On ne changera ni de politique ni la politique sans construire avec la société civile l’alternative aux politiques actuelles. Dans ce but, il faut sortir d’une vision étatiste et centralisatrice de la politique dans laquelle – il faut le dire – sont engluées elles aussi les forces politiques de gauche. Déjà en 1903, Jean Jaurès le préconisait dans son discours à la jeunesse : « Instituer la République c’est proclamer que des millions d’hommes sauront tracer eux-mêmes la règle commune de leur action… auront assez de temps et de liberté d’esprit pour s’occuper de la chose commune ».Jean Jaurès nous invite au ressourcement de la politique dans une citoyenneté active pour propulser une République de l’émancipation. Ce qui est sûr, c’est qu’avec le même fonctionnement des communes, des collectivités territoriales, des partis, on obtiendra les mêmes contenus, la même défiance et, peut-être demain une nouvelle vague de dégagisme mais cette fois mortifère. Jaurès disait aussi : « L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création ».Cependant s’agit-il de bannir le principe de la délégation de la démocratie représentative ? « Les dominés, nous dit le philosophe Antoine Artous, sont dans une contradiction permanente : pour se faire entendre ils doivent se doter de porte-parole ». Pierre Bourdieu, précise-t-il, souligne l’ambivalence de la représentation politique mais affirme « qu’il faut toujours risquer l’aliénation pour échapper à l’aliénation ». On doit ne pas esquiver ce risque. Ce qui nous appelle à un triple effort :- Repenser les procédures de l’élection des représentants et de leur rôle.- Faire émerger sur le territoire des pratiques politiques nouvelles de mise en forme du social.- Encourager et organiser l’implication citoyenne et celle de la société civile organisée dans les mécanismes de la démocratie représentative.Pour commencer cet effort de longue haleine il conviendrait de repenser les procédures de l’élection municipale.
Une politique de l’émancipation doit faire grandir le pouvoir citoyen. Elle ne peut accepter un monde politique coupé en deux : celui de la représentation, celui des citoyens et des organisations qu’ils se donnent, un système où la souveraineté populaire n’est qu’une illusion et où le rôle de l’élu se dévalorise. Il y a à faire et à inventer. L’élection municipale devrait être un moment propice à la récupération d’une part de citoyenneté, un moment où l’esprit délégataire est résolument écarté. Elle doit devenir l’opportunité pour stimuler l’intérêt et la participation des populations locales et des collectifs existants : syndicats, associations, coopératives etc… Il s’agirait alors ensemble :
L’effort doit préfigurer en quelque sorte ce que sera la mandature : un effort permanent pour tenter de réduire le rapport d’extériorité des gens au système institutionnel. Mais précisons : cela ne veut pas dire qu’il faille mobiliser sur chaque question. Il ne s’agit pas de rêver mais de définir les moments, les thèmes, les enjeux majeurs où la construction commune s’imposerait. Cela concerne des périodes limitées mais c’est leur répétition dans le temps qui est susceptible de créer des conditions favorables à ce que les citoyen.es, la société civile organisée s’approprient « la définition de leurs problèmes et des solutions qu’ils peuvent envisager. C’est la rotation des mobilisés qui fait masse en mouvement. Sur le temps long, cela déplace le centre de gravité de l’exercice de la démocratie ». (1)Cela contribue à une double revalorisation : celle du rôle des citoyens auxquels on reconnait la légitimité à intervenir dans les affaires publiques ; celle de la représentation émanant d’une citoyenneté active. Bien entendu, il n’y a pas de démocratie qui serait la panacée. Elle ne consiste pas à formaliser des recettes. Elle est une construction constante. Cependant on peut dire qu’avec la crise politique et celle de la représentation, il est urgent de ne pas rester englué dans la vision délégataire et d’agir avec le souci de partir de la parole des gens et des collectifs qu’ils se donnent. L’ambition est exigeante mais c’est le chemin de l’émancipation.
À l’heure où ces lignes sont écrites nul ne peut dire quelle sera la situation politique du pays en 2026. Mais avec la crise politique actuelle, la persistance d’une politique de casse sociale (plus de 250 000 emplois sont menacés selon la CGT) et d’austérité qui va continuer d’impacter négativement les collectivités territoriales, la menace persistante d’une arrivée au pouvoir du Rassemblement National, il s’ensuit que l’élection de 2026 ne peut être abordée comme avant où, par exemple à Gentioux-Pigerolles, l’objectif se bornait à éliminer l’équipe en place. Les élections municipales vont se dérouler dans une ruralité malmenée où domine un sentiment de relégation sociale et d’impuissance : on y vit difficilement pour une majorité d’habitant.es qui ne sont pas entendus.Les communes rurales sont des lieux de vie, de travail, de production. Mais les salaires, les pensions d’un nombre important de personnes sont bas et les services publics défaillants. L’État n’y exerce plus ou mal son devoir de solidarité nationale, ne donne pas aux collectivités territoriales les moyens financiers et fiscaux qui leur permettraient de jouer tout leur rôle. Dès lors que le prix du transport et de l’énergie devient un handicap pour se déplacer et se chauffer, le mécontentement est là, si ce n’est la colère. C’est dans ce contexte si profitable au RN que les élections municipales vont se préparer. Face à ce contexte compliqué, les élections municipales ne devraient-elles pas être le moment de poser les enjeux auxquels les populations et les collectivités communales sont confrontées ? Et, dans le même mouvement, ne faudrait-il pas affirmer l’ambition de porter et de défendre des choix de gestion progressistes répondant aux urgences sociales et qui améliorent la vie du plus grand nombre ? Il s’agirait à la fois de faire écho à des attentes légitimes et de redonner l’espoir que d’autres choix existent pour commencer à changer la vie des gens. Bref, une prise en compte du réel pour dire contre quoi et pour quels objectifs de progrès l’on va agir. Au nom de quelle « logique » en effet ne pourrait-on pas décliner cela dans tous les domaines qui façonnent la vie locale ? Il appartient aux progressistes de « casser les murs que l’on édifie dans l’imaginaire collectif » (2) et d’être les artisans d’une démocratie locale qui rompt avec ce que les gens reprochent aux politiques : de ne pas les écouter, de ne jamais les voir, de faire sans eux.La question que l’on doit se poser est, selon nous, la suivante : comment, en concomitance avec la situation de crise et le péril lepéniste, doit-on concevoir l’élection municipale, à quoi doit-elle contribuer ? Notre conviction est que l’on ne peut continuer à gérer les collectivités territoriales notamment les communes selon les mêmes contenus et les mêmes démarches que par le passé.
La Creuse a depuis juillet 2024 un député d'extrême-droite dont le parcours montre une cohérence politique clairement marquée vers le brun... C'est ce que montre le portrait de Bartolomé Lenoir que nous publions ici. Mais, au-delà du bonhomme, c'est la politique qu'il défend qui, contrairement à ce qu'il tente de faire croire, représente un véritable danger pour le département avec un programme social et économique qu'on peut qualifier de carrément « anti-Creuse ».
Pour dissimuler la catastrophe que serait pour le département l'application du programme de son parti, l'Union des droites pour la République (UDR) d'Éric Ciotti, Bartolomé Lenoir utilise un subterfuge dont usent tous les extrémistes de droite : lancer des fake news et attiser la peur. Vendredi 18 octobre 2024, sur France 3, il annonçait « une initiative forte contre l'extrême gauche en Creuse » affirmant qu’il y avait « dans le sud du département des comportements tout à fait inacceptables. » « Je ne veux pas que la Creuse devienne une ZAD » disait-il, au même niveau intellectuel que Trump et ses immigrés qui « mangent des chats. » Lui-même riche angevin, très parisien et peu creusois, Lenoir sortait « je ne veux pas que des gens qui ne sont pas creusois nous imposent leur culture ». Et de questionner le ministre de l'Intérieur, le 12 novembre, sur la pseudo- «Zad » du Chammet sur la commune de Faux-la-Montagne qui serait, selon lui, la base d'une centaine d'activistes d'ultra-gauche. Dans une pétition lancée quelques jours plus tôt il cumulait mensonges et amalgames pour faire croire que le vrai problème des Creusois résidait dans un site tranquillement habité par quelques personnes où des activités tout ce qu'il y a de plus pacifiques se déroulent depuis un peu plus de cinq ans... Devant de telles élucubrations la mairie de Faux-la-Montagne a du reste porté plainte1, pour « propos mensongers pouvant provoquer des troubles à l'ordre public ». Un comble pour le jeune loup ciottiste qui ne jure que par l'ordre !
Les réactions ne se sont heureusement pas fait attendre et même le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, lui a expliqué que ce qu'il décrivait n'était pas une Zad (il est vrai que le ministre est connaisseur puisqu'il est élu du département où se trouve Notre-Dame-des-Landes...). Nous en publions quelques-unes dont la lettre qu'un certain nombre de maires de Creuse, solidaires de la maire de Faux-la-Montagne, ont rendue publique début décembre.
1 On peut lire ici l'argumentation de la plainte déposée par la maire de Faux : https://urls.fr/9I1yxQ
Lire le dossier : Lenoir est le brun
Si vous êtes un homme peu porté sur le développement personnel, il y a peu de chance qu’on vous ait proposé d’intégrer un mandala d’abondance. Mais si vous êtes une femme sensible à la spiritualité et aux médecines non conventionnelles, vous avez probablement déjà été approchée par une amie pour intégrer l’un de ces groupes. Tantôt appelés Tisseuses de rêves, Alchimistes ou encore Jacateque, ils se présentent comme des cercles de dons, permettant à leurs membres de réunir l’argent nécessaire pour « réaliser leur rêve ». Tentant ?