La tourbière de la Mazure, en Creuse, est située entre les communes de Royère-de-Vassivière, le Monteil-au-Vicomte et Saint-Pierre Bellevue. Ce site de grande valeur écologique et paysagère sur le territoire du PNR de Millevaches, compte de vastes étendues de landes, de tourbières et de boisements feuillus, traversées par des cours d’eau particulièrement intéressants. La tourbière occupe une vaste cuvette granitique de plus d’une centaine d’hectares. Les deux ruisseaux principaux (les ruisseaux de Beauvais et de Haute-Faye) affluents du Thaurion, comptent cinq espèces protégées au niveau national, citons par exemple le flûteau nageant, la littorelle ou encore l’Isoète à spores épineuses. La grande richesse écologique du site, milieux rares et en régression au niveau européen, a justifié sa désignation par l’Etat au titre de Natura 2000. Entre 650 et 720 mètres d’altitude se succèdent des monts occupés de boisements et de landes (dénommés puys) et des vallées larges à fonds plats et tourbeux, parcourues de jolis ruisseaux méandriformes. L’ensemble constitue un alvéole.
Fort de la présence d’une grande diversité de milieux (au moins 14), le site accueille une biodiversité exceptionnelle à préserver. Près de 100 espèces végétales ont été inventoriées sur le site, dont 12 sont protégées. Concernant la faune, au moins 60 espèces évoluent sur le site de la Mazure dont 19 sont protégées
Cet intérêt écologique s’appuie également sur un intérêt paysager non négligeable. En effet, ces landes et tourbières sont parmi les plus étendues et remarquables de la région Limousin. De plus, le site reste, encore aujourd’hui, préservé de toutes traces des constructions actuelles comme les routes, les lignes électriques... Ces diverses raisons ont fait reconnaître le site aussi bien au niveau national (site inscrit, Zones d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique, Site d’Intérêt Écologique Majeur du PNR) qu’au niveau européen (sites Natura 2000).
Dans les années 1930, 70 hectares de tourbières ont été acquis par l’ancêtre de la société Electricité De France (EDF) dans le but d’en faire une retenue hydroélectrique. Dès 1996, le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) du Limousin garant de la préservation des sites naturels de la région, entra en négociation avec EDF pour éviter que la vallée soit inondée et que la biodiversité du site soit ainsi détruite. En 1998, considérant que le projet de barrage n’était pas viable, EDF l’abandonna. Créée fin 1999, la Communauté de communes de Bourganeuf – Royère-de-Vassivière s’intéressa immédiatement au patrimoine naturel de son territoire et prit contact avec le CEN Limousin. C’est ainsi qu’un partenariat s’organisa entre la Communauté de communes, le CEN Limousin et l’Office National des Forêts (ONF), responsable de la gestion durable des propriétés publiques.
En 2005, EDF céda ses terrains, à l’euro symbolique, à la Communauté de communes de Bourganeuf - Royère-de-Vassivière, qui en confia la gestion au CEN Limousin et à l’ONF. C’est grâce à ce partenariat et aux acquisitions successives de terrains privés que, sur plus d’une centaine d’hectares, le site est aujourd’hui préservé, en cours de restauration et ouvert au public.
Un livret de découverte, conçu pour les curieux de tous âges, vous permettra de comprendre les enjeux environnementaux liés à la sauvegarde de tels sites, qui allient à la fois un patrimoine naturel exceptionnel et un patrimoine vernaculaire d’autrefois. Deux boucles vous sont proposées : une grande boucle de 7,3 kilomètres et une petite de 4,2 kilomètres. L’itinéraire est jalonné de 15 plots numérotés.
Michel Bernard