Le nouveau cycle de vie de ce territoire trouve ses origines dans les années 1970 au cœur du Plateau de Millevaches, dans une poignée de communes rurales mitoyennes, aux limites de la Creuse et de la Corrèze. A cette époque, la conquête par Chirac de la partie corrézienne (méridionale et centrale) du Plateau, aux dépens du PCF, est alors achevée. A l’extrémité nord de la Corrèze, deux communes ont résisté aux sirènes de la “chiraquie“ : Tarnac et Peyrelevade.
De cet espace ont émergé trois personnalités qui vont prendre des mandats électifs et vont défendre une vision du territoire basée sur l’accueil de nouvelles populations : François Chatoux, Bernard Coutaud et Pierre Desrozier. L’un vient du maoïsme, l’autre est au Parti socialiste et le troisième de la mouvance occitane (Volem Viure Al Païs). Ils sont jeunes et très diplômés, ont envie de travailler ensemble.
Ils seront à l’initiative de la création d’une charte intercommunale en 1987. Auparavant ils avaient impulsé la création du Bureau d’accueil de la Montagne limousine (BAM). Un autre personnage est déjà actif sur ce territoire : Charles Rousseau, prêtre de la Mission de France. En 1974, avec des membres de la communauté chrétienne sud-creusoise, il crée l’association Les Plateaux limousins et fonde un lieu de rencontre et d’échanges, au Villard, non loin du lac de Vassivière. Pendant huit années s’y déroulera la Fête des Plateaux qui se déclinera à chaque fois sur un thème différent, en lien avec les grandes problématiques de ce territoire. Cette conjonction de personnalités engagées crée localement un contexte favorable à l’installation du groupe qui va fonder la société Ambiance Bois.
Des rencontres fortes se sont produites : notamment à Faux-la-Montagne celle de François Chatoux avec les promoteurs d’Ambiance Bois et plus tard à Tarnac, en 2004, celle de Jean Plazanet avec les futurs occupants de la ferme du Goutailloux. Ces maires, parfois conseillers généraux, qui jouent un rôle de leaders locaux, répugnent à l’idéologie du notable traditionnel (paternalisme, clientélisme, prébendes). Avec Peyrelevade, Gentioux et la Villedieu, leurs deux communes forment le noyau dur de cette affirmation “alternative“ du Plateau de Millevaches. Ces élus, avec d’autres, continuent à se référer à cette histoire locale “révolutionnaire“, commune aux gens du cru qui refusent obstinément que le pays devienne un mouroir et sont amenés, sans doute par rapport à leurs histoires et à leurs rêves, à faciliter des installations.
L’intégralité de l’article se trouve dans la revue Espaces Marx, n°35, 2e semestre 2014 – 1er semestre 2015.