Ce terme, correspondant en français à “entraînement fractionné“, a été introduit dans le cyclisme au début des années 60, en adaptant des pratiques venues de l’athlétisme. Pour ses partisans, ce type d’entraînement, qui alterne temps de travail en intensité et temps de récupération active, était jugé plus efficace et moins contraignant que les longues sorties foncières. Depuis, la technicité de l’entraînement s’est considérablement développée, ce qui aboutit actuellement aux compteurs sur le vélo, répertoriant et quantifiant de très nombreux paramètres : pulsations cardiaques, puissance développée, temps mis sur telle ou telle ascension, dénivelé, etc …
Pour les sceptiques, l’entraînement classique sur les routes accidentées du Limousin soutient la comparaison avec la préparation dite “scientifique“. En effet, on y retrouve naturellement l’alternance entre temps de travail (les montées) et temps de récupération (descente et plat), avec de surcroît le plaisir esthétique : contemplation d’un paysage varié, stimulant la curiosité.
L’entraînement traditionnel, basé sur des sorties foncières assez longues, à allure modérée, convenait très bien lorsqu’il y avait de nombreuses compétitions ouvertes aux différentes catégories. Un adage affirmait que “le meilleur entraînement, c’est la course“. Il est sans doute encore valable, mais les courses se font rares, et il devient nécessaire de se préparer sérieusement pour les aborder. De là découle la nécessité d’un entraînement très technicisé, également favorisé par la fascination de beaucoup pour ce qui apparaît nouveau, moderne, et de surcroît scientifique.
L’Italie, au même titre que la Belgique et la France, a vu naître et se développer, tout au long du XX è siècle, la compétition cycliste. Les “campionissimi “ successifs (Girardengo, Binda, Bartali, Coppi) et les classiques prestigieuses telles Milan-San Remo et Tour de Lombardie sont les principaux marqueurs de cette culture cycliste.
Les travailleurs italiens ont été souvent conduits à fuir le pays pour des raisons politiques (le fascisme) ou économiques (la misère, notamment dans le sud) pour s’installer en France ou en Belgique.
Nombre d’entre eux sont venus en Limousin, avec par exemple des tailleurs de pierre, en Creuse sur les flancs du Maupuy ou la région de Sardent. La compagnie creusoise “Le chat perplexe“ a publié un livre intitulé “Cogner le granit“ (Les Ardents Editeurs, 2015). L’ouvrage reprenait le titre du spectacle présenté auparavant sur de nombreuses scènes. On y retrouve la vie quotidienne de ces ouvriers italiens, avec sa rudesse, et leur farouche volonté d’intégration dans la société creusoise.
Plusieurs d’entre eux ont pratiqué le cyclisme, notamment au sein de l’A.C.C. (Amicale Cycliste Creusoise), le grand club de Guéret. Les frères Bravin - Roland, Dino et Jean-Paul – les Martin, Dante Battaïni sont de ceux-là. Ailleurs en Creuse, Armand Salvini (Aubusson) et les Bastianelli (Evaux-les-Bains), allongent cette liste, sans doute inncomplète.
La présence de jeunes d’origine italienne dans les pelotons limousins confirme le recrutement populaire des coureurs cyclistes. Ce sont généralement des fils de paysans ou d’ouvriers. S’ils pratiquent le vélo par passion, il y a aussi l’espoir de gagner de l’argent, pour les plus performants d’assurer une ascension sociale.
Le parcours des coureurs cyclistes sur route a beaucoup évolué au cours des décennies. Deux facteurs essentiels ont dicté cette évolution : l’état des routes et la circulation automobile. Au début du XX è siècle, seules quelques routes importantes bénéficiaient d’un bon revêtement. Ainsi, les parcours des courses y étaient-ils cantonnés. C’était l’époque des “ville à ville“, le plus souvent en aller-retour : Limoges – Saint Léonard et retour,, disputé de 1905 à 1998, en est une belle illustration. Dans la première moitié du siècle, on relève aussi : Limoges-Séreilhac, Limoges-Saint Junien, Limoges-Bellac, Limoges-Nontron. Toutes ces courses étaient disputées sur des routes où la circulation automobile était faible. Il arrivait malgré tout des accidents de la circulation, comme en 1908, au cours de Limoges-Nontron. Vers Dournazac, deux compétiteurs s’écrasèrent, au détour d’un virage, sur une charrette à ânes, en travers de la route. Ainsi,, dans ces années-là, les accidents étaient plus causés par des animaux vagabondant que par des automobiles. Par la suite, les choses évoluèrent. Les grands circuits empruntant les routes nationales perdurèrent jusqu’au début des années 60, puis se virent interdire l’utilisation de ces routes. C’était la fin du passage par la côte des Jordes (RN 120, au sud de Tulle), par Saint Antoine des Plantadis (RN 20 au nord de Brive), ou par Razès (même RN au nord de Limoges). Dommage pour ces “juges de paix“, où se faisait généralement la décision dans les grandes courses régionales.
Depuis les années 80, l’organisation des courses sur route nécessite des mesures de sécurité tellement drastiques, dues à l’augmentation constante du trafic automobile, qu’elle a conduit de nombreux organisateurs au découragement. Quelques compétitions empruntant de grands parcours subsistent encore, ainsi que diverses courses sur petits circuits, à l’organisation plus facile.