Bien. On ne peut le contredire. Les résultats de vote d’une partie du Sud creusois montrent en effet une propension à voter majoritairement à gauche. Je comprends tout à fait que cela puisse le contrarier mais, encore pour quelques temps (?), nous avons la liberté de voter pour qui nous voulons. Je m’interroge en revanche sur les autres éléments articulant son discours.
Au centenaire d'une habitante du Chauchet, le 27 octobre 2024 (compte Instagram de Bartolomé Lenoir)
Grâce à l’action concertée de plusieurs élu.es de ce « Sud creusois », beaucoup de personnes sont venues s’y installer au fil des décennies depuis le courant des années soixante. Ils y ont amené leurs compétences, leur savoir-faire mais aussi leurs enthousiasmes et y ont créé de nombreuses activités développant l’emploi et contribuant à la vitalité du territoire. Ils y ont fait souche et comptent, maintenant, deux voire trois générations de présence. Creusois.es ? Pas creusois.es?Leur présence a amené dans un cercle vertueux de nouvelles et nouveaux arrivants attirés par la dynamique créée et les nombreuses activités proposées. Nous constatons donc une arrivée importante de couples plus jeunes, actifs avec enfants. Ce qui nécessite par exemple d’ouvrir de nouvelles classes dans certaines communes et qui se traduit, dans d’autres, par un renversement de la tendance avec un solde migratoire désormais positif. Ils ont des projets de vie et d’activités très diversifiés et nous amènent des idées nouvelles mais aussi des énergies et des revenus. Creusois.es ? Pas creusois.es?Cette dynamique a contribué à attirer d’autres personnes recherchant des territoires solidaires qui sont venues s’installer dans ce sud à leur retraite, apportant patrimoine et revenus. Creusois.es ? Pas creusois.es?
19 novembre 2024 : avec la coordination rurale
Et oui, les nouveaux arrivants viennent aussi parce que c’est un territoire dynamique, où se créent de nombreuses activités et où de nombreuses associations sont porteuses de diverses initiatives de solidarité, de culture, de réflexions et de rencontres, creuset de nouveaux rapports au monde et de nouvelles façons de vivre. Est-ce cela les comportements inacceptables ?Et oui, il y a localement une envie d’accueillir des réfugiés que les bouleversements du monde ont mis sur la route de l’exil. Cet accueil se fait dans des conditions de dignité et de solidarité qui portent fruit en matière d’intégration puisque ces réfugiés poursuivent des études, deviennent infirmiers, couvreurs, cuisiniers… – métiers dont notre territoire a le plus grand besoin. Comportements inacceptables, là encore ?
Et oui, certains de ces nouveaux habitants mais aussi beaucoup des « natifs » souhaitent défendre un modèle de développement qui fait la part belle à l’humain, prend soin du territoire et réfléchit à des formes de développement qui ne mettent pas en danger notre patrimoine naturel commun. Ils et elles le font en manifestant, mais aussi en créant des alternatives aux solutions existantes. Comportements inacceptables, toujours ?Et oui, quelques groupes de jeunes et moins jeunes vivent des formes d’habitat communautaire, renouant avec des traditions de soutien mutuel que notre société à tendance à dissoudre. Inacceptable, donc ?
Avec son mentor, Jean Auclair à la cravate trumpiste
Monsieur le député qui est ce « nous » que vous évoquez et à quelle culture faites vous allusion ?Faites vous allusion à celle des maçons de la Creuse qui rapportaient de leurs séjours réguliers dans les villes des idées et des modes d’organisation qui venaient irriguer nos campagnes ? Faites vous référence à ce communisme rural dont nombre de nos communes ont été le fer de lance ? Faites vous référence à l’admirable comportement des résistantes et résistants de notre territoire face à un État français inféodé au régime nazi ? Ou bien peut-être à celles et ceux qui décidèrent, ici ou là, que les monuments aux morts des guerres passées devraient refléter une volonté pacifiste ?Dans notre République, la liberté de penser, la liberté de circulation et d’installation sont constitutionnelles. Que les nouveaux arrivants sur un territoire soient respectueux de celles et ceux qui l’ont construit rien de plus normal et c’est la base incontournable. Pour autant, ce qui fait la richesse d’un territoire et de sa culture, c’est bien leur capacité d’intégrer les nouvelles personnes qui viennent y vivre dans toutes leurs dimensions, y compris culturelles. Et c’est dans le débat et la confrontation des idées et des modèles que se construit un projet de territoire. Les bouleversements du monde, ceux là même qui ont conduit beaucoup de réfugié.es sur notre sol, méritent que l’on s’attaque à leurs causes de manière responsable et réfléchie.Et combien de générations faut-il accumuler pour faire partie de ce « nous » mythique que vous évoquez ? Des personnes qui ont créé ou développé différentes activités économiques sur le territoire et qui ont depuis des décennies participé à sa gestion et à son développement seraient illégitimes ? Au nom de quoi ? De quelles valeurs immanentes ?
Oui, les clivages existent. Nous ne sommes pas dans un monde où une pensée unique, quelle qu’elle soit, aurait le monopole de la raison. Nous avons à organiser le débat, accepter que l’autre pense et agisse différemment, respecter les minorités et trouver les compromis nécessaires au vivre ensemble. Voilà quelques unes des « vertus » que les élu.es, tous les élu.es, tout comme l’ensemble des citoyennes et des citoyens, doivent s’efforcer de mettre en œuvre si nous voulons éviter que notre société ne se disloque et ne sombre dans les visions totalitaires.
Le Chammet, cible récurrente des réactionnairesQuelques jours après son intervention sur France 3 dans laquelle Bartolomé Lenoir annonçait « une initiative forte contre l'extrême gauche en Creuse », il lançait une pétition pour demander l’expulsion de l’ancien centre de vacances d’EDF du Chammet et utilisait sa fonction de député pour attaquer, en question orale à l’Assemblée, les habitants du lieu.Cette lubie concernant le Chammet, c’est aussi celle de Jouany Chatoux, de Pigerolles, qui a appelé à la violence contre le Chammet dès novembre 2022 : « attaquez-vous à leurs symboles : la ZAD du Chammet, etc. La peur doit changer de camp ! » Cet inquiétant post Facebook était aussitôt liké par son ami ex-député macroniste Jean-Baptiste Moreau. Et peu après, une nuit de février 2023, les vitres d’un logement étaient effectivement explosées au Chammet, dans ce plateau de Millevaches où les fachos se lâchent de plus en plus. En février 2023 également, Alix Vermande, un militant du Figaro, publiait des photos du site dans un pamphlet à charge contre « l’ultragauche » qui « perturbait la tranquillité du Limousin ». Un stéréotype médiatique que le RN et ses alliés, de Lenoir à Retailleau, reprennent naturellement.J.-N. M.
La Creuse a depuis juillet 2024 un député d'extrême-droite dont le parcours montre une cohérence politique clairement marquée vers le brun... C'est ce que montre le portrait de Bartolomé Lenoir que nous publions ici. Mais, au-delà du bonhomme, c'est la politique qu'il défend qui, contrairement à ce qu'il tente de faire croire, représente un véritable danger pour le département avec un programme social et économique qu'on peut qualifier de carrément « anti-Creuse ».
Pour dissimuler la catastrophe que serait pour le département l'application du programme de son parti, l'Union des droites pour la République (UDR) d'Éric Ciotti, Bartolomé Lenoir utilise un subterfuge dont usent tous les extrémistes de droite : lancer des fake news et attiser la peur. Vendredi 18 octobre 2024, sur France 3, il annonçait « une initiative forte contre l'extrême gauche en Creuse » affirmant qu’il y avait « dans le sud du département des comportements tout à fait inacceptables. » « Je ne veux pas que la Creuse devienne une ZAD » disait-il, au même niveau intellectuel que Trump et ses immigrés qui « mangent des chats. » Lui-même riche angevin, très parisien et peu creusois, Lenoir sortait « je ne veux pas que des gens qui ne sont pas creusois nous imposent leur culture ». Et de questionner le ministre de l'Intérieur, le 12 novembre, sur la pseudo- «Zad » du Chammet sur la commune de Faux-la-Montagne qui serait, selon lui, la base d'une centaine d'activistes d'ultra-gauche. Dans une pétition lancée quelques jours plus tôt il cumulait mensonges et amalgames pour faire croire que le vrai problème des Creusois résidait dans un site tranquillement habité par quelques personnes où des activités tout ce qu'il y a de plus pacifiques se déroulent depuis un peu plus de cinq ans... Devant de telles élucubrations la mairie de Faux-la-Montagne a du reste porté plainte1, pour « propos mensongers pouvant provoquer des troubles à l'ordre public ». Un comble pour le jeune loup ciottiste qui ne jure que par l'ordre !
Les réactions ne se sont heureusement pas fait attendre et même le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, lui a expliqué que ce qu'il décrivait n'était pas une Zad (il est vrai que le ministre est connaisseur puisqu'il est élu du département où se trouve Notre-Dame-des-Landes...). Nous en publions quelques-unes dont la lettre qu'un certain nombre de maires de Creuse, solidaires de la maire de Faux-la-Montagne, ont rendue publique début décembre.
1 On peut lire ici l'argumentation de la plainte déposée par la maire de Faux : https://urls.fr/9I1yxQ
Lire le dossier : Lenoir est le brun
Si vous êtes un homme peu porté sur le développement personnel, il y a peu de chance qu’on vous ait proposé d’intégrer un mandala d’abondance. Mais si vous êtes une femme sensible à la spiritualité et aux médecines non conventionnelles, vous avez probablement déjà été approchée par une amie pour intégrer l’un de ces groupes. Tantôt appelés Tisseuses de rêves, Alchimistes ou encore Jacateque, ils se présentent comme des cercles de dons, permettant à leurs membres de réunir l’argent nécessaire pour « réaliser leur rêve ». Tentant ?