Nous avons déjà souligné dans IPNS (n°17 et 18) les dangers de la production d’électricité-biomasse telle qu’elle ressort des appels d’offre du ministère de l’Industrie. Une récente réunion des partenaires de l’unité de cogénération de Felletin a montré que les inquiétudes sont toujours là, bien que les énormes projets prévus en Limousin n’aient pas été réalisés.
Pour ce qui concerne les tarifs d’achat de l’électricité par EDF, l’incohérence est toujours de mise. Pour le projet ABIODIS de Guéret, qui fonctionnera avec les boues de la station d’épuration et des céréales (ce qui pose de graves problèmes), le prix de vente de l’électricité à EDF est annoncé à 130 € le MWh ; ce prix est en moyenne celui qui résulte des appels d’offre du ministère, alors qu’à Felletin, seule installation urbaine de cogénération biomasse en France, le MWh est acheté 46 €, ce qui condamne le site à être déficitaire.
Pour ce qui est de l’approvisionnement en déchets de bois (“produits connexes de sciage“), le marché est d’ores et déjà très tendu. La sciure, qui s’entassait naguère sur les plate-formes des scieries, se vend maintenant très chére. L’usine de fabrication de granulés de Herment (Puy-de-Dôme) en manque et ne peut fonctionner à plein pour cette saison ! Creuse-Sciage et le GIE Bois Energie (Felletin) ne pouvant fournir toutes les écorces demandées par la SOCCRAM (le concessionnaire felletinois), cette dernière doit les acheter chez des fournisseurs plus lointains, et donc payer plus cher.
D’ores et déjà certains professionnels du bois s’inquiètent d’une insuffisance de la production de bois, contrairement aux statistiques optimistes du ministère, qui affirme que la forêt est sous-exploitée.
Tout confirme que seules les petites unités de production de chaleur, avec un approvisionnement local garanti, peuvent permettre d’éviter les dérives du marché du bois.
Jean-François Pressicaud