe

 

Oubliées de l’Histoire

Nous avons travaillé dans des lieux collectifs, associatifs, chez des particuliers, dans des mairies. Plus précisément : au Planning Familial de Peyrelevade, au Constance Social Club (centre social et culturel) à Faux-la-Montagne, à la médiathèque de La Villedieu, à la Loutre par les cornes (lieu de vie et de programmation musicale), ainsi que chez nous, à Bourganeuf et Chez Chapelle. Le terme de « matrimoine » désigne l’héritage culturel légué par les générations de femmes nous précédant, qui ont souvent été les oubliées de l’Histoire. Notre démarche n’a donc rien de neutre, sachant que ce projet, au même titre que nos pratiques personnelles, s’inscrivent dans une approche féministe. Axer cette recherche sous ce prisme du genre était donc une évidence.
Durant les ateliers, nous avons collecté 22 témoignages, soit 10 heures 38 minutes et 40 secondes d’enregistrement, ainsi que 46 linogravures. Avec l’accord des participant·e·s, nous avons reproduit dans ce livre 18 témoignages, chacun accompagné de son illustration linographiée. La plupart des personnes ayant participé aux ateliers nous ont parlé de leur arrière-grand-mère, de leur grand-mère ou de leur mère. Les participant·e·s ont fait appel aux souvenirs ou à l’absence de souvenirs et à la transmission, ou non, de leur histoire.
Néanmoins, la femme ancêtre telle qu’elle est racontée peut-être multiple, c’est pourquoi d’autres femmes, voisines, autrices, amies de la famille, militantes, ont été convoquées par les personnes interrogées. Des sujets variés ont été évoqués. Parmi eux, ceux liés aux violences sexistes et sexuelles sont abordés frontalement. Nous vous invitons donc à lire en étant conscient·e de vos limites, à faire des pauses si besoin ou à carrément sauter des pages.

 

matrimoine sur un plateau jeanine

 

Une archive

Plusieurs ami·e·s et connaissances ont apporté leurs témoignages, mais aussi des personnes habitant·e·s du territoire que nous connaissions moins. La plupart des participant·e·s sont des femmes, des personnes trans et non binaires, et une minorité d’hommes cisgenre. Le mot « matrimoine » a pu être perçu comme allant de soi avec une non-mixité choisie, alors que nos ateliers étaient ouverts à tout le monde sans distinction de genre et que nous l’avions explicitement communiqué. Les participant·e·s sont issu·e·s pour la plupart de notre génération, entre vingt et quarante ans, avec quelques personnes plus âgées. Nous avons choisi de mener cette série d’ateliers en itinérance, naviguant entre les villages de notre territoire.
Une fois entérinée l’idée de faire un livre, nous avons réfléchi à la manière de retranscrire ces entretiens. Nous avons tenu à conserver l’intimité des histoires racontées, à ne pas couper les témoignages. Nous avons aussi anonymisé certains récits en y associant des pseudonymes à la demande des participant·e·s. Par ailleurs, nous avons souhaité retranscrire le plus fidèlement possible la parole des entretenu·e·s, en conservant l’oralité et les tournures de phrases répétitives, où se glissent souvent les émotions.
Il s’agit pour nous de proposer cette édition comme une archive que nous créons à notre façon. Une mémoire qui s’imprime quelque part. Ce désir naît du constat simple que, dans nos vies et depuis notre plus jeune âge, nous n’avons pas assez de modèles de vies de femmes et de personnes en minorité de genres, et qu’il est urgent de faire exister ces récits sous toutes les formes que nous voulons. Nous encourageons toute personne ressentant ce même manque à réaliser ce travail de collecte de mémoires et de souvenirs auprès des sien·nes – amies, mères, grand-mères, arrière-grands-mères, afin de faire revivre ces vies trop souvent oublié·e·s.

 

matrimoine sur un plateau zid

 

Lou Nicollet et Ninon Bonzom

 

Ce nom de famille qui vient d’une femme...

« Mon arrière-grand-père maternel n’a jamais connu sa mère, car il a été déposé chez les pompiers et a été adopté après. Dans son landau, on avait mis le collier de sa mère, avec inscrit Catherine H. Et lui, il a pris le nom de famille de cette femme. Je pense que j’ai envie de parler d’elle parce que mon grand-père maternel, et même en règle générale, les garçons de ma famille étaient davantage considérés que les femmes. Je trouve ça marrant que cette lignée porte le nom de famille d’une femme. Je sais pas trop comment dire, c’est grâce à elle que toute cette famille a ce nom, et aussi que ma mère a son prénom, Catherine (…) Je ne sais rien d’autre d’elle mais ça m’a marquée la place qu’elle a eue au final, sans qu’elle le veuille. Dans ma famille, comme beaucoup d’autres, d’ailleurs c’est aussi un truc générationnel, le nom de famille porte quelque chose d’ultra important, parce que quand la femme se marie, elle lâche son nom de famille pour celui de son époux alors que le fils, lui, perpétue la génération, il y a une trace qui reste. Et c’est un peu dommage que mes grands-parents soient restés dans cette manière de faire ultra patriarcale, alors qu’au final… C’est juste que moi, ça me fait rire, que ce nom de famille vienne d’une femme, alors qu’eux, ils sont complètement embourbés dans le patriarcat. »

Extrait du témoignage de Zia, Peyrelevade, le 4 août 2020

 

J’étais la première fille...

« Sur cette photo que je t’ai amenée, ma grand-mère a dix-sept ans, mais elle a eu une vie assez difficile. Elle est née en 1899. Nous sommes originaires d’Alsace et, elle, elle n’a jamais déménagé dans sa vie, mais elle a changé quatre fois de nationalité en vivant à cette frontière, une fois à gauche, une fois à droite. (…) Elle s’appelait Elsa. Elle était protestante et elle a eu une vie très dure en raison des problèmes de religion. À l’époque où elle était amoureuse d’un catholique, elle n’avait pas le droit de l’épouser et elle a eu un enfant avec lui, sa famille l’a rejetée, et puis la famille catholique a éloigné le jeune homme d’elle. Il a été éloigné pour qu’ils ne se rencontrent plus et qu’ils ne se voient plus. Et cet enfant-là, c’était mon oncle que je n’ai jamais connu parce qu’il est mort à la guerre en 1944, à la fin de la guerre en plus parce qu’il a fait partie des malgré-nous qui sont partis au moment où il fallait de la chair à canon, parce qu’il avait été étudiant, il n’avait pas fait la guerre du tout et il a été rappelé à la fin, en 1944. Ça, c’est une histoire qui m’a marquée et qui a marqué mes engagements politiques. Elle me racontait ça, j’étais toute petite, avec un album photo et en me disant toujours que je ne devais pas en parler à mes parents, que c’était un secret entre nous, que c’était sa vie qu’elle me transmettait. Parce que j’étais la seule fille dans la famille, elle a eu trois garçons, sa sœur a eu quatre garçons et son autre sœur, je crois, n’a eu aussi que des garçons. Et quand je suis née, j’étais la première fille de ce côté-là de la famille et elle a toujours voulu me raconter, me transmettre des choses. »

Extrait du témoignage de Jeannine, La Villedieu, le 29 janvier 2023.
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IPNS - 23340 Faux-la-Montagne - ISSN 2110-5758 - contact@journal-ipns.org
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