Depuis plusieurs années, l’école publique gratuite et laïque (qui est un droit pour tous les enfants vivant sur le sol français) est sujette à des attaques de toutes parts : glorification des écoles privées, changements incessants de programmes, destruction méthodique de la formation des enseignant-es, baisse considérable du revenu des personnels, numérisation des données personnelles de la vie et des résultats scolaires des enfants, sélection officieuse opérée par les algorithmes d’Afflenet et Parcoursup, baisse des postes de titulaires au point de ne plus pouvoir assurer les remplacements des congés, même lorsqu’ils sont prévisibles, comme les départs à la retraite ou les congés de maternité.
Pourtant, sur le plateau de Millevaches, dans l’ensemble, l’habitat dispersé oblige l’administration à maintenir les écoles, et beaucoup d’enseignantes sont stables, titulaires et formées. Les remplacements sont de moins en moins bien assurés, mais étrangement, seules les fermetures de classe mobilisent les citoyens et les parents.
Pourtant, les réformes réactionnaires pleuvent : fichage de tous les élèves et de leurs résultats dans des évaluations standardisées, uniforme à l’école, groupes de « niveau » dès l’entrée au collège, orientation des élèves qui n’auront pas le brevet, remplacements non assurés (et même pour les cours de l’Université de Limoges !) et projet actif de destruction du statut des fonctionnaires alors que déjà on ne trouve plus assez de gens pour devenir enseignant-e.
On pourrait croire que face à une telle attaque, les citoyens engagés du Plateau se réuniraient, s’organiseraient, et que les associations de parents d’élèves montreraient les dents ? Pas du tout. Personne n’est au courant. Pourtant, grâce aux derniers ministres de l’Éducation, tout le monde sait que les écoles privées élitistes des métropoles se gavent de subventions pour regrouper les enfants des gens qui nous gouvernent, et que donc, les décisions qu’ils prennent n’impacteront que nos enfants et pas les leurs.
Il ne suffira pas d’ouvrir une maternelle alternative, de reprendre ses enfants en IEF (instruction en famille) pour résoudre la situation d’un pays décidé à économiser sur le dos des droits des enfants à apprendre, à grandir, à être soigné. Il est urgent de réfléchir, et de donner un nouvel élan à ce droit si important pour la jeunesse. Apprendre. Pas seulement apprendre un métier pour vendre ensuite son travail, mais apprendre et comprendre ensemble un monde pour éviter que la planète aille droit vers le mur : il est aussi urgent de leur apprendre à agir pour défendre leurs droits et là, il faut montrer l’exemple.
Véronique Decker