Après Crocq, j’ai le plaisir, en continuant de m’élever sur le plateau de la Courtine, bordure est du plateau de Millevaches (mille “evatz “, sources dans le patois d’oc local, le nom n’a rien à voir avec l’abondance des femelles du taureau !), de retrouver les bêtes cornues si importantes dans la mythologie de nos ancêtres. Il s’agit d’ailleurs surtout de bœufs blancs et de salers qui remplacent au sud de la Creuse et en Corrèze la limousine brune. Le plateau de Millevaches a une densité de population bien plus basse encore que la Creuse : quatre habitants au kilomètre carré. Les friches et les forêts de hêtres, hélas aussi maintenant de résineux, y dominent. Cependant, dans le pays de Crocq et sur le plateau de la Courtine qui précède le massif des Agriers, c’est-à-dire la frange orientale et septentrionale du parc naturel régional de Millevaches en Limousin, l’ambiance agricole est plus marquée que dans le nord et le centre Combraille, des troupeaux broutent, des coqs chantent, des cultivateurs s’affairent. À côté des prairies, des champs sont cultivés de céréales à paille et de maïs, des panneaux annoncent la vente de fromages de chèvre et de brebis. Cela est sûrement en rapport avec la qualité agronomique des sols mais reflète aussi un phénomène intéressant, l’arrivée depuis une vingtaine d’années de nouveaux exploitants, le plus souvent de sensibilité écologiste, qui fait un peu de cette partie de grand plateau limousin un nouveau Larzac.
Axel Kahn, Entre deux mers,