La Filoche : une centrale d’achat pas tout-à-fait comme les autres

Vieillissement de la population, éloignement des centres vitaux, magasins raréfiés : autant de raisons de s’organiser pour faire ses courses. Et tant qu’à faire, aller plus loin : faire du simple acte d’achat un facteur de rencontres en privilégiant le circuit court et la qualité.

Un long chemin de réflexion

Cette centrale s’est créée en 2004 et a évolué au fur et à mesure des difficultés rencontrées et des idées émergentes. Aujourd’hui elle fonctionne autour de quelques principes : un nombre de foyers limité pour favoriser l’interconnaissance - au-delà de 17 familles l’essaimage est prescrit - achats auprès de producteurs locaux, gestion assistée par une application informatique pratique et simple d’utilisation, auto organisation des groupes qui signent cependant un pacte d’engagement avec l’association d’origine. Si la construction a été émaillée de problèmes divers et variés, le système a maintenant fait ses preuves et s’avére un outil d’intégration sociale pertinent.

Côté consommateurs : un système rodé

La procédure est simple : création d’une association fille qui permet l’accès à l’outil informatique et implique l’adhésion à l’association mère. L’organisation interne est laissée à la discrétion des participants. Les membres proposent des producteurs locaux (mais pas seulement) et les inscrivent sur le serveur. Chacun peut alors commander selon ses besoins. Périodiquement, les commandes sont compilées et transmises aux producteurs. Les données saisies sont archivées, les acheteurs ont donc la possibilité d’extraire des statistiques sur leurs habitudes d’achats (fréquence, volume...) et d’avoir une vision claire de leur consommation, individuellement ou collectivement. Cet outil simplifie grandement la gestion des commandes, il suffit d’une réunion en petit comité pour les valider. Les livraisons sont, quant à elles, l’occasion de passer un moment convivial, le nombre restreint de participants évite en effet que la répartition des marchandises ne devienne un casse-tête.

Côté producteurs : un développement à venir

La Filoche s’est aussi penchée sur les soucis des producteurs : comment mieux s’organiser pour les livraisons qui sont gourmandes en temps et en frais de déplacements. Elle leur propose donc de profiter du même outil informatique pour, d’une part mieux gérer collectivement leurs livraisons et, d’autre part, exploiter la fonction statistique pour une meilleure vision de leur activité. Des producteurs voisins peuvent ainsi décider de livrer à tour de rôle sur un point de vente commun plutôt que chacun de son côté, ou encore coordonner leurs ventes en complémentarité. 

Un essaimage tranquille

Actuellement la Filoche est présente dans la Drôme, dans le Cantal et en Limousin à Chamberet et à Objat. Elle s’adresse avant tout aux habitants de zones rurales qui désirent sortir des circuits de consommation conventionnels et accéder à une alimentation saine tout en favorisant l’économie locale. Quelques familles, voisins, amis suffisent pour lancer la dynamique. Les fondateurs, de Chamberet, sont prêts à se déplacer pour présenter en détail leur propre fonctionnement et l’outil informatique qu’ils mettent à disposition gratuitement à toute association adhérente. L’idée et les moyens sont là, à nous de nous en emparer.