Si vous êtes un homme peu porté sur le développement personnel, il y a peu de chance qu’on vous ait proposé d’intégrer un mandala d’abondance. Mais si vous êtes une femme sensible à la spiritualité et aux médecines non conventionnelles, vous avez probablement déjà été approchée par une amie pour intégrer l’un de ces groupes. Tantôt appelés Tisseuses de rêves, Alchimistes ou encore Jacateque, ils se présentent comme des cercles de dons, permettant à leurs membres de réunir l’argent nécessaire pour « réaliser leur rêve ». Tentant ?
Ça commence généralement par un mail ou un SMS :« Eh ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vues, il faut que je te parle d’un truc génial qui pourrait vraiment t’aider ! ». « Un cercle de femmes qui se soutiennent financièrement (...) Il y a des supers « vibes » ! Et des supers meufs ! Je suis dedans depuis quelques mois et ça m’apporte beaucoup ». Marina1, « tisseuse » près de Felletin, y a trouvé « un endroit lumineux qui m’a économisé 4 ans de thérapie ». Elle ne tarit pas d’histoires extraordinaires de femmes qui ont pu se payer une opération des yeux, financer leur maison ou les études de leurs enfants. « Il y a des gens qui sont convaincus d’être destinés à la médiocrité à la pauvreté. La société nous inculque que seuls quelques-uns vont réussir. Grâce au mandala on peut réunir une grande somme d’argent sans venir d’une famille riche ou passer par une banque ». Elle évoque « une organisation révolutionnaire », « une alternative au capitalisme » qu’elle rêve de généraliser au monde entier. Dans un document de présentation, on lit que leur but est « d’atteindre la masse critique qui donnera lieu au millionième cercle et au changement de paradigme ».
Les cercles d’abondance se présentent sous la forme d’un mandala, une représentation circulaire de l’univers dans la spiritualité Hindoue. Concrètement, ce sont des groupes de quinze personnes, hiérarchisés en quatre étages. Pour entrer, on paie une somme comprise entre quelques centaines et plusieurs milliers d’euros. Pour monter d’un étage, on doit recruter deux nouvelles personnes, qui doivent à leur tour en recruter deux autres. Quand on arrive à la dernière étape, le centre du mandala, on reçoit l’argent cumulé des huit personnes dernièrement recrutées, soit huit fois sa mise de départ… Mais si l’on n’arrive pas à recruter, on stagne et l’on perd son argent. Ce qui arrive souvent. En effet, le système rencontre vite une limite mathématique. Pour fonctionner, il doit se multiplier par deux à chaque nouveau cycle de recrutement. Un rapide calcul montre qu’au bout de 31 cycles, on atteint un total de membres supérieur au nombre de terriens…
En pratique, le système s’épuise bien avant : les personnes cooptées venant souvent des mêmes cercles de sociabilité, toutes leurs connaissances communes finissent par avoir été démarchées. Les derniers entrants se retrouvent dans l’impossibilité de recruter et perdent ainsi leur mise.
Bien que le mandala ait une forme de fleur, il correspond parfaitement à la définition juridique de la pyramide de Ponzi (voir encadré). Un système illégal dans de nombreux pays et passible de lourdes peines. Dix-sept personnes ont ainsi été interpelées en 2018 dans le Nord de la France pour leur participation à un cercle d’abondance. La Mission interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives sectaires (Miviludes) a consacré un chapitre de son rapport 2021 à ce phénomène2. Elle identifie dans son fonctionnement toutes les phases de « l’emprise mentale ».
Si les arnaques pyramidales évoquent plutôt des architectures de milliers de personnes dont profitent quelques mafieux au sommet, on est ici face à une multitude de mini-pyramides éphémères de quinze membres. On trouve l’origine de ce schéma à la fin des années 1970, sous la forme d’un jeu d’argent appelé « Jeu de l’avion »3. Les « passagers » paient au « pilote » un billet de quelques milliers de dollars et deviennent « stewards ». Ils doivent à leur tour recruter deux nouveaux passagers pour monter dans la pyramide et toucher huit fois leur mise. Très populaire dans le milieu artistique New-Yorkais, l’arnaque a donné lieu à de nombreuses condamnations.
C’est avec l’émergence des réseaux sociaux au milieu des années 2000 que ce modèle de pyramide resurgit sous la forme du mandala. Il ne se présente alors plus ouvertement comme un jeu d’argent, mais comme cercle d’entraide, habillé de spiritualité New Age et de développement personnel. On lui invente une lointaine origine africaine. Il se diffuse au Canada et en Amérique latine, avec une nette augmentation de sa circulation pendant la pandémie de Covid. De nombreux articles de presse en espagnol font état de femmes pauvres y ayant perdu leurs économies.
Pour mesurer l’ampleur du phénomène sur le Plateau, j’ai appelé une vingtaine de femmes de mon cercle amical : les deux tiers d’entre elles avaient été démarchées, parfois par plusieurs personnes différentes. Si tous les groupes ne sont pas non-mixtes, ils attirent particulièrement les femmes vulnérables. Bruno a assisté fin 2023 à une rencontre entre membres de mandalas dans une brasserie de Limoges. Invité par une amie, il est frappé par le profil des participants. « Une grande majorité de femmes, élevant souvent seules leurs enfants. Des personnes un peu cabossées par la vie, à différents niveaux de précarité, parfois sans logement... Tous voyaient dans le mandala une issue à leurs problèmes. » Au moins trois habitantes de son village de Creuse y participent.
Aline, habitante du sud creusois, était dans un moment difficile de sa vie quand sa formatrice lui a proposé d’intégrer un mandala. « Je venais de cesser mon activité professionnelle, j’étais à la fois isolée socialement et en grande difficulté financière. » Elle lui propose, moyennant 2 000 euros, de récupérer huit fois sa mise initiale en l’espace de deux mois, soit 16 000 euros. L’occasion de « réaliser ses rêves » et de « rentrer dans une grande famille ». Au-delà de l’aspect financier, Aline y voit la possibilité de rompre son isolement. « J’avais des doutes mais je lui reconnaissais une grande autorité morale, je la mettais sur un piédestal. Pendant la formation elle se plaçait en thérapeute. Elle me parlait d’éveil spirituel, de confiance, de solidarité, me faisant sentir que c’était un privilège d’entrer dans ce groupe. Tout était fait pour éteindre mes mécanismes de défense. »
Plusieurs des femmes que j’ai contactées sur le Plateau ont été démarchées par cette même thérapeute, dont elles étaient parfois les patientes. Coralie a trouvé son démarchage « insistant », et ce malgré un premier refus. Contactée, cette personne n’a pas souhaité répondre à IPNS.
Zoé a failli rentrer dans un mandala avant de se raviser. « J’ai été démarchée par une femme en marge d’un groupe non-mixte qui n’a rien à voir avec les mandalas. Une expérience réellement positive où chacune se met à nu face aux autres, grâce à une écoute sincère. Cette femme avait une position centrale dans le groupe. Elle me parlait de sororité, d’économie circulaire, des thèmes qui me sont chers, ça a éveillé mon intérêt. » S’en suit un entretien de recrutement. Au fil de la discussion, Zoé comprend qu’elle utilise pour la convaincre des éléments de son intimité confiés dans le groupe de parole. « Elle a appuyé sur des éléments de fragilité de ma personnalité, livrés dans un cadre confidentiel. Son argumentaire était très ficelé pour contrer toutes les objections, notamment au niveau de l’argent. À la fin d’un échange WhatsApp, j’ai entendu le bruit d’une page froissée. J’ai compris que ce discours qui paraissait spontané et personnalisé était en fait un texte qu’elle lisait. Je me suis sentie prise pour une conne ».
C’est en partageant ses doutes avec ses proches que Zoé comprend vraiment ce qui se joue : « S’ils n’avaient pas été là pour me rattraper, j’y serais peut-être allée. » Plusieurs mois après cette expérience, elle est toujours en colère. « Les cercles de femmes m’ont énormément apporté mais cette tentative de recrutement est venue salir ce que j’y ai vécu. Les mandalas sont un dévoiement du développement personnel et des médecines non conventionnelles, ça les discrédite et je trouve ça dégueulasse. Il ne faut pas faire d’amalgames : il y a à la fois du très positif et des parts d’ombre dans le milieu spirituel. »
Notons que la plupart des personnes démarchées n’ont pas été informées des risques judiciaires encourus. Le mode d’emploi du mandala explique au contraire qu’il est tout à fait légal de faire des dons, tout en recommandant de « tisser le fil de la discrétion ».
Quand elle accepte d’entrer dans le cercle appelé Tisseuses de rêves, Aline doit faire un virement de 2 000 euros. Cet argent est présenté comme un « cadeau » à la personne au centre du mandala, qu’elle ne connaît pas. « On nous explique qu’il faut dépasser nos croyances limitatives par rapport à l’argent. Qu’il faut apprendre à lâcher prise, à faire confiance. » On lui fait signer deux papiers : une déclaration « d’amour » à cette personne et une décharge légale. Il lui est demandé de ne pas faire apparaitre le mot mandala dans l’ordre de virement.
Elle se retrouve inscrite à trois boucles Telegram, en plus des réunions Zoom régulières avec les membres de son mandala. « Au début c’est chouette, les gens parlent de leurs rêves, leurs projets, s’encouragent, on se sent appartenir à un groupe. » Dans les messages qu’Aline nous a transmis, on trouve un mélange de conseils de coaching et d’invocations New Age, avec une référence constante à la magie et à l’ésotérisme. « On t’explique que tout ce qui t’arrive de positif est lié à l’énergie du mandala. A l’inverse s’il t’arrive une merde, c’est que tu n’as pas réglé quelque chose avec toi-même. » Très vite, le dispositif devient pesant pour Aline. « Ton téléphone est surchargé, il y a une injonction à lire et à poster tous les jours. Si tu n’entretiens pas le lien, on te fait culpabiliser. Car il faut maintenir la pression pour encourager les gens à recruter. »
Dans le jeu de l’avion, le PILOTE (en 1), récolte l’argent des huit PASSAGERS (en 4).
La pyramide se scinde alors en deux, les CO-PILOTES (en 2) deviennent PILOTE, les PASSAGERS (en 4) passent STEWARDS (en 3) et doivent à leur tour recruter chacun deux PASSAGERS.
C’est quand Aline doit à son tour démarcher deux nouveaux membres qu’elle comprend qu’elle est entrée dans un système pyramidal. « On te propose des stratégies de recrutement qui relèvent de la manipulation, des méthodes qui appuient directement sur la vulnérabilité des personnes. Je posais des questions précises sur l’organisation, mais on te répond par des copier-coller de textes qui ne répondent à rien. Si tu insistes, on te fait comprendre que ce n’est pas l’endroit pour poser ces questions. Au bout d’un moment j’exprimais que je me sentais mal et on m’expliquait que le cercle n’était pas un espace thérapeutique mais un lieu pour recueillir les joies. »
Malgré l’injonction faite aux membres de ne pas parler du mandala autour d’eux, Aline se confie à une amie proche. Celle-ci l’encourage à quitter le cercle et à demander de récupérer son argent. Aline reçoit alors un refus catégorique : « Impossible, tu as fait un cadeau, on ne reprend pas un cadeau ! » S’en suit une série d’échanges vindicatifs : « J’ai été bombardée de messages culpabilisants. Pour eux, ce n’était pas l’organisation qui était problématique, c’était moi le problème, je n’aurais pas dû être cooptée. On m’a reproché d’avoir une mauvaise énergie, que la roue tournerait et que cela se retournerait contre moi. »
Elle trouve finalement un allié au sein du groupe avec Arnaud. Traversé par les mêmes doutes, il demande aussi à reprendre son argent, menaçant de porter plainte s’il n’est pas remboursé. Alors que leur récit commence à se répandre sur le Plateau, ils parviennent à récupérer leurs 2 000 euros. Au sortir de cette histoire, Aline est « en état de choc ». Si elle s’est aujourd’hui relevée de cette épreuve, « ça a attaqué mon estime de soi et mon rapport aux autres, précisément car on a brouillé en moi la notion de confiance ».
La présentation du mandala en fleur dissimule la structure en pyramide.
Chaque étage a le nom d’un élément : au centre (en 1), l’EAU, récolte l’argent des huit nouveaux membres appelés FEU (en 4).
Le mandala se divise en deux nouvelles pyramides, les deux TERRE (en 2) passent chacun au centre, les FEU (en 4) deviennent VENT (en 3) et doivent recruter chacun deux nouveaux FEU.
Dans une variante, les étages se nomment RACINE, UTERUS, CŒUR et PORTAIL.
Il est difficile de trouver des témoignages directs de participants aux mandalas. Les consignes reçues sont de ne pas parler à ceux « qui ne peuvent pas comprendre ». À la suite d’un appel à témoignages, une « tisseuse » m’a écrit pour me prier d’arrêter mon enquête. J’ai en revanche reçu plusieurs messages de proches, accablés de voir leurs amis perdre leurs économies dans ce système. « Ma copine a mis tout son RSA en espérant sortir de la mouise. Ça fait des mois et elle n’a toujours rien reçu. Elle ne veut pas témoigner car elle est honteuse et amère de cette expérience. »
Rares sont les personnes déçues qui osent réclamer leur argent, encore moins porter plainte. D’abord parce qu’elles doivent pour cela se retourner contre les personnes qui les ont recrutées, souvent des amis, voire des membres de leur famille. Elles ont par ailleurs rarement conscience qu’elles sont en droit de les attaquer pour escroquerie.
Antonin a fait partie du même mandala qu’Aline, avant de s’en retirer. Il a perdu ses 2 000 euros mais ne regrette rien. « Avant de gagner de l’argent, il y a tout un parcours qui demande un gros travail sur soi en te faisant passer par plein de peurs. J’ai vécu ça comme un travail thérapeutique, où tu vas à la rencontre de toi même. ». Le récit d’Aline ne correspond pas à ce qu’il a vécu. « C’était beau de croire à ses rêves, de les partager avec des personnes qui s’en réjouissent, qui rêvent d’une belle humanité, ça m’a aidé à lâcher des filtres de vie en société. » Il vit douloureusement les critiques négatives autour des mandalas qu’il perçoit comme une chasse aux sorcières : « C’est quelque chose qui essaie d’inventer une nouvelle manière de penser. C’est triste qu’il soit rattrapé par le système. »
Comme Aline, c’est au moment de devoir recruter deux nouveaux membres qu’il se retrouve en difficulté, peinant à répondre aux objections de ses prospects. « Je sentais trop de responsabilité à engager quelqu’un là-dedans, je n’avais pas envie de les planter si ça se passait mal pour eux ». Il ne blâme pourtant pas le système et met son échec sur le compte de ses propres difficultés : « Je n’ai pas su lever toutes mes peurs par rapport à l’argent, mais les règles du jeu étaient posées clairement dès le début, je savais que je pouvais perdre. »
Antonin entend toutes les critiques faites au Mandala, mais il souhaite continuer d’y croire.
« C’est très vite démontable d’un point de vue juridique, mathématique, il y a des milliards d’arguments pour dire que c’est dangereux... Je n’ai rien à leur opposer. Moi, j’ai voulu le prendre de manière irrationnelle car il y a trop de rationalité dans ce monde. Croire des trucs fous sur des bases de solidarité, de fraternité, c’était quelque chose de chouette pour moi. »
Le besoin de croire explique-t-il à lui seul que les participants ne perçoivent pas les biais d’un système qui semblent évidents aux yeux de beaucoup ? Dans le mode d’emploi du mandala, il est conseillé de ne pas lire et écouter les critiques. Si le système est attaqué, c’est parce que leur « force transformatrice » met « en danger les intérêts des banques » et « le pouvoir traditionnel », « La meilleure chose à faire est de rester à l’écart de toutes ces informations (...) ces nouvelles vont et viennent, mais ne nous affectent pas ».
Qui gagne finalement de l’argent avec les mandalas ? Marina « tisse » depuis plus de 4 ans. Notre conversation a pris la forme d’audios Whatsapp qu’elle effaçait immédiatement. Si elle a accepté de répondre à mes questions, je l’ai compris par la suite, c’est parce qu’elle espérait me recruter... Marina se consacre chaque jour à cette activité, participant à plusieurs mandalas, en France et à l’étranger. Elle ne comprend pas les critiques qui sont adressées au système. Pour elle, « le mandala n’est pas pyramidal mais circulaire ». Quand une personne a gagné de l’argent en arrivant au centre de la fleur, elle est encouragée à recommencer le processus et à repayer le ticket d’entrée. Elle oublie de préciser que chaque nouveau mandala est une occasion de multiplier ses gains. Elle préfère d’ailleurs rester discrète sur les sommes qu’elle a accumulées depuis 4 ans.
Marina invoque les tontines pour expliquer le mandala. Dans ce système de micro-crédit venu d’Afrique, des femmes mettent chacune la même somme dans un pot commun. L’une d’elles est choisie au hasard pour toucher la somme réunie, lui permettant de lancer un projet de micro-entreprise. Passé une période définie, elle rembourse l’argent, qui reviendra à une autre femme tirée au sort. Au terme du processus, chacune récupère sa mise de départ, ni plus, ni moins. Le nombre de participantes est le même du début à la fin. On est donc loin de l’effet multiplicateur du mandala où certains gagnent parce que d’autres perdent.
Marina ne répond jamais vraiment aux questions précises que je lui adresse. À la question de la légalité, elle esquive en se plaçant sur le seul terrain de la fiscalité. « Il est tout à fait légal de faire un don. En dessous de 5 000 euros on n’a pas besoin de le déclarer aux impôts, moi je n’ai jamais déclaré les cadeaux que j’ai reçus. » Il est pourtant douteux d’imaginer qu’une somme versée à un inconnu dans l’espoir d’en recevoir une rétribution huit fois supérieure puisse être considérée comme un cadeau aux yeux de l’administration fiscale. Elle m’explique également qu’il y a des avocats dans les mandalas, preuve pour elle que tout est carré de ce côté.
On comprend en écoutant Marina que les gagnants du mandala sont les personnes les plus à l’aise socialement, disposant de temps et d’un réseau social étendu. Elle n’a pas le sentiment de gagner de l’argent sur le dos de ceux qui en perdent car elle passerait beaucoup de temps à conseiller et encourager ceux qui n’arrivent pas à recruter. Marina me paraît sincère et c’est sans doute ce qui rend le mandala si désarmant. Ceux qui en tirent avantage ne sont pas des escrocs cyniques comme Madoff et Ponzi, mais des personnes convaincues de faire le bien, dont le puissant besoin de croire semble annihiler le discernement.
La circulation des mandalas sur le Plateau doit nous interpeler. Comme le résume Zoé, « ce n’est pas parce qu’on lit les mots ‘bienveillance’ et ‘sororité’ qu’on doit débrancher notre sens critique ». Au cours de l’enquête, plusieurs personnes m’ont confié se sentir démunies pour aider leurs proches. Bruno a renoncé à exprimer ses réserves. « Les gens se ferment tout de suite à la discussion, ils sont tellement pris dans le système qu’ils n’entendent pas les arguments. » Il est possible de demander conseil ou d’opérer un signalement auprès de l’association Info Sectes Aquitaine, mais pour Jean-Louis Amelineau, son directeur, « il n’y pas de méthode miracle. Il faut éviter de parler de secte pour ne pas les braquer et garder le lien ».
François-Xavier Drouet
1 Les prénoms ont été changés
2 https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/sites/default/files/publications/francais/MIVILUDES-RAPPORT2021_web_%2027_04_2023%20_0.pdf
3 https://en.wikipedia.org/wiki/Airplane_game
Si vous êtes un homme peu porté sur le développement personnel, il y a peu de chance qu’on vous ait proposé d’intégrer un mandala d’abondance. Mais si vous êtes une femme sensible à la spiritualité et aux médecines non conventionnelles, vous avez probablement déjà été approchée par une amie pour intégrer l’un de ces groupes. Tantôt appelés Tisseuses de rêves, Alchimistes ou encore Jacateque, ils se présentent comme des cercles de dons, permettant à leurs membres de réunir l’argent nécessaire pour « réaliser leur rêve ». Tentant ?