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La commune de Felletin favorable au photovoltaïque, sous conditions

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Date
vendredi 1 mars 2024 17:04
Numéro de journal
86
Auteur(s)
Olivier Cagnon
Visite(s)
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La loi « pour l’accélération de la production d’énergies renouvelables » de mars 2023 prévoit la mise en place de « zones d’accélération ». À ce titre, les communes ont été invitées par l’État à se prononcer sur les zones où elles souhaitent voir se développer les différents types d’énergies renouvelables (EnR). Dans plusieurs communes des réunions ont été prévues pour cela. À Felletin la municipalité a organisé une réunion publique pour échanger avec les habitants, avant de délibérer lors du Conseil municipal du 15 décembre 2023. Elle a dit « Oui, mais... » au photovoltaïque. Explications par Olivier Cagnon, premier adjoint de la commune.

 

felletin court circuit

 

Électrifier le mix énergétique pour décarboner

L’objectif de la loi d’accélération est de rattraper le retard en matière de production d’énergies renouvelables (EnR). En 2020, la France était le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs (19% au lieu de 23% prévu). L’enjeu est d’importance puisqu’il s’agit de décarboner notre mix énergétique et de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050.
Pour rappel, les 2/3 de notre consommation énergétique finale sont encore d’origine fossile (sans compter les émissions importées avec les biens de consommation). L’indépendance énergétique souvent vantée ne correspond qu’à la part électrique de ce mix, soit 25 % de la consommation finale. Le nucléaire pèse pour 70 % dans ce mix électrique (dans le meilleur des cas), soit 17,5 % dans la consommation d’énergie du pays. Quand on sait le défi industriel qui attend la filière pour maintenir et renouveler le parc actuel, on comprend que le nucléaire ne peut en aucun cas constituer une solution de décarbonation – tout au plus un amortisseur.
La voie de la décarbonation passe inévitablement par la réduction de la consommation (sobriété + efficacité des systèmes) et l’électrification des usages. En bref : diminuer la consommation globale d’énergie et augmenter la production électrique. Ce qui implique de déployer massivement les EnR. C’est ce que préconise RTE dans son rapport de 2021 « Futurs énergétiques 2050 », vision que l’État s’est manifestement appropriée, en choisissant le scénario de la relance du nucléaire.
Ainsi, la loi d’accélération de 2023 ambitionne de porter à 33% la part d’EnR à l’horizon 2030, en multipliant par 10 la production solaire, par 2 la production éolienne et en créant 50 parcs éoliens en mer. La loi invite à mobiliser en priorité les terrains artificialisés, tout en divisant le temps d’instruction et en limitant la possibilité de recours contre les projets… Soit l’invitation à la vertu environnementale en même temps qu’une plus grande liberté à dégrader.

 

Le positionnement des communes est attendu

L’État sait que ces objectifs ambitieux en matière d’EnR ne pourront pas être atteints sans la coopération des territoires et « l’acceptation » des projets par les habitants. Les communes sont donc sollicitées pour se positionner sur les zones où elles souhaitent voir s’implanter des centrales photovoltaïques, des éoliennes, des méthaniseurs, etc.
Cela doit permettre de faire les comptes, au niveau départemental, puis régional. L’addition de toutes les zones identifiées vont-elles permettre d’atteindre les TWh supplémentaires attendus ? Si oui, alors les communes pourront ensuite définir des « zones d’exclusion » pour les EnR. Si non, les Préfets se feront plus insistants, et le risque est grand de se voir imposer des projets.

 

Oui au photovoltaïque à Felletin, sous conditions

La mairie de Felletin a été démarchée à plusieurs reprises par des développeurs photovoltaïques (PV). À chaque fois, la proposition consiste en une centrale au sol d’un ou plusieurs hectares, sur des terrains agricoles ou inscrits dans la zone d’activité, avec la promesse d’un (maigre) loyer pour les propriétaires des parcelles et de retombées fiscales pour la communauté de communes et le département.
Nous avons étudié ces projets, avec l’appui de la communauté de communes Creuse grand sud et du PNR Millevaches, et avons choisi de ne pas y donner suite. Outre leur impact paysager négatif, nous refusons de mobiliser des terres agricoles pour la production d’énergie, pas plus que nous ne souhaitons sacrifier des parcelles réservées pour le développement économique et la création d’emplois. La production d’énergie ne doit pas entrer en concurrence avec les usages déjà existants des sols. La priorité doit aller aux surfaces déjà artificialisées, comme les friches, les toitures et les parkings. Cette position est en accord avec la doctrine du PNR qui proscrit le PV au sol, et envisage l’agri-voltaïsme et le PV flottant à titre expérimental seulement.
Nous tenons également à ce que les gains économiques générés par les installations bénéficient au territoire, ce qui n’est jamais le cas dans les projets qui nous sont présentés. Pour assurer des retombées significatives, il convient de développer des projets communaux ou citoyens, et favoriser l’initiative privée locale.
Le partage de la valeur est l’une des revendications portées par l’Association des maires ruraux de France à l’occasion du Grand atelier pour la transition écologique auquel j’ai participé au printemps dernier : les communes rurales sont disposées à prendre leur part dans la transition écologique, car c’est dans les campagnes que se trouvent les ressources et les biens communs naturels : l’eau, le bois, les terres agricoles… et l’espace ! Mais elles ne veulent pas subir : les communes doivent décider des projets qui se font ou non sur leurs territoires et bénéficier des retombées économiques. Non à la fuite des bénéfices !

 

Felletin Reseau chaleur

 

Des projets à l’étude sur la commune

La commune de Felletin étudie actuellement l’opportunité de poser des panneaux solaires sur la toiture des ateliers municipaux. La toiture actuelle est amiantée et passablement dégradée, le photovoltaïque pourrait permettre de transformer une charge en investissement, ou au moins de limiter la facture. Un montage en « autoconsommation collective » est à l’étude : l’énergie produite pourrait être consommée par les autres équipements municipaux, ou d’autres clients localement (jusqu’à 20 km en zone rurale).
L’ancienne décharge municipale présente également un potentiel de production solaire, à condition de pouvoir résoudre une question administrative : l’arrêté d’exploitation de la décharge de 1985 stipule que le site devra ensuite retourner au domaine agricole (!) ce qui compromet pour l’instant un éventuel projet. Des projets privés sont déjà réalisés (toitures du bâtiment de la Petite vitesse à la gare de Felletin et des entrepôts de la ressourcerie Court-circuit), d’autres sont programmés (toiture de la future extension d’Intermarché et ombrières dans le quartier de la gare).

 

L’empilement des contraintes

Tous les sites ne se prêtent pas aux panneaux solaires : outre l’intégration paysagère et les éventuels impacts environnementaux, il faut étudier l’orientation et l’exposition, chiffrer la distance pour le raccordement au réseau électrique, vérifier que la puissance est disponible sur le transformateur visé, et si c’est une toiture, il faut s’assurer que la charpente est apte à accueillir des panneaux, et dans le cas contraire, budgéter un renforcement de structure.
Enfin, il convient de composer avec l’avis des Architectes des bâtiments de France (ABF) qui œuvrent utilement à la préservation du patrimoine bâti et du caractère ancien des centres bourgs. Néanmoins, si l’on veut faire avancer la transition énergétique, avec des projets économiquement viables, tout ça sans grignoter les terres agricoles, les forêts ou les zones naturelles, une évolution des doctrines des ABF est nécessaire. Un regard un peu plus bienveillant est attendu sur le solaire en toiture (PV ou thermique), sur lequel les développeurs rechignent à aller à cause des trop faibles gains, alors que le potentiel est immense et accessible aux petits propriétaires. Une meilleure prise en compte des panneaux solaires dans le paysage urbain doit être possible sous condition d’intégration harmonieuse. De la même façon, alors que la rénovation du bâti est une priorité, aussi bien pour les économies d’énergie que pour lutter contre la précarité et le mal-logement, et que les opérations de rénovations sont déjà extrêmement contraintes et onéreuses, certaines prescriptions des ABF achèvent de dissuader les propriétaires. C’est ainsi que des projets de rénovations tombent à l’eau – quand ce n’est pas la maison qui finit par tomber en ruine ! Là où l’urgence nous commande aujourd’hui d’agir, l’empilement des contraintes, en plus de générer du ressentiment, est source d’épuisement et d’inertie.

 

felletin court circuit 2

 

Et la sobriété dans tout ça ?

L’État semble enfin s’être saisi de la question énergétique à l’aune des enjeux climatiques. Si imparfait qu’il soit, un plan d’action commence à se dessiner pour électrifier le mix énergétique, et il faut reconnaître que c’est une bonne nouvelle.
En revanche, le volet sobriété est toujours au point mort. S’il est désormais entendu que la sobriété fait partie intégrante de la solution (cf l’ADEME et feu le ministère de la transition énergétique), on n’entrevoit aucune traduction concrète au-delà de la sensibilisation aux gestes individuels. Il faut dire que l’on voit mal comment articuler la nécessité de la sobriété avec l’idéologie de la croissance. Si rien n’est fait dans ce sens, le risque est grand d’aboutir à ce que redoutent les critiques du concept de Transition : un empilement des consommations d’énergie au lieu d’une véritable décarbonation. L’accroissement de la production électrique sans la sobriété serait le pire scénario, celui de la fuite en avant.

 

Olivier Cagnon

Pour aller plus loin :
- RTE : « Futurs énergétiques 2050 : les scénarios de mix de production à l’étude permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 »
- Association des maires ruraux de France (AMRF) : résolution finale et rapport final du Grand atelier pour la transition écologique
- Scénario négaWatt 2022
- ADEME : « Transition(s) 2050, 4 scénarios prospectifs »

 

Le bois énergie

Un réseau de chaleur alimente la plupart des bâtiments communaux de Felletin et une dizaine d’autres clients dont le Lycée des métiers du bâtiment et les habitats collectifs.
Lors de son inauguration en 2005, l’équipement fonctionnait en co-génération, produisant de l’électricité en plus de la chaleur, abandonnée depuis lors. Reste un réseau de 5 km qui distribue 8000 MWh par an de chaleur produite à partir de plaquettes de bois local. Cet équipement a permis à la commune et à ses autres abonnés de subir une moindre augmentation des coûts de l’énergie en 2022. Le revers de la médaille, c’est qu’il n’incite pas à investir dans la rénovation énergétique des bâtiments communaux, puisque les gains qui seraient obtenus sur la facture de chauffage devraient être réinjectés dans le réseau pour en garantir l’équilibre financier. Une éventuelle extension du réseau vers des bâtiments encore non raccordés est actuellement en réflexion. Cela permettrait d’anticiper les baisses tendancielles de consommation et de mieux rentabiliser l’équipement existant. Pour certains bâtiments, c’est aussi une occasion de laisser les fossiles (fuel ou gaz) pour une énergie locale et renouvelable… À condition de maîtriser la pression sur la ressource en bois !

 

Les autres EnR

L’éolien n’est pas une question à Felletin car la commune se situe dans un couloir d’exclusion aérienne. Le PNR auquel la Commune adhère a par ailleurs rendu un avis défavorable aux éoliennes sur tout le pourtour du Parc pour des motifs paysagers et en son cœur pour préserver la biodiversité.
La géothermie peut être adaptée pour le parc privé, de même que le solaire thermique
L’hydroélectrique constitue la première source d’électricité renouvelable sur le PNR du fait de ses 13 barrages, mais présente un faible potentiel de développement. Il n’est pas étudié pour l’instant à Felletin malgré 2 sites qui pourraient peut-être mériter que l’on s’y penche.
La méthanisation est une filière peu adaptée à notre territoire d’élevage extensif.
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