L’entretien ou la restauration du patrimoine public bâti pose de réels problèmes de financement pour les collectivités compétentes dont les budgets se trouvent de plus en plus difficiles à équilibrer. Nombre de bâtiments ou de constructions remarquables se trouvent de ce fait dans l’attente de travaux de rénovation.
La Fondation du Patrimoine est habilitée à soutenir des projets de sauvegarde de ce patrimoine, en attribuant des subventions et en organisant des souscriptions.
Cet appel au mécénat populaire sollicite aussi bien les particuliers que les entreprises locales pour créer une dynamique autour du projet, rassembler et impliquer ceux qui souhaitent s’inscrire dans une démarche solidaire proche de chez eux.
Lorsqu’une partie significative des personnes démarchées répond positivement, la Fondation du patrimoine verse au maître d’ouvrage - qui peut être une commune, une intercommunalité ou une association - la somme récoltée, additionnée d’une subvention qui s’ajoute à celles allouées par les partenaires traditionnels (Europe, Etat, Région, Département…).
Les particuliers peuvent déduire 66% du don de leur revenu imposable, et les entreprises bénéficient d’un crédit d’impôt de 60%.
Les exemples de réussite de cette pratique ne manquent pas autour de chez nous : églises de Sainte Anne-Saint Priest, de Royère de Vassivière, de Tarnac, de Faux la Montagne, réhabilitation d’une grange en école maternelle à Jourgnac…et l’on s’aperçoit que bien souvent les mécènes ne se limitent nullement aux habitants ou entreprises du village. En effet, ce genre de projet peut donner l’occasion à ceux qui sont partis vivre loin de leur pays de montrer qu’ils y sont toujours attachés. Selon les dossiers ou les localités, ce sont 15 à 30% des personnes sollicitées qui souscrivent, pour des montants totaux compris entre 7 et 10% des projets. Au total, depuis 2005 les actions de la Fondation du patrimoine en Limousin ont été soutenues par 4000 particuliers, 750 entreprises locales ou nationales, et 500 collectivités.
La participation de la population permet donc aux communes d’assumer plus aisément leurs compétences, certaines ont même eu plusieurs fois recours à cette pratique pour mener à bien différents chantiers.
Les habitants de nos campagnes semblent donc accepter aujourd’hui d’assumer pour partie le désengagement des collectivités, celles-là mêmes qui augmentent un peu tous les ans les taux d’imposition…Car ne nous leurrons pas : si nos maires en sont réduits à nous demander un appui financier, c’est bien qu’ils peuvent de moins en moins compter sur leurs aides traditionnelles.
Le désengagement inquiétant de l’Etat ne s’accompagne évidemment pas d’une réduction équivalente de ce qui nous est régulièrement prélevé, mais d’un manque à combler par de nouvelles formes d’impôts locaux qui viennent se surajouter : le mécénat populaire y ressemble, même s’il est encore a priori payé librement.
A l’heure ou beaucoup d’entre nous font les frais de la raréfaction des services publics (par exemple en ayant un employé communal en guise de postier ce qui revient grosso modo à payer deux fois le timbre), il devient légitime d’imaginer que dans les années qui viennent nous serons sollicités tous les mois pour rétribuer les professeurs de nos rares écoles si nous voulons les conserver…
Hervé Mazé