Des salariés désemparés, méprisés, vivent les derniers jours de l’entreprise du groupe pharmaceutique international Bristol-Myers-Squibb. Ils sont encore une soixantaine. Après ses deux meilleures années de productivité et de rentabilité, à partir du 30 juin 2010 le fleuron de l’ambition chiraquienne sur la haute Corrèze ne peut plus produire de médicaments sur le site de Meymac. Mais jusqu’à ce terme la direction exerce une pression de tous les instants sur ce petit reste à qui l’on a proposé des engagements de volontariat. A l’occasion on embauche même des intérimaires ! Ils travaillent d’arrache-pied pour maintenir une activité de fin de production, de liquidation de stocks ou de déménagement en attendant un hypothétique repreneur.
Pour cette reprise on retrouve la même arrogance dédaigneuse des dirigeants de l’entreprise. Il n’y a actuellement aucune signature d’un engagement de reprise avec la société pharmaceutique Salem de Sétif en Algérie. Elle était pourtant annoncée comme imminente et à coup de trompette télévisée par les élus locaux, mais c’était l’hiver et avant les élections ! Depuis le chantage continue. La reprise est annoncée pour l’automne et ne concernerait qu’une vingtaine d’emplois dont la majeure partie serait des cadres. Le petit reste des ex-salariés volontaires est une nouvelle fois grugée. Ils arrivent pour grossir la trentaine de licenciés et découvrir à travers eux une nouvelle forme de l’insultante cupidité du plan social régi par la cellule de reclassement BPI prétendu “conseil en stratégie de changement“ et leader européen qui plus est ! Les licenciés du mois d’avril attendent encore la notification de leur indemnité de licenciement. Quand à la quarantaine des salariés qui ont trouvé à se reclasser ou à créer leur emploi, ils y sont parvenus en dehors des clous du BPI totalement inféodé à la direction des ressources humaines de BMS.
Au comble d’une situation déjà ambiguë et du désarroi des ex-salariés-BMS le journal La Montagne dans ses éditions des 20 et 22 mai 2010 annonce le retour d’un repreneur oublié. Le groupe auvergnat “3i Nature“ spécialiste en compléments alimentaires et en médicaments phytothérapeutiques, se prévaut d’un meilleur projet que Salem. Dans cette sinistre pagaille la direction de BMS, le président du Conseil Général et le préfet de la Corrèze d’une seule et même voix se jurent qu’il n’en est rien et que le projet Salem se poursuit. Décidément tout ce beau monde n’a rien retenu de la leçon d’Epernon et se moque éperdument du droit à l’information pour les salariés de Meymac aujourd’hui complètement désorientés. En 2009 BMS a fait chanter les 223 salariés de son site francilien en leur promettant un repreneur qui n’est jamais venu. Pour BMS comme pour toute l’industrie mondiale du médicament le profit de la logique financière l’emporte sur le droit et les attentes de leurs salariés et de leurs familles.
Alain Carof