A la suite de prospections poussées, les compagnies minières faisaient la demande d’un permis de recherche sur un périmètre précis, qui était accordé pour une durée de trois ans (renouvelable deux fois), ce qui leur permettait de faire, avec l’exclusivité, des travaux de recherche. Ceux-ci pouvaient être des sondages ou des forages (comme pour le site de Salamanière sur le permis de recherche de Neuvialle), ou encore des travaux de reconnaissance à ciel ouvert ou souterrain (dont l’exemple est le site des Salles sur le permis de recherche d’Ussel). Puis, selon le gisement découvert, les compagnies minières pouvaient faire la demande d’un permis d’exploitation d’une durée de cinq ans (renouvelable deux fois), ou, d’une concession d’une durée de vingt-cinq ans ; ces titres leur conférant l’exclusivité de l’exploitation du gisement. On notera que la plupart des concessions du Plateau de Millevaches sont toujours valides, et pour certaines d’entre elles jusqu’en 2018. Bien qu’AREVA NC s’en défende, l’extraction du minerai d’uranium peut donc potentiellement reprendre du jour au lendemain.
Les sites miniers reproduits sur cette carte sont ceux inventoriés par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (inventaire MIMAUSA) et imposés à AREVA NC pour la production de son “Bilan de fonctionnement des anciens sites miniers“. On se demandera si cette liste est exhaustive, si l’on en juge par le nombre de permis d’exploitations et de concessions n’incluant aucun site minier. Du reste, on remarquera qu’AREVA a dû porter à la connaissance de l’administration un site non inventorié (La Clare en Corrèze) du fait de l’effondrement de l’entrée d’un puits. Doit-on s’attendre à l’annonce de la redécouverte d’anciennes mines sur le plateau de Millevaches ?
N.B. : En consultant les archives un manque d’informations nous a empêché de tracer le périmètre de certains permis. C’est pourquoi sur cette carte certains sites miniers ne se voient affectés à aucun permis.
Sur la commune de Gioux, la mine à ciel ouvert et la galerie souterraine sont à 650m au sud du village d’Hyverneresse. En aval, sur la commune de Croze, les deux galeries souterraines sont à 150m à l’Ouest du village de La Brousse. Selon AREVA NC la radioactivité émise par l’ensemble du site est de 2 à 3 fois le bruit de fond ambiant, avec une pointe à 14 fois sur le talus barrant l’accès à la fosse. D’après l’association Oui à l’avenir de nombreuses valeurs de radioactivité reçue ont été relevées plus particulièrement au quartier La Brousse. Celles-ci sont de 4 à 14 fois la valeur ambiante habituelle. Les eaux de ruissellement et d’infiltration en provenance de la carrière via un tunnel et traversant les verses à stériles, et donc potentiellement chargées en radioéléments, se jettent dans le ruisseau de la Brousse La sécurisation des abords de la carrière, d’une profondeur d’environ 40 mètres, qui présente des éboulements de terrain, est notamment une des revendications de la Mairie de Gioux.
L’ancienne mine à ciel ouvert du Longy, aujourd’hui mise en eau, se situe à 250m au sud ouest du village du même nom sur la commune de Millevaches. Sa clôture barbelée et partiellement grillagée la rend facilement accessible. Selon AREVA NC, la verse à stériles donne en surface des mesures allant de 2 à 5 fois la radioactivité ambiante habituelle, avec quelques points pouvant atteindre un facteur 10. Par ailleurs, comme les eaux d’infiltration et de ruissellement traversent la verse à stériles pour rejoindre le ruisseau, elles peuvent donc potentiellement se charger en radioéléments.
Les deux anciennes mines à ciel ouvert du Boucheron, l’une mise en eau, l’autre remblayée, se situent à 500m au nord du village du même nom sur la commune de Davignac. Selon AREVA NC la radioactivité y est de 2 à 4 fois le bruit de fond ambiant. En 1989, par arrêté préfectoral, le site a été cédé à un carrier qui en exploite aujourd’hui la verse à stériles. Pour la seule année 1993, on sait notamment que plus de 8000 m3 de ces stériles ont été utilisés pour la réalisation de chemins forestiers sur les communes de Davignac, Ambrugeat, Péret-Bel-Air et Soudeilles. Selon un article de La Montagne Tulle du 21/12/2009 on trouvera également des stériles en provenance de cette mine à l’endroit du parking d’une grande surface à Egletons.
Ce site qui a connu une exploitation souterraine et à ciel ouvert (travaux en grande partie remblayés) se situe à 300m au sud ouest du village du Boucheron sur la commune de Davignac. L’endroit constitué de champs et de bois est facilement accessible une fois franchie la clôture agricole. Aucune pancarte ne mentionne la présence d’un site minier. Selon AREVA NC la mine à ciel ouvert présente des valeurs allant de 2 à 4 fois la radioactivité ambiante habituelle. Quand à la zone d’entrée de la galerie souterraine recouverte aujourd’hui par des stériles, les valeurs varient d’un facteur 2 à 7, avec un point chaud à 22 fois le bruit de fond ambiant.
Cette ancienne mine souterraine se situe à 250m au nord du hameau de la Vialle Neuve sur la commune de Meyrignac l’Eglise. L’entrée, au seul panneau “chasse gardée“ se fait par une clôture barbelée agricole qui mène à un pré à vaches jouxtant le site en contrebas. L’endroit, constitué de verses à stériles boisées, communique avec les pâturages qui l’entourent. De nombreuses bouses de vaches disséminées un peu partout, jusqu’y compris au bord du puits, témoignent que les vaches s’abritent sous les arbres. C’est également un lieu de décharge sauvage. Selon un témoignage ce serait aussi un coin à champignons couru, un lieu où les chasseurs vont, ainsi que les adolescents. Les mesures effectuées par AREVA NC montrent des valeurs comprises entre 2 à 26 fois la radioactivité ambiante habituelle. Celles effectuées conjointement par Corrèze Environnement et Oui à l’Avenir montrent des valeurs allant de 4,5 fois à 6,5 fois le bruit de fond ambiant, dans le pré en bordure de verse, notamment à l’endroit d’une aire de nourrissage de vaches, ainsi que des valeurs de facteurs allant de 21 à 27 à l’intérieur du site au niveau des bouses de vaches. La potentielle contamination de ces bovins n’est alors pas négligeable. L’ensemble des mesures portées à notre connaissance fait de La Bréjade le site le plus radioactif du Plateau.
La problématique de cette ancienne mine, qui est aujourd’hui un terrain vague enherbé, est d’être située en plein cœur du quartier résidentiel du Rabinel à Egletons. Cette proximité pose question quant à son niveau d’impact au quotidien sur les habitants. Selon AREVA NC la radioactivité émise sur ce site varie de 2 à 8 fois le bruit de fond ambiant, avec un point d’un facteur 10 à proximité d’une zone humide.