L’ONF est un office public, créé en 1964 (en succession partielle de l’Administration des Eaux et forêts créée en 1291) dont le rôle est d’assurer la gestion des forêts publiques. Au moment de sa création, Edgar Pisani, ministre de l’Agriculture, déclarait que l’ONF est “un outil à disposition d’une industrie qui a besoin de ses produits“. La loi d’orientation forestière de 2001 a élargi les missions de l’ONF à l’accueil du public et à la protection du territoire et de la forêt. La forêt du plateau dépend de l’ONF Centre-Ouest-Auvergne-Limousin, couvrant la Bretagne, le Centre, les Pays-de-la-Loire, le Poitou-Charentes, l’Auvergne et le Limousin.
Les forêts domaniales sont la propriété de l’État. Elles relèvent le plus souvent du ministère de l’Agriculture. Dans certains cas, elles peuvent dépendre d’autres ministères, comme le camp de La Courtine, dépendant du ministère des armées. Dans ces forêts, l’ONF définit seul les orientations stratégiques et met en œuvre l’intégralité du processus de gestion et d’exploitation.
Les communes peuvent être propriétaires de forêts. Certaines forêts peuvent être la propriété des sections de communes. Selon le Code général des collectivités territoriales (articles L.2411-1 et suivants), “constitue une section de commune toute partie d’une commune possédant à titre permanent et exclusif des biens ou des droits distincts de ceux de commune“. Les sections ont pour vocation la gestion des biens sectionaux, patrimoine collectif des habitants de la section, qui ont la jouissance des biens dont les fruits sont perçus en nature (affouage, cueillette). Ces forêts communales et sectionales peuvent être regroupées dans des groupements syndicaux forestiers (GSF). Selon le Code forestier (article L148-13 et suivants), les GSF sont des établissements publics à caractère administratif, regroupant des personnes morales propriétaires de forêts, dans l’objectif de gérer et d’améliorer la rentabilité de ces forêts. La propriété de ces forêts est transférée au GSF. Le plus souvent, l’ONF apporte une expertise aux élus pour définir les orientations de gestion de ces forêts. La définition de ces orientations reste théoriquement de l’entière compétence des élus. Cependant, un texte officiel permet aux institutions de déléguer la gestion de leur forêt à des prestataires privés.
87,5 % des forêts du plateau appartiennent à environ 20 000 propriétaires privés, dont un tiers non résidents sur le territoire et un tiers en dehors de la région. Les deux tiers de ces propriétés ont une surface inférieure à 4 hectares, mais en parallèle, de très grandes parcelles sont rachetées par des groupes financiers (banques, assurances…) - avec un objectif d’exonération fiscale ou d’anticipation sur le marché des crédits carbone ? Trois coopératives forestières sont présentes sur le plateau, et gèrent la grande majorité du patrimoine forestier privé. Elles proposent une prestation, incluant gestion des parcelles, travaux de sylviculture et commercialisation.
Unisylva est une “coopérative forestière créée et gérée par les propriétaires“. Basée à Limoges, elle est issue de la fusion en 2004 de six coopératives (Copafor, Coopérative forestière du Centre, Coopérative de Décize, Gedef, Geprobois et Sylvaubois). Ses principaux domaines d’action sont l’exploitation du chêne (43 % du volume commercialisé) et des résineux (52%). Elle représente “la plus grande réserve de douglas de toute la France“. Présente dans quatre régions (Auvergne, Bourgogne, Centre et Limousin), elle regroupe 10 500 adhérents, représentant 350 000 ha de forêts, dont 150 000 ha sous “gestion durable“. Unisylva est labellisée ISO 14001 et PEFC. Le bois est commercialisé en France, Belgique, Italie et Espagne. Son chiffre d’affaire est de 40 millions d’euros.
La CFBL est une coopérative de propriétaires forestiers créée en 2003 suite à la fusion de la CFL en Limousin-Auvergne et de l’UFOB en Bourgogne. Elle travaille essentiellement sur deux essences : le douglas et le chêne. Elle est présente principalement dans les régions Auvergne, Bourgogne et Limousin, ainsi que dans quelques départements limitrophes ; elle regroupe 10 000 adhérents, représentant une surface de 88 000 ha de forêts. En 2010, la CFBL a commercialisé 614 000 m3 de bois, pour un chiffre d’affaire de 28 millions d’euros. La CFBL a créé deux filiales : B.BAL, qui développe les granulés de bois, et MECAFOR, société d’abattage mécanisé (rachetée en intégralité en 2007). Elle détient par ailleurs – ainsi qu’Unisylva – des parts dans la société FSA (Forêt et sciages d’Autun), spécialisée dans le douglas.
Cette nouvelle coopérative, “1er groupe coopératif forestier leader au niveau national“, est née de la fusion de la Cafsa (Coopérative agricole et forestière sud-atlantique), de la Cofogar et Forestarn en juillet 2014. Elle préexistait sous forme d’union commerciale depuis 2012. Elle couvre les régions du Grand Sud-Ouest, à savoir Aquitaine, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Limousin et Languedoc-Roussillon. Elle regroupe 44 000 adhérents, avec 20 500 ha de nouvelles surfaces soumises à document de gestion durable, et 56 100 ha de travaux sylvicoles, dont 17 700 ha de reboisements. “1 plant mis en terre toutes les 2 secondes“ peut-on lire sur son site internet... Elle possède un réseau de filiales : Forelite, pépinière, vergers à graines ; XPBOIS, exploitation et commercialisation de bois ; plusieurs filiales industrielles et structures d’approvisionnement et S.DIGIT, informatique et système cartographique. “L’union pour le futur de nos forêts“ prône la culture du douglas qui “recouvre de son beau manteau vert chatoyant les territoires de nos agences du Limousin et du sud du Massif Central“ (lettre d’information de mai 2012).
La forêt du plateau représente avant tout une source de revenus financiers. Il semble clair que seules les collectivités territoriales sont susceptibles, dans le cadre de leurs politiques de développement local, de faire concilier cet objectif de production avec d’autres vocations (paysage, patrimoine, éducation, tourisme, biodiversité…). Différents modes de gestion permettent de valoriser économiquement la production de bois. Il semble cependant difficile de sensibiliser les propriétaires ne vivant pas sur le territoire à l’intérêt d’une gestion plus douce que la futaie régulière mono-spécifique, présentée comme le modèle permettant de maximiser les profits.
Gaël Delacour