Un déni de démocratie et de l’opposition locale.
La commune de Millevaches se trouve confrontée depuis mars 2015 à un projet d’Areva qui envisage de stocker des stériles uranifères sur la commune de Millevaches, sur le site de l’ancienne mine d’uranium du Longy exploitée entre 1981 et 1983 (voir IPNS n°51).
Depuis 32 ans, la gestion du site, à la charge d’Areva et sous le contrôle de la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) ne plaide pas pour une confiance aveugle dans l’une comme dans l’autre.
De nombreuses irrégularités, des mensonges même, émaillent le suivi de la mine du Longy. D’une manière générale, le bilan de l’inspection de la DREAL en avril 2010 pointe plusieurs manquements aux engagements pris par Areva qui déclarait que le site était clôturé et sous contrôle. Il a fallu que l’association Sources et Rivières du Limousin (SRL) alerte l’État sur le fait qu’il était en accès libre et que le contrôle des eaux n’était plus assuré. Les verses à stériles présentes actuellement sur le site n’ont pas été recouvertes de terre mais seulement ”ensemencées”. Depuis, il semble que la DREAL qui a licencié l’inspecteur des mines en 2011 (suite à l’inspection de 2010 trop gênante pour Areva ?) et ne l’a pas remplacé, présente des positions basées sur des inexactitudes qui tendent à minimiser le dossier des transferts de stériles. Les documents présentés au public ne parlent jamais de ”pollution”, ni de ”déchets”, ni de ”dangers”. La langue de bois est de rigueur. Or, les stériles miniers sont bien des déchets radioactifs dangereux et devraient se trouver à plusieurs dizaines de mètres sous terre, et non en surface.
C’est grâce à la mobilisation d’associations de protection de l’environnement et en particulier au travail de l’association Sources et Rivières du Limousin qu’Areva est aujourd’hui contrainte (enfin) de dépolluer les sites concernés par une dissémination de “stériles miniers“, et cela dans un cadre juridique clair, défini dans l’article 8 du décret n°2012-542, et non pas, comme le soutient Areva, “parce qu’elle a proposé au Ministère de calmer les inquiétudes “non fondées“ des populations par des mesures, qu’elle juge par ailleurs inutiles“.
Nous savons maintenant que les stériles destinés au Longy proviennent d’une ancienne mine d’uranium, située à La Barrière, commune de Darnets, près d’Egletons. Cette mine fut exploitée de 1959 à 1960 par Péchiney-Saint-Gobain qui en a extrait plus de six tonnes d’uranium. Elle appartient actuellement à un particulier qui y stocke des matériaux divers (Source : Rapport de visite d’inspection de la DREAL, avril 2012). Preuve que la mémoire des utilisations des sites est vite oubliée, et qu’une mine a pu être vendue.
Le déplacement éventuel des stériles de ce site vers la mine du Longy ne constitue donc en aucun cas un “rapatriement“ comme ont indiqué certains quotidiens locaux, Areva et la DREAL.
La fiche de recensement de ces stériles indique une moyenne de 600cps (1) (contre 200 à 300 cps au niveau naturel) mais une grande partie du site affiche plutôt 1 500 à 2 700cps, ce qui peut donner une exposition à plus de 3 mSv/an (2) et non de 0,6mSv/an.
Plus de trente ans après la fermeture de la mine, on voit que celle-ci continue à menacer la qualité sanitaire de l’environnement. Son contrôle strict n’a pas même attendu ce délai pour de se déliter.
Le stockage envisagé n’a rien d’anodin et requiert, pour un temps extrêmement long (milliers d’années) une surveillance et une gestion par des professionnels.
Or, le désengagement des sociétés exploitantes et la démission de l’État nous font craindre que très prochainement (2018 ?) des collectivités locales se retrouvent responsables de la gestion du stockage. De petites collectivités territoriales comme une commune ou même une communauté de communes n’ont ni les moyens financiers, ni les moyens techniques de se charger du contrôle de cette gestion. Il nous semble en outre que la dissémination de substances radioactives sur une multitude de petits sites rendra impossible la mise en évidence des conséquences sanitaires éventuelles sur la population et qu’une politique de concentration des déchets sur des sites soigneusement suivis serait préférable.
La pétition qui circule grâce au collectif depuis mai 2015 a d’ores et déjà rencontré une large adhésion : plus de 600 signatures locales sur quelques communes autour de Millevaches. Il nous semble qu’elle démontre suffisamment l’opinion de la population sur ce projet et que la consultation publique ouverte du 20 août au 20 septembre inclus (deux jours par semaine à la mairie de Millevaches, dont presque la totalité des 90 habitants a déjà signé la pétition !) constitue un piège destiné à contourner l’opinion du peuple.
Suite au mépris pour tout ce qui émerge de l’initiative populaire, le collectif La loutre fluorescente, n’ayant jamais eu de réponse à ses courriers de la part du préfet, s’est donc constitué en association, en août 2015, afin d’être entendue. L’objet de l’association est de s’opposer à toute intervention visant à amener et stocker de nouveaux stériles miniers sur l’ancien site minier du Longy et d’agir pour une réhabilitation sérieuse, complète et régulièrement contrôlée du site du Longy et plus généralement sur tous sites concernés dans le périmètre du Parc naturel régional de Millevaches.
La Loutre Fluorescente (faisant référence à la petite loutre menacée du logo du PNR), a repris les termes du texte soumis à l’approbation du comité syndical du PNR : quasiment la totalité des représentants des 113 communes du PNR a voté contre ce projet.
La maison du Parc naturel régional, ouverte à Millevaches depuis janvier 2015, se trouve à quelques centaines de mètres de la mine du Longy, et fait la promotion de circuits pédestres passant par le Longy, (celui des sources de la Vienne fait face au Longy) : ce projet de stockage met en danger le renouvellement du label PNR puisque dans la nouvelle charte actuellement à l’étude pour 2016-2026, il est bien mentionné que le PNR n’a pas vocation a accueillir de déchets. Ce projet de stockage est comme une manifestation arrogante de désintérêt pour tout enjeu écologique.
La mairie de Millevaches, après quelques hésitations, s’est ralliée à la position du PNR, et apporte son soutien à l’association (mise à disposition de la salle et de la photocopieuse). Très prochainement un blog La Loutre fluorescente, permettra à chacun de prendre connaissance des actions de l’association et des suites de cette lutte.
Association La Loutre fluorescente