Felletin

  • À Felletin, la Gare en commun

    Trois associations, Les Michelines, Radio Vassivière et Quartier Rouge se sont réunies autour du projet de transformation de la gare de Felletin et lancent un appel à dons. La Gare en Commun veut faire revivre le site de la gare de Felletin en Creuse et le transformer en un lieu de vie, d’expérimentations et d’activités ancré sur le territoire. À trois associations locales, nous imaginons la gare comme un nouvel espace public, au sens d’espace de circulation, de diversité, d’échange.

    La gare accueillera des bureaux associatifs, un espace de travail partagé, un studio radiophonique, une cuisine participative, un jardin, un espace convivial où l’on pourra se poser, boire un café, voir une exposition, participer à un atelier ou à une formation…

     

    gare en commun

    gare felletinAujourd’hui nous lançons une campagne d’appel à dons pour que chacune et chacun puisse soutenir et participer à cette aventure. Nous nous donnons pour objectif de collecter 25 000 € d’ici fin septembre 2020. Nous le faisons par nécessité — celle de finaliser le budget des travaux des 320 m² de bâtiment — mais aussi avec l’intention que ce lieu se construise avec le maximum de personnes. Nous aider à la réalisation de ce projet, c’est signifier un soutien, financier autant que moral, et être solidaire de la dynamique qui le porte. C’est nous aider à faire exister un espace de proximité, d’hospitalité, de partage, d’apprentissage, de réflexion et de création en commun. Un nouveau lieu d’innovation, de création et d’invention sur le plateau de Millevaches.

    Si ce projet vous parle, vous inspire, vous enthousiasme et que vous souhaitez le voir exister, vous pouvez faire un don sur la plateforme de dons en ligne HelloAsso : https://frama.link/J0xmjxdj 

    Toute participation nous aide et peut être déduite des impôts. En contrepartie nous vous adressons un grand merci et vous attendons pour l’ouverture du lieu à l’horizon été 2021 !

  • A Felletin, un lieu, un homme, un film

    Le lieu, c'est l'ancienne coopérative diamantaire La Felletinoise.
    L'homme, c'est Pierre Barbier, l'un des derniers ouvriers de la diamanterie.
    Le film, c'est celui d'Annie Miller, consacré à l'histoire de ce lieu au travers du regard de cet homme.

     

    felletin diamant 1

     

    La coopérative diamantaire “La Felletinoise”

    felletin diamant 2L'histoire de la diamanterie de Felletin, c'est d'abord celle d'un homme qui prend le pari de revenir au pays valoriser un savoir faire rare : la taille du diamant. A l'origine de cette aventure, un parisien du nom de Blaise Vennat décide à la fin du XIXème siècle d'ouvrir un atelier de taille du diamant. Idée saugrenue ? Pas tant que ça si l'on considère que toutes les conditions étaient présentes : une main d'œuvre qualifiée dans un pays de tapissiers et de l'énergie toute trouvée grâce à la présence de la Creuse.

    C'est dans ce contexte, en 1906, qu'une dizaine d'ouvriers décide d'opter pour le statut coopératif comme mode de fonctionnement de l'atelier. Cette création semble alors être la première de ce genre dans le département. En 1912, les coopérateurs décident de la construction d'un nouveau moulin, sur les rives de la Creuse pour abriter leur activité. Il s'agit du bâtiment qui subsiste toujours aujourd'hui. L'activité prospère rapidement puisqu'une soixantaine d'ouvriers diamantaires taillent du diamant à Felletin avant la guerre de 1914. Les pierres viennent d'Afrique du Sud ou du Congo et sont à destination de joailliers londoniens ou hollandais.

    La seconde guerre mondiale va engendrer l'arrêt du travail pour de nombreux diamantaires dont la plupart seront obligés de se reconvertir. Ceux qui sont restés ont du chercher de nouveaux débouchés à leur activité. La Felletinoise se met alors à tailler du diamant de moindre qualité mais qui trouve cependant de nombreuses applications dans l'industrie.

    En 1982, la coopérative diamantaire a cessé définitivement de fonctionner alors qu'il ne restait qu'un seul ouvrier en activité. En 2002, seulement deux diamantaires felletinois vivent encore : Pierre Barbier, héros du film d'Annie Miller, et Monsieur Nardonnet.

    Aujourd'hui, le bâtiment encore en place nous rappelle l'activité florissante passée. La génératrice, les meules, le matériel de taille, les archives… tout est resté intact depuis deux décennies. Témoin d'un savoir faire original et reflet des mouvements coopératifs, La Felletinoise est en phase de réhabilitation. Un projet d'envergure est en cours de réflexion. Il devrait associer un volet touristique par la mise en place d'une partie muséographique portant sur l'histoire d'un savoir faire singulier et sur l'histoire des mouvements coopératifs. La seconde partie du projet reste quant à elle à définir. Lieu ressource, il aura en tout cas une véritable mission d'accueil à remplir : accueil de nouveaux actifs ou porteurs de projets, espace dédié à la présentation du territoire du Millevaches (patrimoine, artisanat…), les idées ne manquent pas pour faire revivre ce lieu chargé d'histoire.

     

    Sandrine Allègre, office de tourisme de Felletin.

     

    « Nous étions des tailleurs de diamants, pas des marchands, nous n'étions pas des capitalistes, nous étions une coopérative ouvrière diamantaire ».

     

    Le métier de Pierre

     

    felletin diamant 3Le 8 novembre 2001, le public felletinois était nombreux pour assister à la projection du film d'Annie Miller, le métier de Pierre, en présence de la réalisatrice. Cette dernière aime et connaît bien la région, puisqu'elle y possède une maison où elle séjourne fréquemment.

    Par ce documentaire de création sur le dernier diamantaire de la Felletinoise (cf. encadré), Annie Miller a magnifiquement mis en valeur et donné à découvrir un homme, Pierre Barbier, dont la vie est un itinéraire unique et original, mais aussi représentatif d'une époque et d'un milieu : la classe ouvrière du XXème siècle.

    Annie Miller a voulu, au delà du personnage de Pierre Barbier, très attachant, pétri de qualités humaines et forçant le respect, rendre hommage à l'ensemble des ouvriers anonymes qui, comme Pierre, ont exercé avec un mélange d'humilité et de fierté, un métier industriel au milieu du siècle dernier.

    Pierre Barbier a l'humilité de celui qui n'a pas fait fortune, n'a pas recherché la réussite financière et n'est pas, selon sa propre expression, un capitaliste. Mais la fierté transparaît lorsqu'il exprime qu'il a travaillé toute sa vie dans une coopérative ouvrière, associé à d'autres prolétaires.

    De son père et son grand père diamantaire, il a reçu en héritage l'amour du travail bien fait, et à leur suite il a peaufiné un savoir faire dont il est légitimement fier. En effet, le travail du diamant nécessite un long apprentissage, l'ouvrier doit composer avec la dureté à nulle autre pareille et la résistance de la pierre. Pour accomplir sa tâche il doit faire preuve d'humilité face à la matière, la respecter et en approfondir patiemment, au fil des années, sa connaissance intime.

    En écoutant Pierre Barbier, on se persuade que la noblesse du diamant, due à sa rareté et à ses qualités exceptionnelles, rejaillit sur ceux qui l'approchent.

     

    Les Felletinois présents ont ressenti la charge d'humanité et d'émotion de ce film, qui magnifie la sage et profonde philosophie de la vie de Pierre Barbier par ses qualités esthétiques remarquables. Le film est un continuel va et vient entre les propos de Pierre, le bruit lancinant de l'eau qui coule (la Creuse, le Thaurion à la Rigole du diable…), l'omniprésence du granit (menhir des Bordes, dolmen, bâtiments remarquables, rochers de Clamouzat…) et le travail du diamant filmé à Amsterdam (en tous points similaire à celui qui était pratiqué à Felletin). La succession, à un rythme rapide et semblable tout au long de l'œuvre, de ces divers lieux unis par leur permanence, contribue à une perception plus sensible des propos de Pierre Barbier.

    Ce film doit être présenté prochainement sur France 2. Surveillez vos programmes télé afin de ne pas le rater. Chacun espère à Felletin pouvoir le revoir dans le cadre des visites de la diamanterie organisées par l'office de tourisme.

     

    Jean-François Pressicaud
  • Bon voyage Madame la préfète !

    Jeudi 4 octobre 2018, 300 citoyens étaient rassemblés place Bonnyaud à Guéret à l’occasion du procès au tribunal correctionnel de Michel Lulek, accusé de “violences sur agent dépositaire de la force publique“ le 9 juillet 2018 devant la gendarmerie de Felletin à l’occasion du rassemblement de soutien à un jeune Soudanais que la préfète faisait mettre en rétention pour le renvoyer en Italie1.

    Ce jeune Soudanais, exfiltré violemment de la gendarmerie pendant l’assaut donné par les forces publiques et le gazage de la population rassemblée était libéré deux jours plus tard par la police à l’aéroport de Roissy. Deux semaines après, au Tribunal Administratif de Limoges, dans la crainte d’un jugement défavorable, la préfecture lui accordait enfin le droit de demander l’asile en France.

    Deux mois plus tard, le 17 septembre 2017, la préfète faisait de nouveau mettre en centre de rétention un autre jeune Soudanais pour l’expulser en Italie malgré la résistance des citoyens venus nombreux à Guéret le soutenir. Après deux jours, ce jeune était à son tour libéré par le Juge des Libertés et de la Détention d’Évry et, une semaine plus tard, la préfecture se voyait enjointe par le tribunal administratif de Limoges de lui donner accès à l’asile.Tous ces événements faisaient suite à des mois de tentatives de rencontres avec la préfète qui avait toujours opposé une fin de non recevoir.

    Ce 4 octobre 20018, les citoyens rassemblés avaient considéré qu’il était opportun d’offrir aux différents responsables de cette politique absurde et inhumaine ce qu’ils méritaient : un “transfert“ hors de France – puisqu’il s’agit du terme administratif officiel pour parler pudiquement des expulsions de “dublinés“2 – en leur affrétant un avion “OQTF“ (Ordre de Quitter le Territoire Français). Quatre places y étaient réservées pour Emmanuel Macron, président en exercice responsable au premier chef, Gérard Collomb, son zélé serviteur, quelques heures plus tôt encore ministre de l’intérieur, Magali Debatte, préfète mettant toute son énergie à expulser un maximum de personnes du département et Olivier Maurel, secrétaire général de la préfecture, mettant un acharnement particulier à rendre ces expulsions effectives. A l’occasion du “pot de départ de la préfète“ organisé par ces citoyens pour l’occasion, un discours a été prononcé par l’un d’entre eux, Marc Bourgeois. Nous le repoduisons ici.

     

    « Monsieur Macron, 

    dit Manu 1er le Cynique,

    qui réussissez le prodige de vous faire passer en Europe pour un défenseur du droit d’asile ;

    qui mettez en valeur les quelques dizaines de demandeurs d’asile que vous vous résignez enfin à accueillir, sous la pression médiatique et après les images dévastatrices de bateaux humanitaires coincés en Espagne après avoir été refusés par l’Italie et vous-même, masquant sous ce coup de projecteur les milliers d’autres que vous faites sans cesse expulser ou que vous refusez d’accueillir ; 

    qui vous permettez de donner des leçons à l’Italie alors que la France ne respecte pas les faibles engagements pris pour une répartition européenne plus “équilibrée“ ;

    qui contribuez à financer les gardes-côtes libyens, alors que vous ne pouvez ignorer le sort réservé là-bas aux migrants, violentés et réduits en esclavage ;

    qui tentez de faire supprimer, dans le cadre de la négociation des “accords de Dublin 4“, le délai de fin de responsabilité de l’État d’entrée ou la clause dérogatoire permettant à la France de traiter la demande d’asile de migrants, même s’ils sont arrivés en Europe par un autre pays ;

     

    air oqtf

     

    Monsieur Collomb,

    qui avez osé appeler “votre“ loi : “pour une intégration réussie“ ;

    qui l’avez présentée à l’assemblée comme un moyen de contrer la progression lepéniste, en oubliant qu’en reprenant et assumant les idées que vous prétendez combattre vous vous en faites au contraire le promoteur ;

    qui avez fait fermer des points d’eau publics à Lyon pour que les personnes à la rue ne puissent pas y boire ;

     

    Madame Debatte,

    qui ne cessez de marteler que “c’est la loi !“ et qui, soit vous dégonflez quand vous passez devant un tribunal, soit faites l’objet de condamnations ;

    qui félicitez vos services de gendarmerie quand ils gazent une population qui défend un innocent, sans vous demander si vos gendarmes sont, eux, fiers de ce que vous leur faites faire ;

    qui, par votre méconnaissance du territoire et de ses habitants, réussissez la prouesse après quelques mois de présence de vous mettre à dos élus et habitants ; 

    qui prétendez que nous sommes une infime minorité et osez affirmer que nous sommes aussi dangereux que des terroristes ;

    qui gaspillez les fonds publics par votre incompétence et votre obstination (nous avons estimé que la tentative d’expulsion ratée d’Abdel, pour laquelle vous avez été condamnée hier, avait mobilisé au bas mot 55 000 € d’argent public compte tenu de tout ce que vous avez dû mettre en œuvre pour tenter de la mener à terme) ;

     

    Monsieur Maurel,

    qui faites de tout cela une affaire personnelle ;

    qui vous croyez en guerre contre le territoire au service duquel vous seriez censé être ;

    qui gérez le département comme vous gériez une prison ;

    qui avez le cynisme de dire “ce n’est que l’Italie“, sans vous poser un seul instant ce que cela représente pour des personnes intégrées en France, ayant fait l’objet d’actes de racisme en Italie, et risquant d’y être renvoyées vers le pays qu’elles ont fui ;

     

    Vous tous qui sabotez soigneusement et méticuleusement tout le travail d’intégration et de construction sociale que nous et plein d’autres à travers la France menons ;

    Vous tous qui ordonnez des chasses à l’homme et à l’enfant à vos policiers ;

    Vous tous qui privez des innocents, adultes ou enfants, de liberté ;

    Vous tous qui, par vos mesures, condamnez à l’errance entre les pays, faites dormir sous les ponts, réduisez des gens au désespoir ;

    Vous tous qui, par les politiques que vous menez, portez des milliers de fois plus de responsabilités dans la venue de ces personnes qu’elles-mêmes, victimes d’une histoire qui les dépasse ;

    Vous qui, quotidiennement, au nom de la République, bafouez non seulement la fraternité mais aussi la liberté et l’égalité, rendant ainsi risible la journée d’intégration à la citoyenneté à laquelle ces personnes, si elles accèdent à l’asile vont devoir se soumettre. Comment pensez-vous un seul instant qu’elles puissent y adhérer après les formidables leçons “d’instruction civique“ à taille réelle que vous leur avez fait subir ?

    Vous tentez de nous discréditer en nous traitant d’angéliques. Mais c’est vous qui êtes diaboliques. Avec tout le mépris dont vous êtes capables, vous nous qualifiez de “belles âmes“ et il est évident qu’il ne s’agit pas d’un compliment. Par quelle curieuse inversion avez-vous réussi à faire accroire qu’il vaut mieux être une “âme noire“ ?

    Vous ressassez à n’en plus finir  “on ne peut pas accueillir toute la misère de monde“ alors que vous êtes incapables de voir que ce n’est pas la misère que nous accueillons, mais la jeunesse, une formidable force de vie, de projets, de construction. La misère, ces personnes l’ont laissée dans les pays d’où elles viennent et où vous l’avez-vous-même créée et continuez de l’entretenir par vos politiques. La misère, elle est dans les conditions de vie que vous leur imposez en les condamnant à l’errance. La misère, elle est dans vos pauvres têtes incapables de sortir d’un mode de pensée colonialiste.

    Cette force de vie qui les anime, cette espérance qui les porte, cette foi en ce que devraient être nos valeurs, ce sont elles que vous détruisez, et pour cela vous êtes impardonnables.

    Vous nous parlez de réalisme et vous nous reprochez son absence, pourtant c’est nous qui construisons, et vous qui devriez avoir le courage de dire la vérité.

     

    Mesdames, Messieurs j’aimerais que vous puissiez rencontrer les mères de ces jeunes gens. Leurs pères, ce ne sera plus possible, ils ont déjà été exécutés, comme eux-mêmes l’auraient été s’ils n’avaient pas fui. Qu’auriez-vous à leur dire ? “On applique la loi“ ? Cette loi, ces lois que vous avez faites, et que vous ne cessez de durcir. Ce “code de la honte“ qui vient d’être voté. Comment leur expliquerez-vous que vous n’avez pas utilisé votre liberté, qui reste totale malgré ces lois ou plutôt en vertu d’elles-mêmes, d’accueillir leurs enfants ?

    Vous portez la responsabilité pleine, entière et personnelle des actes que vous commettez et qu’il faut bien appeler pour ce qu’ils sont : des traitements inhumains et dégradants.

    Face à cela, ce qui me frappe c’est l’incroyable dignité des personnes qui les subissent, leur capacité à encore sourire, leurs salutations quand je les rencontre dans les rues de la Chapelle à Paris ou dans un parc à Limoges. Et pourtant l’angoisse, la boule d’anxiété qui envahissent le ventre, la poitrine, la gorge, l’absence de perspectives et la crainte qui plus encore que le froid des nuits sans abri empêchent de dormir, tout cela ils vous le doivent.

    Pour toutes ces raisons et au premier chef, pour avoir souillé, saboté, foulé au pied les trois principes fondamentaux de la République, aussi bien la liberté, que l’égalité et la fraternité,  vous méritez la déchéance de nationalité évidement accompagnée d’un OQTF (Ordre de Quitter le Territoire Français) et d’une IRTF (Interdiction de Retour sur le Territoire Français), ces mesures que vous savez distribuer si généreusement.

    Voici l’avion pour effectuer le vol que nous vous offrons. Il m’a semblé que la destination de la Libye semblait la plus appropriée. Vous avez investi beaucoup d’argent français pour que les libyens puissent vous accueillir et vous retenir chez eux. Je ne doute pas qu’ils sauront utiliser une partie de cet argent pour vous réserver un accueil digne.

    Évidemment, il y a le risque que votre avion s’abîme en Méditerranée et que vous vous trouviez dans l’immensité des flots sans rien que la mer autour. Peut-être alors la panique, l’effroi intense s’empareront-ils de vous et comprendrez-vous ce que toutes ces personnes ont pu éprouver. Et malheureusement pas de bateau humanitaire pour vous secourir : vous et vos collègues de tous les gouvernements d’Europe vous êtes suffisamment employés à criminaliser leur action et à la rendre impossible. Il restait bien l’Aquarius jusqu’il y a peu, mais, coincé à quai par vos mesures quand il serait si simple de lui accorder un pavillon, il ne pourra venir à votre rencontre.

    Alors ? Alors je ne vous souhaite pas cette fin atroce, connue depuis le début de l’année, grâce à vous, par plus de 1 700 personnes, venues rejoindre au fond de cette Méditerranée leurs dizaines de milliers de frères et sœurs. Mais n’ayez crainte, il y aura bien une des frégates offertes par l’Italie à la Libye pour venir vous repêcher.

    Il me reste à vous souhaiter un agréable voyage en bonne compagnie.“3

     

    Marc Bourgeois

    1 Michel Lulek a été condamné à 1 000 € d'amende avec sursis mais relaxé pour son refus de prélèvement ADN. Le procureur a fait appel de cette décision, la trouvant trop clémente...
    2 Dublinés : demandeurs d’asile entrés dans le territoire européen par un autre État membre que la France, cet autre État étant normalement responsable du traitement de la demande d’asile, même si la France possède toujours le droit souverain d’examiner elle-même cette demande - clause discrétionnaire (accords dits de « Dublin 3 »).
    3 Si les deux soudanais concernés ont pu finalement rester sur le territoire et demander que leur droit à l’asile puisse être examiné, les expulsions par la préfecture de Creuse (mais il en va de même en Haute-Vienne et Corrèze) se poursuivent à un rythme important, concernant parfois des familles entières, peu importe qu’elles soient parfaitement insérées et soutenues par la population locale. Si elles donnent parfois lieu à des actions de soutien, beaucoup se déroulent dans le silence quand les expulsés n’ont pas été en mesure de se constituer un réseau de relations.
  • Brève n°70 - 03/2020

    breve ipns 70

  • ça chauffe du côte des chaudières et des journaux !

    Dans son numéro du 29 décembre 2007, Le Monde a publié une article intitulé «Des experts dénoncent la pollution due aux chaufferies à bois». Cet article a inquiété certains habitants de Felletin qui l’ont porté à la connaissance des élus municipaux. Nous publions ci-dessous les remarques de Jean-François Pressicaud présentées au conseil municipal de Felletin, visant à ramener à leur juste mesure les dangers dénoncés par «des responsables de l’environnement dans la région Rhône-Alpes».­

     

    Au-delà de Felletin, c’est tout le développement du chauffage à bois en Limousin (et ailleurs) qui peut être atteint par de telles controverses. Aucune activité humaine ne peut prétendre avoir un impact nul sur l’environnement, mais certaines génèrent moins de nuisances que d’autres. Le chauffage au bois ou l’énergie éolienne ne constituent pas la panacée des systèmes parfaits. Mais là où ils peuvent être utilisés, ils ont toute leur place dans le cadre d’une politique visant d’abord les économies et ensuite la diversification des énergies, avec priorité aux productions renouvelables et locales.

     

    De 2  à 20 MW th, ce n’est pas pareil !

    L’article du Monde vise principalement les chaudières d’une puissance inférieure à 2 MW th (mégawatts thermiques) qui “échapperaient à toute réglementation“. Ce n’est pas du tout le cas de l’installation felletinoise dont la puissance-bois est de 14 MW th. De plus, le ministère de l’industrie lui a appliqué la réglementation concernant les chaudières de plus de 20 MW th, en additionnant la puissance de la chaudière-bois et celle de la chaudière de secours à gaz (6,5 MW th) alors qu’elles ne peuvent jamais fonctionner simultanément.

    Le classement dans cette catégorie a eu des conséquences importantes : on est passé du régime de la déclaration à celui, beaucoup plus lourd, de l’autorisation, avec notamment la nécessité d’une enquête publique.

    Au final l’arrêté préfectoral (­n° 2005-0160) autorisant l’exploitation reprend les exigences de l’arrêté ministériel du 20 juin 2002 “relatif aux chaudières présentes dans une installation nouvelle ou modifiée d’une puissance supérieure à 20 MW th“. Il ressort de la lecture de ces deux arrêtés que, contrairement à ce que peut laisser croire l’article du Monde, la liste des polluants surveillés est impressionnante, et concerne en particulier les métaux lourds (cadmium, mercure, thallium, plomb, chrome, etc…) et les H.A.P. (hydrocarbures). Le texte intégral de ces arrêtés est consultable en mairie.

     

    chaudiere

     

    Un niveau de pollution très faible

    Les dernières analyses effectuées par le bureau Veritas en novembre 2007, montrent que tous les paramètres étudiés dans les rejets atmosphériques sont conformes aux exigences de l’arrêté d’autorisation. Cela n’est guère étonnant, car les travaux complémentaires effectués depuis deux ans, concernant notamment la préparation du combustible, les réglages et le revêtement intérieur du four, ont permis d’aboutir à un fonctionnement optimal de l’installation. La combustion étant bonne, le niveau de pollution se situe à un niveau très faible, et les normes sont aisément respectées.

     

    Nos arbres n’ont guère de produits dangereux à capter 

    L’article explique que “l’arbre capte les éléments contenus dans l’atmosphère et dans le sol… et on retrouve dans l’air des produits dangereux“. Or, nous savons que, dans notre région, les sols sont pauvres en sels minéraux ; c’est par exemple une caractéristique de nos eaux de source. Par ailleurs, et bien que la pollution atmosphérique ne connaisse pas de frontières, les forêts du  Plateau de Millevaches croissent dans un air moins pollué que celui des zones urbaines. Nous avons donc toutes les raisons de penser que la pollution due à la concentration dans les arbres d’éléments dangereux doit être très faible et peut-être même insignifiante. Cette supposition est confirmée par les résultats rassurants des analyses.

     

    Faire des comparaisons pertinentes

    L’article du Monde fait constamment le parallèle entre la chaufferie-bois et les incinérateurs d’ordures ménagères. A qui fera-t-on croire que les dangers sont les mêmes ? Entre la combustion du bois brut non traité et celle d’ordures ménagères comprenant des plastiques, des métaux et de nombreux produits chimiques dangereux, la différence saute aux yeux.

    Ce n’est pas avec les incinérateurs d’ordures ménagères que devraient être comparées les chaudières bois, qu’il s’agisse de Felletin, ou de celles, de dimensions diverses, qui existent à Bourganeuf, Egletons, Pontarion, Faux la Montagne ou ailleurs, c’est plutôt avec la pollution des installations individuelles au fioul ou au gaz qu’elles évitent que l’on pourrait établir des comparaisons. On constaterait alors que ce sont des milliers de tonnes de combustibles fossiles qui sont économisées grâce à ces chaufferies bois et que c’est bénéfique autant par la  non émission de gaz à effet de serre que par la diminution considérable des autres polluants. 

     

    Ne pas croire les experts sur parole 

    Nous pensons donc qu’il ne faut pas inquiéter les populations avec des dangers hypothétiques et de faible gravité alors que d’autres sont passés sous silence (bien qu’établis avec certitude) : déchets nucléaires, transports routiers ou aériens, chauffage au fioul ou au gaz …

    Bien que leur avis soit toujours utile et généralement nécessaire pour étayer notre jugement, il ne faut pas prendre la parole des experts pour une vérité indiscutable, les désaccords qui existent dans le milieu scientifique nous montrent que personne, même parmi les plus “savants“, n’échappe à des préjugés idéologiques (ou même à des intérêts) qui influencent leurs prises de position. Les controverses concernant les questions d’énergie sont très vives, les lobbies divers (nucléaires, pétrole) sont puissants et ils ont tout intérêt à discréditer les énergies renouvelables.

    Au-delà de ces débats, il faudrait que chacun comprenne que nous, Felletinois, devons être fiers d’une installation de co-génération qui a maintenant dépassée ses défauts de jeunesse et qui  produit proprement, à partir d’une ressource renouvelable et locale, de la chaleur utilisée par le réseau qui alimente les bâtiments collectifs et de l’électricité en quantité trois fois supérieure à la consommation de la ville.

     

    Au niveau national cette reconnaissance existe. Ainsi, le CLER (Comité de liaison des énergies renouvelables) a, pour la troisième année consécutive, décerné à la commune de Felletin la médaille d’or du championnat des énergies renouvelables des communes (catégorie bois-énergie, commune de moins de 2000 habitants). Il faut maintenant que, localement et régionalement, cette réalisation soit citée en exemple.

     

    Jean-François Pressicaud
  • Compaillon du savoir

    isolation paillePhilippe Liboureau, constructeur paille, s’est installé sur le Plateau pour y développer son activité. Il nous livre ici ses impressions, son cheminement et ses projets. 

     

    Ma découverte, l’année dernière, du Limousin, de son maillage associatif dense et de volontés politiques fortes me font penser que le plateau de Millevaches peut devenir un lieu exemplaire de la démonstration du bien fondé de l’éco-construction et de l’éco-réhabilitation en terme de filières courtes, d’économie d’énergie et de puits carbone. 

    Dans un pays où la dépense énergétique générée par le secteur du bâtiment (matériaux, transport, construction et utilisation) représente 50% de l’émission globale de CO2, l’éco-construction en général et la paille en particulier sont capable d’apporter une réponse forte. L’éco-construction en bottes de paille, outre des retombées économiques en terme d’emploi et de développement de filières locales, peut générer du lien et du bien social par le biais de l’apprentissage de savoir faire, de chantiers solidaires et de l’auto-construction, qui permettent de se ré-approprier l’acte de construire pour se construire ensemble. Ce territoire, haut lieu des résistances, peut devenir une région phare de la résistance aux “lobbies“ industriels du bâtiment qui protègent leur monopole derrière des labels, certifications et autres normes.

     

    Retour sur un cheminement

    Septembre 2001 : Parait le quatrième numéro de La Maison Ecologique avec un dossier sur la construction en paille. Je découvre ce matériau qui sur papier correspond totalement à ma quête d’un matériau simple de mise en œuvre, respectueux de l’environnement et de l’humain. 

    Printemps 2002 : Je rencontre pour la première fois Pascal Thépaut lors d’une rencontre du mouvement des “Oasis en tout lieu“ en Normandie. A l’époque je suis artisan et restaure des maisons à colombages et torchis. Pascal est lui-aussi artisan et précurseur de la construction en bottes de paille en France. Il m’explique sa démarche constructive et les avantages de ce matériau.

    Printemps-été 2003 : Je réalise avec Pascal mon premier chantier de construction ossature bois-remplissage en bottes de paille dans la Manche. Cette première réalisation me permet d’envisager de ne me consacrer qu’à ce type d’habitat, bioclimatique et éco-construit. Le reste de cette année, je le consacre à un travail de recherche sur les matériaux, le bio-climatisme et les maisons passives.

    Octobre 2005 : Après avoir, en deux ans, participé à une douzaine de réalisations en bottes de paille et rencontré bon nombre de maîtres d’ouvrage, auto-constructeurs et les quelques professionnels du secteur, je décide avec Bruno Grondin, auto-constructeur, de créer l’association Les Compaillons pour tenter de regrouper dans une même entité tous les acteurs de la construction en bottes de paille. Cette création est  très vite suivie du site Internet et du forum voué à l’entraide sur les chantiers d’auto-construction.

    Mai 2006 : André de Bouter (La Maison en Paille) nous contacte pour organiser les premières rencontres nationales de la construction paille au Lac de Lambon dans les Deux Sèvres, qui a vu sortir de terre le premier établissement public en bottes de paille. Deux jours d’échanges et 60 participants plus tard, Les Compaillons se transforment en Réseau Français de la Construction en Paille.

    Juillet 2007 : Je participe en tant que professionnel à la réalisation d’une maison en bottes de paille à St Moreil chez les boulangers bios Jérôme et Stéphanie. J’y rencontre parmi les participants bénévoles et les autres artisans professionnels, Philippe Simon, Johanna Corbin, Guillaume Paillard, Marion Michaud et Yann Hélip Soulier. Un projet d’éco-site se préfigure à Gentioux….J’ai bien envie de faire partie de l’aventure pour y porter le projet d’un lieu dédié à l’éco-construction.

    Printemps 2008 : Je m’installe avec les autres participants sur le domaine de la ferme de Lachaud  à Gentioux et l’aventure commence ...

     

    Le Réseau Français de la construction en paille

    Le Réseau Français de la construction en paille compte actuellement 400 adhérents dont 60 professionnels et 30 associations sur tout le territoire national. Nous travaillons sur des thématiques telle que la reconnaissance de la paille comme matériau constructif  et son assurabilité décennale, la formation de nouveaux professionnel-le-s, la sécurité des chantiers d’auto-constructeurs, l’expérimentation de nouvelles techniques et de matériaux associés dans le but de promouvoir la construction en paille comme alternative aux matériaux énergivores.

    Le Réseau fait paraître un journal internet Infopaille téléchargé à 15000 exemplaires tous les 6 mois et une lettre d’informations et d’annonces mensuelles, Les Paillettes, réservée aux adhérents. 

    Nous organisons deux rencontres publiques par an, une en mai, le Festipaille, et une en Novembre qui inclut notre assemblée générale. Nous venons de lancer un recensement des maisons construites en bottes de paille. Plus de 400 ont déjà été dénombrées. Nous estimons que mille maisons en paille sont déjà construites en France et que plus d’une centaine sont en cours de réalisation cette année.

    Le site internet va être “relooké“ cet automne par Liminfo à Royères-de-Vassivière et permettra de communiquer des informations plus nombreuses et de manière interactives..

     

    Prochaines rencontres­­

    Les 6° rencontres nationales du Réseau ainsi que les premières assises nationales de la formation à l’éco-construction auront lieu le week end du 11 Novembre 2008 sur quatre jours à…..Eymoutiers. Des animations, projections et démonstrations publiques auront lieu dans ce cadre. 

     

    Une maison en paille, combien ça coûte ?

    Le coût moyen à la construction d’une maison “bioclimatique éco-construite en bottes de paille avec chauffage bois et eau chaude sanitaire solaire“ est sensiblement du même coût qu’un pavillon “conventionnel béton polystyrène chauffage nucléaire“ c’est à dire 1200 € du m2 habitable. A l’utilisation ce type d’habitat est 3 fois moins gourmand en énergie. Ce coût  de construction est fortement réduit lorsque les maîtres d’ouvrage participent à la conception et à la réalisation de leur habitat, lorsqu’ils pratiquent une forme d’auto-construction accompagnée par des artisans écologiques (à ne pas confondre avec le label écoartisan de la CAPEB dont les artisans, dans leur très grande majorité, ne mettent pas en oeuvre d’écomatériaux).

    Philippe Liboureau

     

    Le projet du site des Granges à Felletin (centre de formation et de chantier en éco-construction) entre dans sa phase de réalisation avec la création de l’ASSOCIATION BATIS & SAVOIR-FAIRE EN LIMOUSIN. Dans une prochaine livraison d’IPNS elle présentera les perspectives de son programme pour la restauration du patrimoine bâti. 

     

    Les devoirs des propriétaires bailleurs sur la consommation énergétique de leurs logements :

    Depuis le 1er juillet 2007, le propriétaire bailleur doit obligatoirement présenter un Diagnostic de Performance Energétique à son futur locataire avant la signature du contrat de location. Ce diagnostic n’a que valeur d’information. Pour plus d’informations, appeler l’ADIL 19 au 05 55 26 56  82 ou l’ADIL 87 au 05 55 10 89 89. Source Agence Départementale d’Information sur le Logement.

     

  • Court-circuit : 10 ans d’expérimentations à Felletin

    La ressourcerie de Felletin, Court-circuit, fête ses 10 ans en emménageant dans de nouveaux locaux entièrement adaptés à son activité. L’occasion de proposer à deux de ses promoteurs de faire un bilan de cette aventure collective, sans s’interdire de penser à demain !

     

    court circuit atelierL’association Court-circuit naît en 2010 d’un essaimage de la ressourcerie d’Eymoutiers. Notre but est d’implanter à Felletin les fonctions d’une ressourcerie (collecter, valoriser, vendre et sensibiliser) pour œuvrer à la réduction des déchets et lutter contre le gaspillage, tout en expérimentant un mode d’organisation autogéré. C’est dans le terreau fertile de l’écosystème du Plateau que l’aventure de Court-circuit prend racine : la formation au métier de valoriste se fait au Monde allant vers... d’Eymoutiers (il n’existe alors que deux ressourceries en Limousin, pour une quinzaine aujourd’hui), le projet politique et ses valeurs sont questionnés et affinés au fil de l’accompagnement par l’association Pivoine, et le choix du statut associatif est éclairé par les conseils de la Scop La Navette. Enfin, en participant au compagnonnage du Réseau REPAS, nous nous inspirons d’autres expériences d’autogestion (notamment celles d’Ambiance bois, de Champs libres et du Monde allant vers pour ne citer que les locales) et nous apprenons à expérimenter chemin faisant.

     

    Une fonction d’accueil qui émerge au fil de l’eau

    L’accueil de compagnon.nes du réseau REPAS dès le démarrage de la ressourcerie initie la dynamique d’ouverture et d’inclusion de l’équipe des permanents1 : il s’agit d’apprendre à faire collectif avec qui est présent. Autant que faire se peut nous appliquons cette gymnastique aux bénévoles, aux stagiaires et aux porteurs de projet qui viennent découvrir le métier et se former. 

    Nous souhaitons que la ressourcerie soit aussi inclusive que possible, pour l’ancrage du projet dans le tissu local et aussi pour offrir un accueil égal (non discriminant) au public le plus large possible, cela comprend bien évidemment les clients et les usagers, d’où le soin apporté à la présentation des  objets en vente et la bonne tenue de la boutique du centre ville depuis son ouverture – c’est également dans ce sens que sera pensée la réfection de la boutique en 2018 en partenariat avec la SCIC l’Arban.

    Dès les premiers temps, la ressourcerie attire spontanément quelques personnes qui ne sont a priori sensibles ni au projet environnemental, ni au projet politique de l’autogestion, et qui viennent chercher du lien social, de l’occupation, ou – nous le comprenons après coup – des plans récup’, du travail ou des présences féminines… Nous nous félicitons de cette mixité spontanée jusqu’à vivre des situations très compliquées qu’aggrave l’absence de cadre clair (le cadre est alors en construction, au rythme lent des questionnements de l’autogestion). Nous découvrons nos limites en termes d’insertion et prenons conscience de notre incompétence en la matière. Nous continuons néanmoins à accueillir un groupe de jeunes de l’Institut médico-éducatif (IME) de Felletin chaque mercredi, des jeunes en séjour de rupture à la demande, des stagiaires de collège et plus récemment des exilés. Nous sommes également sollicités par l’administration judiciaire pour recevoir des jeunes dans le cadre de Travaux d’intérêt général. Après un temps d’arrêt, nous renouons avec l’accueil de personnes en situation d’isolement social, mais avec plus de précaution et dans un cadre clair consolidé par l’expérience. 

    En 2016, nous obtenons l’agrément Espace de vie sociale de la CAF qui est intéressée par notre travail sur l’accueil et l’inclusion, et tout particulièrement par la mixité des publics qui fréquentent la ressourcerie. Ce partenariat nous permet de dégager du temps salarié afin de poursuivre dans de meilleures conditions ce que nous avions entrepris de façon bénévole, d’animer réellement la vie associative et le bon accueil des bénévoles, et de développer pleinement le programme d’ateliers partagés : réparation de vélos, cafés couture, repair cafés… 

     

    Une équipe autogérée qui se donne les moyens d’une régulation

    court circuit rueCôté autogestion, nous avons pris soin de consolider les fondamentaux dès le début : constitution du collectif en parallèle de la construction du projet, maîtrise autant que possible de la vitesse de démarrage de l’activité afin de ne pas subordonner le temps de la démocratie à l’urgence économique, mise en place d’espaces pour s’exprimer et émergence d’une culture de l’écoute. Une attention particulière est portée à l’intégration des nouvelles et nouveaux salariés.es : on essaie de leur « laisser la place » et on investit du temps et de l’énergie dans les transmissions.

    Malgré tout, en 2015, l’équipe connaît des tensions internes en même temps qu’un important turn-over : l’équipe passe de 7 à 9 salarié.es, avec 3 départs (dont un définitif) et 5 arrivées. La régulation interne était jusqu’alors assurée de façon informelle, cela ne suffit plus. S’ensuit une médiation fructueuse animée par une personne extérieure. Puis de nouvelles tensions se font jour et une question émerge : comment faire équipe avec un groupe plus hétérogène, notamment en termes de rythmes et de portage du projet ? 

    Avec un mandat de l’ensemble de l’équipe, un binôme de salariées commence à mettre en place des outils d’animation et des temps de parole individuels. Les deux collègues sont bientôt débordées par leur mission à la fois vague et vaste, et une commission de quatre personnes est finalement créée, avec une fiche de poste pour en fixer le cadre : globalement, il s’agit de prendre soin du collectif (même si c’est théoriquement l’affaire de toutes et tous) et de s’assurer que chaque personne est à la place la plus juste pour elle et pour le groupe. La commission est en veille sur l’ambiance du groupe et les tensions interpersonnelles, essaie d’accueillir et de travailler les conflits pour pouvoir les transformer, propose des entretiens annuels pour faire le point, prépare les procédures d’embauche et l’accueil des nouveelles et nouveaux salarié.es. Elle travaille également le regard collectif sur les compétences, la planification et l’organisation du travail, mais ne se substitue pas à la responsabilité collective, ni à la décision collective et n’est pas censée compenser un défaut de partage de l’animation. Cette commission n’a pas non plus vocation à devenir une direction des ressources humaines déguisée et ses membres tournent d’année en année. Elle rend compte de son travail au collectif et son travail n’a de sens que dans la mesure où elle a la confiance de l’équipe.  

     

    Nouveaux locaux, nouvelle dynamique ?

    court circuit locauxLes 10 ans de Court-circuit coïncident avec l’installation dans de nouveaux locaux. C’est l’aboutissement d’un projet de 7 ans ! L’association dispose désormais d’un outil de travail ergonomique et adapté pour pérenniser les emplois. Au-delà de l’activité économique, nous espérons que ce nouveau lieu permettra d’amplifier la dynamique d’accueil, d’ouverture des ateliers, d’échange de savoir-faire et de valorisation d’objets et de matières. Car si l’on regarde le verre à moitié vide, le réemploi est un pansement sur la jambe de bois de la société de gaspillage. La ressourcerie est impuissante face aux objets irréparables ou de mauvaise qualité et les effets de mode nous dépassent. C’est pour cela qu’il nous tient à cœur de favoriser l’autonomie à travers l’auto-réparation et la transmission de savoir-faire. Les nouveaux locaux font la part belle aux ateliers qui nous faisaient défaut jusqu’ici, et nous souhaitons étoffer le programme trimestriel des ateliers partagés et ouvrir d’une façon ou d’une autre nos ateliers au public… L’atelier vélo est déjà opérationnel et actif grâce à l’énergie de super bénévoles !

    Nous sommes convaincus qu’on pourrait aller encore plus loin dans le partage de l’outillage et du « gisement » de déchets et de matières. Le lien avec un Fab’lab, la recherche et développement en low tech (ou basse technologie), ou toute autre activité liée au réemploi d’objets ou au recyclage de matériaux paraît évident et désirable, et nous souhaitons que Court-circuit puisse être un soutien voire un incubateur pour des projets de ce type. 

    À suivre… 

     

    Constance Launay et Olivier Cagnon

    1 La création des premiers postes salariés s’étale sur 3 ans, on parle alors de « permanents » pour ne pas induire de différence de statut entre les salariés et les bénévoles permanents.
  • COURT-CIRCUIT en roman photo

    Le 2 mars 2023, à Jarnages, dans le cadre d’une journée intitulée « Dynamiques d’économie sociale et solidaire en Creuse », Pascal Bousso, responsable du Dispositif local d’accompagnement de Creuse, présentait les deux grandes tendances qu’il a observées dans le monde associatif creusois au cours des cinq dernières années. La première relève de la multiplication de « lieux hybrides » comme les tiers-lieux, où se croisent des activités variées, économiques ou non, des publics différents et où la mutualisation et le partage sont dominants. La seconde tendance relève d’une aspiration de bon nombre d’associations à pratiquer une organisation plus horizontale, collégiale ou collective. Une recherche qui fait sens autant pour les bénévoles (conseils d’administration sans président par exemple) que pour les salariés (avec des formes d’autogestion ou d’autonomie dans le travail). À cet égard, l’expérience de la ressourcerie Court Circuit de Felletin, présentée lors de cette journée, est exemplaire.
    Créée en 2010, la ressourcerie regroupe aujourd’hui 11 salariés auxquels il faut ajouter deux saisonniers en été. Elle dispose de deux lieux à Felletin : sa boutique en centre-ville et des entrepôts en périphérie. Depuis l’origine, l’un des objectifs de Cour Circuit est d’expérimenter un fonctionnement en autogestion (pas de hiérarchie, égalité des salaires, polyvalence), un fonctionnement qu’on retrouve dans le conseil d’administration de l’association où les décisions sont prises de manière collégiale et où il n’y a ni président, ni trésorier, ni secrétaire. « Les principes d’égalité et d’équité sont à la base de notre fonctionnement : se sentir l’égal de son collègue. » Pour autant, cette posture n’a rien de naïf : « L’autogestion, c’est expérimenter un autre mode de fonctionnement mais ce n’est pas une condition nécessaire ou suffisante au bien-être au travail. Il y a des autogestions qui font souffrir et il y a des structures pyramidales où les salariés sont contents d’aller au boulot. »
    Pour mieux faire connaître son activité et faire découvrir son fonctionnement côté coulisses, l’équipe de Court Circuit a eu l’heureuse idée de se raconter sous la forme d’un roman photo. Nous le publions ici et vous invitons à pénétrer ainsi dans l’envers du décor de Court Circuit.

     

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  • Défense et illustration de la loi de 1901

    L'extrait consacré aux associations du livre de Michel Pinton que nous avons publié dans notre dernier numéro (n°20, page 2), a suscité la réaction d'un de nos lecteurs. Face à ce qu'il considère comme une attaque contre la loi de 1901 il répond point par point à l'argumentation de Michel Pinton et fait l'éloge de cette bonne vieille loi 1901, à ses yeux toujours aussi pertinente.

     

    droits

     

    La rubrique qui s’intitule «Lu et approuvé» du dernier IPNS m’a fait une drôle d’impression. J’ai lu et n’ai pas approuvé.

    Michel Pinton, maire de Felletin, écrit : «Face à l’Etat envahissant, les citoyens sont très faibles par eux-mêmes. Ils tombent dans l’impuissance et le désintérêt s’ils n’apprennent pas à s’aider librement.» Ce n’est évidemment pas d’une critique anarchiste ou libertaire de l’Etat qu’il s’agit, mais d’une critique libérale : il y a trop d’Etat, trop d’Etat social, trop d’assistanat et les individus deviennent des assistés incapables.

    «L’accueil des touristes aussi bien que l’aide aux personnes âgées, les loisirs offerts aux enfants et les randonnées pédestres ne sont pas, chez nous, assurés par la mairie. Des bénévoles en ont pris la responsabilité» Pourquoi pas ? dira-t-on. Certes, mais on peut penser aussi que des services publics doivent exister, notamment à l’égard des enfants et des personnes âgées, qu’il s’agit de droits sociaux et non d’actes bénévoles plus ou moins caritatifs et aléatoires. Remettre en cause nos modes de vie ne passe pas forcément par la suppression de ces droits et services sociaux.

    D’autant que le maire de Felletin ajoute : «Il ne suffit pas, pour nous, que les individus se regroupent pour pratiquer ensemble un sport ou une occupation utiles à eux-mêmes. Nous voulons en plus que les citoyens manifestent leur solidarité avec ceux qui en ont besoin. La municipalité veille à faire naître et encourager les initiatives de cette nature.» Monsieur le maire décide donc de ce qui est bien et moins bien. Il «encourage» ou pas les initiatives selon son jugement. N’est-ce pas là le retour par la petite porte d’un petit «Etat envahissant» ? On est également à la limite de la légalité qui implique une égalité de traitement entre tous les citoyens.

    Monsieur le maire enchaîne : «Mais ce qui est naturel à d’autres sociétés, comme celle des Etats-Unis, ne va pas de soi chez nous.» Tiens donc ! Le modèle américain ! Il est sûr qu’on ne s’y embarrasse pas de droits sociaux et que l’Etat n’y est pas envahissant (quoique… ça dépend pour quoi). On notera aussi le fonctionnement «naturel» des sociétés. Tout un programme. «Notre classe dirigeante est chargée d’une lourde hérédité. La liberté d’association fut absente de la déclaration des droits de l’homme de 1789. Elle fut réprimée par le Code civil de 1805. Au XIXe siècle, tout groupe organisé fut suspect à l’Etat.» Une telle lecture de l’histoire laisse pantelant. Si la liberté d’association est absente de la Révolution, c’est qu’il s’agissait d’abolir toutes les institutions d’Ancien régime et notamment les corporations pour laisser se développer la liberté du commerce sans entraves. Si au XIXe, tout groupe fut suspect à l’Etat, c’est que tout groupe voulait dire tout groupe ouvrier, et que tout groupe ouvrier était suspect aux patrons bien plus encore qu’à l’Etat (que d’aucun n’analyserait que comme leur représentant). D’ailleurs, tout groupe, à condition qu’il soit bien pensant, n’était pas suspect. C’était le cas des sociétés de secours mutuel, à condition qu’elles se limitent bien à une entraide matérielle et le plus souvent encadrées par les pouvoirs publics. Et c’était encore plus le cas des congrégations catholiques que notre bon maire va maintenant évoquer.

    «En 1901, enfin, la loi reconnaît la liberté d’association, mais la limite aussitôt par des restrictions partisanes destinées à briser l’élan des congrégations religieuses.» Ben oui, elle a même été presque uniquement faite pour ça (voir Madeleine Rebérioux). Notre bon maire se livre là à une attaque en règle contre la laïcité comme l’épiscopat français ne songe plus à le faire depuis longtemps. Il est vrai que ce dernier a compris tous les avantages qu’il pouvait tirer d’un pays laïc.

    journal«Un siècle plus tard, les textes n’ont guère changé.» Et c’est heureux ! Ce qui reste de la loi de 1901, une fois le contexte de lutte contre le cléricalisme enlevé, c’est une loi fondamentale de liberté : vous avez le droit de vous associer ; sans conditions ; sans règles préétablies ; et personne n’a à venir voir ce que vous faites ; pas même ce fameux Etat envahissant. Que demande de plus le maire de Felletin ? D’autant plus que, telle la constitution américaine, cette loi fondamentale n’a pas besoin d’être changée tout le temps comme ces hideuses constitutions de l’Etat français. «Notre classe dirigeante ne s’y intéresse pas. Elle a tort. Notre époque à des aspirations, des besoins dont les ancêtres n’avaient même pas l’idée.» On aimerait savoir lesquels, sur l’essentiel. Culture, défense des droits, loisirs, action sociale, solidarité, sport… rien de bien nouveau en un siècle. «Le cadre légal dans lequel les associations doivent entrer est devenu à la fois désuet et vague. Il brime un élan citoyen sans lequel l’Etat ne fera pas bouger la société française.» Sur le principe, le cadre légal n’est ni désuet ni vague, il est inexistant.

    Encore une fois, il s’agit simplement d’une loi qui énonce un droit et une liberté absolus. C’est tout. Et la meilleure preuve qu’il ne brime en rien un élan citoyen, c’est qu’il se crée plus de 60 000 associations par an et qu’elles sont plus d’un million. Une quinzaine de millions de bénévoles s'y investissent. Elles ont su à tout moment de notre histoire depuis un siècle prendre en charge tous les domaines qui s’offraient à elles et innover (mouvements de jeunesse, de loisirs, de culture, de pensée, prise en main de l’action sanitaire et sociale - en partie pour la déconfessionnalisée et c’est tant mieux). L’Etat a légiféré sur les activités qui avaient besoin d’être encadrées (jeunesse, action sanitaire et sociale, etc.) pour des raisons de sécurité, d’éthique, etc. et a mené une politique d’agréments sans intervenir sur le fonctionnement des associations, et il a fort bien fait.

    Mais voilà ce qui gêne le maire de Felletin. «Toutes les associations ne sont pas également utiles. Toutes ne méritent pas le même soutien des pouvoirs publics.» C’est bien possible, mais qui le décide ? Qui dit le bien et le moins bien ? Bon Dieu mais c’est bien sûr, c’est le maire de Felletin ! «Le critère qui guide la sollicitude des élus, c’est leur efficacité concrète dans l’action sociale.» On notera au passage dans quelle logique, dans quel univers se situe le maire de Felletin : celui de la «sollicitude». Alors qu’il gère simplement les impôts de ses concitoyens et qu’on ne lui demande aucune «sollicitude», mais l’application de règles de droit, de justice et de raison.

    «Nous avons une résistance instinctive [on notera la vision toujours «naturelle» du maire] à subventionner les grandes organisations nationales, même si l’Etat leur a accordé la qualité d’utilité publique, parce qu’elles sont souvent entraînées à devenir à son image, c’est-à-dire lourdement bureaucratique, plus enclines à attendre qu’on aille les solliciter qu’à venir au devant des hommes.» Les éventuelles sections locales de l’Armée du salut, des Éclaireuses Éclaireurs de France, des Parents d'enfants aveugles, des Familles de France, des associations familiales catholiques, des Familles rurales, de la Fondation Nicolas Hulot, des Francas, de France Alzheimer, de la Ligue pour la protection des oiseaux, des Parents d’élèves (les deux tendances), des Restos du cœur, des Scouts, du Secours catholique, du Secours populaire, de la SPA, etc. toutes reconnues d’utilité publique apprécieront.

    «Nos clubs sportifs, les regroupements de personnes âgées, les réunions d’anciens combattants ne soulèvent pas d’hésitations.» On croit rêver sur le choix des exemples ! Et bien sûr, toujours l’appel à l’évidence, au naturel, «pas d’hésitations» ! «Ils sont animés par des bénévoles que chacun connaît et apprécie. Ils ont une vocation simple et claire dont l’utilité sociale est évidente » Toujours l’évidence. Mais si ce n’était pas si évident ? Et si ce bénévole n’est pas «connu» ou «apprécié», par monsieur le maire ou par son opposant d’ailleurs ? Il semble bien que ce soit «l’évidence» de monsieur le maire qui compte. N’est-il pas élu ? Certes, mais n’est-ce pas alors à nouveau l’Etat envahissant, même aux petits pieds ?

    «Ils s’abritent sous des fédérations nationales qui garantissent leur sérieux.» Mais de qui parle alors monsieur le maire précédemment à propos des grandes organisations nationales d’utilité publique bureaucratisées et éloignées du terrain ? Pour la plus grande part, les organisations nationales reconnues d’utilité publique sont ces fédérations. Les autres (il y en a environ 2 000 en tout et la liste est accessible sur le site du ministère de l’Intérieur) peuvent souvent surprendre (l’Institut de la Maison de Bourbon, l’Ecole de la cause freudienne, la société d’Histoire de la révolution de 1848…), mais ne doivent pas représenter un bien grand danger.

    En résumé, monsieur le maire déteste l’Etat et les services publics, aime les associations «évidentes» comme les clubs du troisième âge et les anciens combattants… et semble ne rien connaître à l’histoire ni aux réalités actuelles du monde associatif.

     

    Christian Vaillant
  • Électrons libres

    Le plateau de Millevaches peut raisonnablement s'enorgueillir d'être en matière d'énergies renouvelables un territoire exemplaire. Barrages et usines hydroélectriques, unité de cogénération de Felletin et depuis peu éoliennes de Peyrelevade, témoignent que l'eau, le bois et le vent - dont le plateau dispose en abondance et de manière quasi infinie s'il sait en prendre soin - peuvent être des sources d'énergies "propres" et "durables" - pour reprendre les mots à la mode que dévoient sans état d'âme et pour leur propre compte l'industrie nucléaire et, peu ou prou, tous les plus grands pollueurs de la planète. Ici, nous avons la chance de pouvoir utiliser ces mots sans tricherie. Nous vous proposons dans ce numéro et dans le prochain un tour d’horizon de ces énergies que nous espérons être celles de demain.

     

    Du tableau noir à la turbine

    energie eauAprès ses études à l'Ecole Centrale, Gérard Coutier est devenu professeur de mathématiques. Il l'est resté 19 ans. Ce ne sont pas les équations ou les axiomes (et encore moins les élèves) qui le lassèrent du métier, mais il se sentait un peu à l'étroit dans les cadres rigides de l'Education Nationale. Il décide donc de s'échapper du "mammouth" et avec sa femme Geneviève, de rechercher une centrale hydroélectrique pour devenir producteur d'électricité. Une profession que le public ignore en grande partie, croyant que seule EDF assure la fabrication de l'énergie électrique. Il existe pourtant en France environ 1500 centrales hydrauliques privées. En Limousin il y en a 80 environ. Parmi elles, la centrale du Theillet à Saint Martin Château que Geneviève et Gérard Coutier ont achetée en 1992. L'usine était en piteux état. Construite en 1968, passée entre les mains de deux propriétaires, elle ne fonctionnait plus lorsque le couple la reprend. Gérard qui n'a pas oublié ses leçons de Centrale reconçoit tout, achète une turbine d'occasion, la réinstalle, mobilise les compétences d'un maçon de Royère, d'un électricien et d'un chaudronnier de Limoges, bref reconstruit lacentrale qui depuis, marche sans problèmes et sans à-coups.

    Une prise d'eau capte une partie du débit de la rivière 26 mètres au dessus de la centrale. L'eau suit une conduite forcée d'environ 600 mètres de long. C'est ce qu'on appelle une "moyenne chute" (en opposition aux "basses chutes" généralement installées directement sur la rivière, ou aux "hautes chutes" : il en existe une en Limousin, à Saint Augustin en Corrèze, qui fait plus de 80m de hauteur de chute). D'une puissance de 240 Kw l'usine hydroélectrique des Coutier est dans la moyenne des entreprises de ce genre. C'est l'une des trois centrales privées que compte la commune de St Martin. Pour respecter un débit minimum à la rivière sur laquelle elle est implantée (ce qu'on appelle le "débit réservé", pourcentage du débit moyen de la rivière, obligatoirement laissé pour permettre la vie piscicole) un système de régulation asservit la turbine, et l'été, la centrale est arrêtée dès que le débit réservé ne peut être assuré, ceci pendant environ un mois et demi.

    Chez lui, dans la Drôme, où il réside le plus souvent, le couple a aussi une petite centrale, beaucoup plus modeste (10 à 11 Kw) pour assurer le chauffage de sa maison.

     

    Quand EDF se désengage

    Aujourd'hui, comme la plupart des petits producteurs d'électricité, les Coutier sont inquiets. Depuis sa nationalisation en 1946, EDF avait en effet une obligation d'achat envers les producteurs privés, puisque c'est l'entreprise nationale qui disposait du monopole de la vente de l'électricité en France. Or la loi relative au statut d'EDF présentée au parlement en août 2004 lève cette obligation d'achat. Geneviève Coutier explique : "La loi ne prévoit pas le renouvellement de nos contrats, lesquels arrivent à échéance en 2012. L'abrogation de cette obligation d'achat, sous prétexte de Bruxelles, nous place dans une situation difficile : que vaudront nos entreprises, comment trouverons-nous des clients, et à quel prix ? Imaginons un éleveur, un artisan qui, ayant investi dans des équipements coûteux, se verraient, par une décision législative, privés de clients, sauf à des tarifs très bas…".

    Par ailleurs, la loi d'orientation sur l'énergie changerait radicalement les seuils jusqu'alors pratiqués pour l'achat de l'électricité pour l'éolien. EDF était jusqu'à maintenant obligée d'acheter l'électricité aux unités ayant une puissance inférieure à 12 Mw. Désormais la loi ne maintiendrait l'obligation d'achat que pour les puissances supérieures à 20 Mw ! L'ancien plafond se retrouverait ainsi en dessous du nouveau plancher. Geneviève Coutier ironise : "Seules les grosses sociétés pourront bénéficier de l'obligation d'achat. C'est bien connu, les gros ont toujours intérêt à grignoter les petits…".

    Au sein d'EAF (Electricité Autonome de France), le plus gros des syndicats de producteurs d'électricité qui regroupe 800 membres et dont font partie les Coutier, on ne décolère pas. L'article 33 de la loi sur EDF a été votée en plein mois d'août, au dernier moment, et sans aucune concertation avec la profession concernée. EAF et les deux autres syndicats nationaux se mobilisent donc pour tenter de faire réévaluer à la baisse le seuil de 20 Mw. Un seuil qui rendrait nul l'intérêt économique d'un projet comme celui des éoliennes de Peyrelevade d'une puissance annuelle de 9 Mw…

    Facile aux yeux de Geneviève Coutier de deviner derrière ces mesures la pression du lobby nucléaire, "vous savez, l'énergie qui ne produit pas de CO2 ".

     

    Les énergies renouvelables : un hochet

    Pourtant, la France a souscrit à la Directive européenne sur les énergies renouvelables qui fait de celles-ci, en matière énergétique, la priorité (voir encadré page ci-contre). "Il y a un discours où l'on ne parle que de développement durable et d'énergies renouvelables et puis il y a la réalité qui est toute autre" tempête Geneviève Coutier qui conclut que pour l'Etat, les énergies renouvelables ne sont qu'un hochet pour amuser la galerie. "A titre d'exemple, poursuit-elle, j'ai traversé récemment l'Allemagne. Sur le trajet Bregenz, Nuremberg, Berlin, Francfort sur Oder, j'ai compté depuis l'autoroute 289 éoliennes d'une puissance approximative de 800 Kw… Alors ? Vérité au-delà du Rhin, erreur en deçà ?".

     

    Michel Lulek

    Pour plus de renseignements : Electricité Autonome de France, La Boursidière, BP 48 92357 Le Plessis Robinson. Tel : 01 46 30 28 28.
  • Enduro et RSA

    Les incidents de l’enduro d’Aubusson ont donné l’occasion à l’ancien député de la Creuse (macroniste battu par LFI) et au maire d’Aubusson (PS) de ressortir l’« argument » des paresseux du plateau venus d’ailleurs, qui ne font rien, vivent du RSA et donnent des leçons aux natifs. Est-il possible de vérifier cet « argument » ? Faut-il répondre par les taux d’allocataires du RSA dans les communes de Moreau et Moine ?

     

    Revenu de solidarite active 2007 logoPrudence sur les chiffres

    Avant tout il faut avoir à l’esprit que la CAF elle-même attire l’attention sur l’imprécision et l’incomplétude des données qu’elle met en ligne sur les allocataires du RSA au niveau des communes, particulièrement sur les moins peuplées (nombreuses en Creuse). De plus, plus les communes sont petites plus les données peuvent varier d’une année à l’autre. Nous disposons des données pour 2020. Au niveau national les allocataires du RSA représentent 2,9 % de la population et en Creuse 4,1 %.
    Sur le territoire du parc, nous avons des résultats sur un tiers des communes représentant les deux tiers de la population. Les allocataires du RSA représentent 1,9 % de la population.
    Sur la communauté de communes Creuse Grand Sud, nous avons des résultats sur la moitié des communes représentant les trois quarts de la population. Les allocataires du RSA représentent 3,2 % de la population.

     

    Population éligible au RSA : prudence encore !

    Pour être plus juste, il convient de faire plutôt la comparaison avec la seule population éligible au RSA plutôt qu’avec la population totale. Avant 25 ans on n’y a pas droit, après 65 ans le minimum vieillesse, plus élevé, prend le relais. Au niveau national, le taux d’allocataires du RSA sur la population éligible est alors de 6 % et en Creuse de 9 %.
    Reconstituer les données de l’INSEE est un long travail que nous n’avons fait que sur Creuse Grand Sud. Le pourcentage d’allocataires du RSA passe alors à 6,6 % de la population éligible. La commune qui a la plus forte proportion d’allocataires du RSA en 2020 est Saint-Marc-à-Loubaud avec 9,9 %. Suivent Aubusson avec 8,8 %, Faux-la-Montagne avec 7,5 % et Felletin avec 6,5 %. Quant à Gentioux-Pigerolles, fortement mise en cause à l’occasion de l’enduro, elle est à 4,9 %.
    Ajoutons qu’à ce micro-niveau, il faudrait maîtriser nombre d’éléments complémentaires. Par exemple, le taux très bas de Gentioux-Pigerolle s’explique en grande partie par l’existence du foyer pour handicapés qui accueille jusqu’à 56 personnes à partir de 20 ans. Prises en charge par d’autres dispositifs, ces personnes ne sont pas éligibles au RSA. Corrigé de cette donnée, le pourcentage d’allocataires sur la population éligible au RSA monterait à 6 %. Inversement, dans la commune de Saint-Marc-à-Loubaud, des logements à loyers « très sociaux », qui ont amené des personnes en grande difficulté, expliquent la moitié du taux très élevé d’allocataires du RSA. Il existe probablement ailleurs dans les petites communes des situations particulières qui peuvent expliquer des « anomalies » très nombreuses.

     

    Conclusion prudente

    L’« argumentation » selon laquelle les communes « alternatives » du plateau seraient envahies et dirigées par des gens qui ne font rien et vivent du RSA n’a donc aucun fondement statistique. Sauf à considérer que les « pauvres » d’Aubusson ou d’Aulon (ferme de Moreau) sont plus honorables que ceux du plateau. Depuis le Moyen-Âge les classes dominantes considèrent, sans aucun fondement sérieux, qu’il y a des « vrais pauvres » et des « faux pauvres », des « bons » et des « mauvais », des « méritants » et des « profiteurs », des « venus d’ailleurs » et des « autochtones », et qu’il faut sévir. Il en va de même avec les chômeurs. À noter aussi l’absurdité quand on regarde les chiffres bruts : les 11 allocataires du RSA auraient pris le pouvoir à Gentioux ou les 17 à Faux !

    Christian Vaillant

  • Haut débit ou la maladie du tuyau !

    sourisLe haut débit : la publicité radio, télé ou papier nous en parle tous les jours ! Mais comment ça marche ? Est-ce disponible chez nous ? Avons-nous réellement accès à ces tuyaux comme les publicités nous le laissent croire ? Aperçu et décryptage pour les néophytes qui voudraient se brancher !

     

    La vitesse

    Généralement, on parle de haut débit pour désigner une connexion à internet permettant d'accéder à des informations de façon rapide, donc dans des conditions optimales. Qui dit rapidité, dit vitesse. Celle-ci est mesurée en kilo bit par seconde (Kbps) ou kilo octet (Ko/s). Ce sont les unités de mesure du débit. Le bit est l'unité de base pour mesurer le volume d'information numérique composée de 0 et de 1 (en binaire). L'octet (ou bytes en anglais) représente 8 bits. Par exemple, 128 Ko/s correspond à 1024 Kbps (ou 1 Méga). C'est cette 2e valeur qui sert de base dans la communication des offres commerciales. En effet, on parle "du 512 ou du 1024", ce chiffre est le débit entrant ou "descendant", donc la quantité d'information maximum que vous pourrez recevoir. Mais le débit de sortie ou "montant", est bien moindre avec l'ADSL (Asynchrone Digital Subscriber Line) : généralement de 128 voire 256 Kbps dans certains cas (débit asymétrique).

     

    Les tuyaux

    Pour faire circuler ces informations numériques, en quantités plus ou moins importantes, il est nécessaire d'utiliser des tuyaux. Ce sont les opérateurs de télécommunications ou fournisseurs d'accès internet (FAI) qui disposent de ces infrastructures. Ceux qui n'en disposent pas les louent, ce qui explique que plusieurs FAI utilisent les mêmes tuyaux. Différentes technologies sont utilisées pour constituer un maillage, support de ces multiples échanges entre continents, entre pays, entre régions, entre villes. C'est ce maillage, sans point central, qui constitue le réseau internet.

    Avec ou sans fil, seule ou de façon complémentaire, les technologies retenues sont la base d'une couverture optimale. Au-delà des critères économiques et de rentabilité, les choix sont fortement liés aux contraintes géographiques du lieu où un opérateur choisi "d'installer le haut débit". Le relief, la dispersion de l'habitat, les débits nécessaires liés aux usages des utilisateurs… autant de critères pris en compte dans les choix technologiques. Deux technologies sont présentées ci-dessous pour exposer les grands principes et les complémentarités.

     

    reseaudebit

     

    L'ADSL est la technologie la plus connue. ADSL = Asymetric Digital Subscriber Line ou Réseau de Raccordement Numérique Asymétrique. Elle utilise les fils de cuivre de nos lignes téléphoniques en occupant des fréquences laissées libres, permettant des débits 10 à 25 fois supérieurs au modem traditionnel (56Kbps). De ce fait, elle est plus simple à installer car une partie liaisons (lignes téléphoniques) est déjà en place. Dans le central téléphonique, l'opérateur installe un DSLAM qui va gérer les connexions, et chez l'abonné un modem capable d'interpréter les fréquences en question. Le central est lui raccordé au réseau global par fibre optique (dans la plupart des cas). La contrainte majeure repose dans la distance maximum entre le central téléphonique et l'abonné : elle est actuellement de 4 à 5 km. Au-delà, le raccordement n'est pas encore possible, même si les technologies évoluent dans ce sens. Les offres ADSL sont le plus souvent forfaitaires : paiement d'un abonnement mensuel pour un usage illimité (durée et volume d'information échangée). La ligne téléphonique reste libre même durant une connexion internet.

    Le Wifi est une autre technologie qui connaît un développement important actuellement. Cette technologie sans fil peut être utilisée à deux niveaux : à l'échelle d'un territoire (commune), ou dans un bâtiment (domicile, bureau…). En l'absence de fibre optique, l'installation d'une parabole satellite permet de recevoir et d'émettre le signal internet. Des antennes wifi vont ensuite relayer ce signal sur un rayon plus ou moins important selon la puissance : environ 1km. Avec l'évolution actuelle du Wifi en Wimax, cette distance passe à quelques dizaines de kilomètres. Chez soi, une borne wifi connectée sur sa connexion ADSL va permettre un accès mobile dans toute la maison sans fil.

    On pourrait aussi aborder la problématique du dégroupage ou présenter d'autres technologies : le sujet est vaste ! Nous nous contentons de donner un aperçu avant que chacun puisse aller plus loin en s'appuyant sur les ressources proposées ci-dessous, ou de consulter des professionnels.

     

    Les services

    Les tuyaux c'est bien, les services qui vont avec, c'est mieux ! Les opérateurs ne se privent pas de nous vanter tous les atouts de ces technologies haut débit. La prudence s'impose, car il faut retenir que l'ensemble du territoire national n'a pas accès aux mêmes services selon sa localisation. En fonction des investissements réalisés par les opérateurs, vous pourrez disposer d'options plus ou moins avancées. Sur le territoire qui nous concerne (petite partie !), le débit maximum est de 2048 Kbps contre 8 à 10Mbps dans les grandes villes. L'accès au téléphone gratuit via internet est désormais quasiment accessible partout où l'ADSL est disponible, par contre le panel de chaînes de télé accessibles gratuitement via le même réseau, est limité à certaines zones (dites dégroupées), donc pas sur les quelques communes du plateau concernées. On pourrait aborder l'ensemble des services ensuite disponibles sur internet : les télé procédures, l'accès à des banques d'information et de données, l'échange de fichiers, la visioconférence… bref, tout ce qui peut simplifier la vie d'un citoyen, d'un chef d'entreprise, d'un élu dans sa vie quotidienne et dans les projets qu'ils portent.

     

    Les fournisseurs

    On peut citer quelques fournisseurs d'accès internet (FAI), permettant de se repérer dans le paysage des offres proposées. Tous ne sont pas implantés en Limousin. Cela est lié à leur choix commerciaux, et aussi fonction des infrastructures dont ils disposent directement ou en location. Wanadoo, Tiscali, Free et Cegetel sont les plus implantés. N9 Télécom, Télé 2, Club Internet sont présents selon les localités. Le site www.degrouptest.com propose de tester la disponibilité du haut débit à son domicile. Avant de souscrire, le conseil principal qui peut être donné est d'être vigilant sur le contenu exact des offres : la durée de l'engagement (les prix baissent vite !), les équipements fournis ou loués, le prix des éventuelles options, les abonnements réduits quelques mois avant de payer plein tarif… Il ne faut pas se précipiter !

    L'important est de comparer les offres, de définir ses usages et d'étudier l'ensemble de son budget télécom (internet et téléphonie) pour imaginer des rééquilibrages bénéfiques.

     

    Sur le Plateau

    Le Plateau de Millevaches n'est pas équipé en infrastructures haut débit. Quelques communes situées en bordure du Plateau sont en zone de couverture ADSL, mais parfois que partiellement (du fait des distances abonné/DSLAM) : Eymoutiers, Felletin, Vallière, St Quentin la Chabanne, St Yrieix la Montagne, Feyt, Eygurande, Lamazière Haute, Monestier Merlines, Merlines, Meymac, Ambrugeat, Perols sur Vézère, Bugeat, Veix, Affieux, Treignac, Chamberet.

    Le projet porté par le Syndicat Mixte Dorsal (http://www.dorsal.fr/) a justement pour objectif de mettre fin à ces déséquilibres territoriaux. Le plan d'action doit garantir une desserte à  haut débit du Limousin, donc de créer les conditions favorables permettant aux opérateurs de s'implanter en Limousin, et d'y proposer des services identiques aux grandes villes, le tout dans un contexte de concurrence bénéficiant aux consommateurs. Quelques jours avant Noël, DORSAL a choisi l'opérateur d'opérateur qui assurera la mise en oeuvre opérationnelle du projet, et ceci au travers d'une délégation de service public de plus de 20 ans. C'est Axione-Sogetrel qui a été retenu. C'est une très bonne nouvelle ! Reste à voir comment dans les faits, la desserte majeure, puis la capillarité, seront assurées. L'enjeu est majeur pour l'avenir de notre territoire. L'absence de haut débit, c'est rendre impossible l'installation d'entreprises, de télétravailleurs, de nouveaux habitants… Les collectivités, les habitants, les acteurs socioéconomiques ont besoin de ces outils : ces tuyaux associés à des services de qualité sont essentiels pour assurer l'attractivité de nos communes.

    Au-delà des aspects techniques qui deviennent vite complexes, la mobilisation de tous est nécessaire pour exiger un vrai service haut débit en Limousin. Le Plateau de Millevaches autant, pour ne pas dire plus, que les autres, a besoin d'être équipé. Après les tuyaux ce sont les usages qui sont essentiels. Inventons ensemble ce qui sera demain une valeur ajoutée pour notre territoire : un usage intelligent des nouvelles technologies au service de nos projets !

     

    David Daroussin

    Citoyen et directeur d'Activeprod

     

    machineTémoignage

    Quasiment 5 ans d'action pour Activeprod à Felletin, avec une activité de production audiovisuelle orientée vers la diffusion sur internet. Sans le haut débit, c'était obligatoirement un autre choix géographique. Pourtant aujourd'hui, c'est 3 salariés qui peuvent vivre à la campagne, et associer technologie innovante, cadre de vie et projets au service du territoire et de ceux qui y vivent. N'est pas cela le développement local ?

    Anthony Raoult

     

    Quelques mots…pour mieux comprendre
    (Extrait du guide " Haut débit / Pour tous, partout" - Délégation aux usages de l'internet - Nov. 2004)

    ADSL : (Asynchrone digital subscriber line) : La technologie DSL consiste à réutiliser la paire de cuivre du réseau téléphonique commuté (RTC) qui aboutit chez les abonnés moyennant l'installation de nouveaux équipements dans le répartiteur de l'opérateur et chez l'abonné. L'ADSL est une technologie dite asymétrique car la vitesse de réception des données est plus importante que la vitesse d'émission. Mais d'autres technologies DSL offrent des débits à la fois plus importants et symétriques.

    Chat : bavardage en ligne sur internet en temps réel entre deux ou plusieurs utilisateurs au moyen d'un logiciel de messagerie instantanée.

    E-Mail : courrier électronique. Désigne l'envoi de messages d'un ordinateur à un autre à l'intérieur d'un réseau local ou d'un réseau étendu. Ex : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

    Dégroupage : cela consiste à permettre à un opérateur alternatif de louer à France Télécom la ligne téléphonique de l'abonné. Le dégroupage partiel lui permet seulement d'offrir de l'ADSL et son client est obligé de conserver son abonnement de téléphonie fixe à France Télécom. En revanche, le dégroupage total offre à l'opérateur la possibilité de délivrer à son client des services de téléphonie et d'ADSL ainsi que l'abonnement téléphonique.

    DSLAM : (Digital subscriber line access multiplexer) : situé sur le réseau de l'opérateur local, au niveau du répartiteur, il fait partie des équipements utilisés pour transformer une ligne téléphonique classique en ligne ADSL. La fonction du DSLAM est de regrouper plusieurs lignes ADSL sur un seul support, qui achemine les données en provenance et à destination de ces lignes.

    Fibre optique : les débits offerts sont quasi-illimités mais le coût de son déploiement dû aux travaux de génie civil pour l'enterrement des lignes la cantonne essentiellement aux réseaux longue distance et boucles de collecte. Elle peut toutefois être déployée comme boucle locale dans les grands quartiers d'affaires et zones d'activité.

    Modem : Modulateur-démodulateur. Appareil qui traduit les données numériques d'un ordinateur en signaux analogiques et inversement. Toute connexion internet nécessite l'existence d'un modem.

    RTC : réseau téléphonique commuté, le réseau traditionnel de téléphonie fixe.

    Voix sur IP : la téléphonie sur Internet Protocol (VOIP) consiste à utiliser le réseau internet pour transmettre la voix. Cette évolution va bouleverser le modèle économique de la téléphonie fixe conçu sur la base du réseau commuté. La VOIP pourrait conduire à la disparition de la tarification à la distance et à la durée.

    Wi-Fi (Wireless Fidelity) : cette technologie permet de créer des réseaux locaux sans fil à haut débit pour la desserte interne de bâtiments (par exemple couplée avec un accès ADSL), mais peut également être utilisée en environnement ouvert comme moyen de desserte locale, avec une portée de plusieurs centaines de mètres.


    Voir le Magazine du Plateau n°121 de Télé Millevaches qui a consacré récemment une partie de son émission à cette thématique.

     

    pnr millevachesLe PNR met 4 millions d'euros sur la table

    Une première salve de 23 actions a été votée par le bureau du Parc lors de sa réunion de décembre 2004. Des actions qui s'étaleront sur 2005 et 2006 et qui représentent un budget global actuellement chiffré d'environ 3,9 millions d'euros.

    L'action la plus importante concerne le logement, un problème majeur sur le plateau, dont nous reparlerons dans le prochain numéro d'IPNS. Il s'agit de l'opération programmée d'amélioration de l'habitat, qui à elle seule représente 44 % du budget global de ces 23 actions : 1 577 000 euros d'investissement (aides pour l'assainissement individuel, pour l'amélioration thermique et la valorisation du bâti, ainsi que des aides spécifiques à la gestion locative) et 161 000 euros de frais de fonctionnement correspondant au technicien et au chargé de mission chargés de suivre l'opération.

    Les 22 autres actions concernent des domaines assez variés. Il s'agit du programme agri-environnemental "Millevaches", de la préservation et de la valorisation des milieux et espèces remarquables du territoire, de l'élaboration de supports pédagogiques d'éducation à l'environnement, de la création d'une maison de la chasse et de la pêche, de l'établissement de chartes paysagères, d'une opération d'amélioration foncière et environnementale, de la mise en place d'un pôle technique de référence des pratiques agricoles et de gestion de l'espace.

    Tout un volet "tourisme" complète ce premier volet environnemental. Parmi les actions touristiques on retiendra les actions de signalisation touristique, socio-économique et patrimoniale du PNR, les actions de promotion touristique et la mise en place d'un site-portail du Parc. Une opération de restructuration de l'artisanat et du commerce, la promotion d'un véritable "éco-développement" du PNR, l'aide à la restauration de salles polyvalentes destinées à recevoir des manifestations culturelles et à des espaces muséographiques, une contribution au programme de desserte haut-débit font également partie des mesures annoncées.

    Pour ces 22 actions, un budget de 2 185 000 euros est mobilisé. Sur cette somme environ 1 million d'euros est destiné à des investissements et 313 000 aux frais de fonctionnement qui y sont liés. Enfin, 40 % de ce budget (872 000 euros), seront consacrés à toute une batterie d'études, de diagnostics et d'études de faisabilité. Ces prestations concernent par exemple des chartes paysagères sur le pays de la Courtine (70 000 euros) ou sur le cœur du plateau ("Les Sources", 90 000 euros), d'une étude sur l'image touristique (30 000 euros), d'une étude de signalisation touristique (70 000 euros), d'une étude sur le développement de produits randonnée à l'échelle du parc (61 000 euros), d'un diagnostic énergétique du patrimoine communal (50 000 euros) ou d'une étude destinée à fixer les conditions d'attribution de la marque PNR à des produits locaux (38 000 euros).
  • Inauguration de la gare de Felletin

    Le samedi 26 mars 2022 célébrera l’inauguration de la gare de Felletin. Après 33 ans de sommeil et 3 ans de chantiers participatifs et de travaux, la gare, fraîchement réhabilitée en lieu d’activité, d’expérimentation et de vie en commun, est prête à ouvrir ses portes au public.  La Gare accueille désormais des bureaux associatifs, un espace de travail partagé, un studio radio, une cuisine participative, un jardin, un espace convivial où l’on pourra se poser, boire un café, voir des expositions, participer à une formation ou à un atelier. 

     

    gare1

     

    L’inauguration 2022 de la gare de Felletin (140 ans après la première) est portée par l’association PANG ! créée en septembre 2021 par les membres fondateurs du projet et les associations habitantes de la gare : Les Michelines, Quartier Rouge et Radio Vassivière. L’association PANG ! a pour mission de coordonner le lieu, l’ouvrir à de nouveaux usages et usagers, et d’y développer un projet socioculturel. L’inauguration de la gare le samedi 26 mars prochain est un événement important. Il marque l’aboutissement d’un processus collectif de plus de 10 ans pour faire revivre le site de la gare et imaginer un nouvel espace public, au sens d’espace de vie, de circulation, de diversité, d’échanges et de travail en commun. 

     

    L’origine du projet  

    Le projet de réhabilitation de la gare de Felletin s’appuie sur une dynamique de coopération autour du quartier de la gare de Felletin. Dès 2009, plusieurs acteurs se réunissent pour concevoir un projet de réhabilitation de l’ancienne gare avec de nouveaux usages au croisement de préoccupations sociales, culturelles et économiques (création d’un café littéraire, d’un bar restaurant, ou encore d’une brasserie).

    En 2011, une concertation avec la Communauté de Communes Aubusson-Felletin est engagée et un protocole d’accord est signé avec les associations Quartier Rouge et La Draisine Express dans le souhait de développer un projet sur le lieu. Cette concertation n’aboutit pas. Différents projets collectifs continueront à être portés par les associations du quartier durant ces années. En 2018,  la Communauté de Communes Creuse Grand Sud remet en vente le bâtiment d’accueil voyageurs. L’association Quartier Rouge acquiert le bâtiment et soutient l’importance de ce projet comme structurant pour le territoire rural de la Nouvelle Aquitaine et celui du Parc Naturel Régional de Millevaches en Limousin. Le projet de la Gare est alors lancé : transformer collectivement ce site en un lieu ouvert à tous, où il soit possible et heureux de se retrouver, de s’interroger et de fabriquer ensemble.

     

    deroule inauguration 1Fédérer des acteurs, composer ensemble

    Réunissant plusieurs acteurs autour de cette réhabilitation, l’association Quartier Rouge se propose d’accompagner la création du lieu, tant au niveau de la recherche de financements, du suivi de la maîtrise d’ouvrage, que de la construction de la dynamique d’acteurs. Les associations Radio Vassivière et Les Michelines se positionnent comme futurs habitantes. Ensemble, ces trois associations imaginent un lieu partagé, leur permettant de croiser leurs pratiques, de manger, découvrir, débattre, apprendre avec d’autres. 

    Nous commençons à nous réunir, accompagnés par la Coopérative des tiers lieux, et à dessiner le futur lieu ensemble : définir ses valeurs, sa gouvernance, les modalités d’accueil possibles et souhaitées, nos limites, le modèle économique souhaitable, les besoins humains et matériels, comment nous souhaitons dire qui nous sommes, transmettre des intentions tout en offrant de l’ouverture et en laissant le projet se transformer. 

    Des temps d’ateliers et de chantiers participatifs en 2020 et 2021 viennent alimenter la réflexion et nourrir le projet de nouveaux enjeux et richesses humaines. 

    Ce processus de composition collective, initié à 9 puis à 15 personnes, aboutit à la création de l’association PANG ! en septembre 2021. 

     

    D’un P.A.N.G à PANG !

    La gare, fermée aux voyageurs depuis 1979, est encore desservie chaque jour par deux trains qui relient Felletin à Aubusson, Guéret et Limoges. Devenue un terminus elle est selon la SNCF un P.A.N.G., « un point d’arrêt non-géré ». Avec la réhabilitation de la Gare, elle est gérée par l’association PANG ! : « point d’arrêt nouvellement géré ». PANG ! a pour objet de faire revivre le site de la Gare et ses abords en un lieu d’hospitalité et de partage, et ainsi favoriser la mixité, créer du lien social et de la coopération sur le territoire. Au sein du lieu, l’association développera des activités socio-culturelles, proposera des ateliers, des formations, et des services pour Felletin et ses alentours. Deux salariées rejoignent l’association en février 2022 : une animatrice café / cuisine, et une coordinatrice-facilitatrice. Elle supervisent dès fin mars 2022  l’animation du café,  d’une cantine (trois jours par semaine), l’accueil et l’accompagnement d’autres partenaires dans le lieu dont les projets correspondent aux valeurs du lieu, et une programmation portée en collaboration avec les habitants de la gare. 

    Son ouverture au public à partir de fin mars engage la gare et ses acteurs vers une nouvelle étape : passer de la théorie à la pratique, et permettre à d’autres de s’approprier des espaces, des usages et des formes. Ceci pour que la gare de Felletin s’incarne comme un espace commun d’hospitalité, d’expérimentations et de pratiques collectives ancré dans un territoire.

     

    Venir célébrer avec nous 

    Nous avons souhaité imaginer l’inauguration autour d’un fil de mots : être ensemble, raconter, lier, remercier, célébrer. Rendez-vous est donné à tous et toutes de nous rejoindre par tout moyen de locomotion (à pied, à cheval, à roulettes, en bateau) à 15h place Courtaud pour se rendre ensemble en cortège festif et musical à la gare. Puis se déroule tout un programme : discours horizontaux, gestes inauguraux, visites du lieu, exposition, atelier raku, plateau radio et écoutes sonores, crêpes, buvette, repas, concerts, DJs sets et quelques surprises… 

    Nous vous attendons nombreux et nombreuses pour fêter le renouveau de la Gare avec nous ! 

     

    Le projet de réhabilitation de la gare de Felletin est financé par : La Région Nouvelle-Aquitaine, le programme FEDER de l’Union européenne, L’État — Ministère de la Culture, La DRAC Nouvelle- Aquitaine, La préfecture de la Creuse, Le Conseil Départemental de la Creuse, La Communauté de Communes Creuse Grand Sud, La Commune de Felletin, la Fondation GRDF, la Fondation RTE et les contributeurs de l’appel à dons. 
    Nous remercions chaleureusement tous ceux qui ont contribué à faire exister ce projet ! 
  • L’eau potable, régie directe ou délégation au privé ?

    illust eauComme la loi de 1992 le rappelle, l’eau est un bien commun et sa gestion est confiée aux communes. Au même titre que pour la restauration scolaire ou les ordures ménagères, les élus peuvent déléguer cette gestion à une entreprise privée. Un choix qui a donné lieu à des débats passionnés ! Des communes nous expliquent les atouts et les contraintes de la régie directe. 

     

    Royère de Vassivière : une décision politique

    Après des années de gestion par la SAUR, la commune de Royère s’est posée la question du retour en régie. En effet, le contrat arrivait à expiration et le coût annuel (76 000 €) ne semblait pas être justifié par une qualité de service rendu. De plus, l’équilibrage du budget aurait nécessité une forte augmentation du prix du mètre cube. Pour faire son choix, la commune a commandé un diagnostic du réseau et une étude de faisabilité à la DAAF, où est apparu que le retour en régie était tout à fait possible mais ne présentait pas nécessairement d’avantage financier. Il s’agissait donc surtout d’une décision politique. Considérant qu’un tel service public ne devait pas être une source de profit, le retour en régie a été décidé en décembre 2006 et les mesures qui s’imposaient ont été mises en place : formation du personnel, investissements en équipement, organisation du travail entre les ouvriers municipaux. Certaines opérations, cependant, sont confiées à des intervenants extérieurs. Mais le résultat est positif car la régie permet de maîtriser le budget eau et, surtout, redonne toute sa place à la collectivité dans le contrôle de cet élément clef de l’aménagement du territoire.

    Madelaine Lemeignan, ancienne conseillère municipale de Royère



    Le Palais sur Vienne : un prix plus bas et plus équitable

    Le grand intérêt du retour en gestion directe par la commune ou le syndicat intercommunal est la maîtrise du coût de l’eau. Une entreprise privée se doit de faire du bénéfice, pour les actionnaires et pour payer les sièges régionaux et nationaux, la publicité... Une régie n’a pas ces charges. Au Palais sur Vienne, où le retour en régie a été voté en 2001, le prix de l’eau a baissé de 30% et il est resté stable depuis, alors qu’il augmentait de 6 à 10 % par an dans le cadre de la gestion de la SAUR. Ce choix a également permis un débat sur l’abonnement, que nous avons décidé de supprimer. Ne correspondant à aucun service défini, c’est souvent le bénéfice que prend la société privée, et avec 6 mois d’avance. La nouvelle loi sur l’eau précise qu’il faut tendre à le rendre le plus faible possible car il est socialement injuste : le petit consommateur d’eau paie l’eau plus chère au m3 qu’un gros consommateur ! Les exemples que nous connaissons montrent que partout où il y a eu retour en régie, le prix a baissé et la qualité du service y a gagné.

    Yvan Tricart, conseiller municipal du Palais sur Vienne et membre d’Attac 87



    Felletin : le choix de l’indépendance

    Le Syndicat intercommunal d’adduction d’eau de la Haute-vallée de la Creuse regroupe trois communes : Clairavaux, Croze et Felletin, qui comptent ensemble 1400 abonnés et commercialisent entre 100 à 120 000 m3 d’eau. En régie directe depuis sa création dans les années 1960, le syndicat est confronté à plusieurs difficultés :

    • le faible débit des sources : parfois la production est inférieure à la consommation et il faut avoir recours à une alimentation de secours.
    • l’acidité de l’eau : l’eau de source non traitée est très appréciée par les abonnés, mais son acidité qui va de pair avec une faible minéralisation et une excellente qualité bactérienne, la met quelquefois au-dessous du PH minimum de 6,5. Ce n’est pas dommageable pour la santé humaine, mais favorise la corrosion des vieilles canalisations en fonte. Heureusement il n’en existe pas en plomb qui présenteraient, elles, un danger.
    • le coût des analyses : Les analyses de la DDASS deviennent de plus en plus nombreuses et sophistiquées donc plus onéreuses. Elles peuvent même conduire à des travaux très lourds (ex : installation d’unités de traitement contre l’arsenic suite à un durcissement de la norme). 
    • la diminution des subventions : Les aides de L’Etat et des agences de l’eau ont considérablement diminué, aussi les charges du syndicat s’alourdissent.

    Pour pallier ces difficultés, les élus se sont donnés les moyens d’une véritable indépendance, en formant et en équipant une équipe technique. Cette performance a un coût qui se répercute sur le prix de vente. Actuellement un peu inférieur à la moyenne départementale, il devra certainement être réajusté à la hausse. La gestion en régie a eu une conséquence très favorable en ce qui concerne le refus de neutraliser (diminuer l’acidité par un traitement approprié) l’eau distribuée. Connaissant l’attachement de la population à l’eau de source non traitée du syndicat, les élus ont refusé de s’engager dans la voie indiquée par les autorités sanitaires. C’est un choix qu’une entreprise privée n’aurait pas pu faire car elle n’aurait pas eu la légitimité nécessaire pour prendre une telle décision.

     

    Jean-François Pressicaud, ancien conseiller municipal de Felletin.

    Apparue au début des années 80, la délégation de service public au privé est une notion de droit français. Les communes restent propriétaires des infrastructures et l’entreprise privée assure le traitement, la distribution de l’eau et son assainissement, l’entretien des réseaux et la facturation. Trois entreprises se partagent le marché (sans réelle concurrence d’ailleurs car elles se sont mises d’accord  implicitement sur des secteurs géographiques) : Véolia (40%), Suez (27%) et Saur-Bouygues (10%). En 2001, la gestion par délégation privée atteignait 77% mais, suite à de nombreuses critiques, on assiste à un retour de la régie directe, à l’instar de la ville de Paris. L’accent est souvent mis sur la diminution du prix de vente mais ce bénéfice ne doit pas être exagéré car il dépend de nombreux paramètres. En revanche, le bénéfice est immense en terme de maîtrise de l’intérêt général. Les entreprises privées assurent que, dans un système délégué, la puissance publique conserve toutes ses prérogatives au service de l’intérêt général, l’entreprise n’apportant que son efficacité technique et économique. Mais la réalité montre qu’il n’en est rien. Le petit village peut-il réellement contester des décisions prises par ces géants de l’eau ? Que vaut la supériorité technique dans un système automatisé où le moindre contact avec un technicien passe par un serveur vocal national ? Quant à la soi-disant meilleure efficacité économique, ne vient-elle pas d’une gestion du personnel privilégiant les actionnaires au détriment des salariés ? 

    Pour réussir sa gestion en régie, plusieurs conditions doivent toutefois être réunies : 

    - le bon moment : pour revenir en régie, il faut profiter de la fin d’un contrat avec la société privée car casser un contrat peut être onéreux. Si vous n’êtes pas encore prêt, prolongez le contrat d’un an, ne signez pas pour 10 ans de plus !
    - la taille du réseau : le millier d’abonnés permet d’employer deux personnes à temps plein, le minimum. En dessous, la recherche de regroupements avec collectivités gestionnaires paraît souhaitable.
    - l’équipe technique : elle doit être équipée, bien formée, et se sentir responsable. 
    - une vision stratégique : afin de pouvoir réaliser les investissements nécessaires et se préparer aux aléas, la gestion doit avoir pour objectif de pérenniser le réseau plutôt que de se targuer d’un faible prix de vente.

    Yvan Tricart et Jean-François Préssicaud

     

  • La commune de Felletin favorable au photovoltaïque, sous conditions

    La loi « pour l’accélération de la production d’énergies renouvelables » de mars 2023 prévoit la mise en place de « zones d’accélération ». À ce titre, les communes ont été invitées par l’État à se prononcer sur les zones où elles souhaitent voir se développer les différents types d’énergies renouvelables (EnR). Dans plusieurs communes des réunions ont été prévues pour cela. À Felletin la municipalité a organisé une réunion publique pour échanger avec les habitants, avant de délibérer lors du Conseil municipal du 15 décembre 2023. Elle a dit « Oui, mais... » au photovoltaïque. Explications par Olivier Cagnon, premier adjoint de la commune.

     

    felletin court circuit

     

    Électrifier le mix énergétique pour décarboner

    L’objectif de la loi d’accélération est de rattraper le retard en matière de production d’énergies renouvelables (EnR). En 2020, la France était le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs (19% au lieu de 23% prévu). L’enjeu est d’importance puisqu’il s’agit de décarboner notre mix énergétique et de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050.
    Pour rappel, les 2/3 de notre consommation énergétique finale sont encore d’origine fossile (sans compter les émissions importées avec les biens de consommation). L’indépendance énergétique souvent vantée ne correspond qu’à la part électrique de ce mix, soit 25 % de la consommation finale. Le nucléaire pèse pour 70 % dans ce mix électrique (dans le meilleur des cas), soit 17,5 % dans la consommation d’énergie du pays. Quand on sait le défi industriel qui attend la filière pour maintenir et renouveler le parc actuel, on comprend que le nucléaire ne peut en aucun cas constituer une solution de décarbonation – tout au plus un amortisseur.
    La voie de la décarbonation passe inévitablement par la réduction de la consommation (sobriété + efficacité des systèmes) et l’électrification des usages. En bref : diminuer la consommation globale d’énergie et augmenter la production électrique. Ce qui implique de déployer massivement les EnR. C’est ce que préconise RTE dans son rapport de 2021 « Futurs énergétiques 2050 », vision que l’État s’est manifestement appropriée, en choisissant le scénario de la relance du nucléaire.
    Ainsi, la loi d’accélération de 2023 ambitionne de porter à 33% la part d’EnR à l’horizon 2030, en multipliant par 10 la production solaire, par 2 la production éolienne et en créant 50 parcs éoliens en mer. La loi invite à mobiliser en priorité les terrains artificialisés, tout en divisant le temps d’instruction et en limitant la possibilité de recours contre les projets… Soit l’invitation à la vertu environnementale en même temps qu’une plus grande liberté à dégrader.

     

    Le positionnement des communes est attendu

    L’État sait que ces objectifs ambitieux en matière d’EnR ne pourront pas être atteints sans la coopération des territoires et « l’acceptation » des projets par les habitants. Les communes sont donc sollicitées pour se positionner sur les zones où elles souhaitent voir s’implanter des centrales photovoltaïques, des éoliennes, des méthaniseurs, etc.
    Cela doit permettre de faire les comptes, au niveau départemental, puis régional. L’addition de toutes les zones identifiées vont-elles permettre d’atteindre les TWh supplémentaires attendus ? Si oui, alors les communes pourront ensuite définir des « zones d’exclusion » pour les EnR. Si non, les Préfets se feront plus insistants, et le risque est grand de se voir imposer des projets.

     

    Oui au photovoltaïque à Felletin, sous conditions

    La mairie de Felletin a été démarchée à plusieurs reprises par des développeurs photovoltaïques (PV). À chaque fois, la proposition consiste en une centrale au sol d’un ou plusieurs hectares, sur des terrains agricoles ou inscrits dans la zone d’activité, avec la promesse d’un (maigre) loyer pour les propriétaires des parcelles et de retombées fiscales pour la communauté de communes et le département.
    Nous avons étudié ces projets, avec l’appui de la communauté de communes Creuse grand sud et du PNR Millevaches, et avons choisi de ne pas y donner suite. Outre leur impact paysager négatif, nous refusons de mobiliser des terres agricoles pour la production d’énergie, pas plus que nous ne souhaitons sacrifier des parcelles réservées pour le développement économique et la création d’emplois. La production d’énergie ne doit pas entrer en concurrence avec les usages déjà existants des sols. La priorité doit aller aux surfaces déjà artificialisées, comme les friches, les toitures et les parkings. Cette position est en accord avec la doctrine du PNR qui proscrit le PV au sol, et envisage l’agri-voltaïsme et le PV flottant à titre expérimental seulement.
    Nous tenons également à ce que les gains économiques générés par les installations bénéficient au territoire, ce qui n’est jamais le cas dans les projets qui nous sont présentés. Pour assurer des retombées significatives, il convient de développer des projets communaux ou citoyens, et favoriser l’initiative privée locale.
    Le partage de la valeur est l’une des revendications portées par l’Association des maires ruraux de France à l’occasion du Grand atelier pour la transition écologique auquel j’ai participé au printemps dernier : les communes rurales sont disposées à prendre leur part dans la transition écologique, car c’est dans les campagnes que se trouvent les ressources et les biens communs naturels : l’eau, le bois, les terres agricoles… et l’espace ! Mais elles ne veulent pas subir : les communes doivent décider des projets qui se font ou non sur leurs territoires et bénéficier des retombées économiques. Non à la fuite des bénéfices !

     

    Felletin Reseau chaleur

     

    Des projets à l’étude sur la commune

    La commune de Felletin étudie actuellement l’opportunité de poser des panneaux solaires sur la toiture des ateliers municipaux. La toiture actuelle est amiantée et passablement dégradée, le photovoltaïque pourrait permettre de transformer une charge en investissement, ou au moins de limiter la facture. Un montage en « autoconsommation collective » est à l’étude : l’énergie produite pourrait être consommée par les autres équipements municipaux, ou d’autres clients localement (jusqu’à 20 km en zone rurale).
    L’ancienne décharge municipale présente également un potentiel de production solaire, à condition de pouvoir résoudre une question administrative : l’arrêté d’exploitation de la décharge de 1985 stipule que le site devra ensuite retourner au domaine agricole (!) ce qui compromet pour l’instant un éventuel projet. Des projets privés sont déjà réalisés (toitures du bâtiment de la Petite vitesse à la gare de Felletin et des entrepôts de la ressourcerie Court-circuit), d’autres sont programmés (toiture de la future extension d’Intermarché et ombrières dans le quartier de la gare).

     

    L’empilement des contraintes

    Tous les sites ne se prêtent pas aux panneaux solaires : outre l’intégration paysagère et les éventuels impacts environnementaux, il faut étudier l’orientation et l’exposition, chiffrer la distance pour le raccordement au réseau électrique, vérifier que la puissance est disponible sur le transformateur visé, et si c’est une toiture, il faut s’assurer que la charpente est apte à accueillir des panneaux, et dans le cas contraire, budgéter un renforcement de structure.
    Enfin, il convient de composer avec l’avis des Architectes des bâtiments de France (ABF) qui œuvrent utilement à la préservation du patrimoine bâti et du caractère ancien des centres bourgs. Néanmoins, si l’on veut faire avancer la transition énergétique, avec des projets économiquement viables, tout ça sans grignoter les terres agricoles, les forêts ou les zones naturelles, une évolution des doctrines des ABF est nécessaire. Un regard un peu plus bienveillant est attendu sur le solaire en toiture (PV ou thermique), sur lequel les développeurs rechignent à aller à cause des trop faibles gains, alors que le potentiel est immense et accessible aux petits propriétaires. Une meilleure prise en compte des panneaux solaires dans le paysage urbain doit être possible sous condition d’intégration harmonieuse. De la même façon, alors que la rénovation du bâti est une priorité, aussi bien pour les économies d’énergie que pour lutter contre la précarité et le mal-logement, et que les opérations de rénovations sont déjà extrêmement contraintes et onéreuses, certaines prescriptions des ABF achèvent de dissuader les propriétaires. C’est ainsi que des projets de rénovations tombent à l’eau – quand ce n’est pas la maison qui finit par tomber en ruine ! Là où l’urgence nous commande aujourd’hui d’agir, l’empilement des contraintes, en plus de générer du ressentiment, est source d’épuisement et d’inertie.

     

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    Et la sobriété dans tout ça ?

    L’État semble enfin s’être saisi de la question énergétique à l’aune des enjeux climatiques. Si imparfait qu’il soit, un plan d’action commence à se dessiner pour électrifier le mix énergétique, et il faut reconnaître que c’est une bonne nouvelle.
    En revanche, le volet sobriété est toujours au point mort. S’il est désormais entendu que la sobriété fait partie intégrante de la solution (cf l’ADEME et feu le ministère de la transition énergétique), on n’entrevoit aucune traduction concrète au-delà de la sensibilisation aux gestes individuels. Il faut dire que l’on voit mal comment articuler la nécessité de la sobriété avec l’idéologie de la croissance. Si rien n’est fait dans ce sens, le risque est grand d’aboutir à ce que redoutent les critiques du concept de Transition : un empilement des consommations d’énergie au lieu d’une véritable décarbonation. L’accroissement de la production électrique sans la sobriété serait le pire scénario, celui de la fuite en avant.

     

    Olivier Cagnon

    Pour aller plus loin :
    - RTE : « Futurs énergétiques 2050 : les scénarios de mix de production à l’étude permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 »
    - Association des maires ruraux de France (AMRF) : résolution finale et rapport final du Grand atelier pour la transition écologique
    - Scénario négaWatt 2022
    - ADEME : « Transition(s) 2050, 4 scénarios prospectifs »

     

    Le bois énergie

    Un réseau de chaleur alimente la plupart des bâtiments communaux de Felletin et une dizaine d’autres clients dont le Lycée des métiers du bâtiment et les habitats collectifs.
    Lors de son inauguration en 2005, l’équipement fonctionnait en co-génération, produisant de l’électricité en plus de la chaleur, abandonnée depuis lors. Reste un réseau de 5 km qui distribue 8000 MWh par an de chaleur produite à partir de plaquettes de bois local. Cet équipement a permis à la commune et à ses autres abonnés de subir une moindre augmentation des coûts de l’énergie en 2022. Le revers de la médaille, c’est qu’il n’incite pas à investir dans la rénovation énergétique des bâtiments communaux, puisque les gains qui seraient obtenus sur la facture de chauffage devraient être réinjectés dans le réseau pour en garantir l’équilibre financier. Une éventuelle extension du réseau vers des bâtiments encore non raccordés est actuellement en réflexion. Cela permettrait d’anticiper les baisses tendancielles de consommation et de mieux rentabiliser l’équipement existant. Pour certains bâtiments, c’est aussi une occasion de laisser les fossiles (fuel ou gaz) pour une énergie locale et renouvelable… À condition de maîtriser la pression sur la ressource en bois !

     

    Les autres EnR

    L’éolien n’est pas une question à Felletin car la commune se situe dans un couloir d’exclusion aérienne. Le PNR auquel la Commune adhère a par ailleurs rendu un avis défavorable aux éoliennes sur tout le pourtour du Parc pour des motifs paysagers et en son cœur pour préserver la biodiversité.
    La géothermie peut être adaptée pour le parc privé, de même que le solaire thermique
    L’hydroélectrique constitue la première source d’électricité renouvelable sur le PNR du fait de ses 13 barrages, mais présente un faible potentiel de développement. Il n’est pas étudié pour l’instant à Felletin malgré 2 sites qui pourraient peut-être mériter que l’on s’y penche.
    La méthanisation est une filière peu adaptée à notre territoire d’élevage extensif.
  • La démographie médicale à Felletin

    FelletinA 15 jours d’intervalle le mode d’exercice de la médecine généraliste à Felletin a tenu la vedette dans la presse nationale. Dans l’édition quotidienne du Figaro à la date du 21 décembre 2006,

    Daniel Simbélie, 50 ans, installé depuis 26 ans à Felletin exprime son pessimisme sur la médecine en milieu rural. Il répond à la journaliste : «On travaille comme des ânes, …le médecin de campagne c’est terminé.. il n’y aura bientôt plus de proximité». Deux semaines plus tard, Pascal Tixier, 47 ans, nouvellement installé à Felletin depuis sept mois, et après 15 ans d’exercice dans la banlieue lyonnaise, expose une autre point de vue dans l’édition hebdomadaire du Pèlerin du 4 janvier 2007. «A Lyon j’avais un rythme de fou, .. 80 heures de travail par semaine …je voulais exercer une médecine plus humaine, avoir du temps pour écouter mes patients …et d’aller aux champignons». A travers ces deux constats l’un et l’autre rendent compte de la complexité de la situation démographique médicale en France.

    Ce flash médiatique national sur la situation felletinoise intervient après toute une série de rapports plus ou moins alarmistes sur la fragilité de l’offre de soins à la campagne. Il est vrai que «la Mission régionale de Santé du Limousin» avait pointé du doigt en 2005 la région de Felletin et celle d’Uzerche en Corrèze comme zones déficitaires en médecine générale. Diagnostic normal en comparaison de la situation de 2002, il y avait alors quatre praticiens en exercice à Felletin. Depuis un nouvel équilibre s’est établi dans l’offre de soin médical. Car, outre Daniel Simbelie, Mohammed El Boundri, 41 ans, poursuit lui aussi depuis bientôt 10 ans le service vigilant d’une clientèle fidèle ; et de plus, à l’instar de Pascal Tixier, Mathieu Hess, 31 ans, s’est installé à Felletin il y a tout juste six mois comme étiopathe.

    Cependant les propos alarmistes de Daniel Simbélie demeurent réels dès lors que dépassant l’horizon felletinois l’on se projette à l’échelle nationale. Outre un vieillissement rapide des généralistes ruraux, on constate une désaffection des jeunes médecins pour cette modalité d’exercice du métier.

    Les nouvelles générations de médecins sont à l’image de celles et ceux de leurs classes d’âge, diplômés et dotés d’un fort quotient culturel. Comme les autres ils sont attirés vers l’héliotropisme du sud, le littoral atlantique ou les grandes métropoles. De même qu’ils n’acceptent plus un rapport au travail et donc au temps libre tellement différent des autres professions. La féminisation du métier s’accompagne aussi de revendications sur la qualité de vie et le refus de travailler en dehors des heures ouvrables.

    Mais au-delà des problèmes de démographie médicale n’est il pas plus important de s’interroger sur une organisation équitable du système de santé à l’échelle nationale ? Demain quelles seront les priorités en matière de santé ? Les actions de prévention et de dépistage ne deviendront elles pas au moins aussi prégnantes que les soins thérapeutiques ? Le vieillissement de la population avec ses effets de chronicité pathologique n’entraînera-t-il pas une coordination entre de nombreux professionnels différents ? Dans l’espace rural ne pourrait- on envisager la création de maisons médicalisées de proximité où tous les professionnels de santé pourraient venir prendre leur part du service de santé publique ?

    L’accès équitable à la santé de toutes populations sur l’ensemble du territoire relève de la définition d’une politique de santé publique. Celle-ci reste encore à inventer. Elle suppose une véritable articulation entre les multiples acteurs professionnels de santé et leur meilleure répartition sur le territoire.

    Mais elle se heurte encore au solide ancrage des corporatismes particulièrement individualistes de notre univers hospitalier, médical et sanitaire.

     

    Alain Carof
  • La félis felletinoise

    etiquette biere felis felletinAu cœur de l'été les felletinois ont eu la surprise de découvrir sur leur marché réputé du vendredi un nouvel étal où leur est offerte une bière savoureuse aux couleurs de leur ville : la félis. Alessio Batazza, romain d'origine et sa compagne Rebecca Julien, native de Creuse, viennent tout juste de créer à Felletin la Brasserie de la Creuse. Tous deux ont vécu plusieurs années à Edimbourg en Ecosse où Alessio a fait ses études supérieures et exercé une profession d'informaticien dans la toile des multimédias. Ils y ont aussi apprécié le goût et la passion de la fabrication de la bière artisanale. Plutôt que de se propulser dans les hautes sphères de la société virtuelle, Alessio a persuadé sa compagne de revenir s'enraciner en Creuse pour créer une brasserie artisanale.

    Ils connaissaient les charmes de la Creuse et la vertu de ses mille sources d'eau pure sans aucun traitement comme il en existe à Felletin. Sans trop de conviction sur leur projet, la municipalité leur a cependant offert l'opportunité d'installer leur brasserie dans un bâtiment désaffecté des ateliers municipaux.

    Tout en suivant les stages d'installation à la création d'entreprise, avec une aide familiale qualifiée, Alessio et Rebecca ont tôt fait de restaurer la masure en ruine. En même temps qu'ils transformaient du matériel de laiterie d'occasion pour en faire un coquet atelier de maître brasseur. Un travail rude et exigeant pour respecter les normes draconiennes de toute production alimentaire. Un travail pressant pour arriver le plus vite possible à brasser les 400 litres de bière qu'ils ont projeté de produire chaque semaine pour assurer la rentabilité de leur entreprise.

    brasserie felis felletinAujourd'hui avec les croisillons de ses colombages la Brasserie de la Creuse a fière allure à l'entrée des ateliers municipaux, près de la gare. Cette nouvelle implantation met en valeur un pôle artisanal et culturel encore ignoré de beaucoup de felletinois. Trois entreprises aux fonctions pourtant très hétérogènes se sont installées presque simultanément sur ce site. Avec l'échange d'outils, de matériel et de coups de mains il s'est très vite instauré entre elles un faisceau d'entraide mutuelle. La jeunesse, la qualité et l'ambition de ces nouveaux entrepreneurs sont de bon augure pour la notoriété de ce quartier.

     

    Pour personnaliser leur production de qualité nos jeunes brasseurs ont choisi une partie du toponyme de Felletin pour caractériser leur bière du nom mythique de Felis. Les mémorialistes qui s'interrogent sur l'origine toponymique de Felletin sont toujours surpris. Pas moins de 15 toponymes ont été recensés. Aussi rien d'étonnant à ce que se soient multipliées ses significations étymologiques. Sur la belle étiquette de leurs 75 cl nos entrepreneurs ont fait le choix d'une de ces légendes où Felletin tire son nom d'une double origine mythique. La félis (déesse de la fougère) dans le panthéon des divinités celtiques ou romaines rejoint le cortège des nombreuses déesses de la végétation qui dans les civilisations agraires participent au culte de Vénus, la divinité de la fécondité. Quant à la rivière non moins mythique du Tin, nul ne repère aujourd'hui le sillon de sa trace dans la topographie felletinoise. Prenait-elle sa source au village de Thym situé en aval du confluent de la Rozeille et de la Creuse ? La cartographie de l'IGN le situe sur la rive gauche de la Creuse alors que sur la carte de Cassini du XVIIIème ce village se trouve sur la rive droite. Qu'importe ! Les mythes ne sont-ils pas des symboles de la mémoire collective d'une société ? Au-delà de la légende la felis ne pourrait-elle pas tenir lieu de symbole identitaire pour la sociabilité felletinoise et de passerelle entre les générations ?

     

    En effet, au fil des marchés de l'été Alessio et Rebecca ont établi des relations de fidélité avec leur clientèle. Les vieux felletinois se sont très vite appropriés la félis et sa présentation. Car ils y ont retrouvé les saveurs d'une bière qui se brassait jadis à Felletin. D'ailleurs pour le confirmer, les chercheurs qui travaillent sur l'inventaire patrimonial de Felletin ont retrouvé la trace de la dernière brasserie Felletinoise. En 1930 dans les locaux du moulin du Liaport, Monsieur Combas installait une brasserie artisanale attenante à un dépôt de carburants. Il a cessé sa production de bière en 1970.

    houblonDepuis la nuit des temps, la bière se fabriquait à l'échelle locale, en Creuse comme ailleurs. N'est-elle pas reconnue aujourd'hui comme la boisson alcoolisée la plus vieille du monde ? On retrouve le maltage de la céréale, sa germination et son brassage en eau pure dans toutes les civilisations de la Mésopotamie à l'Egypte en passant par l'Espagne pour arriver en Gaule où les celtes l'appelleront la cervoise.

    En souhaitant longue prospérité à la félis de la brasserie de la Creuse pourquoi ne pas préfigurer dans un proche avenir une fête de la bière et de la production artisanale dans cette vieille cité où l'artisanat d'art et de production ne cesse de lui assurer une singulière renommée.

    La Félis est en vente le vendredi sur le marché de Felletin et le samedi au marché d’Aubusson. On peut aussi l’acheter à la Brasserie de la Creuse, rue des Ateliers à Felletin.

     

    Alain Carof
  • La gare SNCF de Felletin transfigurée, Quartier Rouge à Felletin

    Créée depuis mars 2006, Quartier Rouge est une association de développement culturel dont le nom fait référence à l'un des anciens quartiers de Felletin : le quartier de la maison rouge, qui se situait derrière le bâtiment de la gare SNCF où l'association est aujourd'hui installée.

     

    A l'origine de cette initiative, la présence d'une forte identité culturelle liée aux savoir-faire et aux métiers d'art, l'installation récente de jeunes entreprises dans le secteur de la création et la volonté de soutenir activement cette dynamique par l'ouverture et le croisement avec de nouvelles pratiques.

     

    quartier rouge

     

    Quartier Rouge se propose donc d'accueillir des artistes et des projets dans une optique d'échange, de rencontre et de coopération. Cette invitation, autant tournée vers les artistes que vers la population et les acteurs locaux, cherche à produire les conditions nécessaires à un enrichissement mutuel.

    L'objectif est d'accompagner, par le biais d'initiatives artistiques et culturelles, la dynamique de développement présente sur le territoire et de proposer à ses habitants une offre culturelle ouverte de qualité.

    Autour de chaque projet s'articulent des phases de réflexion, de production et de diffusion.

     

    Recherche et réflexion

    La vocation de Quartier Rouge est d'être un outil de développement culturel dont l'action se situe sur le plan de l'intégration de projets dans une réalité locale, qu'elle soit culturelle, sociale, géographique ou économique.

    Envisagé comme le point de départ nécessaire à toute action, cet axe s'appuie sur les expériences et les réflexions menées dans ces différentes directions par les acteurs locaux (collectivités locales, associations, entreprises, artisans, habitants …) tout en invitant des intervenants extérieurs spécialisés à participer à ces réflexions. (Thèmes de réflexion : Mutualisation et mise en réseau - Richesses et identités locales - Valorisation du patrimoine - Développement du territoire - Processus artistique et contexte de production - L'art et ses lieux de représentation,…)

     

    Résidences et production

    En lien avec le volet de recherche, Quartier Rouge active son engagement en faveur des artistes contemporains à travers la production et la coproduction d’œuvres pouvant toucher à des domaines artistiques variés.

    Deux axes sont envisagés :

    • l'accueil d'artistes en résidence et la mise en place d'outils de production en lien avec les richesses et savoir-faire locaux. Il s'agit de mettre en place, par exemple dans le secteur du textile et du bois, un réseau de partenariat avec les entreprises ou les artisans présents sur le territoire, et avec lesquels les artistes pourront collaborer pour la réalisation de leurs œuvres.
    • le lancement d'appels à projet sur des sujets spécifiques mis en évidence par des besoins énoncés localement. Il s'agit dans ce cadre de projets pouvant toucher à la valorisation du patrimoine. Par exemple dans le cadre du projet de réhabilitation de l'ancienne Coopérative Diamantaire de Felletin, un artiste est sollicité pour la réalisation d'une création autour de l'histoire, de la mémoire et de l'imaginaire qui se dégagent de cette activité et de cette pierre.

    L'objectif dans les deux cas est de proposer un contexte dynamique de création et de susciter l'échange et l'ouverture par le croisement des pratiques et de l'environnement de chacun, qu'il s'agisse du public, des acteurs locaux, ou des artistes invités.

     

    Diffusion artistique

    En écho aux deux axes précédents, il s'agit de mettre en oeuvre pour chaque projet un dispositif de diffusion cohérent et adapté permettant de proposer à la fois :

    • une restitution des réflexions menées,
    • une diffusion des œuvres produites dans le cadre des résidences et appels à projets,
    • une diffusion artistique plus large.

    Cette programmation donne ainsi lieu à différents types d'événements : débats, colloques, expositions, concerts, spectacles, projections,…

    Du 28 juillet au 28 août 2007, l'exposition "de passage…" pensée comme les pages d'un livre à venir, présentait les photographies et les textes de Benjamin Dubourg. A travers ses photographies et ses mots Benjamin nous invitait à partager un regard humaniste sur tout ce qui fait notre quotidien ici et ailleurs.

     

    Pomme Boucher

    Pour tout renseignement ou adhésion : http://www.quartierrouge.org
  • La nature au bout de l’objectif

    club photo felletin NICOLAS CerfLe Club Photo de Felletin réunit des personnes intéressées par la pratique de la photo nature et s’est orienté sur ce thème (paysage, proxi/macro, faune sauvage et flore) depuis 2021. Chaque année, ses membres présentent leurs photos dans le cadre d’expositions, comme cet automne lors de la fête de la Montagne limousine. Ils nous proposent ici un florilège de leur production.

     

    La photographie de nature nécessite de bien connaître la technique photographique mais aussi une connaissance des sujets. Dans le cas de la photographie de faune sauvage, nous devons préalablement nous renseigner sur l’espèce que nous souhaitons rencontrer afin de connaître son comportement et ses habitudes puis trouver des indices de présence en amont. Ces indices peuvent être divers (crottes, traces de pas, plumes etc…).
    Vient ensuite la phase de prospection sur le terrain où il nous arrive d’utiliser des caméras automatiques (pièges photos) qui valident ou non la présence de l’espèce recherchée. Cet outil nous permet de savoir également les plages horaires de fréquentation de l’animal sur le lieu. Lorsque la présence de l’animal est vérifiée, nous pouvons nous installer en affût et attendre plusieurs heures que ce dernier se présente...ou pas.

     

     

    Pour éviter tout dérangement de l’animal, il faut faire attention à plusieurs choses : ne pas faire de bruit en marchant lorsque l’on approche de la zone de présence supposée, faire attention au sens du vent pour ne pas se faire repérer (certaines espèces peuvent sentir l’odeur humaine à plusieurs centaines de mètres) et se camoufler au maximum pour « casser » notre silhouette grâce à des filets de camouflage ou des tentes d’affûts. Enfin, il faut être attentif à la saisonnalité des sujets – par exemple le printemps est le moment des naissances et le dérangement peut se produire si on ne fait pas assez attention à l’approche d’un terrier de renards ou de blaireaux. Mais c’est aussi à cette saison que sortent de magnifiques fleurs comme l’Erythrone dent-de-chien ou la Scille à deux feuilles.

     

    Contact :
    Le club se réunit le jeudi à̀ 20h une fois tous les 15 jours.
    Nicolas Faulle, 06 03 95 55 48
    Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
    Club Photo de Felletin sur Facebook
  • Le regard clandestin de Roger Bichard

    Parmi l'heureuse diversité de ses activités, la médiathèque de Felletin présente tout au long de l'année de nombreuses et excellentes expositions. Du 13 septembre au 6 novembre 2019, l'une d'elles était consacrée à Roger Bichard. Sur toutes les cimaises disponibles de la médiathèque, le visiteur était invité à découvrir une prodigieuse et prolifique collection de dessins au crayon noir colorés à la gouache. Des dessins d'enfants, expression d'un art naïf, d'un art brut ou d'un art singulier ? Laissons ce débat aux spécialistes et dévoilons au travers de cette extraordinaire profusion de plus de 3 500 dessins, l'exceptionnel récit de la vie de Roger Bichard dans la seconde moitié du XXe siècle, un « simple » au pays d'Emile Guillaumin.

     

    bichard roger

     

    Le petit Kremlin

    Roger Bichard est né à Hérisson (Allier) en 1937, où ses parents se sont mariés en 1935. Son père, Octave Bichard, est né à Saint-Aubin-le-Monéal en 1896 dans une famille d'agriculteurs et il est puisatier. Son épouse, Louise Cognet, naît à Hérisson en 1908. Son père est entrepreneur de maçonnerie, elle est couturière. 

    C'est à Louroux-Bourbonnais, une petite commune rurale du Bourbonnais (aujourd'hui 230 habitants), que le couple s'établit, dans le hameau des Moullières où Octave acquiert une carrière créée en 1900 qu'il exploite comme artisan carrier-puisatier. Au pied de cette carrière, il construit au fil des ans une demeure atypique et hors du commun. Comme d'autres habitants de la commune et des environs, il est membre du parti communiste et sûrement militant, comme il le manifeste jusque dans la construction de sa maison. Celle-ci est entourée d'un muret en pierre qu'il surmonte d'une frise où il sculpte les emblèmes du marxisme-léninisme : la faucille et le marteau et l'étoile à cinq branches. Pour les habitants du village et pour ses clients, c'est le « petit Kremlin » ou « radio Moscou ». On est au cœur du Bourbonnais, ce territoire rural que le parti communiste a investi depuis 1925 jusqu'à aujourd'hui.

     

    Bibiche, carrier et dessinateur

    C'est dans ce cadre singulier que grandit Roger, entouré de l'affection de ses parents, diligence d'autant plus pressante qu'à sa naissance Roger est frappé par un grave handicap. Un bec-de-lièvre et un trou dans le palais le privent de moyen d'élocution et d'échange. L'attention prévenante et permanente de sa mère lui permet de cependant de prendre sa place dans la vie sociale du village. Il fréquentera un peu l'école mais, comme il est de constitution robuste, son père l'engage avec lui dans les travaux de sa carrière, dans ses activités de puisatier et sur divers chantiers sollicitant les engins mécaniques de la carrière.

     

    On peut suivre à travers les dessins de Roger Bichard les étapes de la mécanisation des travaux agricoles pendant les trente glorieuses

     

    bichard2Avec sa mère, Bibiche, tel était son surnom, fréquente aussi les très nombreuses manifestations communales : les innombrables fêtes, les meetings du parti, les voyages organisés par l'amicale laïque, etc. Lorsque son père prend sa retraite, il a le souci d'assurer la sécurité de Robert et fait toutes les démarches pour obtenir sa reconnaissance, en 1965, comme entrepreneur individuel et propriétaire du patrimoine de sa carrière de pierres ornementales pour la construction. Malgré son handicap, après la mort de son père, il sera fréquemment sollicité par les uns ou les autres pour divers dépannages avec les moyens de traction et de transport de son entreprise, des engins mécaniques qui le fascinent et qu'il manie avec compétence. En 1992, sa mère âgée est contrainte de trouver refuge à l'EHPAD de Cosne-d'Allier. Tributaire des dépendances de son infirmité, Roger est contraint de l'y rejoindre. Il bénéficie dans cet établissement d'un statut  particulier, y contribue aux tâches quotidiennes et consacre le reste de son temps à ses talents de dessinateur. La directrice de l'établissement a su reconnaître cette aptitude artistique et l'incite à la développer en décorant le hall de la maison de retraite. C'est la seule reconnaissance publique de son exceptionnel talent.

     

    Un témoignage sur le monde agricole

    L'année précédant son décès en 2006, François et Elisabeth Boissière, artistes parisiens, prennent possession de sa maison qu'ils lui ont achetée en 2005 sur un coup de cœur pour cette bâtisse hors du commun. Dans le désordre d'une propriété inhabitée depuis quinze ans, ils font la découverte exceptionnelle d'un nombre inimaginable de dessins rassemblés dans des « carnets de dessins Lavis » ou dans des cahiers ordinaires, voire sur des feuilles volantes, le tout entassé dans des coffres. Bon nombre d'entre eux sont datés et titrés, relatant quelque événement marquant de sa vie et de ses relations à partir d'un événement de la sociabilité villageoise à laquelle il a participé. Par l'étonnante qualité et précision de son dessin, il compense son infirmité et développe une stupéfiante capacité d'observation et de mémoire. Il y a les découvertes faites au cours des voyages organisés où, par exemple, il recopie des œuvres d'art d'un musée visité. Mais les plus intéressants relatent les différentes phases de l'exercice de son métier d'exploitant de carrière et ceux qui se rapportent à tel ou tel chantier pour lequel on sollicite ses moyens de traction et de transport, notamment chez ses voisins agriculteurs. Tant et si bien que l'on peut suivre à travers ses dessins les étapes de la mécanisation des travaux agricoles pendant les trente glorieuses.

     

    Figure du communisme rural

    L'engagement militant d'Octave et de sa famille au parti communiste se retrouve dans de nombreux  dessins attestant du rôle prépondérant du parti communiste dans la sociabilité bourbonnaise. Cette trace aujourd'hui oubliée nous est rappelée dans un numéro des études Rurales paru en 2006 où Rose-Marie Lagrave, directrice d'études à l'école des hautes études en sciences sociales, avec une cohorte d'historiens, sociologues et économistes, a présenté ce qu'étaient « les petites Russies dans les campagnes françaises » durant le XXe siècle. Le département de l'Allier y tient une place importante en raison du croisement de courants socialistes, tant chez les paysans que dans le monde ouvrier, dès les dernières décennies du XIXe siècle. C'est émile Guillaumin, le paysan écrivain, qui apporta son talent et son expérience à la révolte des petits métayers contre les grands propriétaires fonciers. En 1923, à la naissance du parti socialiste départemental, les trois-quarts des militants étaient des paysans. Pour la classe ouvrière en 1880, la ville de Commentry est la première ville européenne gérée par les socialistes. En 1885, Jean Dormoy le maire de Montluçon, la seconde ville industrielle du Bourbonnais, crée la fête chômée du premier mai pour célébrer le travail ouvrier. Pour autant, la revue présente aussi les nombreuses formes de ce communisme rural dans de nombreux cantons des trois départements du Limousin, en Dordogne et dans quelques départements de l'arrière pays méditerranéen.

     

    Alain Carof

     

    Art naïf à Vicq-sur-Breuilh

    Les dessins de Roger Bichard sont conservés au Musée et Jardins Cécile Sabourdy à Vicq-sur-Breuilh, en Haute-Vienne. Ce musée présente la collection d'Henri de la Celle, un fonds d'œuvres naïves que le collectionneur et mécène originaire du Limousin avait constitué. Peintes par Cécile Sabourdy, qui habita toute sa vie à Saint-Priest-Ligoure (village situé à 9 km de Vicq), cet ensemble de toiles raconte la ruralité limousine. La collection naïve du musée dévoile aussi le talent d'autres peintres limousins : Existence, Robert Masduraud et Clarisse Roudaud, qui traduisent chacun une vision singulière de leur contrée natale, ses paysages et ses habitants.

     

    Vie et mort d'un maçon

    Roger Bichard a des racines creusoises. Sa grand-mère, Philomène Adeline Prady, lors de son mariage avec Pierre-Philippe Cognet à Hérisson, était domestique à Moulins mais native de Dontreix en Creuse, dans le village de Valleron où sa famille était enracinée depuis des lustres. Elle appartient à une fratrie de sept enfants. Son père est, au gré des dénombrements, tantôt cultivateur, tantôt maçon. Il est donc maçon migrant et c'est au cours de sa dernière migration, le 10 septembre 1897, qu'il meurt à Badevel dans le Doubs. Mort accidentelle ? C'est le directeur de l'usine Japy qui en fait la déclaration à la mairie et qui a constaté le décès en se rendant au domicile du maçon.
  • Les petites mains de Felletin

    les petites mains felletinUne entreprise d’insertion professionnelle s’est installée depuis le 1er Avril 2008 à Felletin. L’activité de l’entreprise “Les petites mains de Felletin“ repose non seulement sur tous les travaux de couture, mais également le repassage du linge, la location de costumes et déguisements, ainsi que la collecte et recyclage des textiles usagés.

    Particuliers, entreprises, collectivités, associations, toutes les retouches de vêtements et prestations de couture sont proposées en complément d’une large gamme de tissus et galons – dont un choix important de tissus ignifugés (classés M1) répondant aux normes de sécurité obligatoires et destinés aux établissements et collectivités recevant du public. 

    Un déguisement vous attend, comité des fêtes, école, troupe théâtrale, ou particulier, parmi 2000 autres si vous désirez ajouter une note d’humour à vos fêtes, soirées ou tout autre événement. 

     

    deguisement

     

    “Les petites mains de Felletin“ est aussi un centre de collecte des textiles usagés. Ne jetez plus les vêtements et linge de maison qui encombrent vos armoires, ils peuvent encore servir. Le textile collecté est trié puis réemployé soit en vêtement d’occasion - une braderie a lieu tous les 1er vendredis de chaque mois à l’atelier- soit exporté vers les pays en voie de développement, s’il est en bon état. Les textiles en mauvais état – déchirés, défraichis ou usés  mais propres - seront soit transformés à l’atelier en chiffons, puis vendus aux professionnels utilisateurs de chiffons en grande quantité, soit dirigés vers d’autres professionnels pour être recyclés et valorisés sous différentes formes   (industrie du papier, industrie automobile ou en isolant thermique).

    “Les petites mains de Felletin“ est une entreprise d’insertion agréée par l’Etat, elle intègre les principes de l’économie sociale et solidaire. Les activités liées à la couture et les dons de textiles permettent à l’entreprise de développer 3 objectifs : social, écologique et économique.

     

    La démarche sociale : l’entreprise  embauche et accompagne des personnes en situation d’exclusion ou de précarité qui s’engagent dans un parcours d’insertion professionnelle. Les salariés embauchés bénéficient d’un CDD d’insertion à temps plein pouvant aller jusqu’à 24 mois pendant lesquels ils peuvent se former, se qualifier. L’issue de leur contrat signifie soit l’embauche dans une autre entreprise, soit une formation vers un autre secteur d’activité, soit une embauche en CDI au sein “des petites mains de Felletin“. 

    L’objectif écologique est de traiter et revaloriser 85 à 90% des textiles usagés ou non exploités, collectés auprès des particuliers, associations ou professionnels du textile au lieu d’aller en déchetterie pour être incinérés ou enfouis ( source de pollution ).

     

    L’enjeu est économique également car outre le fait de générer un pouvoir d’achat aux salariés qui leur permet de retrouver une vie sociale et citoyenne, il permet également aux collectivités locales de réduire le coût de collecte et d’élimination des déchets textiles, qui est financé comme chacun le sait par nos impôts locaux.

      

    contact : Isabelle Chaumont
  • Lettre ouverte à madame la préfète de la Creuse qui en a, et aux ados du plateau de Millevaches qui pensent en avoir

    Le 9 juillet à Felletin 2018, avait lieu une manifestation de soutien à un jeune Soudanais que la préfecture de la Creuse avait décidé d’expulser vers l’Italie. L’écrivain Antonin Varenne y était. Devant l’usage de la force déployée ce jour-là, face au discours préfectoral stigmatisant le lendemain ces manifestants comme des militants d’ultra-gauche, il a pris sa plume pour adresser cette lettre ouverte.

     

    manifestation felletin 2018 07

     

    J’étais avec d’autres devant les grilles de la gendarmerie de Felletin, lundi 9 juillet, parce qu’un texto d’amis m’avait prévenu : “Besoin de monde devant la gendarmerie, un jeune soudanais va être expulsé du territoire, sa vie est en danger au Soudan.“

    manifestation felletin 2018 05La phrase n’était pas compliquée, je l’ai comprise toute de suite. La phrase n’est pas compliquée, n’est-ce pas ?

    J’y suis allé, avec mes courses dans la voiture.

    J’étais en tong, en short, et je n’ai pas dépareillé. Une centaine de personnes, des poubelles et des barrières de chantier qu’une voiture sans permis aurait suffi à écarter. Il y avait des amis, des gens que je ne connaissais pas, un monsieur très calme avec un porte-voix qui expliquait qu’on essayait de contacter la préfète, qu’elle avait le droit discrétionnaire d’autoriser le jeune migrant à rester 48 heures de plus sur le territoire français, le temps pour lui de faire une demande d’asile politique. Là, sans en savoir beaucoup plus (mais j’avais déjà compris la phrase du texto et en toutes lettres les mots “expulsé“, “vie en danger“ et “Soudan“), là, donc, précisons que le président du Soudan fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour génocide et crimes contre l’humanité, et que la famille de ce jeune soudanais, Nordeen Essak, a été assassinée là-bas. Il est orphelin, et il était là, dans la gendarmerie de l’autre côté des grilles, où il s’était rendu volontairement à sa convocation.

    Je vais rarement sur le plateau de Millevaches, mais je connais quelques têtes de ceux que l’on étiquette rapidement ultra-gauche, chose qui ne saurait leur faire plus plaisir. Une étiquette, quel plaisir quand elle fait frémir dans les chaumières. Plus sexy, ultra-gauche, que migrant, ou même soudanais, habitant d’un pays où les manifestations ne se terminent pas tout à fait comme à Felletin.

    Ils étaient là, le péril jeune, rouge, ultras de que dalle, au milieu des familles en tenues estivales et pas plus organisés que moi avec mes produits frais qui cuisaient dans mon coffre. Pas même un slogan qui sonnait bien, les pros de la subversion : Pas d’expulsion ! non, non, non ! Aucun équipement non plus, jusqu’à l’un d’entre eux qui demandait à la ronde si quelqu’un n’avait pas, par hasard, une chaîne et un cadenas pour les grilles de la gendarmerie… Il n’était pas venu équipé.

    Les seuls qui faisaient quelque chose étaient ceux qui tentaient d’avoir la sous-préfète ou la préfète au téléphone. Je suis resté une heure à discuter avec des gens, de trente ans à l’âge de la retraite, de Felletin ou du coin, des artisans avec encore leurs chaussures de sécurité et de la poussière dans les cheveux.

    Et puis la nouvelle est arrivée, que la préfète (je n’avais pas envie d’écrire quoique ce soit avant cette conférence de presse, madame, que vous avez donnée, dans laquelle vous avez tout ramené à trois clichés, trois personnes et trois détails, sans parvenir à prouver et loin s’en faut, que vous étiez capable de comprendre les mots “expulsé“, “vie en danger“, “Soudan“ ; mais là, après de telles âneries, difficile de résister à l’envie de me foutre un peu de vous et de la direction centrale), la nouvelle est arrivée donc, que vous n’alliez pas faire un geste pour aider ce jeune migrant qui essayait de refaire sa vie en Creuse. Avec l’aide de quelques personnes généreuses qui ne sont ni des ultras, ni des baba-cools. C’est que les étiquettes sont nombreuses, fusent et volent bas en ce moment, de la préfecture aux gazettes internet des commerçants de la grande et belle ville de Felletin, dont les élus — ne les oublions surtout pas — n’ont pas pointé le nez quand une cinquantaine de leurs votants, avec d’autres citoyens, se sont plus tard fait gazer pour un délit de solidarité qui a bien failli rester dans la loi (êtes-vous vraiment, madame la préfète, la représentante et un bras armé d’un gouvernement qui a voulu interdire la solidarité ?...) : certains élus felletinois ont osé prétendre qu’ils n’étaient pas au courant de ce qui se passait. On voit quasiment la gendarmerie depuis la mairie. 150 personnes pendant 5 heures, plus d’une dizaine de camionnettes de gendarmerie, une cinquantaine de militaires, des sirènes et des gyrophares, dans un lieu où un pétard de fête foraine s’entend d’un bout à l’autre du village… On n’était pas au courant… Bande de lâches, de vaches à herbe, de moins que rien.

    Moi non plus, avant de recevoir un texto, je n’étais pas au courant. J’étais ensuite sur les lieux en deux minutes. J’étais deux fois plus loin de là que la mairie.

    Bon, peut-être que les élus de Felletin et de la com-com vont se rattraper bien vite, protester, intervenir, vous expliquer que des familles ont été arrosées de gaz lacrymogènes pour avoir voulu aider un jeune type de vingt ans auprès de qui vous pourriez prendre quelques leçons de courage et d’humilité ?

    Alors on en était là. Pas de négociation…

    Je suis rentré chez moi, j’ai laissé mes enfants se coucher tout seuls, j’ai mis mes courses au frigo, un jean et des chaussures, et je suis reparti.

    Un peu plus de monde, côté gendarmes et manifestants, et les barrages bloquant l’accès aux bâtiments s’étaient épaissis de voitures. Là, ça ne passait plus aussi simplement. Et votre ordre, de faire usage de tous les moyens pour sortir de la gendarmerie ce dangereux orphelin — que par un habituel mélange rhétorique, vous assimilez dans votre conférence de presse aux menaces de l’islamisme radical, aux terroristes de gauches et qui sais-je encore — votre ordre a commencé à faire monter la pression.

    manifestation felletin 2018 03Il devenait évident que des manifestants étaient décidés à rester, et plus flagrant encore que personne n’était préparé à faire vraiment face. Même du côté de votre obsession, l’ultra-gauche rabâchée, obsession étayée par de bien piètres informations et à ce moment-là sans doute par les descriptions des gendarmes, à l’intérieur des bâtiments. Saura-t-on un jour ce qu’ils vous ont dit ? Nous voyons des familles, des gens qui plaisantent et discutent, trois ou quatre têtes connues du plateau, des membres de l’association qui ont accueillis Nordeen Essak. Il y a des barrages mais nous sommes bien assez nombreux pour contrôler la situation. Dans ce cas-là, pourquoi donner l’ordre de disperser et sortir par tous les moyens, madame la stratège militaire ? Ou bien, pris de panique, avec leurs appareils photos et leurs fichiers établis sur la base de rien, du vent, des commérages et des préjugés locaux arrangés ensuite à sa sauce par votre impartiale et sage direction centrale, les gendarmes ont-ils décrit l’apocalypse ? C’est une émeute populaire, ils sont organisés et agressifs. Nous craignons pour la sécurité des hommes et des biens, les enfants eux-mêmes semblent servir de boucliers humains ! Là, oui, on comprendrait la grave décision que vous avez prise de faire donner la troupe et les gaz… Mais saurons-nous ce que vous vous êtes dit ? Non, je ne pense pas que ça arrive.

    Peu importe, la conclusion est au fond la même : que vous ayez pris votre décision sciemment ou par ignorance (enfer, aucune des deux propositions ne fait une excuse digne), vous avez démontré que vous ne connaissiez rien au territoire dans lequel vous venez de vous enliser gravement pour deux ans —la durée de vos CDD de préfets. 

    Quant à votre remarque sur le nombre de policiers, proportionnel au nombre des manifestants, c’était sans doute de l’humour policier que nous ne pouvons pas comprendre.

    50 gendarmes, armes à feu, tazers, casques, boucliers, un berger allemand, des gaz lacrymogènes, des membres du PSIG (peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie, dont la spécialité n’est pas exactement la négociation), tout ça contre 150 manifestants dont seulement trente ou quarante sont restés à pousser les poubelles quand vos militaires ont forcé le passage ? Proportionné ? Vous vous foutez de qui ?

     

    manifestation felletin 2018 01Ha ! Et deux gendarmes blessés.

    Il me semble en effet que le sang n’a toujours pas fini de sécher dans la cour intérieure de la gendarmerie, tant l’assaut populaire a été violent et innombrables les coups échangés à travers les barreaux des grilles... Mais comment avons-nous pu rater les photos d’une vieille dame paniquée et hurlant, gazée à bout portant, de gens abasourdis par les méthodes des gendarmes, criant à la honte, pleurant, crachant, essayant de tenir le plus longtemps possible, une ou deux minutes, avant de se disperser, impuissants. Il est resté ensuite les insultes, coups de gueules parfois audibles, souvent ridicules ou puérils. Mais peut-être parliez-vous de blessures plus profondes des forces de l’ordre, des écorchures faites aux ego et aux sensibilités des gendarmes casqués, touchés par ces invectives grossières, les appels à leur humanité ou leur démission ?

    Oui, des ados du Plateau (on aura compris qu’il ne s’agit pas d’un âge, mais d’une posture bien sûr, combattante et courageuse, élégante, subtile et constructive, dont le seul but était de servir la cause du jeune migrant) ont jeté des bouteilles ; les autres manifestants leur ont tout de suite demandé d’arrêter, dit que cela ne servait à rien sinon justifier la réaction policière et, ce qui est une fois de plus vérifié, à vous fournir les éléments de langages coutumiers ; ceux de votre conférence de presse, l’ordre et la loi, le dispositif sécuritaire, blablabla… Quel désespoir, madame la préfète de Creuse, de vous entendre aussi pauvre en idées, vocabulaire, personnalité et courage. Mais vous n’êtes pas seule. Je vous renvoie dos-à-dos avec les ados, qui ne sont pas beaucoup plus originaux. Car finalement, qu’est-ce que vous vous retrouvez bien à chaque fois, ensemble, pour faire tourner la machine. Vous, pour justifier vos actes, votre fonction, votre politique. Eux, pour donner un sens à leurs existences et régler des comptes avec quelque figure paternelle mal digérée, en balançant des bouteilles et des insultes à des flics armés.

    Comment vous échapper, à vous, ambitieux et banals fonctionnaires d’État moulés à la louche, et vous, lanceurs de bouteilles et de mots d’ordres creux, qui ont fait lundi 9 juillet un marteau et une enclume à des retraités, des artistes, des enseignants et des artisans. Des gens rassemblés par un réflexe de solidarité, dont certains sont les acteurs d’initiatives locales, associatives ou commerciales, ayant reçu des félicitations de vos prédécesseurs à la préfecture, madame.

    manifestation felletin 2018 02

    Ensemble, flics et anti-flics, vous avez fait de cet événement pourtant d’une simplicité désarmante (LES MOTS DU TEXTO, BORDEL !), un magnifique exemple de ratage, de laideur, de stupidité, de mensonge, un ratage qui fait de cette toute petite manifestation, de ce seul jeune soudanais, dans un village qui n’est même pas une sous-préfecture, un exemple percutant de tout ce qui fait vomir en ce moment dans une France noyée par la désinformation.

    Il semble, comble d’une ironie qui fait pisser de rire comme il est agréable de pleurer des gaz lacrymos, que le jeune Nordeen Essak, le lendemain de cette échauffourée, ait pu rester à Paris, et qu’il soit en mesure désormais de faire ici sa demande d’asile politique.

    Ce qui signifie, préfète, que ce qui est arrivé sous vos ordres, à Felletin, est arrivé pour rien…

    Et qu’est-il arrivé ? 

    Ces gens qui s’étaient rassemblés, à une majorité écrasante pacifiquement, vous en avez fait des motivés, qui se réunissent depuis, que vous retrouverez en plus grand nombre à la prochaine expulsion, et qui pourraient avoir envie, avant d’être gazés, de venir mieux préparés. Vous avez fait d’une gendarmerie de village un lieu de conflit et un symbole puant, des relations entre des dizaines d’habitants avec leurs élus, leur préfecture et des gendarmes, un petit poison.

    Vous avez fait gazer quelques solides poignées de gens qui se bougent ici pour qu’il se passe quelque chose, que ça vive, que ça ne crève pas de mort lente et de désertification, que les associations ne servent pas qu’à renégocier chaque année la subvention allouée à la journée des commerçants. Certains d’entre nous, gazés, ont été pris en exemple par votre gouvernement, comme modèles des plans de relance de votre président pour l’ultra… ruralité.

    Votre obstination à suivre des ordres et non votre conscience, ou ne serait-ce que le bon sens politique, ne va pas faciliter la suite de votre temps ici, pas mieux que les mutations des gendarmes de Felletin que vous finirez bien par soutenir, pour leur épargner les désagréments de leur poste dans les mois à venir —y compris pour ceux qui, dans les pavillons de fonction à l’intérieur des grilles, avaient le cœur qui penchait du côté du jeune Nordeen Essak. Ce jeune homme dont il est toujours question, dont le père et le frère ont été assassinés au Soudan. Devant lui. Vous vous souvenez ? Besoin d’un texto de rappel ?

    Vous espérez que la force fera loi ?

    Vous êtes vraiment malade.

    manifestation felletin 2018 04C’est exactement ce que vous cultivez, la loi de la force. Celle qui ment toujours sur les véritables enchaînements des actions et des réactions, sur les nombres, les raisons profondes, les enjeux, sur les divisions qu’elle entretient, sur l’utilité des grilles et l’identité de ceux qu’elle place de chaque côté d’elles.

    Vous n’avez toujours pas appris qu’à inventer des étiquettes aux gens, elles finissent par coller.

    Ici, vous devenez un vous plus large, chère préfète ; et cette vexation que vous ressentez, cette envie de vous justifier, d’échapper à l’assimilation, de vous débattre contre la généralisation, tout cela est naturel, ne vous en inquiétez pas. Respirez. Vous être en train d’être essentialisée et instrumentalisée. 

    Je ne suis pas un écrivain engagé. Mais après une lettre pareille, souffrante comme vous l’êtes d’une atrophie de l’imagination, vous me collerez cette appellation, qui autorise ensuite à expliquer qu’un écrivain ne doit pas écrire ; comme vous ne vous privez pas de dire et légiférer, pour le faire entrer dans les têtes, qu’un enseignant ne doit pas enseigner, qu’un artiste ne doit ni créer ni subvertir, qu’un artisan ne doit pas faire autre chose que son travail et qu’un passant ne doit pas se renseigner sur un rassemblement devant une gendarmerie. Les policiers seront-ils les derniers à qui vous accorderez le droit de policer ?... Voilà, du coup, la foule qui les appelle à la démission !

    Ce que ce petit événement felletinois adu moins prouvé, c’est que votre stratégie d’interdiction d’être soi fonctionne belle et bien pour certaines catégories de la population : parmi elles les élus, qui, à la hauteur des politiques de leur temps, sont restés chez eux et ont gentiment laissé au clou leur droit de s’interposer entre des gendarmes et des manifestants, entre vos généralisations et les vraies raisons d’une manifestation, entre les critiques de la population locale — prompte à la caricature — et le soutien politique et humain dont tout élu avec une colonne vertébrale aurait dû faire preuve.

    Une idée — une expérience sociologique — pour la mairie de Felletin et d’autres, histoire de faire mentir les urnes, les accroches médiatiques et les stratégies gagnantes de division : s’il y avait une liste de numéros de téléphone des habitants de la commune, pour les situations d’urgence, et que, par exemple, lundi 9 juillet 2018, tous les felletinois ou même tous les habitants de la com-com avaient reçu ce texto : “Besoin de monde devant la gendarmerie, le jeune Nordeen Essak, vingt ans, orphelin, accueilli depuis huit mois, doit être expulsé vers l’Italie puis le Soudan, où sa famille a été assassinée et où il risque la mort. Par votre présence pacifique, venez aider à négocier une solution avec la préfecture.“ Combien de gens seraient venus ? Bien plus, j’en suis certain, que le pourcentage local de votants sans autre idée que le bulletin Front National pour échapper à vos interdictions d’être soi.

     

    manifestation felletin 2018 06

     

    Et en dernier ressort (quel joli mot), voici ce que vous avez provoqué avec cet ordre bête donné à des hommes et des femmes, de faire usage de la force : vous vous êtes fabriqué de vrais opposants, que vous ne pourchassiez jusqu’ici qu’en rêve.

    Je n’irai pas plus à des réunions d’associations que je ne le faisais auparavant, mais lorsque des amis et des semblables de Nordeen Essak se retrouveront dans la même situation, d’être expulsés, à quelques minutes de chez moi, je serai à nouveau là.

    Ils le disaient, les lanceurs de bouteilles : Qu’ils comprennent que les expulsions et leurs méthodes ont un prix !

    Les résistances sont de toutes formes et les moyens à discuter ; ou pas, pour ceux qui ne veulent plus débattre.

    Mais merde. Ils avaient raison les lanceurs. Voyez, madame la préfète, ce que vous venez de lire et le prix que vous payez déjà : ces blessures à votre ego et, espérons-le aussi, à votre sensibilité.

     

    Antonin Varenne, écrivain avec des courses dans la voiture.
  • Ma télé Multimédi@ va-t-elle disparaitre ?

    Ou comment détruire plus de 6 ans de travail associatif.

     

    Ma tele Multimedia logoC'est la question que se posent depuis quelques semaines les responsables de l'association Ma télé Multimédi@ (Felletin), et c'est loin d'être un effet d'annonce !

    Lorsque des emplois sont en jeu, que nous sommes en recherche de solutions, il n'est pas facile de juger du moment opportun pour informer. Aujourd'hui, il est temps que chacun sache que c'est avant tout 5 emplois qui sont menacés.

    Créée en octobre 1997, Ma télé Multimédi@ s'est attachée à développer le pôle audiovisuel autour de la télévision locale - Ma télé -, puis le Point Public Multimédia (PPM) ouvert en 1999. L'ensemble de ces actions est une réponse aux attentes des habitants en terme de sensibilisation et d'accompagnement aux Technologies de l'information et de la Communication. Le succès rencontré par les activités ne peut être remis en cause, et chacun peut apprécier le professionnalisme et la qualité des services mis à disposition.

    L'équipe de 5 permanents, qui assure l'accueil et l'animation de la structure, apporte un dynamisme local fort au travers de ses engagements au service du public et des acteurs locaux. Son action en réseau avec les autres PPM, ou structures régionales telles que Télé Millevaches démontrent l'esprit de mutualisation construit au fil du temps. Son rayonnement dépasse largement les frontières de Felletin, avec une reconnaissance régionale et nationale autant par les labels, les partenariats et les interventions lors de colloques pour l'exemplarité de sa démarche. Pourtant aujourd'hui, Ma télé Multimédi@ est en danger et pourrait disparaître dans les semaines qui viennent.

    Pourquoi ? Déjà, parce qu'une association fonctionne généralement et principalement grâce à des fonds publics qui soutiennent des projets. Ces projets sont possibles dans le cadre de partenariats, d'engagements mutuels, qui aboutissent à des montages financiers permettant une mise en œuvre opérationnelle. C'est le cas de toute association, mais quand tout le monde n'a pas forcément conscience qu'une association avec des salariés a les mêmes obligations qu'une entreprise, la situation se complique... Ensuite, parce que pour qu'une association agisse sur un territoire, il est nécessaire que ses partenaires la comprennent, et qu'une confiance mutuelle s'installe. Cela n'a pas été le cas dans le dossier de la Médiathèque Intercommunale implantée à Felletin. C'est l'élément déclencheur qui depuis quelques semaines fait vaciller Ma télé Multimédi@.

    Ma tele MultimediaProjet communal, il est devenu intercommunal avec la création de la Communauté de Communes Aubusson-Felletin. Au fil du dossier, l'association s'est impliquée dans les réflexions qui ont été menées, des approches constructives et précises de fonctionnement et d'organisation ont été faites. Ma télé Multimédi@ a ainsi proposé de mettre au service de ce projet, la dynamique, l'ensemble des compétences, des moyens techniques et financiers de l'association. Malheureusement, Ma télé Multimédi@ n'a pas été entendue, et le souhait de la commune de Felletin d'ouvrir à tout prix un équipement dont le fonctionnement n'est pas défini, a pris le dessus, ne pouvant aller de pair avec une réflexion sereine sur les rôles et missions de chacun. La création d'un service public de la culture et du multimédia dans le sud de la Creuse associant l'ensemble des acteurs déjà impliqués (associations communales, PPM, écoles... ) est un objectif vers lequel toutes les énergies devraient se concentrer, et nous considérons qu'actuellement ce n'est pas le cas. Intégrer le PPM dans un bâtiment sans connaître les conditions de fonctionnement et de financement ne parait pas raisonnable. Ma télé Multimédi@ est actuellement victime d'un contexte très difficile, cultivé au fil du temps par quelques acteurs de ce dossier, qui ont durant plus de 2 ans toujours repoussé à demain l'étude des vraies questions. Notre situation est aussi due à l'absence d'engagement de la Communauté de Communes qui doit pourtant gérer ce dossier, afin d'aboutir à la prise en charge des équipements culturels de la communauté - les médiathèques implantées à Aubusson et Felletin étant les premières du réseau. C'est pourquoi sans engagement, sur les projets ou les finances, et sans perspectives vu le contexte, il est difficile pour Ma télé Multimédi@ d'envisager un avenir.

    Comme un château de cartes, le panel d'activités développé peut s'écrouler rapidement. En effet, il ne suffit pas d'affirmer que c'est bien, il faut aussi avoir conscience des enjeux, des financements nécessaires, de l'intérêt pour le territoire et ses habitants. Tout ceci ne se décrète pas mais fait l'objet d'échanges qui permettent d'avancer ensemble. Que ce soit pour le PPM ou pour la télévision locale, l'association ne peut continuer à vivoter au grès des volontés de quelques uns, sans que soient prises en compte les réalités d'une telle activité. Cela pose plus généralement la question du rôle d'une association sur le territoire: quel rôle? Ses obligations d'employeur sont-elles prises en compte? Reconnaît-on les professionnels salariés? N'est-elle pas qu'un alibi qui arrange un temps? N'abuse t-on pas des bénévoles? Quelles complémentarités avec les collectivités et les élus ?

    Ma télé Multimédi@ n'est pas immortelle, ni même irremplaçable, pour autant il est grand temps que chacun prenne conscience des risques actuels, et du fo rmidable gâchis que sa disparition pourrait entraîner. Cinq emplois qui disparaissent, ce sont des jeunes qui risquent de quitter le territoire, qui n'apporteront plus leur enthousiasme dans la vie locale, qui en tentant d'agir pour le désenclavement, deviennent victimes de leur dynamisme. L'arrêt définitif des activités pourrait intervenir rapidement. En effet, les responsables de Ma télé Multimédi@ ne souhaitent nullement attendre une situation dramatique qui consisterait à piéger le personnel. Dans tous les cas, l'association saura rendre des comptes, notamment à la population. Ma télé Multimédi@ est née, elle a grandi parfois difficilement, mais elle saura aussi disparaître dignement si cela est nécessaire. Ses responsables et son équipe d'animation font bloc dans cette situation difficile, avec le souci de défendre l'esprit qu'a su créer Ma télé Multimédi@ depuis son origine.

     

    David Daroussin
  • Plan particulier pour la creuse : un plan à côté de la plaque !

    2019 à Felletin par le premier ministre et la ministre de la “cohésion des territoires“ Jacqueline Gourault. Ils sont restés à peine deux heures sur place, entourés d'élus creusois, des forces de police importantes ayant été déployées pour éviter toute arrivée impromptue de gilets jaunes ou autres crocquants. Le député macroniste creusois, Jean-Baptiste Moreau, s'émerveillait des 80 millions annoncés : “Ce plan doit permettre de redynamiser notre département !“ Pourtant, à y regarder de plus près, rien de bien neuf dans les initiatives annoncées dans un plan qui continue à croire aux vieilles recettes... Simon Charbonneau, spécialiste de l'environnement et auteur de plusieurs ouvrages critiques sur l'économie et le développement (voir une note de lecture de son dernier ouvrage dans IPNS n° 65, page 14) y a jeté un œil. Son avis est sans appel : ce plan ignore l'essentiel.

     

    La Creuse fait partie des rares départements qui ont partiellement échappé aux multiples désastres écologiques des fameuses “trente glorieuses“ et des années qui ont suivi. Le maëlstrom du développement technico-économique qui, par exemple, a transformé la vallée du Rhône jadis occupée par des vergers champêtres en un couloir motorisé parsemé de réacteurs nucléaires, a épargné ce modeste département, grâce à son isolement par rapport aux grandes métropoles et malgré les multiples travaux routiers réalisés au nom du désenclavement qui devait le sortir du “moyen âge“. La Creuse est perçue aujourd’hui comme un havre pour des catégories de population en réaction contre le “progrès“ dont ils connaissent le vrai visage.

     

    L'obsession du “retard“ creusois

    Du point de vue de cet héritage ambivalent, le plan particulier pour la Creuse n’apporte rien de nouveau car il ne fait que perpétuer l’imaginaire politique qui est à l’origine de la situation actuelle, caractérisée par le recours monomaniaque à l’idéologie de l’innovation technologique comme unique source du bien public. En réalité, pour les rédacteurs de ce document qui appartiennent à notre caste technocratique, contrairement à ce qui est dit, il s’agit moins d’améliorer les conditions de vie des habitants que de transformer l’image de ce département essentiellement rural.

     

    Contrairement à ce qui est dit, il s’agit moins d’améliorer les conditions de vie des habitants que de transformer l’image de ce département essentiellement rural.

     

    Une idée reçue qui reflète le point de vue urbain de nombreux de ces élus obsédés par le “retard“ creusois au regard de ces phares de la modernité que sont les métropoles. “Faire de Guéret la capitale du sport et des loisirs de nature par la création d’un complexe aqualudique“ (6 millions pour ce dernier) illustre très bien ce préjugé consumériste partagé par d’autres départements.

     

    signaturePPC

    La signature du PPC le 5 avril 2019 à Felletin par le Premier ministre, la ministre de la cohésion sociale et tous les élus du départements.

     

    Des questions ignorées

    La principale faiblesse de ce document réside dans l’absence d'un bilan initial des problèmes qui affectent ce département. Aucun travail de synthèse n’a été fait à ce sujet qui aurait permis de faire avancer la réflexion. Si l’on prend le cas de l’agriculture, aucune analyse de son état actuel et à venir n’est développée, alors que l’on aurait pu envisager l’installation de jeunes agriculteurs et la revitalisation de villages abandonnés. Ce rapport ignore d’ailleurs totalement la question des jeunes néo-ruraux fuyant les lieux de modernité que sont les métropoles en cherchant à s’installer à la campagne. Malgré la forte demande d’accès au foncier, il n’envisage rien à ce sujet alors que cela aurait justement pu constituer un vrai “projet innovant“. Ce genre de lacunes se retrouve dans d’autres domaines qui vont dans le même sens. Par exemple, des développements sont consacrés aux métiers du bâtiments en raison de l’existence du Lycée de Felletin, mais pas un mot n’est consacré à la sauvegarde du patrimoine rural de la Creuse dont les maisons paysannes tombent souvent en ruine ou sont remplacées par d’horribles hangars. Si restauration il y a, elle ne provient que d’initiatives privées venant également de populations urbaines retraitées, souvent d’origine creusoise, en raison du faible prix de l’immobilier. Plus grave, ce plan passe complètement sous silence la question de la protection de l’environnement, comme si les pratiques de surexploitation forestière en cours n’existaient pas, alors que, par ailleurs, il souligne le potentiel que représente cette ressource pour l’industrie. Mais surtout, aucune prospective n’a été esquissée concernant les désordres climatiques à venir (dont les épisodes de sécheresse) et la manière de s’y préparer.

     

    Qu’est-ce qu’a été le “progrès“ pour la Creuse ?

    Si les réponses positives à la situation actuelle de la Creuse sont dans l’ensemble tout à fait ignorées, par contre les propositions qui s’inscrivent dans la logique du développement technico-économique et qui sont justement responsables de sa situation désastreuse, abondent. Faut-il rappeler qu’il y a plus de cinquante ans la Creuse était plus peuplée (160 000 habitants contre 117 000 aujourd'hui), qu’y existait une petite agriculture permettant aux paysans d’être autonomes sur le plan alimentaire, un petit commerce permettant aux habitants des communes de se servir localement, que les hameaux isolés étaient alimentés par un commerce ambulant et qu'existait encore une petite industrie à fort coefficient d’emploi ? Qu’est-ce qu’a été le fameux “progrès“ pour la Creuse ? En fait celui de la destruction d’une société paysanne qui ne demandait qu’à voir sa condition s’améliorer ! Au lieu, non pas de retourner en arrière car cela est effectivement impossible, mais de s’inspirer de ce qui pourrait être considéré comme un modèle économique à échelle humaine en le modernisant, on prétend sauver ce département en recourant à des moyens qui sont à l’origine de sa faillite !

     

    Des projets inutiles

    C’est ainsi que le recours au numérique est présenté comme “la condition d’émancipation des territoires ruraux, un enjeu fort du PPC“. Ce recours au numérique comporte un alibi social et sanitaire car il permettrait de pallier à l’insuffisance de personnel, en particulier médical, grâce à la télémédecine, le déficit d’aide à domicile étant pour sa part comblé par la domotique ! Autrement dit, on espère en haut lieu voir venir les robots dans les maisons de retraite ! Tout ceci sans compter sur l’alibi écologique représenté par les énergies alternatives favorisant l’implantation d’éoliennes industrielles ! Ce que certains appellent “le solutionnisme technologique“ ne nous prépare pas à un avenir empreint d’humanisme. Voilà où mène le slogan usé de “la Creuse dynamique et innovante“ sans considération des conséquences sociales, culturelles et écologiques et qu'incarne parfaitement ce plan particulier pour la Creuse. Plus grave, ce programme doit faire l’objet de financements (d’ailleurs peut-être hypothétiques en raison du contexte économique global). Certains de ces choix d’investissement profitant à telle branche de l’industrie pourront être imposés à la population grâce aux nouveaux pouvoirs conférés aux préfets depuis 2017 qui leur donnent un droit général à déroger à la loi pour accélérer la réalisation des projets.

     

    Simon Charbonneau

     

    Une certaine idée de la richesse

    Extrait de la Plateforme de la Montagne limousine écrite par des habitants en 2014. Cette espèce de “plan particulier“ pour le Plateau de Millevaches avait déjà dit l'essentiel : Il y a bien une richesse dans ce territoire, une richesse de la vie, une richesse qui échappe à tout ce que l’économie prétend pouvoir mesurer. Depuis un siècle que l’on s’obstine à “développer“ le Plateau et que pourtant il se vide, il faut bien admettre que ce n’est pas sur ce terrain qu’il nous faut lutter, que ce terrain nous est même intrinsèquement défavorable. Notre force est ailleurs. On ne repeuple pas un territoire à partir de la logique qui en a fait un désert. La richesse de ce territoire réside moins dans des entités, entreprises, lieux, associations, événements collectifs que dans ce qui se tisse entre tout cela, au travers de tout cela. C’est le soin que nous apportons à toute cette vie, parce que nous veillons à ce qu’elle y prospère, qui fait et fera la véritable “attractivité“ de la Montagne limousine. 

     

    Beaumont-du-Lac : bienvenue en Creuse !

    Pour faire de la Creuse une destination phare du tourisme vert, les promoteurs du PPC ont eu l'audacieuse idée d'envoyer les touristes... en Haute-Vienne, en allouant 2 millions d'euros à la rénovation du village vacances de Pierrefitte à Vassivière, sur la commune de Beaumont-du-Lac (87). Au moins une bonne nouvelle dans ce PPC : on ne se replie pas sur soi et pour une fois on oublie les limites administratives !

     

    Qu'y-a-t-il dans le plan Particulier pour la Creuse ?

    Pour qui n'aura pas le courage de lire l'intégralité du Plan particulier pour la Creuse (on le comprend, la déprime arriverait vite...) IPNS vous en a concocté un petit résumé. Ce tableau récapitulatif ne reprend que les mesures chiffrées du PPC, en laissant tomber les bonnes intentions et les orientations qui ne font l'objet d'aucun engagement financier..

     

     

     

    Promouvoir une agriculture et une industrie agroalimentaire  
    Soutenir les projets favorisant la diversification des ressources agricoles et de création de valeur ajoutée sur le territoire et le développement des circuits courts 3 100 000,00 €
    Accompagner le conseil départemental de la Creuse dans sa démarche de mise en place d’un projet alimentaire territorial permettant d’améliorer la qualité des produits, limitant les transports, et valorisant les producteurs locaux 184 000,00 €
    Faire de Guéret une grande capitale du sport et des loisirs de nature  
    Accompagner l’agglomération de Guéret dans sa démarche de labellisation d’un centre de préparation aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris de 2024 dans la discipline du VTT, dont 75 000 € pour la création de la piste de VTT 1 450 000,00 €
    Soutenir la communauté d’agglomération du Grand Guéret pour la création d’un centre aqualudique 6 000 000,00 €
    Accompagner techniquement la lutte contre le développement des cyanobactéries dans les lacs et étangs du département correspondant à 60 % des frais d’études engagés 45 000,00 €
    Faire de la Creuse une destination phare du tourisme vert et culturel  
    Accompagner la rénovation et la redynamisation de la station thermale d’Évaux les-Bains 1 750 000,00 €
    Soutenir, via l’agence de l’eau, sous-réserve de l’accord de son comité d’engagement, à 60 % la mise aux normes et la rénovation des réseaux d’assainissement des eaux usées autour du lac de Vassivière 4 800 000,00 €
    Rénovation du village de vacances de Pierrefitte à Vassivière 2 000 000,00 €
    Requalifier l’offre touristique autour des sites d’Anzême-Péchadoire, de Jouillat, de Saint-Victor-en-Marche et de Gartempe 1 000 000,00 €
    Développer une offre de tourisme inclusif pour les personnes en situation de handicap 750 000,00 €
    Développer les savoirs et les savoir-faire autour des tapis et tapisseries d’Aubusson  
    Soutenir la deuxième tranche programmée du projet de cité internationale de la tapisserie 1 700 000,00 €
    Soutenir la création d’un atelier relais pour la filière art-textile/art-tissé 300 000,00 €
    Accompagner la sécurisation et la pérennisation des outils de production des savoir-faire de la filière 115 000,00 €
    La Creuse, berceau de constructeurs d’hier mais aussi de demain  
    Soutenir la rénovation et la modernisation des infrastructures d’accueil et d’hébergement du lycée des métiers du bâtiment de Felletin si le site est labellisé campus d’excellence 2 000 000,00 €
    Mettre en place à Felletin un accueil et des formations, notamment aux métiers du bâtiment, pour 100 réfugiés statutaires par an, sur 3 ans 860 000,00 €
    Accompagner la création d’un centre d’interprétation du patrimoine bâti et d’un espace muséal autour des maçons de la Creuse 300 000,00 €
    Soutien à l’innovation  
    Accompagner le développement d’un LAB “Design des nouveaux espaces d’apprentissage inclusif par la simulation 3D“ 164 000,00 €
    Accompagner la structuration d’une filière autour du drone grâce à la création d’un “aérodrone“, espace réservé au stockage, à la réparation, à la formation et à la pratique d’activités autour du drone à Lépaud 500 000,00 €
    Production d’énergies vertes et accompagnement à la transition énergétique  
    Rénover la cité administrative de Guéret 4 200 000,00 €
    Numérique et téléphonie (accès et usages)  
    Accorder une subvention complémentaire à DORSAL pour le déploiement de la fibre en Creuse permettant la connexion de 15 à 20 000 lignes supplémentaires avant 2022 10 000 000,00 €
    Accélérer le passage en 4G de 60 pylônes supplémentaires. À cet effet, pour accompagner les maires et l’équipe projet, un technicien réseau financé, sur 3 ans 123 000,00 €
    Accompagner le conseil départemental dans sa volonté d’initier une démarche de « smart village » dans 50 communes du territoire 100 000,00 €
    Aider le conseil départemental dans sa volonté d’accompagnement des collectivités et des TPE dans leur démarche de transformation numérique, en finançant une étude de préfiguration 50 000,00 €
    Prise en charge la mise en place de MOOC et de formation Web sur 3 ans 30 000,00 €
    Santé, permanence des soins  
    Poursuivre la mise en oeuvre du plan “santé + Creuse“ sur la durée 4 500 000,00 €
    Education – Insertion  
    Faire intervenir des ressortissants de langue anglaise pour le renforcement des parcours linguistiques en Creuse de la maternelle au lycée dans 5 secteurs du département 150 000,00 €
    Faire mieux cohabiter ruralité et jeunesse éducative en mobilisant le CROUS sur 1ETP durant 6 mois de l’année 120 000,00 €
    Transport et mobilité  
    Soutenir l’expérimentation d’une navette autonome en milieu rural ouverte à La Souterraine 250 000,00 €
    Soutenir un chantier d’insertion pour assurer un service de transport de passager à la demande, et soutenir l’acquisition de nouveaux véhicules 100 000,00 €
    Favoriser la mise en place d’un service de livraison mutualisé privilégiant les circuits courts par une structure d’insertion par l’activité économique, 10 000,00 €
    Accompagner la mise en place d’une plateforme de mobilité en milieu rural, dispositif intégrateur et révélateur de mobilité apaisée (“IRMA“) 380 000,00 €
    Conforter, sécuriser la RN 145 en Creuse (2019-2022).sur 4 ans 20 000 000,00 €
    Porter une image forte et positive du territoire  
    Financer, en liaison avec Atout France et Business France une campagne de marketing territorial 150 000,00 €
    Mieux structurer le territoire  
    Mobiliser 1e crédit d’État pour l’expérimentation d’un nouveau modèle de revitalisation des centres-bourgs intégrant une vision globale d’urbanisme et d’aménagement, intégrant le logement, la santé, l’urbanisme, le transport et l’équipement urbain. 10 000 000,00 €
    Accompagner le changement  
    Accompagner la mise en place au centre de gestion d’une cellule d’accompagnement au changement à l’attention des fonctionnaires et des élus, sur 3 ans 150 000,00 €
    Total des éléments chiffrés 77 331 000,00 €
  • Se loger sur le Plateau

    Lumière à tous les étages à Saint Martin-Château. Au printemps 2021, la commune de Saint Martin-Château a (presque) inauguré la mise en service de trois nouveaux appartements au dessus de l’Auberge de la Cascade. Ces logements sont réservés pour des séjours de courte ou moyenne durée afin de répondre à des besoins très variés de logement.

     

    Entre le séjour à la semaine, avec les gîtes communaux, et la résidence permanente, avec cinq maisons louées, il manquait encore un mode de logement sur la commune. Nous avons désormais des « logements intergénérationnels d’hébergement temporaire à vocation multiple ». Derrière cette clinquante appellation se cachent trois appartements qui doivent permettre d’héberger facilement de nombreuses personnes de passage pour une durée plus ou moins longue.

     

    Temporaire et à vocation multiple

    logement-saint-martin-chateau.jpgCe projet a été lancé dans la foulée des assemblées des habitants consacrées à la reprise de l’Auberge de la Cascade. Il a toujours été un peu périlleux de penser la réhabilitation du rez-de-chaussée pour le bar-restaurant séparément de celle du premier étage avec ses neuf chambres d’hôtel fermées depuis de très nombreuses années. Mais rapidement, l’idée de proposer de nouveaux logements s’est imposée à tous. Accompagnée par l’Arban, la commune a opté pour l’aménagement de deux studios et d’un deux-pièces avec kitchenette et salle d’eau, mais aussi d’un espace commun. 

    Le côté « temporaire » de l’hébergement a été davantage discuté. Cependant, il permet de répondre à des besoins très variés. Une personne âgée qui vit seule l’hiver dans un hameau envisage d’y passer la mauvaise saison. Les stagiaires des multiples associations y trouvent un pied-à-terre. Les nouveaux arrivants y prennent le temps d’atterrir pour chercher une grange à retaper… Voilà pour la « vocation multiple », liste évidemment non exhaustive. La location est donc possible de quinze jours à quelques mois. Le tout donne l’aspect « intergénérationnel » du projet et pour assurer l’accessibilité de ces logements au plus grand nombre, un monte-escalier a également été installé.

    L’idée est aussi de créer un lieu où, tout en préservant l’intimité et l’autonomie de chacun, les personnes hébergées peuvent se retrouver dans un espace collectif. Cet espace commun à l’étage permet aux locataires de recevoir de la famille ou des amis de passage sans être à l’étroit dans leur logement. Au rez-de-chaussée, l’auberge permet de nombreuses rencontres. Plus haut dans le bourg, la mairie est aussi un lieu plein de vie, entre le secrétariat et les bureaux loués à des « travailleurs à distance ».

     

    Côté financement

    Le projet a connu de nombreux rebondissements au point qu’il a été envisagé de l’abandonner. L’aménagement des appartements avait été budgété à 112 000 euros par l’architecte missionnée par L’Arban. Cependant, le projet ne rentrait pas forcément dans les cases des financeurs et nous avons essuyé plusieurs refus de subvention, notamment de financement public, et notamment du fameux Plan Particulier pour la Creuse du Gouvernement... Après plusieurs mois de démarches, seule la Fondation AG2R La Mondiale s’était engagée à nous soutenir à hauteur de 20 000 euros. Cela impliquait donc un autofinancement d’un peu plus de 90 000 euros.

    Suite à une nouvelle assemblée des habitants, il a été décidé de poursuivre le projet même si les financements ne suivaient pas. Dans les mois suivants, nous avons obtenu un accord de la MSA Limousin (1 500 euros par logement), puis nous avons répondu à un appel à projet de la Région Nouvelle Aquitaine qui a retenu le dossier et nous a accordé 40 000 euros.

    Les travaux ont commencé et les mauvaises surprises sont arrivées. Entre des entraits inexistants à remplacer, des solivages trop faibles, et quelques oublis, la note finale du projet a grimpé pour atteindre 179 402 euros TTC, ameublement compris. Heureusement, en cours de chantier, nous avons obtenu un financement supplémentaire de 54 721 euros, dans le cadre de la DETR (Dotation à l’équipement des territoires ruraux, dispositif de la préfecture de Creuse). Au final, la réalisation de ces trois logements aura couté 63 181 euros d’autofinancement à la commune. Et surtout cela aura permis de continuer la politique d’accueil de Saint Martin-Château !

    Prochaine étape : la réhabilition de la « maison Forest » sur la place du bourg. Après discussions en assemblée des habitants, la commune a acheté cette maison abandonnée. Les projets foisonnent pour lui trouver à elle aussi une nouvelle « vocation multiple ».

     

    Nicolas Derieux

     


     

    les tisserands saint moreil logementPour un tiers lieu nourricier à Saint-Moreil

    Le collectif d’habitant.e.s « Les Tisserands », installé sur la commune de Saint Moreil, et que nous avons présenté dans le n° 72 d’IPNS, lance une cagnotte pour réaliser un « tiers lieu nourricier ». « Le tiers lieu nourricier émerge actuellement comme nouveau modèle de tiers lieu dans lequel l’entraide paysanne remplace le coworking. Cela nous semble une réponse précieuse pour faire face aux enjeux actuels posés au monde agricole, aux habitant.e.s de petites communes rurales et au vivant plus généralement : changement climatique, appauvrissement des sols, raréfaction de l’eau, pressions économiques, difficultés d’accès à la terre... » Le projet se déploie dans plusieurs directions : production collective de patates pour une dizaine de familles ; mise en place d’un drive fermier ; acquisition de 12 hectares de forêt pour une gestion sylvicole douce, de préservation, nourricière (bois de chauffage, bois d’œuvre, agroforesterie) et pédagogique pour une meilleure connaissance de ce milieu naturel ; location de terres agricoles (20 hectares) pour de multiples projets portés par des jeunes et moins jeunes qui cherchent de la terre pour s’expérimenter et produire avec le soutien d’un collectif : cultures de plein champs, petit élevage, foins et agro-foresterie... ; expérimentation d’une production maraîchère en collectif et acquisition de 2 maisons dans le bourg de Saint-Moreil pour répondre à un fort besoin de logements de personnes nouvelles sur le territoire qui souhaitent rejoindre la dynamique locale.

    Objectif de l’appel à dons lancé cet été : réunir 40 000 € d’ici le 30 novembre 2011.

     

    Pour en savoir plus ou soutenir le projet : https://www.helloasso.com/associations/les-tisserand-es/collectes/comme-une-paquerette-tiers-lieu-nourricier-a-saint-moreil 

     


     

    Detzenou : des logements tremplin à Felletin

    detzenou-logement.jpgEn 2020 l’opportunité d’achat d’une maison du XVIIIe siècle (et de son grand jardin) mobilise un groupe d’habitants.es de Felletin déjà engagé dans l’accueil de nouveaux habitants. Le projet est de rénover cette vieille maison située 19 rue Chanteloube (d’où le nom donné à l’association porteuse du projet : Detzenou, soit 19 en occitan) pour en faire 5 logements confortables, en plein centre de la petite ville creusoise. Ces logements (du F1 au F3) seront à destination de nouveaux arrivants, jeunes, précaires, réfugiés, sans attache sur le territoire, sans droit au RSA ou sans droit tout court. Arriver dans ces conditions sur un territoire rural, où les logements disponibles sont rares, souvent indignes (les coulées d’humidité ne sont pas rares) et toujours trop coûteux en charges de chauffage, renforce en effet leurs difficultés.

    Outre l’accès au logement, l’association souhaite également favoriser leur installation sur le territoire, qu’elle soit de courte durée ou plus longue. C’est pourquoi elle prévoit des accompagnements individuel et collectif via la vie de la maison, visant à faire du lien entre les résident.es et les habitant.es et acteurs du territoire. Ces réseaux locaux d’habitant.es et de partenaires seront mobilisés aussi bien pour trouver du travail, se faire des ami.es, faire la fête, être aidé sur des questions administratives, se déplacer, etc.

    La priorité est de transformer cette maison insalubre en une maison très bien isolée thermiquement, résiliente et respecteuse de la santé de ses résident.es. Un appel à dons a été lancé pour acheter le matériel nécessaire et des chantiers participatifs et bénévoles ont déjà permis de démolir ce qui devait l’être et de préparer la suite des travaux.

     

    Pour en savoir plus ou soutenir le projet : https://detzenou.wordpress.com 
  • Une ressourcerie du bâtiment et une matériauthèque

    logo remabatUne nouvelle ressourcerie vient de voir le jour à Felletin pour les produits et matériaux du bâtiment. Son nom : RéMaBat. Remède au gaspillage sur les chantiers, elle a démarré son activité cet été : dépose soignée, curages et petites démolitions, collecte et valorisation de produits et matériaux du bâtiment. Et début novembre, la matériauthèque a ouvert ses portes au public afin d’offrir de nouveaux débouchés aux produits déclassés.

     

    Un nouveau métier dans la filière du bâtiment

    Depuis la nuit des temps, les humains ont construit à partir de matériaux biosourcés (immédiatement disponibles localement) et de réemploi : en récupérant les pierres des maisons écroulées, les charpentes des bâtiments démolis et même les enduits. RéMaBat ne fait que renouer avec une pratique de bon sens, devenue marginale au fil du temps, du fait de la mécanisation des chantiers, de la hausse du coût de la main d’œuvre et de l’industrialisation des process.
    Il ne s’agit donc pas tant d’inventer le réemploi que de le redécouvrir, et de le mettre au goût du jour en tant que technique professionnelle à part entière, en tenant compte des contraintes et des exigences actuelles. L’émergence des matériauthèques et autres plateformes de réemploi s’intègre aujourd’hui dans un mouvement plus large. Les assureurs, les bureaux de contrôle et les architectes travaillent actuellement à établir des référentiels pour intégrer le réemploi aux techniques courantes de la construction, et pouvant être couvert par les assurances.
    Le réemploi fait appel à des savoir-faire et des compétences qui restent à déployer : diagnostic ressource, dépose soignée, conditionnement sur chantier, transport, valorisation, stockage, commercialisation, et tout au long de cette chaîne : assurer la traçabilité des flux en vue de la mise en œuvre future des produits. Il s’agit véritablement d’un métier en devenir dans un secteur qui tend à être de moins en moins celui de la construction et de plus en plus celui de la rénovation.

     

    equipe remabat

     

    Une obligation réglementaire…

    La loi AGEC de 2020 (loi anti-gaspillage pour une économie circulaire) fixe des objectifs ambitieux en matière de recyclage et de réemploi pour les déchets du secteur du BTP. Le but est de tendre au maximum vers une économie circulaire, afin d’économiser les ressources et de réduire les transports et la consommation d’énergie.
    C’est pour répondre à ces nouvelles obligations réglementaires que l’association EC³ a vu le jour en Creuse. Ce projet porté par la Fabrique à initiatives de France active Limousin réunit les organisations professionnelles et consulaires, les collectivités et RéMaBat, pour mettre en place une solution creusoise et travailler à un maillage du département par des déchetteries professionnelles. Deux plateformes sont déjà créées à Sainte-Feyre et Bourganeuf, d’autres sont en projet, dont une à Felletin. RéMaBat apporte la solution pour la partie réemploi, c’est à dire pour tout ce qui peut trouver une seconde vie. L’objectif de réemploi sur les déchets du bâtiment est d’atteindre 5 % en 2028. Cela représente 2000 tonnes pour la Creuse, soit l’équivalent de 3000 palettes de tuiles, 50 000 blocs portes ou 200 000 m² de parquet.

     

    remabat… Un passage à la pratique encore laborieux

    Contrairement aux idées reçues, la plupart des artisans et des entreprises du BTP sont sensibles au gaspillage et jettent souvent à contre-cœur faute de solution. Nombreux sont les artisans qui stockent des chutes de chantier et des produits déposés dans leurs dépôts pour un futur client ou un voisin, ou les cèdent aux employés, mais tous le concèdent : cela demande du temps, de l’organisation, des capacités de stockage, du travail pour la revente… Bref c’est un métier !
    Si la dépose soignée fait l’unanimité sur le principe, le passage à la pratique se heurte encore à des freins. En premier lieu celui des habitudes : le réemploi apparaît comme une contrainte supplémentaire dans des chantiers déjà contraints. C’est une nouvelle donne à intégrer : faire appel à RéMaBat en amont du chantier, au moment du devis ou de la réponse au marché, et non pas quand les matériaux sont déjà déposés, prêts à être jetés le jour même.
    Un autre frein est celui des marchés publics. Ils ne sont absolument pas adaptés au réemploi aujourd’hui, alors même que les opérations en maîtrise d’ouvrage publique représentent des volumes conséquents – en plus d’engager l’exemplarité des collectivités et des bailleurs sociaux. Chacun est convaincu de l’intérêt du réemploi mais frileux à le prendre en charge : le maître d’œuvre estime que c’est au maître d’ouvrage d’organiser la dépose soignée en amont du marché, le maître d’ouvrage renvoie vers l’entreprise de démolition et gros œuvre, tandis que pour l’entrepreneur cela doit être inscrit dans le marché…

     

    Opérations tests

    Des opérations tests pourraient permettre d’expérimenter des procédures adaptées et duplicables.
    En attendant d’intégrer les marchés publics, nous travaillons avec les entreprises et les particuliers réceptifs au projet de RéMaBat :

    • Déposes soignées (en partenariat avec Eiffage) : blocs-portes, sanitaires, radiateurs fonte, luminaires, dalles de faux plafond, laines isolantes… Sans oublier la verrière de la Préfecture de Guéret !
    • Collectes de produits déposés en pied de chantier : solivage, tuiles, escaliers, menuiseries (dont plusieurs centaines de fenêtres déposées de la maison de l’économie à Guéret) ;
    • Petites démolitions pour le compte de particuliers ou de professionnels ;
    • Collectes à domicile de chutes de chantier et produits de dépose : menuiseries avec bâtis, parquets, isolants, carrelage… et même une chaudière gaz en très bon état.
    • Collectes auprès des fabricants et négociants (miroirs neufs, plans de travail stratifiés…).

     

    Pourquoi Felletin ?

    L’implantation à Felletin coule de source avec la présence de la ressourcerie sœur Court-circuit, soutien précieux à tous points de vue (siège social et boîte à lettres pour le démarrage, prêt de trésorerie et prêt de véhicules) et la proximité avec le Lycée des métiers du bâtiment (LMB), désormais siège du Campus régional du patrimoine. Le virage du LMB vers l’écoconstruction est amorcé et on assiste à l’émergence d’un écosystème orienté vers la rénovation du bâti ancien avec les projets de la Scic l’Arban et l’Association française du poêle de masse qui organise des modules de formation au LMB où elle a son siège.
    On estime que le réemploi des matériaux crée 50 fois plus d’emploi que leur mise en décharge. C’est bien ce dont il s’agit avec le projet de RéMaBat : créer de l’emploi plutôt que du déchet, générer de la valeur sur le territoire plutôt qu’un coût environnemental.

     

    Olivier Cagnon

    Contacts :
    https://www.remabat.fr
    06 25 54 75 53
    Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
    38 route d’Aubusson à Felletin
    La matériauthèque est ouverte les vendredis et samedis 8h-12h 14h-18h

    L’insertion par l’activité économique est subventionnée par l’État via la DDETSPP (Direction du travail) et le Département de la Creuse. Le démarrage de l’activité de RéMaBat est également soutenu par la Région Nouvelle Aquitaine et l’ADEME, la fondation Agir pour l’emploi (FAPE-EDF) et le fonds de dotation La Solidaire.

     

    Un chantier d’insertion
    RéMaBat est un « Atelier chantier d’insertion ». L’activité de réemploi des matériaux est un support pour l’insertion par l’activité économique. Il s’agit d’offrir un cadre de travail à des personnes qui, pour des raisons variées, peinent à trouver un travail ou à développer leur activité. Cela doit permettre à chacun de mobiliser ses ressources, formaliser un projet professionnel, acquérir confiance et compétences. À travers l’activité de la ressourcerie et le travail en équipe, nous faisons le pari d’un travail dans lequel chacun peut trouver du sens et de la fierté, et s’épanouir.

     

    Ailleurs...
    Des projets de ce type émergent un peu partout en France. À Limoges, l’association d’insertion ALEAS, a mis en place une plateforme de réemploi des matériaux de construction associée à un atelier de menuiserie et une entreprise de rénovation écologique. Sur le secteur d’Eymoutiers, le Monde Allant Vers travaille également au montage d’une matériauthèque. Il n’y a pas d’initiative connue en Corrèze pour l’instant.
  • Une semaine des Low Tech à Felletin en juin

    Avec le collectif Ingénieur.es Engagé.es, Court-Circuit organise en juin 2023 la semaine des Alternatives et des Low Tech à Felletin. Pour se donner plus d’autonomie et rompre avec la grande boucle de la consommation !

     

    paleEolienneDepuis quelques années la ressourcerie Court-Circuit se pose des questions sur l’évolution de son activité : récupérer des objets, les tester pour certains, les réparer parfois puis les remettre en vente. Le tout dans la grande boucle de la consommation. On se dit que c’est ça de moins de produit à l’autre bout du monde et autant qui ne finit pas tout de suite à la poubelle... Avec ce principe, l’association a réussi à développer et pérenniser une activité qui s’autofinance tout en gardant ses valeurs : l’autogestion et l’accueil de tous à travers les ateliers partagés, le bénévolat, le salariat…
    Si cela donne du sens au quotidien, il n’empêche qu’une envie pas très claire mais bien présente trottait dans la tête de certains membres de l’équipe : comment Court-Circuit pourrait-elle utiliser autrement tout ce qu’elle collecte pour en faire quelque chose de plus intéressant que de la vente de seconde main ? Comment l’association pourrait-elle participer localement à rendre le territoire un petit peu plus autonome ou résilient du point de vue technique ou technologique ? Créer un fablab ? Oui mais pour cela il faut avoir les compétences en interne ou une personne extérieure prête à porter le projet. Et ce n’était pas le cas.
    Et puis un jour nous avons appris l’existence d’une association qui chaque année organise la Semaine des Alternatives et des Low Tech (SALT). Après plusieurs échanges pour apprendre à se connaître, il a été décidé avec l’équipe organisatrice de la SALT 2023 que celle-ci se tiendrait à Felletin en juin. Le territoire compte déjà plusieurs initiatives sur ce sujet et l’accueil d’un groupe extérieur semble une bonne occasion pour se retrouver autour d’ateliers, de conférences, de temps festifs ou de discussion et voir comment pousser plus loin la réflexion.

    La semaine du Low-Tech, qui se déroulera à partir du 26 juin 2023, est l’occasion de venir découvrir des techniques et technologies visant à répondre à des besoins essentiels de manière plus durable, plus simple avec des ateliers de fabrication favorisant le partage des savoir-faire et des connaissances. Cette semaine proposera des portes ouvertes le mercredi 28 juin et le samedi 1er juillet. Ces deux jours seront le lieu de rencontre de personnes venant de tous horizons, locaux ou non, et de partage à travers ateliers, débats, conférences et festivités.
    Par une volonté de remettre en question le modèle de société actuel, de réfléchir sur nos modes de production, de consommation, et de proposer des alternatives plus sobres et respectueuses de l’humanité et de l’environnement, l’événement est co-organisé par la Ressourcerie Court-Circuit et par un groupe de bénévoles (SALT) anciennement soutenu par le collectif Ingénieur.es Engagé.es.

     

    L’équipe de la ressourcerie Court-Circuit - Felletin

    Pour plus d’information sur le programme, se rapprocher de la ressourcerie Court-Circuit au 05 55 66 24 11 ou
    Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
    Pour se faire une idée des low-tech : https://lowtechlab.org/fr
  • Vers un Emmaüs sur la Montagne limousine

    emmausDepuis plusieurs années, le projet de mieux structurer l'accueil des exilés chez nous est porté par différents groupes sur le Plateau, à Felletin, Tarnac, Royère, Peyrelevade, Eymoutiers, Faux-la-Montagne... Une partie de ceux-ci se retrouve aujourd'hui autour de la création d'un organisme d'accueil communautaire et d'activités solidaires (Oacas) qui prendrait la forme d'un Emmaüs. Explications des porteur.se.s du projet.

     

    Comment ce projet est-il né ?

    Le groupe Exilé·es du Syndicat de la Montagne limousine se crée en novembre 2020 et met en lien une dizaine de structures d'accueil d'exilé.es sur le territoire. Il se réunit régulièrement afin de mettre en commun ses réflexions sur l'accueil et les difficultés rencontrées comme l'obtention de titres de séjour, l'isolement des personnes accueillies par leur interdiction d'accès au travail, la nécessité d'une autonomie financière et leur envie pour la plupart d'activités régulières. Émerge alors l'idée de monter une structure à l’échelle du territoire pour fédérer ce qui existe déjà en partie de manière informelle mais aussi pour consolider l’accueil, répondre aux difficultés rencontrées et permettre une protection aux exilé.es. En mai 2022, une quinzaine de membres du groupe Exilé·es du Syndicat font un voyage d'étude à la rencontre de différentes structures d’accueil en France qui ont l'agrément Oacas pour mieux comprendre en quoi consiste cet agrément et ce qu'il pourrait nous apporter. Cela mène le groupe jusque dans la vallée de la Roya (où une ferme des Alpes-Maritimes a rejoint le réseau Emmaüs), avec notamment des étapes aux Restos du cœur Vogue la galère (à Aubagne), au Mas de Granier (une coopérative Longo Maï des Bouches-du-Rhône) et à l’Après M (un ancien Mc Do récupéré par ses salarié·es à Marseille). Suite à ce voyage, la quinzaine de personnes actives dans le groupe Exilé.es décide de devenir un groupe pilote et de travailler au montage et à la réalisation d'une structure d'accueil commune disposant de l'agrément Oacas.

     

    Mais pourquoi vous intéresser à cette formule Oacas ? Qu'apporte-elle de particulier ?

    Proposer aux personnes exilé.e.s de faire partie d’un Oacas/Emmaüs permet de leur offrir un cadre sécure au sein duquel elles pourront bénéficier à la fois d’activités régulières formant à un ou des métiers, d’un accompagnement administratif et juridique (obligatoire au sein d’un Oacas), de cours de français, d’une vie et d’un réseau communautaires.
    En plus de cela, trois ans passés au sein d’un Oacas peuvent constituer un atout majeur dans la demande de régularisation effectuée à l’issue de cette période, même si l’obtention d’un titre n’est pas automatique.

     

    Aujourd'hui où en êtes-vous ?

    En 2022, nous décidons de rejoindre les communautés Emmaüs parce qu’on partage les valeurs de ce mouvement international et que notre projet est en adéquation avec celles-ci : lutte contre l’exclusion et la pauvreté, solidarité, accueil inconditionnel. Des valeurs que nous portons sur notre territoire depuis la création de nos associations et parce que nous sommes déjà en contact avec d’autres communautés Emmaüs qui ont des projets similaires et que nous avons envie de pouvoir co-construire avec elles. Mais on ne devient pas Emmaüs par une simple adhésion. Avant cela, il y a une période probatoire qui dure deux ans avant d'être officiellement reconnu comme une communauté Emmaüs.

     

    groupe emmaus

     

    De par leur fondateur, l'abbé Pierre, les communautés Emmaüs sont-elles confessionnelles ?

    Les communautés Emmaüs ne sont subordonnées à aucune autorité spirituelle, religieuse ou autre, même si son fondateur était d’obédience chrétienne. Il s’agit avant tout d’un mouvement laïque dont l’accueil se veut inconditionnel, pour que toute personne puisse trouver une place dans la communauté quelque soit son parcours, son origine, sa situation administrative, ou sa religion.

     

    Plusieurs communautés Emmaüs ont été récemment critiquées pour la manière dont elles traitent les compagnes et compagnons qu'elles accueillent. Qu'en pensez-vous ?

    Il est important de savoir que chacune des 122 communautés Emmaüs qui existent en France actuellement est indépendante dans ses choix de gestion économique et sociale. Pour notre part nous désapprouvons les pratiques contraires aux valeurs du mouvement Emmaüs qui sont appliquées dans certaines communautés mises en lumière récemment. Le statut Oacas est un agrément qui est censé protéger les personnes et non les rendre esclaves d’un système. Les compagnes et compagnons d’Emmaüs participent à des activités solidaires et à la vie des communautés, non à un travail salarié. Nos réflexions concernant la participation aux activités des personnes accueillies ne sont pas encore finalisées dans les formes, mais nous sommes d'avis que l'objectif premier réside dans le fait de mettre en place un accompagnement personnalisé de chaque personne en fonction de ses besoins. D'ores et déjà, nous sommes particulièrement attentif.ve.s à la qualité des liens entre ceux et celles qui accueillent et qui sont accueillies. Nous avons le souhait d'élaborer le cadre de notre structure avec les personnes accueillies, de le penser ensemble. Un groupe de soutien psychologique qui existe déjà en lien avec des professionnel.le.s du soin au niveau local pourrait par ailleurs créer une cellule d'écoute et de suivi psychologique auprès des personnes accueillies et nous prévoyons d'embaucher un ou une psychologue.

     

    shema emmaus

     

    Concrètement que sera la communauté Emmaüs de la Montagne limousine ?

    Il s'agira d'une communauté agricole destinée à accueillir dignement et durablement des personnes exilé.es sans papiers. Ce sera une structure à l'image de notre territoire à la dynamique forte et à la géographie éclatée, une entité qui réunira trois lieux d’hébergements (à Tarnac, Faux-la-Montagne et Felletin) où se dérouleront des activités solidaires agricoles : une conserverie (en création avec des apports alimentaire des producteurs locaux), une cantine solidaire (en réflexion), du maraîchage (sur des terres cultivées en sol vivant depuis 15 ans et vendant en circuit court) et d’autres activités comme une pépinière (en cours de création), une boulangerie (pain au levain dans un fournil en marche depuis plus de 15 ans), de la menuiserie, des activités dans le bâtiment (rénovation en chantier solidaire encadré par des professionnels), des activités avec la ressourcerie Court-Circuit de Felletin, etc. Comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous, il y aura des liens constants entre ces trois lieux et leurs activités.

     

    Combien de personnes pourront être accueillies ?

    Nous souhaitons accueillir 5 personnes au début, puis monter jusqu’à 15. Nous sommes actuellement en train d'acquérir une maison à Tarnac qui sera à la fois un lieu d'hébergement, lieu des activités de conserverie et de cantine solidaire, et un lieu d'événements communautaires.

     

    Vous pouvez nous en dire plus sur le projet de conserverie ?

    Des productions locales de légumes mais aussi des récoltes issues du glanage, une fois transformées, permettront de proposer un certain nombre de produits (jus, confitures, tartinades, chutneys, etc) au profit de l’association. Des entretiens sont en cours avec les producteurs et productrices de la Montagne limousine pour connaître leurs besoins et l’utilité que présenterait la conserverie pour leur activité. En effet, pour les artisan.e.s qui le souhaitent, un service de transformation personnalisé sera proposé.

     

    Quelles sont donc les prochaines étapes ?

    Nous sommes dans la phase de mise en œuvre du projet. Suite à un accompagnement du DLA (Dispositif Local d’Accompagnement), nous avons consolidé les budgets de fonctionnement et réalisé la charte et règlement intérieur de la structure. La prochaine étape, en janvier 2024, est l'achat de la maison communautaire à Tarnac. Nous y ferons ensuite des travaux pour pouvoir accueillir en septembre 2024 les premiers compas et mettre réellement en place la communauté. Aujourd'hui, notre priorité est de finaliser le financement de l'achat de la maison pour un montant de 180 000 € environ (frais de notaire et d'agence inclus) et pour cela nous avons lancé un appel à dons qui est toujours ouvert ! Des fondations nous soutiennent mais nous avons encore besoin d'apports pour boucler le budget en particulier pour financer les travaux qui suivront l'achat.

     

    Comment aider, soutenir, devenir bénévole ?

    > Faire un don sur la campagne Hello Asso : https://www.helloasso.com/associations/montagne-accueil-solidarite-de-peyrelevade
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